Cher Lecteur,
à travers mon militantisme politique je me rend compte de la place que prend les réseaux sociaux au sein de la vie politique française ces derniers temps. À cela on peut ajouter également à travers eux, des responsables web et media sociaux. C’est pourquoi je me suis orienté, au départ, dans l’idée d’interroger les protagonistes issus de trois partis politique français : L’UMP, le Parti Socialiste, et le MoDem.
Étant encarté UMP je me suis dit ce serait facile d’avoir un petit échange avec l’un des responsables web en charge des media sociaux. J’ai donc pris contact avec l’un d’eux : Baptiste Roynette. Mais contre toute attente, je dois signaler que l’UMP refuse que la communication soit fait là dessus, et je suis donc rester bredouille de toute interview de sa part.
Dans un deuxième temps, je me suis adressé via le réseau socialTwitter, à Valerio Motta, responsable web et social media au Parti Socialiste. Une première approche est créée, mais très vite il me propose de faire l’interview « via sms » … Aller comprendre … Donc j’arrive tout de même à le convaincre d’avoir un début d’interview, mais cela restera sans fin. En effet je suis toujours en attente de son appel ou d’un mail de sa part pour conclure l’interview.
C’est à ce moment là qu’entre en scène le MoDem ! Suite à mes deux précédentes tentatives, je me dis qu’il ne faut pas rester bloquer sur ces deux partis politiques. Et donc je me tourne de nouveau sur Twitter sur ma liste de personne pour contacter le responsable web. C’est là qu’avec écoute et diplomatie, Matthieu Lamarre accepte ma proposition d’interview !
Je partage avec vous cette rencontre et attendons la suite si les deux autres intéressés veulent donner suite à leurs interviews avortés!
Bonne lecture !
@romainbgb – 21/11/2011
Matthieu Lamarre : un peu de 2.0 au MoDem !
Portrait
Jeune de 22 ans, rien ne prédisposait Matthieu a être en charge de la politique web et des médias sociaux du MoDem. Titulaire d’un Baccalauréat Littéraire, c’est la voie de la Licence d’Histoire à Paris IV La Sorbonne qu’il choisit pour débuter ses études. En parallèle de ce cursus, il effectue des stages en entreprise qui vont l’emmener auprès du groupe l’Express et du magazine l’Etudiant.
Tout ceci se passe en 2006, date à laquelle l’engagement en tant que militant politique commence à germer pour Matthieu. C’est donc vers la personnalité de François Bayrou et de l’UDF de l’époque, que son choix se porte.
Originaire de l’Essonne, il commence son militantisme avec la campagne présidentielle sur Paris pour ensuite rejoindre le MoDem, nouvellement créé en 2007. C’est dans cette même dynamique qu’aux législatives de 2007 il poursuit son engagement politique qui aboutira lors de la municipale de 2008 avec le candidat Jean-François Vigier (MoDem) à Bures-Sur-Yvette (Essonne).
C’est là qu’un nouvel axe s’offre à lui, en devenant le directeur de campagne du candidat et son colistier. Face à la liste de rassemblement tirée par un Modem, une liste d’union de la droite et une d’union de la gauche se présentent. Le deuxième tour voit la victoire de Jean-François Vigier, avec 22 voix d’avances sur la liste divers gauche. Il devient ainsi l’un des plus jeunes adjoints au Maire franciliens à l’âge de 19 ans, avec la délégation de la jeunesse et de la vie étudiante.
Notons la présence de la Faculté de Paris XI – Orsay sur la commune de Bures-Sur-Yvette, faisant part de la Communauté d’agglomération du plateau de Saclay, chère à la réforme universitaire engagée par Valérie Pécresse, alors ministre de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur.
En août 2009, il devient journaliste et responsable web à la Mairie de Massy (Essonne), en profitant pour se rapprocher de sa commune et de son mandat. Une expérience d’une année au cours de laquelle il comprend que la vie de fonctionnaire bien réglé n’est pas faite pour lui. Il présente sa démission à l’été 2010 pour faire son retour sur Paris et dans le monde journalistique en rejoignantLe Monde de l’Education que vient de lancer l’ancien directeur de la publication du groupe L’Etudiant avec qui il travaillait.
À la même époque l’équipe de François Bayrou lui propose le poste de responsable web du MoDem. Après trois mois (septembre-novembre) au groupe Le Monde, hésitant entre le journalisme et la politique, son choix est fait : ce sera la politique.
C’est à ce moment là qu’il rejoint François Bayrou (« un homme vrai ! ») et son équipe pour se charger de la communication web et social media. Ce qui fait de lui, sauf erreur de ma part, l’un des plus jeune responsable de communication d’un parti politique français.
Pourquoi ce choix d’être responsable web et social media du MoDem ?
Le MoDem hésitait entre un responsable web qui ait une vision technique ou une vision éditoriale de la communication sur internet. Leur choix se portera sur le profil journalistique de Matthieu. Cohérent dans un parti où l’on aime peser ses mots et où l’on attache une valeur particulière à la défense de la langue française.
C’est donc ce choix éditorial là tout naturellement qui a émergé. Une certaine façon de pas répéter cinq fois la même chose comme il tient à me le préciser de manière humble. Un vrai rapport de confiance doit se créer dans ce monde de culture de masse, avec une volonté de rapporter fidèlement ce que dit la société. C’est ce qui a fait la force du MoDem et de ses candidats aux diverses élections, qui sont issus pour la plupart de la société civile. Cela crée forcément un rapport de confiance différent avec les gens, et permet le développement du dialogue. Ainsi, le site internet du MoDem est le seul d’un parti politique en France où l’on peut laisser des commentaires aux articles.
Un autre élément a pris une place particulière dans la sphère media social du MoDem : les réseaux sociaux ! Twitter a eu une place toute particulière de choix pour le Modem dans l’expansion de son image sur le net. C’est le seul compte politique sur le site où l’on peut observer que deux tiers des gazouillis effectués sont des réponses directes à des twittos. Ce qui n’est pas le cas actuellement pour les comptes de l’UMP et du Parti Socialiste. Une vraie mobilisation vingt quatre heures sur vingt quatre, sept jours sur sept est présente afin d’assurer ce service.
Ce qui bien entendu a pour le coup sidéré les gens de voir une réponse directe et franche et une discussion réelle se créer avec un parti politique français. C’est à travers cela qu’un dialogue peut être engagé, ce qui demande bien sur une certaine phase d’humilité.
C’est là que Matthieu nous rappelle le fait qu’il faut jouer le jeu et suivre de près les gazouillis postés par les twittos ; « Un vrai rapport d’égal à égal se crée. » Matthieu me cite en exemple le moment où la proposition de loi sur le mariage homosexuel a été voté à l’Assemblée National. Il a fallu réagir tout de suite sur l’abstention de François Bayrou. Ce dernier fait alors le choix de répondre personnellement sur son compte, ou alors de laisser son équipe s’en charger en le précisant en signature [CM]. Ce qui implique une veille intense et de prendre le soin de répondre à tout.
Pour en finir avec Twitter, rappelons que François Bayrou a organisé la première Twinterview : un débat via ce réseau social afin de répondre pendant une heure librement aux questions qui lui était posées aux préalable sur son compte. Il a joué le jeu en toute honnêteté pendant une heure et quart avec un débit de 65 gazouillis/heure, avec plus de 400 mentions. Il c’est réellement pris au jeu, et son équipe a pris la suite pour répondre aux autres gazouillis auxquels François Bayrou n’avait pas pu répondre à la fin du débat.
Un autre réseau social lancé cet été et sur lequel François Bayrou a voulu tout de suite marquer sa présence : Google +. Puisque sur ce réseau social il a été l’un des premiers hommes politiques au monde à ouvrir un compte, aux côtés d’un candidat républicain américain à la présidentielle et d’un canadien.
Le poste de Matthieu étant responsable web et social media, je lui ai donc naturellement demandé ce qu’il pensait de la place du web dans la politique et son impact dans une élection. C’est dans un premier temps dans une version positive et dans un second temps dans une version négative que l’on va décortiquer cela avec Matthieu.
Version POUR : le coté positif du web dans la politique !
Matthieu m’indique dans un premier temps la complémentarité avec le militantisme de terrain qui est fait avec le militantisme sur Internet. C’est ainsi que l’on revient ensemble sur la campagne que Barack Obama a lancé aux Etats-Unis d’Amérique en 2008 pour son élection à la Maison Blanche. C’est là que de nombreux outils de dialogue et d’organisation militante ont commencé à voir le jour.
Matthieu revient aussi sur la place des forums sur Internet, véritable lieu d’échange populaire sur le web. Il tient à rappeler leur importance pour construire une vraie présence sur le web. Un vrai message personnalisé et humain peut y être déposé. Pour Matthieu ceci est certes extrêmement chronophage pour le MoDem, mais témoigne de la façon différente dont le parti pense le web.
Version CONTRE : le coté négatif du web dans la politique !
Pour ce qu’il s’agit du coté négatif, Matthieu tient à pointer une certaine dérive qui l’inquiète. Il revient sur des outils de communication lancés aussi bien par l’UMP que par le Parti Socialiste sur Twitter. Ceux-ci permettaient en un instant T de diffuser le même message au travers des comptes de twittos différents, ces derniers ayant souscrit à l’application concernée. C’est l’effet mouton ou zombie me rappelle Matthieu, ce qui est à son sens irrespectueux des internautes et à l’opposé d’une pratique franche et humaine du dialogue sur les réseaux sociaux. Matthieu souligne que cette dérive est certes un bon coup en terme de visibilité pendant un très court instant, mais nuit à la crédibilité sur le web et les réseaux sociaux. C’est en tout cas à l’opposé du travail de discussion que mène le MoDem depuis un an.
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Un grand merci à Matthieu Lamarre pour sa disponibilité et la franchise dont il a fait preuve tout le long de la rencontre.