London calling.
Chers Lecteurs,
La pause estivale étant bien entamé, je vous propose tout de même de bien vouloir continuer le chemin de l’entretien en donnant une nouvelle fois la parole à la jeunesse et à la politique. En effet, je souhaite partager avec vous le portrait de l’un des plus jeunes députés de la nouvelle législature. Comme vous avez pu le constater à travers les diverses personnalités que je vous fais découvrir, trop souvent, la parole des jeunes est mise de côté. Je poursuis ma mission auprès de vous sur #LaLettreR.
En plein Jubilé de Platine de Sa Majesté la Reine Elisabeth II, je vous présente notre nouvel interrogé qui a vu le jour à Londres et possède la double nationalité franco-britannique.
SciencesPo. C’est sur les bancs de la rue Saint-Guillaume, que notre interrogé effectuera ses études qui l’amèneront à l’obtention d’un Master en Politiques Publiques. Dans la continuité de son double héritage, notre interrogé complétera son Master en le doublant avec celui de la London School of Economics and Political Sciences (LSE).
Continent Africain. Fort de son goût de l’aventure et de la découverte, notre interrogé effectuera ses stages étudiants en Afrique, entre le Maroc et la Côte d’Ivoire pour aller compléter son parcours professionnel.
ENEDIS. C’est au sein du groupe EDF que notre interrogé fera ses armes professionnelles en devenant chargé de mission au sein du cabinet du Directeur de la Stratégie dans l’idée de la défense des grandes entreprises industrielles.
La rencontre avec François de Mazières sera déterminante dans le parcours politique de notre interrogé. C’est dans le contexte des municipales 2020 que le maire l’invite à rejoindre son équipe municipale et son souhait de le nommer Adjoint au maire. Ce qui sera chose faite en mars 2020, avec la victoire dès le 1er Tour de la liste conduite par M. de Mazières à la mairie de Versailles.
Bruno Le Maire. Autre personnage clef dans la vie de notre interrogé, le ministre de l’Économie permettra à notre interrogé de rejoindre son cabinet à Bercy en faisant de lui son conseiller discours et prospectives.
#Circo7801. Dans la continuité de son parcours électoral, notre interrogé prend le chemin des urnes en se portant candidat aux élections législatives de juin dernier pour la 1ère circonscription des Yvelines. Sa victoire lui permet donc de devenir à 25 ans l’un des plus jeunes députés de la XVIeme Législature.
Je vous laisse découvrir le portrait de Monsieur Charles Rodwell, député de la 1ère circonscription des Yvelines.
Ce portrait a été réalisé lors d’une rencontre dans un café parisien, le 27 juillet 2022.
Bonne lecture !
@romainbgb – 02/08/22
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Biographie Express de M. Charles Rodwell :
*1996 : naissance à Londres (Royaume-Uni).
*2014 : titulaire du Baccalauréat série ES – mention TB au Lycée Hoche (Versailles).
*2014-2017 : Licence à SciencesPo Paris.
*oct.2015-nov.2016 puis sept.-déc. 2017 : collaborateur parlementaire stagiaire du député de la 5ème circonscription de Seine-et-Marne et maire de Coulommiers, M. Riester.
*nov.2016-mars2017 : stagiaire auprès de la Directrice du Développement Thomson Reuters Fondation à Londres (Royaume-Uni).
*mars-juil.2017 : stagiaire auprès du Directeur Performance & HSEEQ de Veolia Moyen-Orient à Dubaï (EAU).
*2017-2020 : Double Master en Politiques Publiques à la London School of Economics and Political Sciences (LSE) et à SciencesPo Paris.
*juil.-déc.2018 : consultant stagiaire en stratégie chez Valyans Consulting à Casablanca (Maroc).
*janv.-juil.2019 : stagiaire auprès du Directeur régional Afrique CEDEAO chez COLAS à Abidjan (Côte d’Ivoire).
*oct.2019-mars2020 : Consultant Capstone au Center for Public Impact à Londres (Royaume-Uni).
*fév.-juil. 2020 : Chargé de mission auprès du Directeur de la Stratégie chez ENEDIS (Groupe EDF) – Paris.
*mai2020-juil.2022 : Adjoint au Maire de Versailles chargé de la Jeunesse, de la Vie lycéenne et étudiante, et des jeunes professionnels.
*depuis juil.2020 : conseiller communautaire Versailles Grand Parc.
*sept.2021-mai2022 : conseiller Discours et Prospective du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, M. Le Maire.
*juin 2022 : élu député de la 1ère circonscription des Yvelines.
*depuis juil.2022 : conseiller municipal de Versailles.
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À quoi rêvait le petit Charles lorsqu’il était enfant ?
« Je rêvais d’être explorateur parce que j’étais passionné de géographie. J’ai toujours été féru d’aventures. Je suis un peu casse-cou, à pas mal d’égards. Mon rêve c’était de me dire que s’il y avait une île, une jungle, ou un désert qui n’avait pas encore été exploré… J’étais plus attiré par les climats chauds que froids. Je voulais absolument explorer des lieux. C’est cela dont je rêvais lorsque j’étais enfant. »
Comment est née votre rencontre avec la politique ?
« C’est difficile à définir.
« Je suis le premier de ma famille à m’être engagé politiquement, à être élu local. J’ai une chance, c’est que l’on est une famille où l’on a toujours parlé politique, histoire, civilisation, culture… Tout ceci avec des débats extrêmement animés à table, tant dans ma cellule familiale que dans ma famille au sens élargie avec grands-parents, oncles et tantes. Cela a toujours habité ma famille. J’ai l’impression qu’il n’y a pas eu un instant T de rencontre.
« Si, par contre, il faut que j’en donne un, c’est lorsque j’ai fait la rencontre de Bruno Le Maire et de ses équipes en 2014 lorsqu’il s’est présenté à la présidence de l’UMP. J’ai cru à son projet. C’est la 1ère fois que je m’engage dans une campagne politique nationale.
« La seconde rencontre politique c’est François de Mazières, le maire de Versailles, que j’ai rencontré dans ma jeunesse quand j’étais engagé dans beaucoup d’associations sportives et caritatives. Lui était d’abord jeune Adjoint, puis jeune maire. Je me souviens de cet homme qui dégageait quelque chose de particulier, vis-à-vis de son entourage, et qu’il était reconnu pour cela. Il était reconnu pour quelqu’un qui était au service de l’autre et au service de sa Ville. Cela m’a toujours marqué. J’ai pu le rencontrer à plusieurs étapes de mon parcours. Lorsqu’il s’est représenté pour les municipales de 2020, il m’a proposé en septembre 2019 de devenir son Adjoint s’il était réélu. Cela a été la chance de ma vie de pouvoir avoir cette proposition. »
Que retenez-vous de vos années d’étudiant à SciencesPo ?
« J’ai du mal à regrouper mes années SciencesPo. J’ai entrecoupé mes études par des stages et des expériences professionnelles, notamment à l’étranger, en Afrique.
« Ce que je retiens de SciencesPo c’est que tu as une liberté de penser ce que tu veux. Tu as une liberté de faire avec ce diplôme un nombre de choses, un nombre d’activités, un nombre de parcours incroyablement différents.
« Dans mon groupe d’amis de SciencesPo, il y a une personne qui travaille dans une association, un député, une journaliste, une personne qui travaille dans les Affaires publiques d’une entreprise, un banquier, un administrateur de l’Assemblée et une magistrate.
« Cela révèle une chose, c’est que c’est un diplôme qui permet d’avoir des parcours incroyablement différents. Dans les 3 premières années, c’est cela qui est vraiment intéressant. On est confronté à plein de gens qui sont venus dans la même École mais pour des raisons totalement différentes. La richesse associative mais surtout la richesse du débat qu’il peut y avoir à SciencesPo est vraiment la chose à conserver. Il ne faut pas qu’elle soit remise en cause. Ce serait, je pense, le plus grand mal à souhaiter à SciencesPo que de perdre sa capacité à débattre et à faire vivre des tendances, des courants de pensées différentes. »
Quelle expérience gardez-vous de votre passage à la L.S.E ?
« Je l’ai fait pour 2 raisons.
« 1. Parce que je suis franco-britannique. C’était important pour moi de retrouver un moment l’un de mes pays. Je me sens Français pour être tout à fait franc. Tous mes amis sont Français ; la majorité de ma famille aussi. Il était important pour moi d’avoir ce temps-là.
« 2. Je suis un féru de politiques économiques. C’était vraiment essentiel pour moi de pouvoir comparer l’enseignement, notamment de la macro-économie et des politiques économiques au sens large, du côté francophone et du côté anglophone.
« Parce que ce sont vraiment 2 contextes de pensées, 2 manières de réfléchir la pensée économique qui sont tellement différentes que cela se ressent ne serait-ce que dans les études des concepts de base économique.
« Ensuite j’ai aussi une autre passion dans ma vie : celle qui regarde l’Afrique et une partie du Continent Africain avec lequel j’ai des liens divers. Lorsque je suis parti au Maroc et en Côte d’Ivoire cela a été aussi une grande passion. Mais je souhaitais vraiment allez à la L.S.E. pour pouvoir avoir une ouverture sur une partie du monde anglophone du Continent Africain. Ce qui a été le cas. »
Quelle expérience retenez-vous de vos stages en Côte d’Ivoire et au Maroc ?
« Avant de pouvoir m’engager complètement dans une voie politique et avant de devenir Adjoint au maire, collaborateur de Bruno Le Maire et ensuite député, je trouvais très important de vivre ma deuxième passion. Ma deuxième passion dans la vie c’est justement une grande part de l’Histoire de des Cultures de certains pays Africains.
« Cette expérience elle m’a été très riche à plusieurs titres.
« 1. J’ai découvert des civilisations qui ont une profusion d’idées, de valeurs, de manières de réfléchir et de penser la vie qui sont complètement antagonistes aux nôtres, à notre civilisation Française et à notre civilisation Européenne. J’ai découvert un monde incroyablement riche. Cela m’a complètement passionné.
« 2. Et cela d’un point de vue beaucoup plus personnel, dans ma propre vie. C’est un enseignement que j’ai eu jeune et j’en suis vraiment chanceux, c’est qu’avant même de s’engager dans la voie politique, je me suis rendu compte à quel point il n’y avait pas que la politique qui existait, qui pouvait exister, dans la vie de chacun.
« La vie politique est faite d’aléa où l’on gagne, puis on perd. Un jour il est probable que je gagne, puis il est probable que je perde des élections. La possibilité de se dire qu’il y a autre chose qui te nourris et qui te passionnes, c’est un sentiment de sécurité incroyable. Cela te permet aussi de prendre plus de risques pour les idées et pour les projets que tu défends.
« Parce que tu te rends compte que si tu défends un projet et des idées, que tu vas être minoritaire et que tu perds. Ce n’est pas grave parce que tu peux aller faire autre chose. Je ne dis pas que je vais aller vivre en Afrique dans 15 ans mais c’est symptomatique du fait que d’autres choses m’habitent que l’engagement politique. »
Que retenez-vous de votre passage chez ENEDIS ?
« L’angle par lequel j’ai réfléchi à rejoindre mon engagement politique c’est la défense de nos grandes entreprises industrielles. C’est la raison pour laquelle j’ai fait mon premier stage chez Veolia. J’ai poursuivi, dans ce domaine-là, chez Colas – Bouygues en Côte d’Ivoire.
« Lors de mon retour en France, après avoir été élu Adjoint, je voulais absolument débuter ma carrière dans un grand groupe industriel Français, notamment du domaine technologique, écoénergétique. En ce sens-là, le groupe EDF, n’en déplaise à ce que certains peuvent dire, est un joyau en la matière qu’il faut absolument préserver.
« ENEDIS, au sein du groupe EDF, c’est la filiale qui s’occupe des réseaux en aval, grosso modo des réseaux de distributions. On fabrique l’électricité avec EDF. On la transporte avec RTE. Ensuite, on la distribue chez les gens, dans les gares, dans les Écoles, dans les Lycées, à l’Hôpital, dans les entreprises via les réseaux de distributions ENEDIS.
« Ce qui est passionnant avec cette entreprise c’est que tu es au plus proche du comportement des gens. La question constante que tu te poses c’est comment va évoluer le comportement des gens ? Comment dois-je m’y adapter ?
« Quand on sait que les usages en électricité vont exploser dans les 30 prochaines années, pour remplacer notamment les usages carbonés. Comment peut-on s’y adapter ? Je travaillais auprès du Directeur de la Stratégie sur ces sujets.
« 1. Comment fait-on pour anticiper les cycles de transports mais aussi la distribution ?
« 2. Comment est-ce que l’on négocie avec les entreprises, les communes, les collectivités ce changement ?
« C’est un métier incroyablement humain parce qu’à la fois l’on devait, en amont, essayer de comprendre, essayer d’anticiper une évolution d’attitude. En aval, aller voir une multiplicité d’acteurs pour essayer de comprendre comment eux, comment nous, pouvions-nous travailler ensemble pour s’adapter à ces changements, notamment avec les changements massifs de nos usages.
« Lorsque tu arrives dans une entreprise principalement composée d’ingénieurs, c’est aussi un nouveau logiciel. Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de dire que selon les études que l’on a faites, selon le milieu familial, selon les origines nationales, sociales, ou autres, l’on a des logiciels de pensées différents. Le logiciel d’un ingénieur en poste depuis 30 ou 40 ans n’est pas le même logiciel que celui qui est un jeune avec un nouveau mandat politique.
« Ce qui fait que lorsque je suis arrivé dans cette entreprise j’ai découvert une incroyable complémentarité avec des gens qui étaient tous animé par la même chose, le service public. C’est la raison pour laquelle j’ai particulièrement apprécié travailler là-bas. »
En 2020, vous devenez Adjoint au Maire de Versailles. Comment avez-vous vécu cette élection ?
« À Versailles, nous avons été élus dès le 1er Tour.
« En tirant les conclusions je me suis rendu compte que chaque élection amène à faire preuve d’humilité. Avec les municipales je me suis rendu compte que les gens votent pour quelqu’un qui se met à leurs services. François de Mazières c’est l’exemple de cela.
« Lorsque l’on vit une première campagne municipale auprès d’un homme et de son équipe, dans un esprit comme le sien, on se rend compte que celui qui s’engage en politique uniquement pour sa gueule, uniquement pour sa pomme, il se plante.
« J’ai découvert concrètement ce que cela voulait dire présenter un programme, d’être au service des gens, d’avoir un bilan. J’étais nouveau dans cette équipe mais cette équipe au sens large avait un bilan sur lequel elle présentait une réélection. De ce point de vue-là, cela a été un incroyable apprentissage.
« La deuxième chose que j’ai apprise dans cette campagne c’est que l’engagement politique n’est pas un engagement professionnel comme les autres. C’est un engagement qui habite l’esprit jour et nuit.
« 1. Parce que l’on est très sollicité par des gens qui nous ont élus. C’est normal !
« 2. Parce que l’on est constamment stimulé par une sorte d’adrénaline de se dire que voilà, on m’a donné un mandat. Ce mandat, j’en ai à la fois une immense liberté et à la fois une contrainte permanente.
« L’immense liberté c’est que je m’investis sur des sujets que je souhaite, y compris au niveau local. L’immense contrainte c’est que les gens m’ont confié un mandat pour me mettre à leurs services. Dans ce cas-là, où est-ce que l’on trouve le juste milieu ? Comment est-ce que l’on s’adapte ? Comment est-ce que l’on rentre dans un costume ?
« Je ne vous cache pas que les premières semaines en tant qu’Adjoint ont été passionnantes pour cela. Être passé de citoyen, habitant à élu local dans une période où l’on était en pleine crise Covid. Je m’occupais de la Jeunesse. Les étudiants souffraient d’une crise énorme. Les jeunes travailleurs souffraient d’un chômage important qui étaient relativement bien compensé par l’activité partielle et autre. Comment nous, en tant qu’élu local, on peut répondre à cela, avec les moyens du bord que l’on a ? »
Quelle expérience gardez-vous de votre mandat d’Adjoint au Maire ?
« Extraordinaire. C’est la petite tristesse que j’ai, dans ce moment de grande joie, que de rendre mon tablier d’Adjoint. Je reste un conseiller municipal très impliqué dans les affaires locales. 1. Parce que cela me passionne.2. Parce que je pense que c’est inerrant au fait de réussir son mandat parlementaire. Garder un mandat local c’est le meilleur moyen de rester profondément ancrer.
« Sur le sujet de savoir pourquoi j’ai aimé mon mandat d’Adjoint ?
« 1. Parce que le mandat municipal, maire évidemment ou quand il délègue à ses Adjoints, c’est un mandat de projets. Les citoyens te mettent, clefs en mains, une délégation pour que tu mènes des projets à leurs services. Tu les imagines. Tu les bâtis. Tu les construits sur la durée. Tu négocies des budgets. Tu parles avec les services, les autres Adjoints, les associations, les entreprises, les citoyens pour bâtir des projets à leurs services. C’est la première fois que je faisais cela de ma vie. De ce point de vue-là, cela a été passionnant.
« 2. Et je dirais que c’est vraiment la passion de ce mandat. C’est que vous êtes immédiatement comptable. Tout de suite.
« Quand tu réussis quelque chose, tu as la mère de l’un de tes amis ou un homme que tu ne connais pas qui t’interpellent pour te dire : « Monsieur, je sais que vous êtes de la mairie, bravo pour ce que vous avez fait ! » Si tu te plantes, si tu mènes mal ta mission, si tu as mal calibré ta réponse : tu te fais immédiatement interpeller sur ce sujet. Ce pouvoir-là avec le contrôle immédiat que l’on peut exercer sur un élu, c’est passionnant.
« 3. On est en lien avec des problématiques constantes entre les gens. Sur ma délégation je m’occupais à la fois d’emploi, de développement économique, de loisirs, un peu de culture avec la création de Versailles Live, de social, d’accompagnement psychologique avec tout ce que l’on a fait sur la prévention sur la jeunesse, de négociation avec des entreprises pour la Banque Alimentaire, d’urbanisme. Avec une délégation comme celle-ci, j’en ai appris tous les jours. Ce qui rend la chose encore plus passionnante ! »
Comment vivez-vous votre mandat de conseiller communautaire ?
« Ce qui est intéressant dans une agglomération, c’est que tu as ensemble des villes qui partagent des intérêts communs et qui en même temps sont complètement différentes. Tu as des villes nouvelles, comme Saint-Quentin-en-Yvelines, où tout, ou prou, ont été construit en même temps. Cela fait des villages qui deviennent des villes. Le développement démographique, économique, social, financier, urbanistique de ces villes-là sont commune. Par exemple Montigny-le-Bretonneux et Guyancourt sur ma circonscription.
« Versailles, Vélizy, Le Chesnay, Viroflay, Bois-d’Arcy et les 18 communes de l’agglomération Versailles Grand Parc, ce n’est pas pareil ! Ce sont des villes et des villages qui ont vécu pendant des siècles chacun de leurs côtés. Elles se sont rassemblées pour partager des compétences communes clés. En même temps, elles gardent chacune une très forte identité, une très forte spécificité. Je ne dis pas que les villes de S-Q-Y n’ont pas leurs identités. Elles ont également leurs identités très fortes mais se sont bâties ensemble.
« L’agglomération de Versailles Grand Parc c’est différent. Elles se sont bâties chacune de leurs côtés. Ce qui fait que la négociation sur la mise en commun sur certaines compétences est plus longue mais aussi très intéressante pour trouver les points d’équilibres.
« Paradoxalement, l’expérience que je vis aujourd’hui à l’Assemblée avec la notion de majorité relative, avec la négociation et les compromis sur chaque texte, en fait c’est à une échelle nationale ce que l’on peut vivre parfois dans une Communauté de communes. Il faut apprendre à vivre avec les sensibilités de chacun. À ceci près, que là l’on doit trouver des points d’unanimité régulièrement pour contenter les représentants des élus de chaque ville qui ont été élus par chacun de leurs citoyens.
« De ce point de vue-là, conseiller communautaire c’est un rôle très consultatif. Tu votes mais tu n’es pas leader sur des projets. Rien que de couvrir des sujets aussi divers que l’assainissement, les transports, l’énergie, l’eau, le tourisme, la transition écologique à l’échelle d’une agglomération c’est passionnant. »
Vous avez été plume au Cabinet du ministre de l’Économie, M. Le Maire. Comment avez-vous vécu cette expérience en cabinet ministériel ?
« Je vous ai parlé de la première chance que j’ai eue : François de Mazières me propose d’être son Adjoint. La deuxième, c’est Bruno Le Maire qui me propose de devenir sa plume !
« De façon plus générale, cette expérience en cabinet, ces 2 points-là me montre que tu as beau être bosseur, malin, ambitieux… Un parcours politique c’est fait de chances et de rencontres. Sans cette part d’aléas, sans cette part de rencontre et d’expériences humaines, avec des gens, on ne bâtit pas un parcours politique. C’est une vraie leçon que j’ai tiré de cette expérience-là.
« Bruno Le Maire c’est quelqu’un que j’ai rencontré en 2014. On a connu la campagne à la présidence de l’UMP dans laquelle on a fait un beau score, 30%. On a connu les primaires de 2016 dans lesquelles on a fait 2,38%, alors que l’on pensait faire beaucoup plus. On se retrouve dans un QG vide le soir de l’élection. Le fait de pouvoir, 5 ans après, rentrer à Bercy pour écrire les discours du ministre de l’Économie et des Finances. Ce qui m’a le plus touché ce n’est pas nécessairement le positionnement, c’est de faire cela auprès de lui dans ce parcours.
« Le rôle de plume dans un cabinet est un rôle junior mais c’est un rôle qui permet 2 choses qui m’ont incroyablement épanoui.
« La première, surtout lorsque tu t’entends bien avec la personne pour laquelle tu écris, c’est que tu pénètres dans l’univers, le mode de pensée, d’un homme politique. Pénétrer un tant soit peu dans le raisonnement, dans la manière de faire de Bruno Le Maire, cela est tout à fait passionnant.
« La deuxième chose est que lorsque tu écris des discours, tu écris sur tous les sujets. Tu écris aussi bien sur l’épargne retraite, que la transition écologique, que les négociations du G20, que l’annonce du chèque-cadeau juste avant Noël, que toute la période de la crise Ukrainienne avec la montée des prix de l’énergie en amont de l’agression Russe. Tous ces moments, la plume couvre un nombre de sujet extrêmement divers. De manière bien sûr beaucoup plus superficielle que chacun des conseillers techniques. Dans les 10 mois que j’ai passé là-bas, tous les sujets dont je viens de te parler, j’ai écrit et donc dû me plonger dedans.
« La courbe de l’apprentissage a été très raide mais extrêmement enrichissante. J’ai rencontré un nombre d’acteurs divers et intéressants.
« Le rôle de plume c’est de s’adapter constamment à 2 choses. À la fois à l’orateur et à la fois au public. Tu n’écris pas un discours de la même manière devant d’une part un parterre d’une cinquantaine de chefs d’entreprises dans la pétrochimie pour négocier avec eux la transition écologique dans leur domaine d’activité et d’autre part un parterre de 250 citoyens auxquels tu rends des comptes sur ta stratégie sur le pouvoir d’achat. Ce n’est pas pareil. Pourtant, parfois, le ministre doit faire passer le même message mais en l’adaptant à des publics différents selon le lieu, selon le nombre de gens, selon leurs origines ou leurs spécificités.
« Cette double perspective pour la plume est difficile parfois mais cela reste vraiment intéressant. Cela te remet constamment en doute, constamment en question la manière dont tu écris, la manière dont tu fais passer les messages. Ce qui n’est pas plus mal ! »
Vous avez été élu député de la 1ère circonscription des Yvelines en juin, faisant de vous l’un des plus jeunes députés de la Législature. Comment avez-vous vécu ce moment ?
« J’apprends que je vais devenir député en voyant tomber les premières 100aines des bulletins de votes. Le résultat été assez net dans ma circonscription. Ce n’est jamais à 100% sûr mais cela aurait été un désastre dans le sens inverse.
« C’est marrant parce que à la fois je suis submergé par l’émotion mais à la fois je ne réalise pas. J’arrive à la Mairie où il y a environ 200 ou 300 personnes. Ensuite, je vais faire la fête à ma permanence de campagne avec les 60 personnes qui depuis 2 mois, voire plus, se sont coltiner jour et nuit à coller, boîter, tracter, convaincre, discuter, partager sur les réseaux sociaux, organiser des réunions d’appartements, qui ont donné et soutenu financièrement ma campagne, qui se sont démené…
« Cela va de la bande de jeunes de 17 à 22 ans, à mes grands-parents qui m’ont fait faire la tournée de leurs amis pour les convaincre. Cela va des amis de mes grands-parents qui ont donné pour ma campagne aux présidents de clubs ou d’associations qui, sans mêler leurs activités associatives, m’ont donné des conseils sur comment orienter mon discours, quel livre lire, quelle proposition retenir… Chacun a apporté une pierre à l’édifice.
« Le jour où tu es élu. Tu rentres dans l’Hémicycle pour la première fois. Tu rentres dans un hémicycle plein, électrique, avec des députés qui se parlent, qui rigolent, qui discutent, qui débâtent. Tu penses à 2 choses. 1. J’ai une chance incroyable d’être là. 2. Je pense à tous ceux qui m’ont permis d’être là.
« Ce n’est pas pareil une campagne municipale et une campagne législative. Pour une municipale, on est 50 à faire campagne parce que l’on est 50 à vouloir un siège. Tu te bats pour toi-même. Tu te bats pour une équipe. Il n’y a rien de plus extraordinaire pour une municipale car c’est une relation commune. Dans une législative, tu as des dizaines de personnes qui se mobilisent pour toi ; pour que toi, tu sois élu.
« Le sentiment que tu as en étant élu, en voyant ces personnes qui se sont mobilisé comme des malades pour toi, cela est incroyable ! Ce n’est peut-être pas politiquement correct ce que je dis mais c’est un peu le sentiment brutal d’émotion qui te tombes dessus. »
Quel regard portez-vous sur votre expérience et votre rôle de député ?
« Pour moi, il est double.
« D’abord, un député c’est un député de la Nation. Je pense que le meilleur moyen de réussir son mandat c’est de se saisir d’un ou 2 sujets. Un député qui explique qu’il est spécialiste de tout c’est un député qui ne dit pas la vérité. En revanche un député qui se saisit d’un ou 2 sujets qui à la fois le passionne, qui correspond aux attentes qu’il a vu des gens et qui va vraiment rendre service. Il a une vraie plu value de ce point de vue-là.
« Pour ma part, je ne me résignerai jamais à l’émigration des jeunes à laquelle on assiste aujourd’hui. On parle beaucoup d’immigration dans le débat public. On parle beaucoup moins d’émigration. Une part de notre jeunesse qui part parce qu’on ne la protège pas assez. On ne protège pas assez nos entreprises. Il y a un discours anxiogène sur l’état de notre pays. Les jeunes quittent la France pour aller vivre et travailler à l’étranger. Je ne m’y résous pas. Pour moi l’enjeux est économique, culturel, et civilisationnel.
« À partir de là, il faut répondre à des thématiques très simple, très concrète, pas de grand discours. Si un jeune explique qu’il quitte la France parce qu’il a l’impression qu’il vivra moins bien que ses parents, a fortiori ses grands-parents, parce qu’il ne trouvera pas de travail. Lorsque tu es député et que tu vas voir les chefs d’entreprises, notamment celle technologiques et industrielles, qui t’expliquent que 1. Ils ne peuvent pas embaucher les jeunes parce qu’ils ne sont pas formés aux bons métiers. 2. Ils ne peuvent pas embaucher de jeunes parce qu’ils sont freinés dans leurs développements parce qu’ils ne trouvent pas les capitaux nécessaires Français et Européens. La première chose que j’ai envie de faire, en tant que député, c’est aider les employeurs, notamment industriels et technologiques de notre pays, qui sont à la pointe, de les aider à garder la matière grise, la jeunesse, dans notre pays. Ce sont les sujets sur lesquels je souhaite travailler.
« Par contre, ce sont peut-être des conceptions différentes que l’on a les uns des autres, mais je pense qu’un député c’est aussi un député de sa circonscription. On dit : « Oui, mais un député ce n’est pas un élu local ! » Un député ne peut tirer sa légitimité que de son ancrage. La preuve, la richesse de notre Assemblée c’est aussi la richesse des députés qui viennent à la fois de zones extrêmement urbaines et de députés qui viennent de territoires ruraux. C’est les députés montagnards et c’est les députés du littoral. C’est les députés Normands et c’est les députés Basques. C’est les députés Alsaciens. C’est les députés Bretons.
« Dire que l’on est uniquement des députés de la Nation, sans prendre en considération nos spécificités propres à chacun, en fait prendre en considération cette conception-là c’est une conception appauvrie de notre Assemblée. Au corréler de cela, si tu es aussi le député de ta terre, de ta circonscription, tu dois alors en être le relais.
« C’est la raison pour laquelle, moi, en tant que député, j’assume totalement que je vais me battre, avec le Doyen de la Faculté de Médecine de Saint-Quentin-en-Yvelines, avec le maire de Montigny-le-Bretonneux, pour que la Faculté de Médecine de l’Université de Saint-Quentin-en-Yvelines soit maintenue chez nous malgré le rapprochement tout à fait louable et salutaire avec l’Université de Paris-Saclay.
« C’est la raison pour laquelle, même s’il ne m’a pas soutenu pendant les législatives, je me battrai, avec le maire de Guyancourt, pour que les entreprises qui ont pris des engagements vis-à-vis de la mairie de Guyancourt et des habitants de la ville, respectent leurs engagements en termes d’investissements, en termes d’existences et d’emplois dans la ville.
« C’est la raison pour laquelle lorsque je suis sollicité par des clubs, des associations, des entreprises pour les aider à entrer en lien avec des fédérations, des administrations, des mécènes au niveau national, donc à Paris. Je m’en ferai évidemment le relai bruyant.
« Certains contestent ou critiquent ce double rôle, moi, au contraire, je pense que c’est une richesse absolue que le député ne doit pas négliger. »
Vous vous voyez où dans 10 ans ?
« Il y a 2 ans, j’étais Adjoint au maire et chargé de mission auprès du Directeur de la Stratégie chez ENEDIS. Un an après, j’ai travaillé au cabinet de Bruno Le Maire. J’ai mené une campagne législative où je suis devenu député. Évidemment que j’avais le rêve de devenir député un jour mais si j’avais imaginé que l’année qui vient de s’écouler, ce serait passé comme cela… Je me serai probablement mit à halluciner.
« Cette année-là me le prouve.
« La vie ce n’est qu’une chose, et tant mieux, ce n’est qu’une succession d’aléas, positifs ou négatifs, selon notre perception des choses. Je n’ai pas peur de dire que j’ai aucune idée de savoir où je serai dans 10 ans. Parce que je me vois encore tout aussi bien sur les bancs de l’Assemblée, qu’ailleurs, en France ou en Afrique. Ce n’est pas que je me vois aussi bien mais c’est le fait que ce sont des options possibles.
« Je vous prends 2 cas de figures. On a un quinquennat qui réussit brillamment et une réélection dans 5 ans. À l’inverse, il peut y avoir, quel que soit l’évènement, je ne parle même pas de dissolution, un temps politique qui fait que le mandat se passe mal. En fait, il est impossible de savoir.
« Je ne cache pas le fait de me dire où je serai dans 10 ans, je sois incapable d’y répondre. C’est une question que je ne me pose pas trop parce que je n’ai pas de réponse. »
Quel rapport avez-vous avec les réseaux sociaux ?
« En ce qui me concerne, les réseaux sociaux sont le symptôme que nos vies sont en train de prendre plusieurs dimensions. Ce n’est pas que le personnage public qui parle.
« Depuis maintenant une trentaine d’années, il y a une inspiration très forte, à voir si elle est poussée par les initiateurs, les GAFAM principalement, ou les consommateurs eux-mêmes. Chacun aura sa théorie là-dessus. En plus de la réalité factuelle, concrète, on peut aussi avoir une réalité virtuelle. Il y a des moments, les 2 s’entrechoquent.
« Ce que je constate, par exemple, à l’Assemblée c’est l’impression de voir le nombre de députés qui s’inscrivent dans le réel en posant une question, en faisant une intervention au service de leurs réalités virtuelles. Parfois s’en même s’en rendre compte. C’est-à-dire que je ne vais pas intervenir pour une question qui m’intéresse. Je pose une question et j’interviens pour pouvoir partager cet épisode sur les réseaux sociaux. Cela est une possibilité mais cela représente aussi des dangers.
« Pour moi, la question des réseaux sociaux est uniquement le moyen ou le messager. La place qu’ils prennent détermine la relation que l’on a dans cette réalité factuelle et dans cet univers virtuel. Là, on en n’est qu’au début ! Aujourd’hui l’on est sur une petite tablette, petit téléphone avec nos tweets et nos publications.
« Dans 10 ans ou 15 ans, voir même avant, ce sera au niveau des lunettes, d’un casque. Ensuite on va aller vers des programmes ou autre, type métaverse et tout ce qui se décline derrière, avec aussi tout un travail autour de la sensibilité. Aujourd’hui notre rapport à l’univers virtuel, il est très visuel. Il est auditif.
« Tous les programmes qui existent, sont en train de développer nos capacités de toucher, notre univers olfactif, qui va faire que ces 2 réalités vont continuer de s’entrechoquer. Ces entrechoques vont se multiplier.
« Il faut que l’on s’y prépare absolument. Pour moi la clé c’est l’éducation. Lorsque l’on dit que l’on éduque les gens aux réseaux sociaux, on passe un tout petit peu à côté de la question lorsque l’on dit cela. C’est éduquer les gens en leurs laissant le libre-arbitre de se déterminer comment. Est-ce qu’ils vont vivre leurs réalités factuelles, concrètes, dans la vie réelle et leurs univers virtuels. Les réseaux sociaux ne sont que les points d’entrées entre les 2. »
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Merci à M. Rodwell pour son écoute et sa bienveillance.
Merci à Mlle Bourgeois pour son aide précieuse.