Un voyageur patriote.
Chers Lecteurs,
Après la plume de l’écriture je vous propose d’aller voir du côté de la balance de la Justice avec le nouveau portrait sur #LaLettreR.
Comté de Bigorre. C’est dans la capitale de ce beau département de Gascogne, à Tarbes, que notre nouvelle personnalité passe son enfance dans les années’80.
La Ville Rose sera ensuite le point de départ pour son envolée vers Paris et la suite de ses études au Lycée Pierre de Fermat et les bancs de la Faculté de Droit de Toulouse.
ESCP Europe. Avec un parcours généraliste en Business Administration and Management, notre interrogé complètera son cursus universitaire.
Cornell University. Les voyages forment la jeunesse. C’est ainsi que dans la continuité de son parcours à l’ESCP, il effectuera un semestre aux États-Unis et développera son goût pour la découverte et les voyages.
Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon. Le monde politique n’est guère loin. Après avoir accompagné Nicolas Dupont-Aignan lors de la présidentielle de 2012, notre interrogé sera candidat – tête-de-liste pour le mouvement patriote lors des élections régionales de 2015. Suite à la fusion des deux régions, la nouvelle région Occitanie verra le jour.
Barreau de Paris. Le petit gascon de Tarbes qui rêvait de la vie des personnages de livres voit son rêve s’accomplir lorsqu’il prêtera serment d’avocat dans la grande salle de la Cour d’Appel de Paris. Chose qui lui permettra d’ouvrir et développer son propre Cabinet parisien.
Je vous laisse partir à la découverte de Monsieur Damien Lempereur, avocat au Barreau de Paris.
En ce contexte pandémique, la réalisation de ce portrait a été faite, dans les conditions sanitaires requises, au sein du Cabinet de M. Damien Lempereur, le 28 avril 2021.
Bonne lecture !
@romainbgb – 03/05/21
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Biographie Express de M. Damien LEMPEREUR :
*1983 : naissance à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).
*1999-2001 : Baccalauréat série Scientifique au Lycée Théophile Gauthier à Tarbes.
*2001-2002 : classe préparatoire HEC au Lycée Pierre de Fermat à Toulouse.
*2003-2004 : DEUG de Droit à l’Université de Toulouse.
*2004 – 2006 : Licence et Maitrise de Droit à l’Université Paris II-Assas.
*2006-2007 : DEA Droit des Affaires à l’Université Paris II-Assas.
*2006-2009 : parcours Grande Écoles à l’ESCP Europe en Business Administration and Management.
*2008 : programme d’échange international en relations de Travail et Industrielle à Cornell University aux États-Unis.
*2008-2009 : juriste stagiaire au Cabinet Gide Loyrette Nouel.
*2012 : directeur de la stratégie de campagne de M. Dupont-Aignan lors de la campagne pour l’élection présidentielle.
*juillet 2012 : prestation de serment d’Avocat au Barreau de Paris.
*juil2012 – fev.2015 : Avocat collaborateur au cabinet Gide Loyrette Nouel.
*2015 : tête de liste aux élections régionales en Occitanie pour Debout La France.
*2015-2020 : Avocat au Barreau de Paris.
*dec.2020 : Avocat cofondateur du Cabinet MINDSET AVOCATS.
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A quoi rêve le petit Damien quand il est enfant ?
« Je rêvais d’avoir une vie familiale et heureuse comme tous ceux qui ont eu la chance de vivre dans un environnement familial serein, d’avoir une famille exceptionnelle. La chance de vivre dans une « douce France » qu’était Tarbes dans les années ’80. C’était le petit paradis sur Terre. J’étais à cette époque-là plongé dans les livres. Ceci paradoxalement avec la volonté de partir [Rires] ; de découvrir le monde et de monter à Paris pour m’extraire de ce Sud-Ouest de la France que lorsque l’on est jeune, on n’apprécie pas à sa juste valeur.
« Je rêvais, assez vite je pense, de devenir avocat à Paris. Ce qui, pour moi, était un peu inaccessible en étant jeune écolier à Tarbes, avec une famille qui n’est pas du tout dans le milieu juridique ni dans aucun réseau etc… Je rêvais d’avoir une vie intéressante faite de plein d’aventures. Faire de la politique peut-être un peu, aussi, au sens noble du terme. Je me souviens lorsque j’avais 6 ou 7 ans de mes premières images avec quelques émissions de 7 sur 7. Le déclic de m’intéresser à la politique et ensuite par ricochet au monde de Paris, je le situerai, je pense, assez tôt, dès le primaire. Je me rappelle très bien de la réélection de François Mitterrand en 1988. J’avais 5 ans. Je me souviens encore du visage de François Mitterrand façon Minitel, iconographie des années ’80, qui s’affichait sur l’écran de télévision. Cela date de ce moment-là pour après se construire petit à petit.
« J’ai un peu réussi à construire ce rêve de mon enfance lorsque j’étais à Tarbes. Il n’y avait pas beaucoup, autour de moi, de ce type de profil. Mon rêve de voyage également, de découvrir le monde. Je rêvais d’avoir la vie que je lisais dans les livres, que les gens autour de moi n’avaient pas. Il y a quand même un certain déterminisme lorsque l’on habite dans une ville moyenne de Province. Même si je pense, avec le recul, que c’était la vie idéale [Rires]. »
Que retenez-vous de vos années étudiantes à Toulouse ?
« Toulouse était la première étape vers la capitale. [Rires] J’y étais d’abord interne au Lycée Pierre de Fermat. Ce qui était justement une rupture avec Tarbes. C’était la découverte de la grande ville. Je retiens beaucoup de travail. Ensuite l’Université, que j’ai adoré, en Droit. À Toulouse, c’était l’émancipation en fait. C’est une première étape. C’est une plus grande ville. On y rencontre des gens différents, des personnalités plus connues. Ce qui amène très vite ma volonté de candidater sur dossiers à l’Université de Paris II-Assas pour y poursuivre mes études.
« J’avais très vite la sensation d’avoir fait le tour de Toulouse. Aujourd’hui j’y retourne tout le temps, dans le Sud-Ouest, dès que je peux. À Biarritz, notamment, tout le temps. À l’époque, l’idée c’était de partir à la capitale. [Rires] »
Quel souvenir gardez-vous de vos études à l’Université Paris II-Assas ?
« C’était un choc des cultures totales. J’étais le petit tarbais, qui ne connaissait pas du tout ni l’univers parisien ni les codes vestimentaires, culturels, sociaux… Je ne connaissais rien de tout cela parce que je ne connaissais personne de comme cela. C’était la découverte de cette univers-là, à Assas, très parisien, auquel je n’appartenais pas du tout. J’avais d’ailleurs un peu de mal à m’y intégrer. Je ne suis pas Édouard Louis. Ce n’est pas Eddy Bellegeule mais c’est un peu ce choc-là des cultures.
« Ce fut très agréable de découvrir le monde intellectuel avec des bons professeurs. C’est la découverte du droit aussi que j’ai aimé. C’est aussi la bibliothèque d’Assas, la Bibliothèque Sainte-Geneviève. La vie parisienne et ses cafés. C’était avant la Covid-19. »
Comment avez-vous vécu vos années d’études à l’ESCP ?
« C’était une volonté de faire une grande école, soit de commerce, soit Sciences-Po… J’ai été admis à l’ESCP. J’y ai fait un cursus généraliste.
« J’en garde déjà les États-Unis. C’est l’ESCP qui m’a permis d’aller étudier un semestre complet aux États-Unis où j’ai énormément travaillé et appris l’anglais. J’y ai découvert le système éducatif américain, ce qui était assez exceptionnel. C’est l’Empire, avec ce qu’il a de mieux et ce qu’il a de pire.
« L’ESCP m’a également ouvert l’esprit sur les questions économiques. C’est une école très globalisée, mondialisée, avec un système dans la doxa économique mondialiste. C’est-à-dire un peu néo-libéral dans les enseignements. Je me rappelle d’avoir eu comme professeur Jean-Marc Daniel. J’ai pu challenger tout cela par rapport à tout ce que j’avais pu voir dans mes voyages et que cela ne matchait pas forcément avec ce que j’avais pu voir à l’étranger. En réalité, dans ce monde mondialisé, il y avait des pays souverains qui s’en sortaient très bien. Ce qui a été, un peu, une éducation économique. Ce qui était en contre-culture, en opposition de ce qui nous était enseigné.
« C’était un enseignement de grande qualité que j’ai beaucoup aimé challenger. Une école qui avait l’avantage d’être dans Paris. Ce qui était très pratique pour se mouvoir. Cela reste quand même les années étudiantes. [Rires] L’ESCP, c’était un peu la fête, aussi. »
Les voyages forment la jeunesse. Quel souvenir gardez-vous de vos voyages ?
« J’ai vécu aux États-Unis. J’aime beaucoup voyager tout seul. J’ai voyagé par moi-même, en solitaire, en Amérique du Sud en Argentine, au Chili, en Uruguay, au Brésil. J’ai passé un moment en Iran. En Europe au Portugal et en Espagne. Je n’ai jamais vraiment appris toutes ces langues mais je les ai apprises sur le tas. Tout le monde te dit que cela « ouvre l’esprit » de découvrir d’autres cultures, que cela t’enrichit. Je confirme cela. C’est un enrichissement intellectuel, culturel, culinaire, musical…
« Ce que j’en ai déduit ce n’est pas que justement culturellement, politiquement et économiquement il fallait être globalisé, mondialisé. Ce que l’on nous vend aujourd’hui. Au contraire, ce qui fait la beauté du monde c’est la diversité. Mais la diversité, c’est quoi ? C’est la différence. On est d’accord. Au lieu de dire, comme tout le monde, que tout doit être ouvert, que tout doit être mixer, mélanger, que tout doit être… Non. Ce que j’ai découvert et adoré c’est la diversité entre l’Argentine et le Brésil. Même entre l’Uruguay et l’Argentine. Une différence des cultures, des échanges, des traditions… Ce que j’ai aimé dans mes voyages ce sont ces différences culturelles. J’aimerai qu’on les conserve ; que chacun garde son identité.
« C’est finalement en étant ouvert sur le monde et en voyageant beaucoup que je suis devenu patriote français. Parce que le fait de découvrir les identités des autres, de les aimer avec ses mélanges et ses contrastes, cela m’a donné envie l’identité de mon pays (ses cultures, ses traditions, son terroir) et de les défendre. Pour que justement un Français ne soit pas un Portugais, un Italien ou un Espagnol. J’ai voyagé au Portugal et en Espagne, pays voisins et pourtant si différend ; je n’ai pas envie que dans cent ans ce soit la même chose où tout le monde parlerait plus ou moins espagnol ou plus ou moins anglais sur tout le continent européen.
« J’aime la diversité. On fait le lien avec la politique aussi. Je pense que mon engagement sur les questions politiques, culturelles et économiques, vient de cette amour de la diversité et de la différence, que je veux conserver. Finalement, patriotes de tout pays, aimez vous ; non pas, parlez tous un anglais globish, uniformisez vos cultures, vos vies standardisées et devenons tous les mêmes. NON. C’est un peu ma hantise.
« C’est cela que j’ai découvert dans mes voyages. Les pays qui réussissaient, souvent, le mieux sont des pays qui gardent de fortes traditions. C’est marrant comme en France, souvent, on aime la diversité chez les autres mais que l’on refuse de dire : « j’aime la France. J’aime mon pays. J’aime ma culture. J’aime mes traditions. » Ce que j’ai compris très tôt dans mes voyages.
« Ce qui a justifié très tôt mon engagement auprès de Nicolas Dupont-Aignan lorsque je devais faire un stage à l’ESCP. Cela a conforté mes convictions économiques et amener une cohérence avec mon parcours. Je suis assez libéral mais au sens étymologique du terme. Ce qui s’est construit en étant aux États-Unis, en Amérique du Sud, en venant de Tarbes. »
Que retenez-vous de votre année d’étude à la Cornell University ?
« J’ai appris à parler anglais car honnêtement, lorsque je suis parti, je n’alignais pas deux mots. Je n’étais pas mauvais à l’écrit. Je garde le souvenir de la découverte des États-Unis que j’ai traversé en road trip ; d’avoir pu vivre à New-York.
« J’ai découvert le stade le plus avancé du néo-libéralisme et les dégâts qu’il pouvait causer. C’est-à-dire qu’on ne le sait pas mais les États-Unis sont un pays pauvre et communautarisé. Ceci avec toutes les dérives qu’on connait, en matière de surveillance par exemple. On le constate quand on le parcourt de l’intérieur. Ce qui a d’ailleurs fait l’élection de Donald Trump. En allant là-bas, il y a dix ans, on peut facilement se dire que l’on va être comme cela, dix ans plus tard. On est sur le chemin, avec la communautarisation, le communautarisme etc… On a eu des dirigeants qui sont totalement américains dans leurs têtes, que ce soit Emmanuel Macron ou Nicolas Sarkozy.
« En même temps, parce que c’était l’Université américaine, j’ai découvert la contre-culture. C’est-à-dire que dans l’Amérique, il y a tout. Il y a le meilleur et il y a le pire. Dans son meilleur, j’ai découvert ses auteurs comme Bret Easton Ellis et Tom Wolfe. J’ai découvert des intellectuels qui réfléchissaient et qui étaient très critique du modèle américain et de la mondialisation. Ils avaient un peu prévu quelques années auparavant, la venue de Donald Trump. C’est-à-dire qu’il y aurait un besoin dans un partie de la population et notamment les plus déclassés de revenir à plus de souverainisme, plus de protectionnisme, plus d’indépendance. Mais aussi à moins d’interventionnisme militaire. C’était passionnant de découvrir tout cela.
« Cela m’a permis de voir ce que pourrait être l’Europe dans dix ou quinze ans. Je pense que l’on y est. C’est pour cela qu’il faut organiser la résistance à ce modèle qui amène les excès en tout genre. Que ce soit l’élection de Donald Trump, qui est aussi une forme d’excès. Mais aussi l’excès de la pauvreté, l’excès de la violence. Je me rappelle le jour où j’étais à Memphis, il y a eu cinq assassinats en pleine rue, en plein centre-ville. Il y a des taux de criminalité dans certaines villes qui sont incroyables. C’est exceptionnel cinq assassinats mais à la radio ils en parlaient. C’est comme cela que je me suis retrouvé face à l’un d’eux, quelques minutes avant que la Police n’arrive, au cœur de Memphis. En même temps, New-York, San Francisco, Los Angeles, les élites éclairées et la sciences… Un pays de contraste qui n’est pas le modèle français. Un avant-goût de ce qu’il ne faut pas que la France devienne. Cela m’a conforté dans l’idée que je n’aimerai pas vivre là-bas. J’ai essayé de garder le meilleur de l’esprit américain dans la compétitivité, d’essayer d’avoir un état d’esprit. D’où le nom de mon Cabinet d’avocats. Au niveau professionnel, en tant qu’avocat, cela m’a beaucoup appris aussi.
« La France a une exception au niveau mondial qu’est celle d’être un pays universel, qui assimile, qui fabrique des Français. Il faudrait essayer de garder cela. C’est cela qui est en danger aujourd’hui. »
Comment s’est passé votre expérience de juriste au Cabinet Gide Loyrette Nouel ?
« C’est la découverte d’un univers que je ne connaissais pas : celui des grands cabinets d’affaires internationaux. Je viens, encore une fois, de Tarbes. Il y a un monde entre Tarbes et les cabinets d’affaires internationaux. Tout se passe très bien. J’avais la chance d’être dans une équipe d’avocats très bonne. C’est là que j’ai appris le métier d’avocat, d’abord comme stagiaire puis ensuite comme collaborateur.
« Une immersion dans un monde que je ne connaissais pas, avec des codes ; comme ceux du Barreau de Paris. Ensuite, tout l’aspect professionnel. Ce qui est moins intéressant dans une interview mais l’on apprend quand même un métier. Ce que je voulais c’était avoir un métier, maitriser une technique d’artisan-avocat ; de savoir faire un métier et de le faire bien, propre. C’était une bonne école Gide Loyrette Nouel. »
Que retenez-vous de votre expérience de directeur de la stratégie de campagne du candidat M. Dupont-Aignan lors de la campagne présidentielle de 2012 ?
« Cela débute par une amitié avec Nicolas Dupont-Aignan. Ce dernier m’embarque à ses côtés dans cette campagne. Il fallait que j’exécute un stage de six mois dans le cadre de mon école de commerce, à l’ESCP. On devait être en 2009. J’ai choisi de faire ce stage à ses côtés, pour ne pas faire cela dans la banque, la finance ou la grande distribution. La découverte d’un autre univers, encore ! [Rires]
« Encore une découverte : celle du monde médiatico-politique. J’ai découvert les deux. J’étais aux côtés d’une personnalité politique qui allait devenir de premier plan puisqu’il voulait se présenter à la présidentielle de 2012. Je l’ai suivi partout pendant cette campagne en 2012, en tant que collaborateur. Ensuite, je suis devenu l’un de ses conseillers. Ce que je suis toujours aujourd’hui, d’une certaine manière malgré que je n’aie plus aucune fonction dans le parti et que je sois en retrait de la vie politique.
« C’est comme cela que j’ai découvert le monde médiatique. Cela m’a appris tout sur le monde politique, à quel point il est dur et toxique. De même sur le monde médiatique, à quel point il est dur, passionnant et toxique. [Rires]
« Ce qui m’amène à être parmi les trois personnes qui dirigeait la campagne de Nicolas Dupont-Aignan : Olivier Clodong, Laurent Fouco et moi. On a décidé à emmener Nicolas Dupont-Aignan à avoir plus de visibilité au niveau national par le biais de cette campagne. Olivier Clodong, aujourd’hui maire d’Yerres, était le directeur administratif. Laurent Fouco, un camarade de l’ESCP, était le directeur opérationnel. C’est lui qui a réussi à trouver les cinq-cents signatures de maires. Il a fait un travail remarquable à ce niveau-là.
« C’est la découverte de comment fonctionne une campagne présidentielle. J’ai tout appris. Comment faire un communiqué de Presse. Comment préparer une émission. Comment gérer des militants, des fédérations, des évènements. Comment organiser des meetings. On n’avait pas un rond. On a fait quelque chose d’assez exceptionnel dans la Vème République. On a réussi à réunir cinq-cents signatures et à faire une campagne présidentielle en n’ayant aucune notoriété, aucune visibilité. C’est là que Nicolas Dupont-Aignan est apparu à beaucoup de Français pour la première fois.
« C’était à la fois enrichissant mais à la fois très toxique parce que tu es à 0% dans tous les sondages. Comment faire une campagne quand tu es à 0% la veille de l’élection ? Qui va voter pour toi ? L’injustice du temps de parole. L’injustice des moyens… On a vu toutes les injustices du monde politique pour au final faire près de 2%. Ce qui était le plus dur, je pense, de passer de 0% à 2%. Il a ensuite fait jusqu’à près de 5%, à la présidentielle de 2017. C’était peut-être plus facile de passer de 2% à 5% que de 0% à 2%. On a contribué à l’émergence. C’était extrêmement enrichissant et extrêmement difficile. J’y ai découvert l’épuisement professionnel durant cette période-là. Dans toutes mes expériences politiques, d’ailleurs. C’était vraiment par conviction. C’était vraiment épuisant. »
En juillet 2012 vous prêtez serment d’avocat. Comment avez-vous vécu ce moment ?
« Durant toutes ces périodes de voyages et de découvertes, j’avais toujours en tête d’avoir un métier. Il fallait tout de même que je prépare et que je réussisse le Barreau. Ce que j’ai fait. J’ai quand même réussi le Barreau. [Rires] Je voulais vraiment, après cette expérience politique, notamment celle de 2012, avoir un vrai métier pour ne pas être dépendant de la politique, ni de devoir vivre de la politique. Parce que cela c’est de l’esclavage, à mon sens. Dans un monde aussi compliqué que la politique, cela amène à toutes les compromissions, de devoir se maintenir en place absolument. Il y a très peu de personnages qui restent intègres et indépendant. Nicolas Dupont-Aignan a réussi à le rester pendant toute sa carrière. C’est un miracle. Il y en n’a pas beaucoup qui peuvent se permettre de ne pas faire d’alliance etc…
« La prestation de serment se passe à la Cour d’Appel de Paris. C’est un moment solennel. C’est de la fierté parce que c’est un peu le rêve de Tarbes qui se réalise de devenir avocat au Barreau de Paris. C’est prestigieux. Ce n’était que le début du chemin mais c’était un moment sympathique. Je vous montrerai dans mon bureau, j’ai une photographie de moi et de moi qui prête serment. C’est un beau moment. »
Comment avez-vous vécu votre expérience d’avocat chez Gide Loyrette Nouel ?
« Ils me reprennent. C’est là où j’ai appris mon métier d’avocat. Lorsque tu réussis le Barreau, tu obtiens un CAPA, un Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat. C’est un CAP. J’aime bien dire que le CAPA c’est un CAP mais d’avocat. Tu es artisan et tu dois apprendre un métier.
« Dans un cabinet international comme Gide, c’était des grosses doses de travail. On ne commence pas forcément tôt mais on finit très tard. On travaille le week-end. C’est un peu à l’américaine. Ce n’était pas tous les jours facile, cela aussi était épuisant. Je vais donner l’impression d’un mec qui a fait que des choses épuisantes. [Rires] Mais honnêtement oui, je me suis beaucoup fatigué. C’est un rouleau compresseur dans un département humain, avec des gens remarquables.
« J’y ai tout simplement appris le métier d’avocat. Il y a des techniques. Il y a des procédés. Il faut de l’expérience. Il faut de l’expertise. Je suis très reconnaissant de David Jonin et Yan-Éric Logeais qui sont mes deux formateurs. J’ai appris le métier d’avocat pendant trois ans. Comme en parallèle j’ai continué d’avoir des activités politiques. J’allais à des réunions. J’avais effectivement des programmes bien chargés. Je n’ai fait qu’alterner entre le travail, la politique et les voyages. Je crois que j’avais toujours deux choses sur le feu. Ce qui explique qu’aujourd’hui j’essaye de me concentrer sur une chose : le métier d’avocat, le Cabinet. Ce qui est déjà beaucoup. Ce qui est déjà pas mal ! »
En 2015 vous êtes tête de liste aux élections régionales en Occitanie. Quel souvenir en gardez-vous ?
« C’était de nouveau une expérience enrichissante puisque cette fois-ci j’ai découvert le fait d’être tête-de-liste, de devoir construire son équipe, sa liste, de devoir faire campagne. J’ai découvert le fait d’être le candidat. De rencontrer les citoyens et la Presse en tant que candidat. De faire des meetings en tant que candidat.
« Cela m’a permis aussi quelque chose de magique, puisque c’était l’Occitanie, la nouvelle future région. Ma campagne était faite aussi pour critiquer ce regroupement des régions qui selon moi allait coûter plus chers avec cette réunion du Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon… On a eu raison.
« J’avais 13 départements. Pas un rond. Il fallait que j’y fasse campagne. [Rires] J’avais un brillant jeune directeur de campagne, Guillaume Gau, qui m’a conduit en voiture dans les 13 départements. Tout cela avec les généreux dons de quelques militants et candidats de la liste. Là, j’ai découvert une région dans sa profondeur, dans son déclassement parfois, dans certains coins. Mais aussi toute sa beauté car c’est sûrement l’une des plus belles régions du monde. C’est le Sud-Ouest. C’était humainement enrichissant parce que quand on fait de la politique, en allant sur le terrain, l’on rencontre des personnes. D’autant plus lorsque l’on en fait de manière désintéressée et par pur conviction. On rencontre des gens exceptionnels. Après l’on peut être d’accord ou pas d’accord. Cela est autre chose.
« Ce qui marque toujours c’est l’injustice du monde politique. Je n’avais pas de moyens. Pour simplifier, j’ai fait campagne avec les dons des adhérents. C’est une campagne qui au final coûtait 5 à 6 fois moins cher que les autres. On a fait un peu moins de 4%. Gérard Onesta, pour EELV, avec un budget nettement supérieur, a fait que 8%. Deux fois plus. Il avait tous les médias, tous les sondages. Au final, il est président du bureau de l’assemblée de la Région.
« Tu as tous les pouvoirs, avec le double des personnes qui votent pour toi. Alors qu’à 4%, tu n’es même pas remboursé, parce que le seuil de remboursement est à 5%. Les gens qui donnaient pour moi savaient qu’ils perdaient leurs argents. Les autres, ils savaient qu’ils seraient remboursés. Ils pouvaient dépenser autant qu’ils voulaient. Le système politique est fait pour empêcher les petits de grandir. Ce qui est un grand enseignement. Je l’ai vu sur le terrain, avec peut-être dix fois moins de couverture médiatique que les grands candidats. On n’a pas fait dix fois moins de voix. J’ai vu l’injustice incroyable du système. Tout est fait pour que les gros conservent leurs parts de marchés et pour empêcher l’accès aux plus jeunes aux prises de décisions.
« La deuxième chose incroyable que j’ai découvert c’est cette richesse humaine dans les territoires, des gens, des Français, de tout le monde dans notre pays, qui ont des ressources incroyables pour faire face à la technocratie, à la bureaucratie, à la mondialisation. J’ai été stupéfait de voir le courage, l’ingéniosité, la ressource, la résilience des compatriotes sur le terrain. Incroyable ! On a tous les atouts dans ce pays, seulement l’on se met beaucoup de freins.
« Lorsque les politiques disent : « dans les terroirs il y a les atouts, il y a les richesses. » ; c’est tellement vrai. Il y a des gens exceptionnels. Parfois, ils sont laminés par le système, par la vie, par les injustices, par les charges…À l’époque, il y avait le RSI pour les indépendants qui devaient cotiser. Il a été supprimé depuis. Les gens se retrouvaient dans des situations inhumaines, écrasé par la bureaucratie, à se suicider presque… Alors qu’ils n’y étaient pour rien.
« J’ai découvert le pays qui se bat et ses forces vives. C’est très marquant. Ils ne savent pas tout cela à Paris. Ils ne savent pas comment cela se passe. »
Comment avez-vous vécu la campagne présidentielle de 2017 ?
« Je n’étais pas, à proprement parler, dans l’équipe de campagne [NDLR : celle du candidat Nicolas Dupont-Aignan]. J’étais plus comme un spectateur.
« Je l’ai vécu un peu comme la précédente, c’est-à-dire que ce sont des élections par défaut. C’était l’exemple même de l’élection par défaut d’un candidat par défaut puisqu’il ne fallait pas élire l’autre candidate. Comme en 2012, François Hollande avait été élu par défaut etc… Aujourd’hui l’on en paye le prix puisqu’un candidat par défaut ne peux pas rassembler, dépasser les clivages. On y voit bien la limite du « en même temps ». Elle est très claire.
« Je pense que si, encore une fois, en 2022 l’on a un candidat élu par défaut… Il faut absolument que quelqu’un(e) arrive à donner un espoir aux Français. On a tellement d’atouts. Une réélection d’Emmanuel Macron sera, à mon sens, catastrophique pour le pays ; vu l’état dans lequel il est aujourd’hui. C’est compliqué. Il n’est pas responsable de tout, bien sûr. C’est vingt ans de politique et d’impuissance en fait. On a perdu tout pouvoir de décision réelle donc cela est logique que l’on subisse. On le voit dans la gestion de la crise sanitaire. La souveraineté est importante. »
Vous avez co-fondé le réseau MINDSET Avocats en 2020. Comment vivez-vous cela ?
« J’avais pas mal alterné dans ma vie entre mes engagements et le travail. C’est une expérience géniale de pouvoir créer sa propre marque. De créer sa propre pratique, avec ses propres partenaires. C’est la liberté d’être avocat ; d’avoir sa propre boutique. C’est la liberté totale de choisir tes clients, de choisir tes rendez-vous, de choisir qui tu souhaites recevoir.
« Une fois que tu as choisi tes clients, tu as la chance de pouvoir faire des choses intéressantes. C’est la satisfaction. C’est la gratification. C’est un superbe métier qu’avocat, quand cela fonctionne bien. C’est à la fois un métier qui est très difficile pour beaucoup. Quand cela tourne bien, c’est un métier extrêmement gratifiant. C’est un métier difficile aussi parce que tu es en permanence en conflit avec les parties adverses. Mais quand les clients sont heureux et que tu les aides une fois dans leurs vies, c’est génial !
« Cela offre la liberté. C’est un métier qui permet d’être dans les tribunaux mais aussi dans le conseil. D’être également dans le monde réel de l’entreprise. On a des clients qui sont des PME, de tailles moyennes.
« C’est l’entreprenariat, en fait. Créer son cabinet d’avocat, c’est une forme d’entreprenariat. Il faut faire de la communication, maitriser un site Internet, des process, délivrer des prestations, faire tenir un budget… C’est passionnant. Ce qui rajoute une corde à mon arc.
« En répondant à vos questions, je réalise que j’ai eu la chance de faire des choses qui sont intéressantes. Je pense que tout cela fait le profil de quelqu’un d’indépendant, libre ; qui essaye de faire quelque chose d’utile dans sa vie.»
Comment vivez-vous cette pandémie qui nous entoure ?
« C’est très compliqué. Quelque chose que l’on n’a pas abordé en parlant des États-Unis, c’est la puissance de la pensée unique et le fait qu’il y ait une forme de terreur psychologique. Et bien la France en a pris le chemin. Heureusement il y a des intellectuels et des journalistes qui commencent à pouvoir s’exprimer. J’espère que l’on va pouvoir recommencer à parler et pouvoir dire les choses librement. Que l’on soit d’accord ou non. C’est cela le principe de la démocratie et de la République normalement.
« Cette pandémie est un peu le paroxysme de la pensée unique. C’est-à-dire qu’il est très difficile d’exprimer des opinions divergentes. Au-delà des aspects médicaux, parce que cela c’est l’affaire exclusive des médecins. Leur travail est de sauver les gens ; on ne peut pas leurs reprocher de vouloir « trop » sauver les gens. On doit toujours leurs laisser le bénéfice du doute qu’ils soient réellement terrorisés par le fait qu’eux, ils aient des patients qui meurent. C’est bien que les médecins veuillent sauver des gens. C’est sain.
« Par contre, je suis un peu inquiet quand même par une certaine disproportion entre les atteintes aux libertés, les restrictions, qui sont extrêmes, et le but poursuivi. L’atteinte à la liberté doit être normalement proportionnée, adéquate, nécessaire pour qu’elle soit légale. Cela sont normalement les critères en jurisprudence pour qu’elle soit recevable. Est-ce que l’on est vraiment dans la proportion, là, avec le couvre-feu par exemple ? Je ne sais pas. Il y a un peu ce petit côté de terrifiant. La capacité des Français d’accepter toutes les contraintes. Comme avocat, je suis extrêmement attentif aux libertés. Je m’interroge tout de même sur la proportion de certaines mesures.
« Il n’en reste pas moins qu’il y a une pandémie. C’est compliqué pour beaucoup de famille. Il ne faut pas nier du tout les difficultés sanitaires. C’est une période qui est très difficile pour tout le monde. Il faut donc désormais espérer qu’ensuite, quand on en ressort, qu’on aura touché le fond avec cette pandémie. Cela va faire des dégâts en matière de liberté, d’économie, de culture ; un carnage absolu. Comme les Français ont une capacité de résilience, d’innovation…
« Espérons que l’on remontera fort et haut. Je pense qu’il faudra que cela s’accompagne d’un changement de responsables politiques pour changer la direction, tout simplement. Il va falloir libérer les énergies, vraiment. Il y en a beaucoup. On le voit, même comme avocat. Nos clients sont innovants, résilients, imaginatifs, résistants. On a tout pour réussir dans ce pays. Il faut peut-être voir la pandémie comme une épreuve collective dont on pourrait ressortir grandis. »
Quels rapports avez-vous avec les réseaux sociaux ?
« C’est le symbole de notre époque, avec tous ses excès. Il y a le meilleur comme il y a le pire. En étant très attaché à la liberté, depuis le début : par celle de mes voyages, par celle de mon métier d’avocat, par celle d’être indépendant en politique…
« Je suis très attaché à la liberté sur les réseaux sociaux. C’est un espace de liberté. Pour moi, les réseaux sociaux c’est quelque chose de positif puisque cela permet (au mois en principe) la libre expression. Cela permet de mettre en avant des personnalités, d’en rencontrer ou de faire rencontrer d’autres personnes. A titre personnel cela me permet de communiquer comme avocat. C’est un instrument fantastique.
« En revanche Il faut que la loi s’applique. On a déjà tout ce qu’il faut dans la loi pour sanctionner les excès. Il ne faut surtout pas tenter de vouloir contrôler les réseaux sociaux comme ce qu’il se passe actuellement. Ce qui rejoint un peu ma critique pendant la pandémie avec cette histoire de pensée unique. C’est-à-dire la censure qui va être un vrai enjeu. On va le voir dans les dix prochaines années. Les gens commencent à le comprendre avec des sociétés qui désirent contrôler, de plus en plus. La Chine étant l’exemple ultime. L’enjeu sera le suivant : les citoyens vont-ils vouloir rester libres, ou pas ? Est-ce que l’on va abandonner notre liberté pour une prétendue sécurité ? Ou est-ce que l’on va vouloir conserver notre liberté, par exemple sur les réseaux sociaux ? Cela me semble très important surtout dans un système médiatique qui est très saturé, qui est très contraint. D’autant plus avec un CSA qui n’a pas de pouvoir réel de régulation. J’espère que les médias traditionnels vont prendre conscience de tout cela et s’ouvrir plus !
« À défaut J’ai peur qu’il y ait une séparation, un peu comme aux États-Unis avec CNN d’un côté, de l’autre la blogosphère et ses univers. Deux univers qui ne se recoupent pas. Est-ce que l’on va vers cela ? Je pense que normalement la France est un pays différent, qui a une vocation universelle. Vocation à ce que tout le monde puisse utiliser les médias traditionnels (télé, radios, Presse) et se retrouver dans la diversité des propos ; et non pas que chacun ait sa communauté de son côté. »
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Merci à M. LEMPEREUR pour sa bienveillance et sa participation.
Damien ne dit pas grand chose de neuf, c’est dommage, à force d’être prudent on devient insipide ; à attendre le bon train on prend racine.
Il semble que NDA ait grillé ses dernières cartouches et avec lui c’est une certaine idée de la France qui part. On aurait aimé connaitre l’avis de Damien sur la présidentielle 2022, sur une éventuelle candidature Zeymour, avec ce que cela impliquerait pour le combat souverainiste.
Je comprend votre frustration mais le but, comme celui de tout les portraits que j’entreprend, est de revenir sur le parcours personnel de la personnalité interrogée. Merci de votre retour.
Damien etait très symphatique , affable avec les militants de base dlr malheureusement , quand le travail est fini ses SUCCESSEURS nous jettent comme des moins que rien . Le patron nda a Laissé faire , piétiner ses militants fidèles ses meilleurs colleurs d’affiches de France , ses antennes de récupération des parrainages du fond des campagnes . IL NE RESTERA Pour ces sans grades que l’expérience d’un travail de militant . Celà rend plus fort , c’est vrai . Damien est un HOMME bien , il fera une belle carrière, si je me trompe j’irais en enfer . je les retrouverais tous.