Chers lecteurs,
dans ma lignée d’électron libre j’ai décidé de poursuivre ma ligne éditorialiste avec des interviews divers et variées comme je vous l’avez promis précédemment. Au milieu d’articles politiques, d’autres plus personnels viennent régulièrement ponctuer mon blogue. C’est pourquoi j’ai décidé de continuer cette aventure libre au moyen d’entrevues avec des personnalités diverses.
Chose promise, chose due : en voici une de premier cru, en la personne de Benoit Gallerey, rédacteur en chef chez LCI – La Chaine Info. La rencontre eut lieu mercredi 18 janvier 2012 dans un café parisien et voici en quelques lignes, l’échange qui en sortit !
Bonne lecture !
@Romainbgb – le 23/01/2012
La caution 2.0 de La Chaine Info : Benoit Gallerey.
Benoît Gallerey, 31 ans, est Rédacteur en chef à LCI – La Chaine Info, depuis septembre 2008. Auparavant il réalisait les sujets pour cette même émission créée en 2006. Benoit est originaire de Lyon où il obtenu son Bac Littéraire en 1998, pour sortir diplômé de l’IEP de Sciences Po Lyon en 2001. Ayant toujours été passionné par l’écriture et le journalisme, c’est tout naturellement à l’issue de son diplôme qu’il tente les écoles de journalisme. Il est ainsi admis au CFJ – Paris (2001-2003); c’est à ce moment là qu’un stage en immersion totale dans un média presse doit être effectué. C’est là que l’aventure de Benoit commence à LCI – La Chaine Info, pour être toujours dans nos écrans télévisés et dans la média-sphère aujourd’hui.
Au départ, Benoit n’était pas parti pour faire de la télé. Pour lui « écriture = presse écrite ». Mais au cours de ses études au CFJ Paris, un intervenant de chez LCI a surgi dans l’école pour donner des cours et offrir des stages. Pas du tout intéressé, contrairement à d’autres élèves qui eux « faisait du Jean Pierre Pernault pour se faire bien voir et décrocher un poste auprès du rédacteur en chef de LCI. Moi j’étais pas du tout intéressé, je faisais tout le contraire, c’est peut être ça qui m’a valu d’être remarqué, et d’intéresser l’intervenant LCI » me confie Benoit. Bien qu’il ne fut pas intéressé par ce cours, Benoit allait tout de même le suivre, ce qui lui valut de se faire remarquer par le rédacteur en chef l’invitant à LCI. Benoit n’est pas du tout tenté. Un moment d’hésitation commence alors pour Benoit qui a du mal à trouver un stage au sein de la presse écrite. Il se dit allons faire un test à la tour TF1 voir ce qu’il s’y passe. Les deux mois de stage d’été lui permettront d’ouvrir une nouvelle voie dans sa carrière professionnel : finalement tout arrive !
La place de l’écriture pour la télévision est tout aussi amusante me livre Benoit où un véritable jeu d’écriture commence. « Ce que l’on t’apprend en école de journalisme change, et les adjectifs et les adverbes doivent disparaitre », il faut donc aller bien plus loin que ça. C’est à travers ce jeu là que Benoit a découvert une nouvelle facette dans l’écriture, dans laquelle une discussion entre deux animateurs écrite sur le papier une heure avant, doit sembler couler de sens en direct pour le téléspectateur.
C’est là que la vie professionnelle de Benoit Gallerey prend tout son sens, lorsqu’en 2006 il intègre pleinement l’équipe de LCI – La Chaine Info, donnant un œil sur la petite actualité du web. La phase de l’ombre commence pour Benoit, qui prend petit à petit une véritable place au sein de La Chaine Info. La phase de la lumière peut alors commencer à éclairer Benoit. Ce qui sera chose faite à partir de la rentrée 2008.
Ceci grâce à l’éminent Damien Givelet, avec ses vingts années de télévision derrière lui, qui sont une véritable caution morale pour Benoit. Le tandem commence dès lors, au tour de Benoit de montrer sa capacité de présentateur. Le tri dans l’Internet commence donc ici, et l’émission « LCI est @ vous » voit le jour. Benoit me met alors en garde sur le fait qu’il ne faille pas que ce soit une émission du Geek qui parle aux Geeks ; il faut donc trouver un juste équilibre entre les deux. C’est là que le tandem Givelet/Gallerey va fonctionner.
Il faut que l’équilibre entre génération marche, et c’est là que ça réagit. La foire aux questions commence et deux axes de questions se positionnent. Dans un premier axe, il y a ceux qui soutiennent Damien Givelet, qui ne comprennent rien de ce que « raconte le petit jeune là sur le plateau » ; et de l’autre côté on trouve la nouvelle génération qui se retrouve en Benoit Gallerey qui « réveille l’audimat ». La bonne alchimie fonctionne entre les deux protagonistes, il y en a pour tout le monde, sur tous les sujets Internet.
Quand on revient sur ses premiers pas au sein de la rédaction de La Chaine Info, Benoit nous rappel qu’il n’avait pas de plan de carrière tout tracé. Puisque lorsque « l’on a un plan il est rare d’arriver là où l’on pense ». Lui-même le dit, dans les années 2000, Internet paraissait quelque chose de très technique. D’autant plus que la rubrique de l’actualité web présentée par Benoit ou il a une véritable place a évolué dans tout ça. « Bien malin celui qui aurait pu prévoir tout cela ». Tout cela nous paraît aujourd’hui quelque chose de tout à fait normal lorsque l’on allume son écran télévisé, alors que cela n’était pas prévu du tout à la base.
Si l’on doit évoquer un point positif dans la place de l’Internet, pour Benoit, il s’agirait avant tout « d’être un trouble fête ». En ce sens un véritable bouleversement des hiérarchies intervient. Il y a une réelle prise de parole plus libre, et grâce à quoi il est plus facile de voir émerger le microcosme. Notamment lorsque l’on pense au réseau social Twitter, où Benoit me fait remarquer que « les stars de Twitter ne sont pas forcément celle du microcosme parisien habituel ». La preuve a été donné avec Laurent Joffrin, qui une fois venu sur Twitter a démontré qu’il n’était rien par rapport aux autres gazouilleurs présents antérieurement. Laurent Joffrin avait pour cela pris à parti un gazouilleur qui s’était permis de le tutoyer. [« Qui vous permet de me tutoyer ? »]. C’est là où l’on se rend compte que sur Internet, tu n’es rien et que tout ta crédibilité est remise en cause pour recommencer à zéro. Tout n’est donc pas acquis, et il faut arriver à se faire respecter pour arriver à être reconnu et apprécié sur Twitter. Vincent Glad a pu comme cela se faire connaître et développer son réseau. « Il y a une véritable remise en cause de la hiérarchie et des barons locaux » tiens à me rappeler Benoit.
Lorsque j’aborde avec Benoit l’aspect négatif de tout ça, deux notions importantes lui viennent en tête : « Le temps et la vie ». Puisque nous sommes dans une ère où le 2.0 a réellement pris le pas dans nos vies, une réelle tendance à être hyper connecté en mode H 24 prend le dessus sur tout. Même le traditionnel repas de famille du dimanche midi en famille, ou la simple sortie entre amis peut devenir vite l’objet d’un besoin d’information urgent. Tout de suite on veut être informé de ce qu’il se passe et cela prend le pas sur ce qu’il se passe dans le réel. Il faut donc se méfier de cela selon Benoit, puisqu’en effet cela donne un accès instantané à tout et à tout le monde. Ceci n’étant pas forcément une bonne chose.
« Rien ne vaut une vraie rencontre réelle » me dit Benoit ; preuve en est donc ce café-interview au cours duquel nous pûmes discuter tranquillement.
« Je ne suis pas un défricheur ! » m’explique Benoit.
Au début le jeu de la veille internet n’était pas du tout son truc. C’est dans un nouveau monde, celui des geeks, que son expérience professionnelle voit un nouveau jour. Ce qui du coup entraine également dans un certain sens, que sa vie personnelle prenne le pas dessus également. Mais Benoit tient à me rappeler son rôle qui est tout sauf celui de « défricheur ». En effet, il est arrivé sur la Toile petit à petit, jamais le premier. Certes il est présent sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter, mais toujours avec un temps de décalage. Pareil pour le nouveau réseau social Google Plus où pour l’instant il n’a toujours pas créé de page à son nom. Benoit est comme qui dirait le cuisinier qui attend que la mayonnaise monte avant de s’inscrire et de se lancer dans l’aventure. Et comme il le rappelle à juste titre, il y a déjà une émission sur La Chaine Info depuis février 2008 qui s’occupe de ça : Plein écran.
C’est pour cela que Benoit se ressent plus dans un rôle de « captation ». « Il ne faut pas traiter l’actualité du web, mais celle vu du web » m’explique Benoit. Toute la différence est là ! La mission de Benoit est donc celle de voir comment peuvent être traités les différents sujets de l’actualité sur Internet. La chose n’est certes pas toujours des plus simples, mais des lots de compensation amusant viennent toujours s’ajouter à des sujets parfois durs à traiter. « C‘est ce côté insolite dont les internautes sont le plus friand. »
En guise de conclusion, Benoit tient à me rappeler le fait que son parcours professionnel n’est en rien quelque chose de réfléchi et calculé depuis la base. C’est cet aspect là qui lui plait plus car « beaucoup plus ludique que l’information traditionnelle ». Dans tout cet aspect télévisuel, il y a l’écriture auparavant que le téléspectateur ne soupçonne pas.
C’est dans ce travail là que Benoit excelle tous les soirs avant de prendre l’antenne avec Damien Givelet. Tout cela est rendu possible à la télévision, où les traits d’esprit et l’humour sont au rendez-vous. « C’est cet esprit là que j’aime bien ». Tout cet esprit que l’on retrouve également sur Internet et à la Radio où la liberté reste tout de même plus grande que sur la Presse écrite. « C’est cet esprit potache et frondeur qu’il faut conserver ».
Puisqu’en réalité ce qu’aime Benoit dans son travail est tout simple !
« La petite histoire que l’on se raconte le matin à la machine à café, et pas forcément le scoop du siècle dont tout le monde parle ».
On l’aura donc compris : tant que l’on garde l’esprit potache et frondeur sur Internet, tout ira bien pour Benoit !
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Un grand merci à Benoit Gallerey pour sa disponibilité et sa bravoure contre le froid dont il a fait preuve tout le long de la rencontre.
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