M. Pierre-Olivier Donnat

Chirurgiens-Dentistes de France.

 

Chers Lecteurs,

Je vous propose de bien vouloir continuer le chemin de l’entretien à travers un nouveau portrait qui donne la parole à l’engagement syndical.

Je souhaite poursuivre ce chemin de l’entretien en revenant avec vous sur une nouvelle forme de parcours qu’est celui de l’engagement syndical au service des confrères de la profession. Notre personnalité a su faire sienne le chemin pour mêler de front sa passion syndicale et son engagement professionnel.

Chirurgien-Dentiste. C’est dans ce domaine que notre interrogé obtiendra son Diplôme dans le cadre de son cursus supérieur au sein de l’Université de Médecine de Clermont-Ferrand puis avec son installation en Cabinet dentaire.

Syndicat des chirurgiens-dentistes. Fort de son implication syndicale, notre interrogé gravira ses premiers échelons au sein du syndicat locale de l’Yonne.

Dans la complémentarité de son cursus universitaire notre personnalité ajoutera un complément universitaire à son cursus en étant diplômé d’un Master Santé Publique. au sein de l’Université de Lyon

URPS. Dans la continuité de son engagement notre personnalité fera partie de l’équipe locale en charge de créer et lancer les premières bases des Unions régionales des professionnels de santé au niveau local au sein de la Bourgogne – Franche Comté.

Les Chirurgiens-Dentistes de France. Le parcours professionnel et syndical de notre interrogé prend un nouveau tournant dans son engagement. En ayant continué de graver les échelons, finalement c’est le Congrès de Dijon, ville d’origine de notre personnalité, qui verra l’élection de notre interrogé au sein de la présidence des CDF. Tous un symbole !

Je vous laisse découvrir le portrait de M. Pierre-Olivier Donnat, président des Chirurgiens-Dentistes de France.

M. Pierre-Olivier Donnat, président des Chirurgiens-Dentistes de France – ©droits réservés

Ce portrait a été réalisé lors d’un entretien avec M. Donnat au siège des Chirurgiens-Dentistes de France.

 

Bonne lecture !

@romainbgb – 06/06/24

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Biographie Express de M. Pierre-Olivier Donnat :

 

*1967 : Naissance à Dijon (Côte-d’Or).

*1988-1993 : Diplôme de Chirurgien-Dentiste.

*1993 : Thèse de Chirurgien-Dentiste.

*1994 : Installation en cabinet dentaire à Brienon-sur-Armançon (Yonne).

*2004-2021 : Président du Syndicat des chirurgiens-dentistes de l’Yonne.

*2005-2007 : Master de Santé Publique à l’Université de Lyon.

*2009-2012 : Chargé de mission à la Confédération nationale des syndicats dentaires.

*2011-2022 : Président de l’Union régionale des professionnels de santé – Chirurgiens-Dentistes de Bourgogne Franche-Comté.

*2012-2015 : Conseiller technique Chirurgiens-Dentistes de France.

*2015-2018 : Secrétaire général adjoint Chirurgiens-Dentistes de France.

*2018-2022 : Secrétaire général Chirurgiens-Dentistes de France.

*Depuis mai 2022 : président des Chirurgiens-Dentistes de France.

 

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À quoi rêvait le petit Pierre-Olivier lorsqu’il était enfant ?

« À quoi rêvais-je ? Je rêvais à tout un tas de choses. Il y a des choses qui sont moins racontables que d’autres lorsque l’on est gamin. [Rires] Vous pensiez à mon avenir professionnel ?

« Je pense que ce qui a clairement occupé toute mon enfance c’était que j’étais très proche des animaux. C’était une carrière de vétérinaire qui me tentais, très encouragé par ma mère, institutrice de son état, qui me voyait parfaitement dans cette voie-là. Mon père est un ancien militaire qui a ensuite fait carrière dans l’Administration fiscale.

« J’ai eu la chance d’avoir des parents très entourant et très bienveillant sur les aspirations de leurs enfants. Tant ma sœur que moi, je crois que l’on a bénéficié de cela. Vous savez c’est un état d’esprit, lorsque vous avez des parents très ouvert. Je pense que si je leur aurais dit que je souhaitais être boulanger-pâtissier, comme mon grand-père, ils auraient été tout aussi heureux que moi pour m’accompagner dans cette voie-là.

« Je pense que c’est une qualité. En tant que parent je m’interroge tous les jours sur la façon dont il faut faire. J’ai 3 fils. Je me garderais bien de donner des leçons à qui qu’onc sur la façon dont il faut élever ses enfants. S’il y a une leçon que j’ai retenu c’est que donner à ses enfants la chance de pouvoir ce qu’ils veulent ou de vivre leurs aspirations, leurs rêves etc… C’est un élément particulièrement marquant. Voilà, pour l’anecdote. »

Comment est née votre rencontre avec le monde dentaire ?

« C’est très clair. Vous savez, la sélection dentaire est fondée sur un Concours commun qui amenait vers la médecine dentaire. La maïeutique, kiné, sont venus se greffer après. C’est le rang de classement au Concours qui faisait le choix de la discipline.

« On n’avait pas de choix à établir avant. On passait le Concours. Le jour du résultat on était tous rassemblé dans un Amphithéâtre. À l’époque l’effectif d’élus était très faible. Sur une promotion de 700 – 800, on était une 100aine à avoir le Concours. J’étais définitivement admis mais je me trouvais, très modestement, dans les dernières places du classement officiel. Puisqu’ensuite, vous le savez, il y a toujours une liste supplémentaire. Lorsque mon tour est arrivé, il ne restait que des places en dentaire. Finalement, j’étais dès le début convaincu que cela pourrait me convenir.

« J’ai choisi Clermont-Ferrand puisqu’à Dijon il n’y avait pas de Fac dentaire. Tous les étudiants de Dijon était dispatché entre Nancy, Lyon, Strasbourg et Clermont. Allez savoir pourquoi, j’avais une appétence particulière pour l’Auvergne et je m’en suis toujours félicité. J’ai beaucoup apprécié mes années à Clermont. J’ai gardé beaucoup d’amitiés là-bas. »

Que retenez-vous de vos années étudiantes ?

« Ce sont des années heureuses et de grandes libertés. Je pense que c’est un fait marquant. Je le constate sociologiquement dans l’évolution, en tout cas de la perception que l’on en a, de nos jeunes confrères et des étudiants que l’on rencontre. Ils vivent une époque extrêmement difficile.

« Je pense qu’à notre époque l’air du temps était plus favorable. C’était la fin des années ’80, le début des années ’90. Le contexte économique n’était pas forcément meilleur mais il y avait peut-être une douceur de vivre qui n’était pas celle du climat actuel.

« J’ai vécu des années de Fac très heureuse où je découvrais un nouvel univers qui m’a d’emblée passionné. Je ne peux pas vous dire que j’ai mal vécu mes études contrairement à ce que j’entends parfois aujourd’hui où l’on blâme les conditions matérielles. Elles n’étaient déjà pas bonnes mais elles n’étaient pas pires qu’ailleurs. On s’en satisfaisait. On savait que l’on avait, contrairement à d’autres formations, un avenir qui était relativement tracé, où il n’y avait pas d’ambigüité sur notre devenir. Si vous faites, par exemple, des études de sciences économiques vous avez autant de chance de devenir professeur que banquier, assureur, je ne sais quoi… Lorsque vous faites une Faculté de d’Ontologie, a priori vous finissez dentiste ! »

Comment s’est passé votre installation au sein du cabinet dentaire ?

« Tout cela s’est passé le plus simplement du monde. En fin de 4ème année, il y avait à l’époque une disposition qui permettait de faire des remplacements. J’en ai usé en me présentant au Conseil Départemental de l’Ordre de Côte-d’Or, d’où je suis natif.

« Je me présente. La secrétaire était au téléphone le jour où j’arrive. Vous savez comment on fait. Elle met sa main sur le téléphone et me dit : « Vous voulez quoi, vous ? » Ce à quoi je lui réponds : « Excusez-moi, je suis jeune étudiant. Je cherche un remplacement. » Elle me dit : « ça tombe bien ! » et elle me tend le téléphone.

« Les acteurs ont beaucoup changé mais après quelques péripéties figurez-vous que je me suis installé et que j’exerce dans le Cabinet où j’ai effectué mon 1er remplacement. J’ai fait mon 1er remplacement en août 1990. Les titulaires de l’époque ne sont plus en poste. Il y avait 2 associés. J’ai 2 associéEs maintenant. »

Comment avez-vous vécu votre élection comme président du syndicat de l’Yonne ?

« Une petite anecdote aussi. Vous savez, après quelques péripéties, j’intègre ce Cabinet en mai 1994.

« Le lundi de mon installation, je dis à mon assistante de ne pas omettre de ne pas me mettre de patients après 19 heures parce que j’assiste à la réunion du Syndicat. Mes associés sont étonnés que je m’y intéresse. Ils sont pourtant syndiqués eux-mêmes. Je m’y intéresse particulièrement parce que c’est quelque chose qui m’a toujours passionné que la représentation de la profession, la façon de s’intégrer dans la vie économique, comment elle est représentée etc… Le syndicat, pour moi, cumule toutes ces qualités.

« Je me présente donc à cette réunion le soir-même. Le président départemental me dit que le secrétaire général est en train de divorcer et qu’il n’a pas quitté le bureau du juge. « C’est toi, le p’tit jeune, qui va t’occuper du secrétariat de séance ! » À 23 heures, le secrétaire général en poste arrive en s’excusant pour son retard. Il me dit : « C’est toi qui as fait le secrétariat de séance ce soir ? C’est toi qui as fait le compte-rendu de la séance ? À partir de maintenant, c’est toi qui feras tout ! » C’est exactement ce qui s’est passé ! [Rires]

« Quelques années après, j’ai pris la présidence de ce syndicat, avec grand plaisir. C’est une école absolument formidable de patience. C’est une école humaine, sans égale. J’y ai trouvé énormément d’épanouissement personnel mais aussi une façon vous savez de s’extraire des conditions d’exercices qui vous savez parfois peuvent être un peu sclérosantes. Lorsque l’on exerce un métier comme le notre, on peut avoir un prisme assez réduit. Le fait de s’ouvrir vers la représentation de sa profession permet de rencontrer les institutionnels, de rencontrer l’ensemble de l’environnement socio-économique dans lequel on exerce. Ce qui permet de s’ouvrir à des perspectives qui sont extrêmement épanouissante.

« Cela c’est quelque chose qui a toujours été le pendant de mon exercice au fauteuil. Le fait d’avoir une activité de représentation départementale, puis régionale. Ceci avec les URPS, issues de la loi HPST. Ce qui m’a permis de prendre la tête de l’URPS Bourgogne.

Quel regard portez-vous sur votre élection de président de l’Union régionale ?

« Les URPS étaient déjà quelque chose de prégnants pour les médecins. Elles succédaient aux URML. Par contre c’était une nouveauté absolue pour les chirurgiens-dentistes qui ne connaissaient pas ce niveau de représentativité régionale qui était là aussi le pendant des ARS.

« Roselyne Bachelot, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, avait dans la loi HPST de désigner l’ARS comme étant le préfet sanitaire de chaque Région. Évidemment, côté professionnel, il fallait désigner les interlocuteurs de ces ARS.

« Cela a été une période de construction, le 1er mandat des URPS où l’on défrichait un terrain qui était celui des relations avec une instance régionale qui se voyait pourvu de prérogatives très larges.

« Les URPS on les a vécus, nous syndicalement, au départ comme quelque chose de schizophrène. Elles nous privaient de ressources humaines. Elles captaient des cadres dont on avait peut-être besoin pour tenir nos syndicats départementaux, régionaux et nationaux. J’en faisais partie. J’ai réussi, par quelques truchements, à la fois a avoir une action, un ancrage local, par ces URPS, et à la fois de poursuivre les missions nationales qui ont démarré concomitamment. Après avoir été désigné en 2009 chargé de mission par le président Roland L’Herron. En 2012, j’ai été élu au niveau national comme conseiller technique. »

Comment avez-vous vécu ce mandat ?

« C’était encore une fois très intéressant et très enthousiasment parce que l’on défrichait un terrain complétement vierge. En clair, il fallait tout inventer et construire les instances régionales, véritablement, avec la mise en place des URPS. Ce qui a été un challenge particulièrement motivant.

« Il a fallu réunir des équipes, des collaborateurs. Ce qui a été enrichissant du point de vue humain mais aussi du point de vue de la construction de l’aventure. Puis, dans les relations qui se sont installées, instaurées avec les instances régionales (ARS, Préfectures de Régions) sur des sujets pour lesquels ils y avaient compétences régionales.

« Tous ceci était un parallèle des missions nationales qui étaient les miennes mais qui y trouvaient un écho particulier parce qu’elles étaient en prise avec le terrain, les enjeux locaux et dans certains cas avec le développement de solutions locales. Je précise dans certains cas parce que l’on est tout de même, dans le Jacobinisme ambiant, contraint et soumit aux dispositions réglementaires nationales, et rien d’autre. »

Comment s’est passé votre mission à la Confédération nationale des syndicats dentaires ?

« C’est au départ parce que, parallèlement à tout cela, j’y ai acquis un petit vernis en santé publique avec un diplôme de Master Sciences des Systèmes de Santé. Ce qui a permis au président de l’époque, Roland L’Herron, et à sa secrétaire générale, Catherine Mojaïski, de me désigner comme chargé de mission.

« Puis, il y a un épisode de l’époque, dont vous vous rappelez : la grippe H1N1.

« Je peux vous assurer que pour  le missionné santé publique, il avait un travail extraordinaire en faisant chaque semaine le point des évolutions. Ce n’était pas la crise de la Covid-19, mais avec les mêmes soucis de distribution des masques FFP-2 et des vaccins.

« Là aussi, avec des grandes difficultés avec le Ministère pour se faire entendre en tant que profession directement en contact.

« Puis, je vous rappelle, fut un temps durant l’été avant le début de la crise, la grippe H1N1 a démarré au Mexique. Les premiers cas étaient Sud-américains. Cela a été quelque chose qui a été particulièrement au cœur des débats. C’est avec plaisir que je me suis acquitté de cette mission d’information. »

Comment s’est passé votre expérience de conseiller technique à la CDF ?

« Elle s’inscrivait totalement dans le prolongement de cette mission de santé publique.

« Le terme de conseiller technique, souvent, est associé je dirais à un centre d’intérêt ou à un pôle d’activité. En l’occurrence, j’étais sous l’autorité de la présidente et accés sur les affaires de santé publique. J’ai commencé à aborder ensemble les sujets qui sont classiquement les marronniers syndicaux (assurance maladie, assurance complémentaire). »

Quel regard portez-vous sur votre rôle de secrétaire général adjoint à la CDF ?

« Il y a encore une anecdote, qu’il faut que vous sachiez. Si j’étais l’adjoint, le secrétaire général s’appelait, lui, Thierry Soulié. Ce n’était pas du tout un inconnu pour moi.

« Thierry Soulié en est devenu le président et j’en suis devenu le secrétaire général par la suite. Avec Thierry Soulié on faisait des stages d’Orthodontie ensemble à la fin des années ’90. C’était mon partenaire de stage. On apprenait à plier du fils toute la journée. Vous savez, celui que l’on met dans la bouche des enfants. Ce qui vous amène à discuter avec votre voisin. Voilà que mon voisin s’appelle Thierry Soulié, qu’il est lui-même syndiqué à la CNSD, avec une petite participation dans son Département du Maine-et-Loire. À l’époque, ni lui, ni moi, n’envisagions d’entamer une carrière syndicale.

« C’est comme cela qu’à l’élection de Thierry Soulié comme secrétaire général, assez naturellement il m’a proposé le poste d’adjoint. Ce qui ne vous surprendra pas.

« On a été, je pense, dans un binôme assez productif. À tel point que, lorsque le moment est venu d’être candidat à la présidence de la Confédération, il a pensé à moi en tant que secrétaire général. Vous voyez comme les choses sont un peu tracées de temps en temps. »

 

 

Comment avez-vous vécu votre expérience de secrétaire général à la CDF ?

« Là, c’est l’apprentissage d’une fonction particulièrement prenante, captivante et difficile qu’est à la fois le lien entre la politique syndicale (au sens noble du terme) et la gestion d’une très grande maison qu’est les Chirurgiens-Dentistes de France.

« C’est à la fois une mission éminemment politique et une mission de gestion du quotidien, de relation avec les Départements, de gestion des ressources humaines de la Maison. Puisque le secrétaire général est muni de ces prérogatives de gestion des ressources humaines.

« C’est l’apprentissage d’une chose que je ne connaissais pas : la gestion d’équipe. À l’époque, elle était plus large, en termes d’effectif, qu’aujourd’hui. Ceci en termes de collaborateurs, de personnels etc…

« C’est un véritable apprentissage. C’est une école. Je le disais en introduction. Le syndicalisme, je l’ai vécu comme une école de vie, comme une école professionnelle, comme une école de pensée. Comme une école philosophique aussi, parce que quelque part on est amené à prendre du recul, un peu de hauteur, par rapport à ce qui constitue le quotidien d’un chirurgien-dentiste. Cela ne s’apprend pas à la Fac. Cette mission syndicale ne fait pas partie du cursus universitaire.

« Je suis un grand fan de l’apprentissage. Mais vous savez l’apprentissage tel qu’on le perçoit à l’Éducation nationale. C’est-à-dire, l’apprenti qui est à la fois une partie chez son employeur, une partie à l’École. Je suis un grand fan de cette méthode-là parce que je suis un gamin qui a profité de cette voie-là et qui en est extrêmement satisfait ! Je suis persuadé que c’est l’une des façons les plus saine d’aborder la vie professionnelle. C’est-à-dire de connaitre à la fois l’aspect universitaire, théorique, et puis d’être confronté à la réalité du quotidien mais dans une autre dimension qu’est celle de la vie politique et syndicale. »

 

Election de M. Pierre-Olivier Donnat au Congrès de Dijon des Chirurgiens-Dentistes de France – ©droits réservés

 

Comment se passe votre mandat de président des CDF ?

« Fumée blanche au-dessus du 54. Fumée blanche au-dessus du Congrès de Dijon. Puisque, natif de Dijon, le hasard a fait que je sois élu à Dijon. Vous vous rendez compte ! Il y a quand même des choses de la vie, comme celle-là ! Le Congrès de Dijon a lieu en mai 2022. Il y a 2 candidats. Je suis élu avec un petit peu moins de 80% des voix.

« Vous voyez, vous m’avez interrogé sur mon parcours. Finalement, ce parcours c’est à la fois une façon d’avoir pu appréhender toutes les facettes de la maison, tout son fonctionnement (interne, externe), ses relations avec les institutionnels, d’avoir rencontré l’ensemble des acteurs qui font notre profession, qui font notre environnement professionnel, les acteurs de l’assurance maladie, les acteurs des assurances complémentaires, les acteurs ministériels.

« C’est tout de même extrêmement important d’avoir pu cheminer dans cette fonction assez logiquement. Ce n’est absolument pas un aboutissement, au contraire.

« J’ai l’impression simplement, aujourd’hui, de pouvoir mettre à profit cette expérience modeste, mais expérience tout de même, de la vie syndicale au service des Chirurgiens-Dentistes adhérents aux CDF.

« Puis, je suis au service d’une profession. Je tiens à le dire. Puisque notre ambition, chez les CDF, c’est de servir toute la profession. Nous avons des positions très pragmatiques, très mesurées, qui ne sont pas dans l’extrême. Nous nous targuons d’un certain humanisme dans nos tractions syndicales. Nous visons à représenter la profession sans verser dans le ravin du corporatisme. C’est quelque chose d’essentiel, vous voyez.

« Pourtant, certains pourraient nous dire qu’en tant que syndicalistes, on devrait être corporatistes. Eh bien, non ! Pour nous, le corporatisme c’est un échec. C’est un échec parce qu’il ne représente pas la voix qui est celle du dialogue, de la recherche de construction avec l’ensemble des acteurs du monde de la santé et du système de santé actuel. »

Quel bilan tirez-vous de votre engagement syndical ?

« Le bilan, c’est comme la vocation. C’est quand vous avez terminé, que vous avez 70 ans que vous le faites, pas avant ! C’est à la fin du marché que l’on compte les bouses ! Là, je suis au milieu du guet, moi. Je verrais à la fin. Si je peux en tirer quelques enseignements.

« Très modestement, j’essaie tous les jours d’être à la hauteur des enjeux qui sont ceux de ma profession, de mes mandants, ceux des circonstances du moment. C’est à la fois passionnant mais parfois pesant. On a besoin, là aussi, de temps en temps, de pendre un petit peu de recul sur les évènements, un peu de hauteur, pour les apprécier.

« Je suis tout à fait incapable de vous dresser un bilan. J’ai des indicateurs, un monitoring de mon action. On verra à la fin. Je suis très certainement le plus mal placé pour le dresser ce bilan. Je laisserai cela à mes successeurs, à mes pairs, qui se chargeront de faire mon propre bilan. Il sera ce qu’il sera. En attendant, j’aurai fait de mon mieux. »

Pourquoi ne pas vous lancer en politique ?

« Je ne peux pas vous dire que cela ne m’a jamais tenté. Je crois que c’est l’une des missions les plus nobles qui soit. C’est bien par respect de la noblesse de cette mission, que j’aurai un petit peu le syndrome de l’imposteur. Je pense que je n’en serai pas nécessairement capable. En tous les cas, c’est une mission qui pour moi est au-dessus de tout. J’ai beaucoup de respect. Y compris pour les gens qui politiquement ne sont pas conformes à mes idées. En tous les cas, je leurs porte le plus grand respect quand eux acceptent de consacrer une part très importante de leurs vies à l’intérêt d’autrui, en tous les cas à l’intérêt général.

« Cette notion d’intérêt général c’est celle finalement qui fonde une grande partie de notre mission syndicale. Le monde politique a son côté paillette. Il a aussi, on le sait, son côté extrêmement difficile.

« Je ne dis pas : « fontaine, je ne boirais pas ton eau ! » Pour l’instant, cela est très loin de mes préoccupations. »

Quel rapport avez-vous avec les réseaux sociaux ?

« Compliqué ! Si je fais un parallèle avec le monde politique, les réseaux sociaux sont une dictature. Je me positionnerai assez aisément comme un dissident de cette dictature. Je crois que c’est le meilleur et le pire réunit dans une situation qui échappe complétement.

« Vous savez, c’est Frankenstein aussi. C’est la chose qui échappe à ceux qui l’ont inventé, à son créateur. Tout simplement parce que c’est un formidable outil de communication mais c’est aussi une caisse de résonnance pour des tas d’idées ou de concepts qui par le passé n’aurait même pas mérité qu’ils soient couchés sur le papier.

« C’est incontournable ! Je suis probablement peut-être dans une forme d’anachronisme personnel eu égard à ces outils. Ils ne me sont pas étrangers. Je les utilise au quotidien. Mais dont les arcanes me semblent en tous les cas assez étrangers.

« Néanmoins, je fais confiance à des gens bien plus autorisés que moi pour œuvrer au nom des CDF sur ce sujet-là. Je me plie volontiers à ces règles lorsqu’il s’agit de s’y plier. »

***

Merci à Mlle Teyssier d’Orfeuille pour son aide et sa bienveillance.

Merci à M. Donnat pour son écoute et sa participation.

Publié par RomainBGB

Franco-sicilien né en Helvetie. Co-auteur de l'ouvrage "Dans l'ombre des Présidents" paru en mars 2016 aux éditions Fayard.

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