Une promesse d’engagement normand.
Chers Lecteurs,
Je vous propose de bien vouloir continuer le chemin de l’entretien à travers un nouveau portrait qui donne la parole à l’engagement associatif et à l’élu local.
Je poursuis le chemin de l’entretien en revenant avec vous sur une nouvelle forme de parcours qu’est celui de l’engagement associatif et personnel au service des autres. Notre personnalité a su faire sienne le chemin pour mêler de front sa passion associative au sein de son engagement professionnel et politique.
Je vous laisse découvrir l’entretien-portrait de M. Laurent Bonnaterre, maire de Caudebec-lès-Elbeuf.
Cet entretien-portrait a été réalisé lors d’un échange en visioconférence le 5 décembre 2024.
Bonne lecture !
@romainbgb – 17/12/24
***
Biographie Express de M. Laurent Bonnaterre :
*1973 : Naissance à Pessac (Gironde).
*1991 : Titulaire du Baccalauréat Série B.
*1995 : Licence d’Histoire, mention géographie, à l’Université Bordeaux Montaigne.
*1997-1999 : Directeur artistique de l’association Images et Bande dessinée.
*1999-2004 : Assistant parlementaire du Député européen, M. Savary.
*2002-2003 : Formation à l’ENA.
*2004-2008 : Directeur de Cabinet du Maire de Grand-Quevilly, M. Fabius.
*2008-2013 : Directeur de Cabinet de la Présidence de la CREA (devenue Métropole Rouen Normandie).
*2008-2010 : Adjoint au Maire de Caudebec-lès-Elbeuf (Seine-Maritime).
*2010-2014 : Conseiller Municipal d’opposition de Caudebec-lès-Elbeuf (Seine-Maritime).
*2013-2021 : Directeur Général de Quevilly Habitat.
*Depuis 2014 : Maire de Caudebec-lès-Elbeuf (Normandie).
*2014-2020 : Conseiller délégué à la Métropole Rouen Normandie, chargé des relations internationales, de l’attractivité, de la coopération internationale et de la promotion du territoire.
*2016-2020 : 1er Vice-Président de Rouen Normandy Invest.
*2018-2020 : Président de l’Office du Tourisme de Rouen, Rouen Normandie Tourisme et Congrès.
*Depuis 2020 : Conseiller métropolitain et Président du groupe Métropole des Territoires – Métropole Rouen Normandie.
*Depuis 2021 : Dirigeant Fondateur d’Argos.
*Depuis 2021 : Conseiller régional et Président du Groupe Normandie Terre d’Avenir – Région Normandie.
– Administrateur de l’Opéra de Rouen Normandie.
-Commandant de réserve citoyenne – Armée de Terre.
*Octobre 2021 : adhérent fondateur d’Horizons.
*Depuis décembre 2021 : Référent régional Horizons Normandie – membre du Bureau Politique.
* 2022-2023 : Président du Comité de Filière Animation, Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse.
* 2023-2024 : Professeur d’Histoire-Géographie, Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse.
* Depuis Novembre 2024 : Directeur Général de l’Institut de Formation « Engagement et perspectives ».
***
À quoi rêvait le petit Laurent lorsqu’il était enfant ?
« Comme beaucoup d’enfant de ma génération, je voulais être vétérinaire. J’avais une passion pour les animaux, notamment les chiens. J’ai grandi avec chez mes parents, chez mes grands-parents. Je me rêvais cette relation aux animaux, sans vraiment savoir ce que cela recouvrait. Lorsqu’au moment des études je me suis rendu compte qu’il fallait faire de la biologie et des mathématiques et que cela n’était pas mon penchant naturel… J’ai abandonné cette piste d’avenir.
« Les choses se sont faites ensuite un peu naturellement. Je ne sais plus à quoi je rêvais lorsque j’étais adolescent – jeune adulte. Je suis rentré assez tôt dans la vie active, part le milieu associatif. La bascule s’est faite autour de mes 18 – 20 ans. L’engagement associatif m’a emmené vers un engagement professionnel. Cela s’est fait assez naturellement. Assez vite j’ai rêvé de bandes-dessinées. Ce qui était mon premier métier.
« Je me suis aperçu d’ailleurs de quelque chose hier. J’avais à l’époque créé un fanzine de bande-dessinée, enfin même plus, une critique de bande-dessinée, qui s’appelait La Vie des Bulles. Un de mes anciens co-rédacteur m’a envoyé un message pour m’indiquer que l’on est coté dans le BDM. Le premier numéro que l’on a édité vaut 15 €. C’est assez émouvant pour le fan de BD que je suis. »
Comment est née votre rencontre avec la politique ?
« J’étais dans une famille politisée. Mes parents et mes grands-parents ne militaient pas mais ils étaient passionnés de politiques. J’ai baigné dans une famille de gauche, autour de discussion politiques autour de la table au moment des repas. Mon père était plutôt centriste. Je participais aux discussions avec leurs amis. C’était pour moi un environnement connu dans une ambiance familiale de se passionner pour la chose publique. J’ai commencé à lire le journal assez jeune. Je me suis plongé dans Le Monde dès mes 17 ans.
« Ensuite, le syndicalisme étudiant et une rencontre avec un parti politique, le Parti Socialiste, qui a été mon parti pendant de nombreuses années. Mais aussi avec un patron politique, en l’occurrence Gilles Savary à Bordeaux, qui m’a beaucoup appris et construit. J’ai beaucoup échangé aussi avec la maire d’Artigues-près-Bordeaux, Françoise Carton, qui est devenue sénatrice après, au sein de mes fonctions professionnelles de directeur artistique de bandes-dessinées.
« C’est devenu une passion, puis un métier, puis un mandat. J’ai essayé de faire que lorsque c’était un mandat, ce ne soit plus trop un métier. J’ai retrouvé des métiers dans la vie civile, on va dire. J’ai fait beaucoup de métiers différents dans ma vie. »
Que retenez-vous de vos années d’étudiant ?
« Comme étudiant, j’en retiens une grande passion pour l’Histoire-Géographie, qui me sert toujours. Cette base m’a resservi l’an passé lorsque j’ai décidé de donner des cours d’Histoire à des collégiens. J’ai rafraichi évidemment ma mémoire. J’avais tout de même des bases assez solides. Mais aussi dans la vie de tous les jours, dans la vie politique, dans la décision publique. En tant que maire on a besoin de traiter des questions de démographie, d’aménagement du Territoire. Je trouve que c’est vraiment un substrat, une base théorique et de connaissance qui est riche et indispensable.
« Je retiens cette curiosité intellectuelle pour ce qui est le passé et la Géographie au sens large, le monde dans lequel on vit. Qu’elle soit Géographie humaine, Géographie physique, Géographie politique. J’ai beaucoup lu sur la Géopolitique.
« Je l’ai dit tout à l’heure mais les années étudiantes c’est aussi les années de mes premiers engagements dans le syndicalisme étudiant dont j’ai assez vite mesuré les limites et les jeux d’appareils. Je n’ai jamais voulu faire partie d’un mouvement jeune en politique. Je suis devenu tout de suite adhérent au Parti Socialiste, sans passer part la case MJS. J’ai été syndicaliste étudiant et adhérant du PS. »
Comment avez-vous vécu votre travail au Parlement européen auprès de M. Savary ?
« C’était passionnant parce qu’il y avait une triple dimension, on va dire. Gilles Savary a été un député européen et un député français, quelques années après, extrêmement engagé et investi sur le Territoire. Il m’avait confié plusieurs missions.
« Le triple exercice dans lequel j’étais, était celui d’un exercice d’incarnation des dossiers européens au niveau local. J’étais basé en circonscription, à Bordeaux. J’avais une interface permanente avec Strasbourg et Bruxelles.
« On suivait tous les textes de lois européens, mais aussi très concrètement les projets Erasmus. On a aussi géré les rapports entre les forestiers et l’Europe au moment de la grande tempête de 1999 qui avait abattue une grande partie des bois de la Gironde et des Landes. Tous les dossiers européens, les fonds européens, les interfaces avec la Région. De temps en temps j’allais faire des missions à Bruxelles et à Strasbourg. J’ai eu cette accointance avec les Institutions européennes.
« Il y avait le fait que Gilles Savary était un élu local, conseiller municipal d’opposition à Bordeaux. En observant et en militant à ses côtés, sur mon temps bénévole, cela m’a appris sur ce que c’était que la politique locale et la manière de s’engager dans un milieu hostile.
« Ce n’était pas la guerre mais lorsque vous êtes dans l’opposition, dans une grande Ville, c’est compliqué. Vous n’avez pas tous les leviers. Lorsque je suis arrivé en Seine-Maritime, je me suis aperçu que, arrivant dans un écosystème où les gens avaient plutôt la culture de la majorité, avec des personnes installées qui succédaient à d’autres… J’y suis arrivé avec un ADN extrêmement différent et je pense cela m’a servi à gagner Caudebec. Cela me sert encore aujourd’hui à la Métropole de savoir ce que c’est que de s’opposer, de ne pas toujours être dans la facilité de gérer des affaires.
« Il y a beaucoup de maires dans la Métropole de Rouen qui n’ont jamais gagné d’élection sur leurs noms. Ils ont pris la succession de leurs prédécesseurs et donc par succession au sein de leurs partis se sont retrouvés à la tête de fonctions exécutives. Ce qui n’est pas mon cas. J’ai dû battre le maire sortant pour devenir maire de Caudebec-lès-Elbeuf. »
Comment s’est passée votre expérience auprès de M. Fabius au Grand-Quevilly ?
« Très bien. M. Fabius a été mon deuxième maitre après Gilles Savary.
« Laurent Fabius je l’avais rencontré lors de ses déplacements en Gironde, lorsque j’étais dans l’équipe de M. Savary, pour l’organisation de ses déplacements et de ses venues. C’était ce que l’on appelait les « réseaux fabusiens » qui existaient. Ses équipes m’avaient repéré. Il m’avait repéré. Ils m’ont fait venir en Seine-Maritime, ce qui a été pour moi un vrai défi professionnel. Je venais de Gironde. Je n’avais jamais mis un pied en Seine-Maritime. Je n’y connaissais que 2 personnes : Laurent Fabius et le directeur de Cabinet auquel je succédais.
« Cela a été une expérience très riche. Je venais d’une équipe parlementaire très petite. Je venais de l’opposition et j’ai découvert le rôle de directeur de Cabinet, dans une équipe importante, avec une Mairie importante, symbolique, tout cela avec les moyens d’une équipe majoritaire. C’est surtout la chance de travailler pour quelqu’un qui était à l’époque 1er Adjoint au Maire. Je travaillais pour le Maire, pour le 1er Adjoint au Maire, pour le parlementaire que Laurent Fabius était. J’ai eu la chance de découvrir et travailler avec ce patron de manière intense pendant 10 ans.
« J’ai beaucoup appris parce que, que l’on aime ou que l’on n’aime pas l’homme, moi je l’aime beaucoup, c’est une formidable école de politique. Mais pas forcément de politique politicienne, de gestion de la Cité. J’ai été marqué.
« Il était ancien Premier ministre, ancien président de l’Assemblée nationale, avec une carrière extrêmement structurée et riche derrière lui. Régulièrement, pendant la journée, je le voyais partir. Il se baladait une heure en Ville, il parlait avec les gens. Il me ramenait des petits papiers sur lequel était marqué : « Vider la poubelle à tel endroit. » « Couper l’arbre là. » « Vérifier le portail de telle rue. » Il faisait du terrain. Il écoutait les gens. Je crois que c’est la plus belle leçon de politique. Celle que, alors que vous avez été au plus haut niveau, vous avez un mandat local, en l’occurrence au Grand-Quevilly, vous devez être en permanence sur le terrain et écouter ce que les habitants ont à vous dire. Que ce soit des choses stratégiques pour les 20 ans qui viennent ou des choses du quotidien.
« Je crois que l’on ne peut pas faire de stratégie territoriale et avoir un projet pour sa Ville, pour son Territoire à 20 ans, s’il on n’est pas aussi l’Homme des crottes de chiens, des poubelles et du quotidien. L’un ne va pas sans l’autre. Vous pouvez faire les plus beaux projets d’avenir, si vous n’êtes pas capable de régler les petits problèmes du quotidien, part projet repose sur du sable.
« J’ai beaucoup appris. J’ai rencontré plein de gens. Cela m’a fait un carnet d’adresses. Je suis resté 10 ans auprès de lui. Vous imaginez bien que si cela c’était mal passé, il ne m’aurait pas gardé aussi longtemps. Cela m’a donné pas mal d’outils pour l’avenir. »
Que retenez-vous de votre passage à la Métropole rouennaise auprès de MM. Fabius et Sanchez ?
« Pour une grande partie, c’était la continuité de ce que l’on avait fait à Grand-Quevilly. Mais évidemment c’était à une autre échelle.
« À Grand-Quevilly, j’étais directeur de Cabinet avec une équipe de secrétariat très efficace, mais c’était un secrétariat. Directeur de Cabinet à la Métropole, j’avais un Cabinet avec un Chef de Cabinet, des conseillers de Cabinet. On pilotait à l’époque des services qui comptaient au début 450 et à la fin 850 – 900 fonctionnaires et agents. C’était passionnant.
« On a fait beaucoup de choses. J’ai beaucoup parcouru le Territoire. J’ai beaucoup écouté les maires. Puis on a fait grandir ce Territoire puisqu’on l’a agrandi. On l’a fusionné. On est passé de 37 Communes à l’époque, à 71 Communes, part la fusion de 2 Agglomérations et 2 Communautés de Communes. C’était un projet passionnant.
« J’ai eu aussi le plaisir pendant un an de travailler avec Frédéric Sanchez, dont j’ai été ensuite, pas tout à fait mais dans les faits, Vice-président à la Métropole et avec qui je travaille aujourd’hui à Horizons, où l’on est tous les deux engagés auprès d’Édouard Philippe sur des fonctions proches.
« Sur les dossiers, on a créé plein de choses à cette époque-là. On a créé Le Festival Normandie Impressionniste. On a posé les bases du Panorama. On a créé le réseau Filo’r dans les petites Communes. Je vais omettre des choses, je n’ai pas tout re-listé avant de vous voir. Cela a été une période passionnante de création d’une Intercommunalité de services et de projets au service des Territoires et au service des maires.
« Peut-être ce qui me marque dans l’évolution de la Métropole, telle qu’elle est actuellement, c’est qu’avec Laurent Fabius et ses équipes, dont je faisais partie, puis Frédéric Sanchez, on avait une plus grande attention au fait communal, aux maires, aux équilibres territoriaux, que c’est le cas actuellement. Aujourd’hui la Métropole est gérée sur la base d’une majorité et d’une minorité. Ce qui n’était pas le cas du temps de M. Fabius. Il y avait des Vice-présidents issus de l’UMP. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
« Je trouve qu’une Intercommunalité devrait fonctionner comme cela, comme fonctionne celle du Havre, celle de Caen, celle de Bordeaux… La plupart des Intercommunalités de France fonctionnent sur des bases de consensus. Cela ne veut pas dire que l’on est d’accord sur tout. Mais sur les projets intercommunaux comme l’eau, l’assainissement des voiries, le développement économique, les transports en commun, on se met d’accord sans arbitrages de couleurs politiques mais bien sur des arbitrages territoriaux et sur l’intérêt territorial qu’ont l’ensemble des Communes. Surtout quand vous avez une Ville de Rouen qui en fait ne représente qu’1/5ème de la Métropole en nombre d’habitants. La Ville de Rouen ne pèse que 100’000 sur 500’000. »
Que retenez-vous de votre 1er mandat municipal à Caudebec-lès-Elbeuf en 2008 ?
« C’était intéressant. Cela a été compliqué comme vous avez pu le voir dans les éléments que vous avez. J’ai été élu dans une équipe de coalition avec un maire sortant qui était déjà en début de fin de carrière, pour qui cela commençait à être compliqué, un ancien PS – divers gauche. Pendant des années le PS avait essayé de s’y implanter mais il avait toujours résisté. C’est la Ville où je vivais. J’arrive un peu sur le projet d’apaiser les choses et de lui succéder un jour. Évidemment, cela ne se passe jamais comme c’est écrit sur le papier.
« J’ai été son Adjoint pendant à peine 1 an et demi, entre mars 2008 et décembre 2010. Sur un dossier, dont je gère encore aujourd’hui les conséquences, tout a basculé. Il s’agit de l’aménagement d’une plaine de 28 hectares où l’ancien maire voulait poser 1’500 logements.
« Avec mon groupe on ne sentait pas trop bien cela en termes de développement. Il y avait à l’époque beaucoup de logements vacants sur Caudebec. La Ville ne gagnait pas des habitants. On ne voyait pas pourquoi il fallait produire 1’500 logements en extension urbaine ? On a été assez précurseur là-dessus. On disait qu’il ne fallait pas urbaniser les champs. On se permet une abstention au Conseil municipal. Crime de lèse-majesté. On se fait virer.
« Cela m’a appris sur ce que c’était qu’une Mairie. Comment l’on travaillait en équipe? Même si je trouvais que le travail était bizarre avec ce maire-là. Mais surtout j’avais demandé et obtenu le mandat d’Adjoint aux Séniors. Ce qui pour moi a été passionnant. J’ai passé 1 an et demi passionnant avec les Séniors de Caudebec. Je sais qu’ils en ont gardé un bon souvenir. Même quand je suis passé dans l’opposition, ils ont continué à être très proche de moi. Je pense que ma victoire de 2014 ne sera pas totalement indifférente du fait que j’avais réussi à construire cette relation d’amitié et de proximité avec les Séniors de Caudebec. »
Que retenez-vous de vottre expérience municipale dans l’opposition en 2010 ?
« On a donc fait 4 ans d’opposition. Cela a été pour moi très riche. C’était très dur. Le maire sortant a été extrêmement violent. Il y a eu énormément de tracts contre moi dans les boites aux lettres. Ce rôle d’opposant je l’avais déjà connu comme salarié de Gilles Savary à Bordeaux. Je voyais ce que c’était que l’opposition.
« J’ai eu la chance de vivre, d’être élu et de travailler à Caudebec, une Ville de 10’000 habitants, qui est une Ville à taille humaine. Je dis toujours que c’est un gros Village. J’avais commencé le porte-à-porte lorsque j’étais déjà Adjoint. Ce qui énervait le maire qui ne comprenait pas pourquoi je le faisais ?! Lorsque j’étais Adjoint, je ne disais pas du mal du maire en porte-à-porte. J’allais écouter les habitants et je me présentais à eux. Jeune habitant de la Commune, pas connu, j’y allais pour me faire connaitre.
« J’ai accéléré cela lorsque je suis arrivé dans l’opposition pendant 4 ans. J’ai fait 2 fois le tour de la Ville comme cela. Aujourd’hui l’on est à 5’300 portes. Cela prend du temps d’aller voir tout le monde. Mais cela se fait. Lorsque je vais voir tout le monde, cela me prend 1 an. J’ai donc fait cela. J’ai appris énormément.
« J’ai découvert des Impasses où je n’étais jamais allé. Lorsque vous habitez une Ville, vous n’allez pas au fond de chaque Impasse. Vous n’avez pas des amis dans toutes les rues. Vous n’avez pas des raisons d’aller partout. J’ai découvert les difficultés des logements insalubres du Centre-Ville. Cela va un peu mieux. On a beaucoup travaillé mais enfin il y a encore beaucoup de chemin à faire pour rendre plus digne une partie des logements. J’ai découvert les quartiers d’habitats sociaux qui vont plutôt bien. J’ai découvert des rues résidentielles, tranquilles, pavillonnaires. J’ai rencontré les Caudebecais, parlé avec eux. J’ai rencontré mes futurs colistiers. J’étais encore adhérent au PS.
« Très vite, j’ai compris que l’adhésion des partis dans les petites Communes était très faible. Le nombre de militant, leur sociologie et leur représentativité étaient très différentes de la réalité et de la sociologie de la Ville dans laquelle vous habitiez.
« Je n’ai pas caché qui j’étais. Part le monde savait mon engagement. J’ai monté une liste qui était bien plus large que mes amis politiques socialistes de l’époque. J’ai voulu associer la société civile. J’ai rencontré en porte-à-porte des gens qui sont devenus des élus de mon équipe, des Adjoints, qui sont toujours à mes côtés. J’étais hier soir en réunion de Bureau de majorité. Il y avait autour de la table des gens dont je me souviens parfaitement la 1ère fois que je les ai vus à la sonnette de leurs maisons, il y a plus de 10 ans.
« C’est cela la richesse du terrain. Vous rencontrez les gens. Vous échangez. Vous passez une fois. Vous repérez quelqu’un. Vous retournez le voir. Il a des choses intéressantes à dire. Vous construisez une relation. »
Comment avez-vous vécu votre poste de Directeur Général de Quevilly Habitat ?
« C’est mon engagement professionnel. Je vous l’ai dit tout à l’heure. J’ai été collaborateur parlementaire puis de Cabinet pendant 15 ans.
« Lorsque je suis entré en politique active, au titre de mes propres responsabilités, de mes propres mandats, j’ai fait ce choix de vie professionnelle. Si vous voulez garder un niveau de rémunération relativement confortable, vous ne pouvez pas vivre de vos mandats locaux. En tous les cas, ce n’est pas mon cas. Je fais partie des maires qui ont baissé leurs indemnités de maire pour pouvoir rémunérer l’ensemble des élus du Conseil. Dans nos Communes, ceux qui sont dit conseiller municipaux de base, n’ont pas d’indemnités. Avec les Adjoints on a baissé nos indemnités pour indemniser tout le monde. Tous cela pour dire qu’en dehors de mes mandats, je souhaite garder une vie professionnelle !
« J’ai eu la chance que l’on me confie la direction de Quevilly Habitat, qui est un très beau bailleur avec 10’000 logements, 200 collaborateurs, 45 millions de chiffre d’affaires annuel. Pendant 8 ans et demi je me suis vraiment épanoui à diriger cette société, à la développer. Je succédais à un directeur général, qui avait fait un excellent boulot, mais qui était resté 43 ans ! Vous vous doutez bien qu’au bout de 43 ans, lorsque vous arrivez, il y a quelques méthodes, quelques pratiques qu’il faut moderniser. J’ai accompagné pas mal de changement. J’aime beaucoup la conduite du changement. J’ai fait cela à Quevilly Habitat.
« Le monde du logement social c’est passionnant. C’est compliqué parce que vous avez les contraintes du technique, de l’administratif, du politique. Je me suis beaucoup impliqué.
« Assez vite, j’ai été élu dans les instances nationales des représentants du logement sociale, avec lesquelles je suis d’ailleurs toujours en contact. J’ai bien aimé. J’ai beaucoup appris. Cela m’a permis d’évoluer dans ma pratique politique aussi. Je suis revenu au contact de travailleurs du quotidien.
« Je me rappelle de mes contacts avec le personnel d’entretiens. On en avait une centaine dans nos cages d’escaliers. Lorsque l’on parle de la pénibilité au travail et que le part dans lequel vous êtes, vous parle de la pénibilité au travail en indiquant le conducteur SNCF. Vous êtes en contact tous les jours avec des femmes de ménages. Vous comprenez qu’il y a un petit biais cognitif sur la manière dont on envisage sur ce qu’est le travail difficile et ce qu’est le travail assez protégé.
« Cela s’est mal fini lorsque l’actionnaire majoritaire a décidé de me faire partir pour des raisons 100% politiciennes. Je l’ai regretté. Je suis resté en excellent terme avec la quasi-totalité de mes anciens collaborateurs au point que Quevilly Habitat souhaite venir travailler à Caudebec. »
Comment avez-vous vécu votre élection de maire de Caudebec-lès-Elbeuf en 2014 ?
« Je vous le dis, elle vient de loin. Parce que lorsque je rentre dans l’équipe de 2008, il y a déjà l’idée que je pourrais tracer la route pour succéder au maire sur un mode collaboratif. Cela ce n’est pas passé comme cela. 2010, le maire nous pousse dans l’opposition. On travaille beaucoup sur cette période-là avec des moments de doutes, des moments de blues, des moments de difficultés. Puis, au contact de la population, on se rend compte que le maire, qui est resté 20 ans, n’est plus en adéquation avec sa population. C’est quelque chose qui ne se passe pas bien. Son équipe municipale se délite. Ses projets ne semblent plus cohérents avec les besoins de la Ville. On commence à sentir, avant 2014, qu’il y a quelque chose qui est possible.
« À contre-courant parce que j’ai encore l’étiquette politique PS en 2014. Puis 2014, c’est l’année où le PS perd des Villes partout en Seine-Maritime : Fécamp, Mont-Saint-Aignan, Lillebonne. La probabilité de voir un maire PS gagner dans la Métropole de Rouen est très faible. Pourtant, on gagne très nettement dès le 1er Tour avec 58% et 3 listes. C’est assez net. Évidemment, ce n’est pas la victoire d’un part parce que je vous l’ai dit, l’équipe était déjà composite. J’avais imposé que la 1ère Adjointe ne soit pas adhérente d’un parti politique. C’est une femme de la société civile, qui avait d’ailleurs été Adjointe au maire quelques mandats précédents. J’arrive à imposer beaucoup de membres de la société civile à des postes à responsabilités comme mon Adjoint à la Vie associative, mon Adjointe à la Culture… Plein de citoyens qui s’engagent.
« Cela a été encore plus net en 2020, parce que là on était sortant et l’on a vu une arrivée beaucoup plus grande et importante de nouveaux collègues élus municipaux issues de ce que l’on appelle la société civile mais en fait ce sont des gens. Les partis politiques dans nos petites Communes ne pèsent presque plus rien.
« Je me retrouve maire en mars 2014. Je suis depuis un an Directeur Général de Quevilly Habitat. Là, j’ai des nuits courtes et des journées longues. 2008, a été aussi une période où j’ai beaucoup travaillé en étant pendant quelques mois Directeur de Cabinet à Grand-Quevilly, à la Métropole et conseiller municipal. 2014, vous vous retrouvez dans un bureau avec tout à faire.
« La même équipe était restée 20 ans. Il n’y avait plus de Directeur Général des Services. Il n’y avait pas de Directeur de Cabinet. Il y avait des Services qui avaient pris l’habitude de travailler en direct avec leurs Adjoints, ce qui pour moi était une aberration. Pour moi, l’Adjoint doit superviser le travail. Il doit être au contact avec la population, écouter les gens, orienter les politiques publiques. Mais il ne doit surtout pas être chef de service. On vient donc de ce système un peu archaïque que l’on modernise. On travaille énormément pendant 2 ans et demi, avec l’équipe qui m’entoure, pour redresser la situation. »
Quel regard portez-vous sur ce mandat local ?
« J’ai une assez grande cohérence dans mon engagement politique. Je ne cours pas les mandats. On m’a souvent proposé de me présenter à un mandat départemental, lorsque j’étais au PS ou même maintenant. Je ne me suis jamais présenté aux cantonales ou aux départementales. Cela ne m’a jamais intéressé. J’ai fait 2 élections régionales, une fois sur une liste et une fois comme tête de liste. Puis les élections municipales et la législative après la dissolution, parce que le contexte s’y imposait. Il s’agissait d’une urgence absolue de porter une candidature en 2 jours.
« C’est mon mandat préféré. J’aime beaucoup mon mandat de maire. J’ai été Adjoint au maire. J’ai été conseiller municipal d’opposition. Je suis maire depuis 10 ans. J’ai un collègue qui dit souvent que « maire » c’est l’anagramme d’« aimer ». Je trouve que c’est très juste. Pour être maire, il faut aimer les gens. Pour ma part, je crois que j’aime les gens.
« Aimer, cela ne veut pas dire « oui à tout ». Cela ne veut pas dire « faire l’unanimité dans sa population ». Mais cela veut dire d’essayer d’avoir à chaque fois l’intérêt général chevillé au corps pour comprendre les aspirations d’une population diverse de 10’000 habitants. J’aime beaucoup d’essayer en permanence, avec cette boussole de l’intérêt général, de trouver l’équation pour que tout le monde se sente bien dans la ville. Très immodestement, je pense qu’en ce moment, on y arrive. C’est un travail de tous les instants. »
Vous êtes élus au sein des deux hémicycle locaux normand. Comment vivez-vous votre mandat à la Métropole rouennaise et votre mandat régional et de président de Groupe ?
« J’ai un petit peu parlé de la Métropole tout à l’heure. C’est un lieu que je connais très bien. J’en ai été Directeur de Cabinet pendant des années. J’ai été dans l’exécutif pendant tout un mandat, avec Frédéric Sanchez, où l’on a beaucoup travaillé ensemble. Là, je suis co-président du principal groupe d’opposition à la Métropole. Je le regrette parce que je trouve qu’il n’y devrait pas y avoir de groupe d’opposition à la Métropole. Je vous l’ai dit tout à l’heure, je pense que la Métropole devrait travailler sur la base du consensus et non pas sur la base de la majorité / minorité.
« Je n’aime pas du tout ce qu’il se passe à la Métropole maintenant. C’est la 1ère fois qu’un maire de Rouen la préside. Je trouve que le maire de Rouen déséquilibre beaucoup le pacte financier et le pacte de travail à son bénéfice. Il y a trop de crédits et d’engagements qui sont mis sur Rouen parce que le maire cumule les 2. Il n’y a pas de négociation en fait. Je pense qu’une Métropole, c’est une négociation permanente pour trouver un équilibre entre 71 maires. Pour trouver la bonne équation, il faut aider la Ville centre. Cela est normal. Elle s’appelle Métropole de Rouen parce qu’elle est composée autour de Rouen. Mais cela ne doit pas être l’occasion pour phagocyter tous les crédits disponibles pour financer Rouen. Ce qui est le cas.
« Puis, cela marche trop souvent de manière politicienne, partisane. Il y a donc 3 groupes politiques : le groupe socialiste, le groupe écologiste et le groupe communiste font la pluie et le beau temps à la Métropole. Ce n’est pas souhaitable. Ce n’est pas durable. Cela laisse une trentaine de maires sur le carreau. 30 maires sur 71, cela fait tout de même beaucoup !
« Je trouve que l’attention aux petites Communes n’est pas assez forte. J’étais hier encore avec des maires de petites Communes qui n’avait encore jamais vu le maire de Rouen dans leurs Communes. Il est président depuis 4 ans. Je me rappelle qu’à l’époque de MM. Fabius et/ou Sanchez, l’on était attentif à ce que le président aille partout, au moins 1 fois part an. Les Communes qui ont 450 habitants, on ne peut pas y aller tous les 4 matins. Ce qui est normal. Mais au moins 1 fois, à l’occasion des vœux du maire.
« La Région, c’est un mandat passionnant. J’ai été tête de liste contre le Président Morin, qui a regagné. Je suis à la tête d’un groupe minoritaire, que je n’appelle pas groupe d’opposition parce que l’on vote les budgets depuis plusieurs années. Il y a des choses que l’on ne ferait pas comme Hervé Morin, évidemment. Il y a tout de même beaucoup de choses que l’on ferait comme lui.
« Puis, on a une opposition tellement caricaturale pour une grande partie d’entre-elle, notamment l’extrême-droite et les écologistes, que finalement sur la plupart des orientations l’on se retrouve assez facilement derrière le Président Morin. D’abord part la structure de notre parcours politique et les idées. En revanche, j’ai beaucoup reproché à Hervé Morin de taper sur le Gouvernement. Il ne l’a plus fait, étant proche de Michel Barnier. Je considère qu’un président de Région, il faut qu’il travaille avec le Gouvernement. Qu’il ne soit pas aligné politiquement, cela tout le monde peut le comprendre. Il y a 13 Régions en Part. Il faut que les présidents travaillent avec le Gouvernement pour faire aboutir les sujets.
« On a plein de sujets : contournement Est de Rouen, la ligne ferroviaire Paris – Normandie, décarbonation de l’industrie, l’avenir portuaire de la Normandie, l’éolien offshore… Des sujets nationaux, on en a plein. On est une grande Région industrielle. On est une grande Région d’aménagement. On est l’avant-port de Paris. On a un port unique d’ailleurs, Le Havre – Rouen – Paris.
« Je pense, ainsi, qu’il faut travailler plus avec l’État, avec les Collectivités. C’est un point de divergence que l’on a avec Hervé Morin. Part ailleurs, sur les choix qui sont fait pour la Normandie. Il y a 90 % des choix où l’on est d’accord avec lui. On attend les derniers éléments du budget, qui va être compliqué à faire. On ne sait pas encore notre positionnement. Même si la bonne nouvelle pour les Collectivités c’est que les projets Barnier pour les Collectivités sont tombés à l’eau avec la censure du Gouvernement Barnier. Cela n’empêche qu’il faudra tout de même faire des économies dans le prochain budget. »
Quel regard portez-vous sur votre adhésion à Horizons et votre participation au projet d’Édouard Philippe ?
« J’ai eu la chance d’avoir des échanges nourris avec Édouard Philippe à partir du moment où il a quitté Matignon. On s’est vu en août 2020, bien avant la création d’Horizons. J’avais quitté les partis politiques. Vous pourrez même retrouver des écrits de moi où je disais que « les partis politiques c’est fini ! » Je ne me sentais en adéquation avec aucun part.
« Je n’avais aucune envie d’adhérer à En Marche ! Je sentais bien que ce parti n’allait pas marcher du tout. Je ne m’étais pas beaucoup trompé. Je disais toujours que si j’avais quitté un vieux part qui ne marche pas, ce n’était pas pour adhérer pour un nouveau qui ne fonctionne pas non plus. Je pensais que j’allais terminer ma carrière d’élu local bon an mal an, sans adhésion politique. D’ailleurs, lorsque vous êtes maire, les gens préfèrent que vous soyez sans étiquette que d’avoir une étiquette politique parce que cela peut parfois cliver ou inquiéter.
« Même si je sais qu’à Caudebec les gens ne le vivent pas comme cela. Ils savent très bien que j’ai mon engagement personnel et politique au niveau national et que localement j’ouvre les bras à tous ceux qui veulent travailler pour l’intérêt de la Commune.
« On échange donc beaucoup avec Édouard Philippe. On était partie sur une idée de think tank. Puis cette idée de think tank s’est transformé en parti. J’étais donc à sa fondation, au Havre, en octobre 2021. Édouard Philippe m’a fait la confiance de me nommer, en décembre 2021, Délégué Général Normandie et donc membre du Bureau Politique national.
« Ce qui m’a donné la chance de côtoyer tous les 15 jours des personnalités politiques imminentes comme des ministres, des anciens ministres et des maires de grandes Villes. C’est une chance lorsque vous êtes maire d’une Ville de 10’000 habitants de pouvoir échanger en permanence avec le maire de Reims, le maire d’Angoulême, le maire de Vesoul, le maire de Nice, le maire d’Arles. C’est un réseau et évidemment très riche que de pouvoir échanger avec Jean-Pierre Raffarin, François Goulard.
« Je me suis beaucoup impliqué dans la structuration du parti Horizons au niveau régional. C’est-à-dire qu’avec les 5 binômes de délégués départementaux on a créé entre 120 et 130 Comités municipaux en Normandie. On implante et on structure Horizons sur le Territoire pour la simple et bonne raison que je suis en adéquation avec les idées et les valeurs que porte Édouard Philippe aujourd’hui. Les mêmes qui ne sont pas si éloignés de celles de la Sociale Démocratie lorsqu’elle ne perdait pas son temps à courir après LFI.
« Part ailleurs, je crois que les Français ont besoin d’un homme fort, d’une incarnation forte pour la présidentielle à venir, probablement en 2027. Édouard Philippe est en capacité d’incarner cette stature d’homme d’État, qui permettra que la France ne se donne pas définitivement aux extrêmes. C’est tout de même le risque de l’extrême droite qui est aujourd’hui à nos portes. »
Quelle expérience retenez-vous en tant que professeur d’Histoire-Géographie auprès du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse ?
« Cela a été bref. J’ai fait une année. Je suis même arrivé en cours d’année scolaire, dans un Collège rural à 30 minutes de chez moi.
« Cela s’est fait un peu par hasard. J’échangeais avec des CPE que je connais ici. J’avais envie de mettre à disposition mes compétences professionnelles. Vous savez, c’était un moment où j’étais un peu en pause professionnelle. On me dit qu’il manque des professeurs d’Histoire. Je me dis que je vais envoyer mon CV à l’Éducation Nationale et que dans 4 mois on me rappellera pour me dire qu’il y a 3 heures à donner à tel endroit.
« Cela ne s’est évidemment pas passé comme cela. On m’a convoqué tout de suite et informé qu’il y a « un poste à tiers-temps pour 2 Classes dans le Collège Machin dans le Village Machin et que si je n’y allais pas, ils n’auraient pas de professeur d’Histoire-Géo ! » J’ai été recruté le jeudi et le lundi ou le mardi j’étais dans une Classe.
« C’est un choc lorsque vous n’avez pas préparé le programme. Vous ne connaissez pas vos équipes pédagogiques. Vous n’avez pas donné de cours à des Collégiens depuis des années. Cela a été très riche. Je reçois encore des témoignages touchants de mes élèves sur les réseaux sociaux. Ils me suivent sur Snapchat, sur TikTok. Je crois qu’ils ont gardé un bon souvenir de l’année que l’on a passé ensemble. Même si je n’avais pas toujours les bonnes méthodes, les bonnes attentes. Il y a des choses qui m’ont surpris sur le niveau des élèves. Il y a d’autres choses où ils m’ont bluffé parce qu’ils étaient parfois très bon. C’est intéressant.
« J’aurai bien voulu continuer mais objectivement j’avais décidé d’arrêter pour des histoires de gestion d’agenda. Parce que la gestion d’agenda d’un élu, c’est d’en permanence changer part programme. Vous voyez, demain matin il y avait une visite ministérielle. Il n’y a plus de Gouvernement. Je n’ai plus de visite ministérielle. Je réorganise mon agenda. Cela, vous le faîte en permanence lorsque vous êtes un élu local. Vous hiérarchisez. Vous donnez des priorités. Vous ne pouvez pas jongler avec les cours de vos élèves. Vous ne pouvez pas déplacer les cours de vos élèves, les annuler. C’était parfois des choix déchirants à faire entre remplir son agenda ou allez donner des cours. Ce n’est pas agréable pour les familles. Ce n’est pas agréable pour les élèves. Ce n’est pas agréable pour l’élu. »
Quel rapport avez-vous avec les réseaux sociaux ?
« Ha ! C’est un rapport un peu addictif. Je m’en suis quelque peu détaché. Je lis. Je poste moins. J’évite de participer aux polémiques, aux énervements du jour.
« X, c’est vraiment un réseau qui est devenu un réseau social fait pour énerver les gens. Sur lequel, d’ailleurs, il y a très peu de citoyens. En tous les cas c’est un endroit où je m’énerve et où je dis des choses que je regrette après. Bon. J’essaye de me tenir assez loin de X, même si je le regarde parce que souvent vous apprenez les informations part ce biais-là. C’est une caisse de résonnance assez forte de ce qui se passe dans la vie publique. Vous avez tous les journalistes, les politiques et les militants qui sont dessus.
« J’aime beaucoup Facebook comme outil de discussion avec mes concitoyens. C’est un réseau sur lequel j’ai des actifs de 35 ans, des Lycéens et surtout plein de retraités. C’est un lieu important pour discuter avec les habitants, pour mieux comprendre leurs demandes. Ils utilisent la messagerie pour tout me signaler. C’est un outil de travail qui est très important.
« J’aime bien Instagram même si je me rends bien compte que ce que je publie n’est pas forcément pertinent en termes d’image puisque sur ce réseau, c’est plutôt la belle image. Je n’y passe pas mon temps à mettre des photos de voyages, de palmiers et de Caïpirinhas au bord de la mer. Il se trouve que mon compte Instagram c’est celui qui alimente mon compte personnel, ce qui permet de tenir au courant l’ensemble de mes followers de mon activité.
« Là, je suis arrivé depuis 2 mois sur TikTok. Ce qui m’amuse beaucoup. Je suis aidé par une jeune alternante qui m’a appris à réaliser les vidéos. On a eu quelques belles réussites et le compte est en train de se développer. Je trouve ce réseau assez bienveillant, avec assez peu de demande et plutôt du partage. Je connais les limites de TikTok part ailleurs. Je ne suis pas naïf mais je trouve que c’est un mode de communication moderne où pour le coup vous touchez des 14 – 34 ans.
« Je trouve que chaque réseau social est complémentaire en fait.
« J’aime beaucoup Linkedin. J’aime tellement que je suis à saturation. Ils m’ont mis une barre et je suis bloqué à 31’000. Je n’arrive plus à accepter de nouveaux contacts. C’est un réseau sur lequel j’étais venu lorsque j’étais Directeur Général de Quevilly Habitat pour recruter, pour trouver des alternants, pour promouvoir la marque entreprise. C’est un réseau que j’aime beaucoup.
« J’ai réussi à implanter des activités ou à porter beaucoup de projets à Caudebec grâce à Linkedin parce que j’y publie l’activité caudebecaise dessus. Les gens voient qu’il y a une activité importante, que c’est une Ville dynamique. L’équipe municipale est aux côtés de ceux qui veulent entreprendre. Ainsi, il y a beaucoup de personnes qui viennent nous proposer des projets pour Caudebec parce qu’ils voient que c’est là où il se passe des choses. On est ravi d’accueillir des entreprises ou des activités qui seraient sans doute allez ailleurs s’il on n’avait pas eu cette présence sur les réseaux sociaux.
« Je veille surtout à ce que les réseaux sociaux de la Ville, on a un compte Facebook et Instagram, soit les réseaux sociaux de la Ville et non pas ceux du maire. Il y a certains comptes Facebook de Villes qui parlent beaucoup du maire. Je souhaite que le compte parle de la Ville, de ce qui s’y passe. Les personnes qui s’intéressent au maire, à la personnalité que je suis, qu’ils aillent sur mes réseaux sociaux. Je souhaite que quelqu’un qui ne m’aime pas puisse tout de même suivre l’activité de Caudebec en voyant l’activité de la Ville, sans voir la bobine du maire tout le temps.
« Je gère moi-même tous mes réseaux sociaux. Ceux qui sont à mon nom. Cela me prend beaucoup de temps.
« C’est corrélatif de la proximité dont je vous parlais tout à l’heure. Ils sont complémentaires du porte-à-porte. Voir tout Caudebec en porte-à-porte c’est un an. C’est utile. C’est indispensable. Il faut le faire régulièrement. Entre deux, comme vous ne pouvez pas être devant chaque porte tous les jours, l’accès aux réseaux Internet vous permet de répondre aux questions du quotidien ou d’urgence. »
***
Merci à M. Gotti pour son aide précieuse.
Merci à M. le maire pour sa participation à cet entretien-portrait.