« Y’a Person qui y répond ! »
Chers Lecteurs,
Partons à la découverte d’un nouveau portrait d’une personnalité politique.
Jeune militant au sein d’un syndicat étudiant au sein de son université, il s’engage politiquement au sein du Parti Socialiste en prenant sa carte en 2008 et prenant part aux primaires de 2011 et à la présidentielle de 2012 sous les couleurs de la gauche.
La rencontre avec Emmanuel Macron est un moment déclencheur dans sa carrière politique. Avec trois camarades, Sacha Houlié, Florian Humez et Jean Gaborit, il co-fonde le mouvement des Jeunes avec Macron, précurseur du mouvement En Marche ! de la campagne présidentielle de 2017.
Se faire un nom. L’issue de la campagne présidentielle 2017 porte notre jeune édile à être élu député de la 6ème circonscription de Paris et à devenir l’homme fort des territoires au sein du mouvement présidentielle. Ce qui l’amène à devenir délégué général adjoint d’En Marche ! en novembre 2018, suite à l’élection de Stanislas Guerini à la tête du mouvement.
Un nouveau regard pour 2022 serait-il en marche ? Le 21 septembre dernier le député de Paris fait le choix de quitter tous ses mandats au sein du mouvement En Marche !
Je vous laisse découvrir le portrait du député de la sixième circonscription de Paris : Monsieur Pierre Person !
Compte-tenu des règles sanitaires que nous connaissons, la réalisation de ce portrait a été réalisé lors d’un appel téléphonique le 30 septembre 2020.
Bonne lecture !
@romainbgb – 06/10/20
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Biographie de M. Pierre PERSON :
*1989 : naissance à Nancy (Meurthe-et-Moselle).
*2007 : Baccalauréat série scientifique.
*2007-2010 : Licence de Droit privé/Droit public à l’Université de Poitiers.
*2007-2012 : responsable locale du syndicat étudiant UNEF à l’Université de Poitiers.
*2008-2012 : membre du Parti Socialiste.
*2010-2012 : Master – Droit de l’urbanisme et de la construction à l’Université de Poitiers.
*2012-2013 : diplômé en Master 2 Droit de la Santé et de l’entreprise pharmaceutique à l’Université de Lorraine.
*2013-2014 : Master à l’Institut d’Études Judiciaires de l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne.
*2014-2015 : juriste dans un cabinet d’avocat à Paris.
*2015 : cofonde le mouvement Les Jeunes avec Macron.
*2015-2016 : consultant secteur public à CGI Business Consulting.
*nov.2016-mai 2017 : conseiller politique du candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron.
*depuis juin 2017 : député de la 6ème circonscription de Paris.
*nov.2017-nov.2018 : intègre Bureau exécutif d’En Marche ! ; nommé délégué national aux territoires.
*nov.2018 : nommé délégué général adjoint d’En Marche !
*sept.-2020 : démissionne du Bureau exécutif d’En Marche ! et de son poste de délégué général adjoint.
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A quoi rêvait le petit Pierre lorsqu’il était enfant ?
« J’ai voulu être fleuriste, puis astronaute. J’aime bien les fleurs. J’étais un peu un romantique, la tête dans les étoiles… Je regardai les émissions scientifiques et j’aimais beaucoup l’espace. Je me suis toujours demandé si je voulais faire astronaute ou astronome.
« Je n’étais pas parti pour faire de la politique. Mon réveil politique il s’est fait à l’âge de quinze ans, beaucoup plus tardivement. Ce qui a été principalement déclenché par le CPE et les inégalités sociales que je voyais dans ma classe en étant à la fois collégien et lycéen. »
Vous débutez jeune votre parcours militant en devenant à dix-huit ans responsable local du syndicat étudiant UNEF. Comment s’est créé cette envie ?
« Je n’ai jamais rêvé d’être élu. J’ai été engagé politique de longue date, on va dire, puisque comme je vous disais mon éveil politique s’est fait à partir de quinze ans à travers les manifestations pour le CPE. Ensuite quand je suis devenu étudiant j’ai décidé de m’engager purement et simplement dans une organisation, notamment une organisation syndicale.
« Ma première adhésion reste celle à l’UNEF où j’étais représentant étudiant du syndicat. J’ai été élu dans les différents conseils pour représenter les étudiants tant à la faculté qu’à l’université. »
A la même époque vous vous engagez politiquement en prenant votre carte au Parti Socialiste où vous serez membre jusqu’en 2012. Une envie de transformer l’essai de l’engagement ?
« Exactement, entre 2006 et 2012.
« J’ai pris ma carte qu’en 2008 mais je milite au sein du Parti Socialiste notamment dans le cadre de la primaire de la gauche pour la campagne présidentielle de 2007. Ceci jusqu’aux primaires de 2011 qui désignent le candidat pour la présidentielle de 2012, qui sera François Hollande. J’ai fait la campagne présidentielle quand même. J’étais plutôt dans le courant strauskhanien ; le choix pour François Hollande était moins direct. »
Quel souvenir gardez-vous de vos années étudiantes ?
« Des très bons souvenirs où je partageais ma vie étudiante entre cinquante pour cent les études de droit et cinquante pour cent le militantisme. Ce qui ne laissait pas beaucoup de vie pour autre chose.
« Le meilleur de mes souvenirs restera les élections universitaires. Pour lequel d’ailleurs j’ai perdu, contre quelqu’un qui est un très bon ami aujourd’hui, qui a été l’ancien président de la FAGE. Ça restera mes meilleures années entre 2009 et 2010. »
En 2015, avec Sacha Houlié, Florian Humez et Jean Gaborit, vous créez le mouvement des Jeunes avec Macron. Comment avez-vous eu idée de créer cette dynamique de suivre une personnalité politique, Emmanuelle Macron, encore totalement méconnu du grand public ? Comment s’est produit la rencontre ?
« Je l’avais vu deux mois auparavant au Sénat où j’avais accroché avec le ministre parce que je trouvais qu’il incarnait quelque chose de différent. Comme vous l’avez dit même s’il n’était pas très connu, je m’étais renseigné sur le message qu’il portait.
« J’ai décidé comme cela, autour d’un verre avec Florian, Sacha et Jean, de créer un site Internet qui a été en fait la base du mouvement qui a regroupé plusieurs milliers de jeunes pendant la campagne présidentielle de 2017. C’est à partir de là que tout est parti ! »
Que retenez-vous de votre expérience de consultant en secteur public ?
« A la fois l’entreprise privé. Le mélange avec le parapublic parce que j’étais chargé avec mon équipe de travailler sur des systèmes d’informations qui permettaient d’accroitre la sécurité dans les zones aéroportuaires. C’est un milieu différent que celui juridique que j’avais l’habitude d’entrevoir. Comme c’était une boite privée qui conseillait à des personnes publiques, notamment les douanes et d’autres organismes parapublics, ça m’a permis de voir les deux pendants. Ce qui m’a permis d’accroitre mon expérience. »
En 2016, vous devenez conseiller politique du candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron. Que retenez-vous de cette expérience ?
« Ce n’est pas directement que cela s’est fait. J’avais créé les Jeunes avec Macron, depuis presque deux ans maintenant. Je travaillais pleinement de manière bénévole et dévouée, dans une logique un peu entrepreneuriale des choses, à la construction du mouvement de jeunes. J’ai décidé de me mettre en vacances de mon travail pour vivre pleinement cette aventure qu’était la campagne présidentielle de 2017.
« A ce moment-là, j’ai eu la possibilité de devenir son conseiller politique. Ce qui s’est fait d’une manière extrêmement rapide. C’est à cette occasion-là que j’ai pu travailler sur les parrainages pour la présidentielle et surtout sur la désignation de la future majorité présidentielle par la commission d’investiture.
« Ce qui a été la plus forte expérience de ma vie, je pense. D’un point de vue professionnelle, une campagne présidentielle c’est à la fois un total dévouement, une abnégation de tous les instants, pas beaucoup de sommeil, de l’adrénaline, un collectif. Puisqu’il y avait une équipe qui était soudé autour de lui en 2016/2017. Ce qui était aussi l’intérêt d’une telle aventure c’est qu’il y avait des profils qui étaient variés, différents, qui ont permis au candidat de devenir président. Ce qui a été une période assez faste de ma vie professionnelle. C’est toujours agréable d’accompagner ce en quoi vous croyez et en plus l’associer à votre travail. »
Le chemin électoral commence pour vous. Vous êtes élu à vingt-huit ans député de la 6ème circonscription de Paris, faisant de vous l’un des plus jeunes députés masculins de la législature. Comment appréhendez-vous votre expérience de député ?
« Écoutez, avant d’être élu, vous ne savez pas à quoi vous allez vous en tenir. Vous ne connaissez pas le fonctionnement de l’Assemblée. Moi-même je n’avais jamais mis les pieds à l’Assemblée nationale avant d’être élu. J’ai découvert le lieu au moment où j’ai été élu.
« Il faut s’acclimater. Il faut comprendre le fonctionnement. Il faut acquérir de l’expérience, notamment dans la procédure parlementaire. Il faut comprendre à la fois les usages, mais aussi ce qu’il est bon de changer puisqu’il y a quand même pas mal de chose à dépoussiérer à l’Assemblée nationale pour que l’institution soit plus efficace. C’est un mélange de tout cela. Ça s’est fait petit à petit, pas après pas, avec à la fois des réjouissances, des victoires d’un point de vue politique, mais aussi quelques déconvenues, des échecs, quand vous n’arrivez pas toujours à porter les idées qui sont les votre. Ce qui s’est fait naturellement et tout aussi rapidement puisque ce sont aussi les services de l’Assemblée qui sont aussi là pour vous accompagner quand vous êtes primo-député. Avec toute mon équipe autour de moi, les choses se sont faites plutôt naturellement. »
Quel regard portez-vous sur le changement politique que la France a connu depuis l’élection à la Présidence de la République d’Emmanuel Macron en 2017 ?
« Je ne suis pas le plus à même d’en juger, puisque j’en fait partie. On a aujourd’hui une majorité qui est la plus représentative des Français, qu’elle n’a jamais été, tant d’un point de vue socio-professionnel que d’un point de vue de la parité.
« Ma grande joie pendant la campagne présidentielle c’est d’avoir réussi, personnellement, à faire en sorte que l’Assemblée soit composée, en tout cas dans le groupe majoritaire, à cinquante pour cent d’hommes et cinquante pour cent de femmes. Ce qui n’était jamais arrivé. Ce qui restait toujours une promesse pour équilibrer le nombre d’hommes et de femmes et l’on mettait souvent les femmes dans des contextes politiques plus difficiles. Ce qui faisait qu’il y avait toujours un déséquilibre entre les hommes et les femmes. En l’occurrence c’était une grande joie de voir l’Assemblée finalement à l’image de la société française avec ses avantages et ses inconvénients. Quand vous découvrez la politique vous n’êtes pas toujours armé pour défendre au mieux vos convictions. La politique c’est un rapport de force. Il faut savoir aussi les mécanismes et les comprendre pour pouvoir peser et les mettre en œuvre vos idées. Ce qui a été une de mes plus grandes joies.
« L’accompagnement qu’Emmanuel Macron a fait, ce chamboulement de la vie politique, est quasiment inédit dans le pays. Ce qui restera, pour moi, un des faits les plus marquants. »
En novembre 2017 vous intégrez le Bureau Exécutif d’En Marche et êtes nommé délégué national aux territoires. Que retenez-vous de ce mandat ?
« La capacité que j’ai eu de pouvoir aller dans quasiment l’intégralité du territoire français pour y voir à la fois la géographie mais aussi la sociologie française. Je vis à Paris mais j’ai grandi en province, comme l’on dit de manière assez péjorative ; en tout cas en région, comme on dit maintenant qu’on aseptise un peu les mots. J’ai grandi dans une terre qui était plutôt hybride, entre la ville et la campagne.
« Ces responsabilités au sein du parti m’ont permis aussi de mieux percevoir les différentes fractures de la société française, les différents territoires, leurs difficultés, leurs richesses. C’est pour moi une chance dans la mesure où quand vous êtes élu d’un territoire, vous connaissez très bien votre territoire, vous n’en sortez pas. Dans mes fonctions cela m’a permis de voir une multitude de faits, d’enjeux, de causes différentes qui quand vous vous construisez politiquement sont autant d’échelles.
« Être élu parisien ce n’est pas la même chose que d’être élu dans un autre territoire. Vous n’avez pas le même rapport à vos électeurs. Quand vous êtes dans une zone urbaine souvent les demandes ne sont pas les mêmes. Je n’ai pas beaucoup d’interlocuteur politique, économique. J’ai une multitude d’associations, bien entendu, sur mon territoire. Vous n’avez pas les mêmes leviers lorsque vous êtes député parisien que vous êtes, par exemple, député dans la Vienne. Vous avez, aussi, une capacité beaucoup plus importante de modeler votre territoire. Aujourd’hui, à Paris, c’est bien plus difficile. »
En novembre 2018 vous êtes nommé délégué général adjoint d’En Marche ! suite à l’élection de Stanislas Guerini à la tête du mouvement.
Le 21 septembre dernier vous décidez de quitter tous vos mandats au sein du mouvement. Un renouveau nécessaire en vue de 2022 ?
« Complétement.
« J’ai fait mon temps dans l’organisation politique qu’est En Marche ! Je pense qu’En Marche ! avait besoin de se refonder pour entrevoir la dernière partie du quinquennat de façon un petit peu différente. Pour moi, En Marche ! est resté un peu trop sur cette logique de 2017. J’ai voulu, de mon point de vue, montrer l’exemple pour que d’autres aussi quittent leurs fonctions et remettre aussi en branle la machine démocratique au sein du parti pour que l’on pense à la suite ; que l’on pense à ce qu’il fallait faire pour être au rendez-vous, notamment en 2022.
« Je m’y suis plu pendant deux ans, dans la continuité de ma délégation aux territoires. J’ai continué à faire ce que je faisais, c’est-à-dire à structurer territorialement notre mouvement. J’ai décidé de plus me concentrer sur l’activité parlementaire pour entrevoir une autre partie de ce qu’est mon mandat.
« J’en ai parlé à beaucoup de monde. J’en ai même parlé au principal intéressé qui est Stanislas Guerini. J’ai pris ma décision avec les conseils que certains ont bien voulu me donner. Ce n’était pas une décision simple. Je n’en n’ai pas parlé avec mes trois collègues de l’époque, Sacha Houlié, Florian Humez et Jean Gaborit. J’en ai parlé au président de la République. »
Comment avez-vous organisé votre confinement ?
« Je suis resté, comme les parisiens qui sont restés, dans mon appartement de 40m2 à Paris. J’ai vécu ces deux longs mois qui ont été une épreuve psychologique comme pour tout le monde avec comme seules opportunités, aller faire ses courses et continuer à faire un peu de sport, en courant notamment. Mais cela a dû demander pas mal d’adaptation dans le quotidien. A vrai dire j’ai retrouvé un rythme de vie qui était le mien il y a bien des années [Rires]. C’était un peu étrange comme période. Il a fallu s’adapter.
« C’était paradoxale. Les journées étaient moins mouvementées physiquement, puisqu’il n’y avait plus de transport. Pour autant, intellectuellement, on sautait de réunions dématérialisées en réunions dématérialisées, ce qui pouvait avoir un côté un peu abrutissant. »
La photographie, une échappatoire à la politique ?
« Effectivement. Comme je n’ai pas beaucoup de temps, la plupart de mes photos sont prises lors de mes déplacements. Il suffit que je sorte dans la rue à Paris ou lors de mes déplacements.
« C’est un moyen pour moi de m’échapper. J’aime bien avoir un appareil photo en ma compagnie pour pouvoir immortaliser certains moments ou paysages. C’est un moyen pour garder à la fois des souvenirs et d’exercer une passion comme une autre.
L’alpinisme également ?
« J’aime bien faire de l’alpinisme aussi. Ça permet de faire le vide. Quand vous êtes sur une paroi, ou sur un sommet, vous ne pensez pas à autre chose que le pied que vous mettez l’un devant l’autre [Rires]. »
Quel est votre rapport avec les réseaux sociaux ?
« C’est une bonne question. J’ai un rapport ambigu parce que j’aime et je déteste à la fois les réseaux sociaux.
« A vrai dire, j’aime pour l’aspect technologique, le côté liberté d’expression. Cette faculté que chacun puisse exprimer ses opinions et de les faire valoir à la planète entière. Je déteste les réseaux sociaux dans ce qu’ils sont à la fois dans une forme de violence et de vulgarité permanente.
« Quand vous êtes un politique, les réseaux sociaux vous évitez de les regarder avec trop de proximité, trop de précision, parce que ce n’est pas souvent des endroits où l’on vous fait des compliments. Mes comptes sont partagés avec mes collaborateurs. Quand on aime mes photographies sur mon compte personnel, c’est moi qui les poste. Les tweets c’est un travail partagé avec mon équipe. J’ai l’application installée sur mon téléphone.
« Dans cette pratique, de ne pas installer les applications sur le téléphone, il y a une sorte de protection. Si vous regardez tous les commentaires qui sont négatifs à votre endroit, vous avez vite fait de déprimer. Je comprends aussi. Pour ma part, j’avais un compte Twitter avant d’être élu. J’ai été, de même, très rapidement sur Facebook, que j’utilise d’ailleurs beaucoup moins maintenant, depuis que je suis élu. Ce n’est plus le même endroit de distraction que cela pouvait l’être lorsque j’étais étudiant. »
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Merci à Monsieur Pierre Person pour sa participation à ce portrait.
Merci à Mademoiselle Mélodie Ambroise et Monsieur Victor Lailler pour leurs aides à la réalisation de ce portrait.