L’altérité d’un jeune édile.
Chers lecteurs,
Restons dans la fougue de la jeunesse ! Je vous propose de poursuivre ma série de portrait avec le nouveau portrait d’une jeune personnalité politique que connait notre pays.
Berkeley. Tout comme notre précédent portrait, vous pourrez observer une escapade américaine, dans le parcours de notre personnalité interrogée.
De Sciences-Po à l’ENA. Peut-être un parcours classique, me direz-vous, quand on veut s’engager au service de ces administrés. Et pourtant ?! Vous comprendrez comment notre interrogé a su tirer profit de l’expérience et l’humanisme des autres, pour arriver aux fonctions qui sont les siennes aujourd’hui.
Montmorency. C’est en s’assurant le vote de ses concitoyens que notre interrogé devient le plus jeune maire de la ville, à 29 ans, aux élections municipales de juin dernier.
Je vous laisse découvrir le portrait de Monsieur Maxime Thory, maire de Montmorency ; vice-président de la Communauté d’Agglomération Pleine Vallée – Forêt de Montmorency.
Compte-tenu des règles sanitaires que nous connaissons, la réalisation de ce portrait a été réalisé lors d’un appel téléphonique, le 17 février 2021.
Bonne lecture !
@romainbgb – 22/02/21
***
Biographie Express de Monsieur Maxime THORY :
*1991 : Naissance à Montmorency (Val-d’Oise)
*2009 : Baccalauréat, série Économie et Sciences Sociales, mention Très Bien.
*2009-2013 : Bachelor’s degree à Sciences-Po Paris.
*2011-2012 : Université de Californie, à Berkeley (États-Unis).
*2012-2015 : Master Affaires Publiques à Sciences-Po Paris.
*2013-2014 : Master 1 de Droit Public à l’Université Paris 1-Panthéon Sorbonne.
*sept.2013-janv.2014 : stage à la mairie du 7ème arrondissement de Paris.
*janv.2014-juin 2014 : stagiaire au sein du Bureau des Référés et des Compétences du président au Conseil d’État.
*avr.2014-sept.2019 : conseiller municipal délégué au numérique et à la vie intelligente de Montmorency (Val-d’Oise).
*juin-déc.2015 : collaborateur parlementaire à l’Assemblée nationale.
*mars 2016 : publie un essai, Les jeunes meurent toujours les premiers, aux éditions EdiLivre-Aparis.
*2018-2020 : École Nationale d’Administration – promotion Molière
*jan-mai 2018 : élève-fonctionnaire ENA à l’Ambassade de France en Espagne, à Madrid.
*juin 2018 – nov.2019 : élève-fonctionnaire ENA à la Préfecture de la Vienne.
*jan.-oct.2020 : administrateur civil au sein du ministère de l’Économie.
*28 juin 2020 : élu maire de Montmorency (Val-d’Oise).
-Vice-président de la Communauté d’Agglomération Pleine Vallée – Forêt de Montmorency, délégué à la Sécurité et à la Tranquillité publique.
***
A quoi rêve le petit Maxime quand il est enfant ?
« À beaucoup de chose mais à l’origine à devenir footballer. Dans un second temps j’ai développé cette passion pour la chose publique, pour la politique, pour le service des autres. Ce qui est venu beaucoup plus tard. Le petit Maxime, lui, rêvait d’être footballer. Ce qui est un peu trop tard, maintenant ! [Rires]
« J’ai eu ce goût de l’engagement assez tôt, vers 13 ou 14 ans, en m’intéressant d’abord à la politique nationale ; à ce que l’on pouvait faire pour les gens. Dans un second temps, j’ai compris que l’on pouvait agir, de manière efficace, au niveau local. Comme j’avais grandi à Montmorency, que j’avais une passion pour cette ville et ses habitants… Le choix s’est fait assez naturellement. J’ai vite compris, qu’un des leviers les plus puissants de l’action publique, c’était l’action locale.
« J’ai commencé à m’intéresser à la politique au moment des émeutes dans les Banlieues de 2005, qui se déroulaient, notamment, dans le Val-d’Oise. Ensuite l’élection présidentielle de 2007, qui m’a permis de comprendre la diversité des enjeux. Je pense que c’est là que j’ai compris que la politique pouvait avoir un effet concret sur la vie des gens. »
Quel souvenir gardez-vous de vos années lycéennes ?
« Un très bon souvenir parce que cela a été un moment d’enrichissement intellectuel. Je crois que c’est cela, la vocation de l’école. Mais aussi un épanouissement personnel. C’est le moment où l’on tisse des relations qui perdurent. J’ai toujours vu ces années de lycées comme un vrai moment d’enrichissement intellectuel et personnel. »
Comment avez-vous vécu vos années d’études à l’Université de Berkeley ?
« Contrairement à ce que l’on pourrait penser, parce que l’on reste dans le monde occidental, je l’ai vécu comme la vraie découverte d’une culture différente. J’ai découvert avec beaucoup de plaisir la Californie ; cette grande université qu’est Berkeley.
« C’est aussi un moment où j’ai pris encore plus conscience de mon amour pour mon pays, pour sa culture, pour ses valeurs. Lorsque l’on s’éloigne de son pays on redécouvre certaines raisons de l’aimer. Ce n’était pas un mal du pays parce que j’étais heureux à Berkeley. J’ai découvert quelque chose de très différent. Je pense que l’on s’enrichit toujours dans cette découverte, dans les voyages, dans les rencontres. J’ai été heureux d’être là-bas.
« Forcément, de manière comparative, j’ai pris aussi la conscience de tout ce qui faisait la beauté, le charme et la chaleur de la France. Les choses ne sont pas antinomiques. Il n’y a pas besoin d’être en souffrance dans un pays pour que notre pays d’origine nous manque. »
Le Master d’Administration publique à Sciences-Po Paris, une continuité pour devenir un futur élu de la Nation ? Que retenez-vous de vos années à Sciences-Po Paris ?
« J’ai bien aimé Sciences-Po. J’y ai pris du plaisir. J’ai pu découvrir énormément de sujets, d’auteurs. J’ai eu une vraie curiosité intellectuelle à Sciences-Po. Je trouvais qu’avoir la chance de découvrir des conférences d’hommes d’État, d’écrivains… J’ai eu à l’époque une conférence avec Vaclav Havel. Cela a été des vrais moments de plaisirs pour moi.
« Le Master c’était différent, puisque centré sur les politiques publiques. En même temps c’est ce que j’aime profondément. Je ne l’ai pas vécu en me disant que c’était l’antichambre d’une future élection ou l’antichambre de l’ENA. Je l’ai vécu comme un moment de découverte et d’apprentissage, des différents enjeux des politiques publiques.
« Dans le cadre professionnel et des études, il est important de ne pas être toujours centré sur l’étape d’après. Objectivement, pendant très longtemps lorsque j’étais à Sciences-Po, je ne savais pas ce que je souhaitais faire après. J’étais passionné par la politique, par l’engagement public mais pendant très longtemps, je n’ai pas su ce que je voulais faire après. Je crois que c’est plutôt sain. Je suis un grand passionné de littérature.
« C’est vrai qu’à un moment j’ai hésité entre plusieurs choses. Devenir professeur de littérature. J’ai songé au journalisme. J’ai songé à l’entreprenariat. Tout ce qui ressemblait à une aventure m’intéressait, dans mon domaine de compétence. Je ne voulais pas devenir astronaute [Rires].
« Il y avait certains métiers qui m’intéressaient. Il est vrai que j’ai toujours eu cette passion de la littérature, de l’art. J’ai hésité. Il est apparu au fil de mes expériences, de mes engagements, que l’engagement public, plus particulièrement celui local, était quelque chose qui me convenait, dans lequel je m’épanouissais. Avec ma première élection, comme conseiller municipal en 2014, cela m’a tout de suite passionné. J’avais toujours été passionné par la politique, par ma ville. Là, je pouvais voir très concrètement comment l’on pouvait agir, très concrètement, sur la vie des gens. »
Comment avez-vous vécu vos différentes expériences de stage dans le cursus de vos études ?
« C’est des moments intéressants. Ce sont les premières expériences professionnelles. Ce sont des moments où l’on apprend. Je considère que chacune de mes expériences m’a permis d’évoluer, de rencontrer des gens intéressants. La plus grande formation, pour moi, a été là, dans la rencontre de personnes que j’estimais, dont j’admirais l’engagement, la rigueur, la droiture intellectuelle, les valeurs.
« Chaque stage m’a permis de rencontrer des personnes qui m’ont apporté, qui m’ont aussi permis de me construire. Il y a beaucoup de gens, d’ailleurs beaucoup de co-stagiaires, que j’ai apprécié. Ils m’ont apporté chacun leurs univers, leurs sensibilités, leurs centres d’intérêts. On ne se construit pas seulement à travers des gens qui sont nos supérieurs. On se construit aussi par rapport à nos collègues. On se construit dans l’altérité. »
Vous êtes conseiller municipal à Montmorency de 2014 à 2019. Quelle expérience en tirez-vous ?
« J’ai eu la chance d’être conseiller municipal de ma ville, à 22 ans. Cela a été un vrai moment d’apprentissage. Je suis aujourd’hui plus du tout le même type d’élu ; déjà par ma fonction. Je ne suis plus le même type d’élu que lorsque j’ai débuté en 2014.
« Cela fut une chance, pour moi, de découvrir aussi tôt la gestion des affaires d’une commune ; le contact avec la population. Tout ceci aux contacts de collègues plus expérimentés, desquels j’ai pu apprendre. J’ai toujours considéré que c’était une grande source d’enrichissement, cette altérité. J’essaye toujours d’en tirer le maximum. Je suis quelqu’un qui a besoin des autres. Je ne vis pas dans une construction solitaire. »
Comment avez-vous vécu la campagne présidentielle de 2017 ?
« Je l’ai vécu avec énormément de distance. Très tôt, je me suis intéressé à ma commune, aux affaires locales. Je m’intéressais, bien évidemment, à la politique au niveau national. J’avais des engagements propres pour la jeunesse, pour le renouvellement politique. En parallèle, j’étais en train de préparer les concours administratifs. Ce qui explique que je l’ai vécu avec un peu de distance.
« J’ai trouvé que c’était une campagne atypique. C’est une campagne qui a révélé l’accélération du temps, qui frappe notre société et le monde politique. Aujourd’hui, plus personne ne peut sérieusement faire des prédictions sur des résultats politiques. Cela m’a conforté dans l’idée, que j’avais défendu dans un livre auparavant, qu’il y avait une attente de renouvellement politique. Il était possible de porter un engagement politique, même à un âge plus jeune.
« Je m’étais intéressé comme tout le monde à la campagne présidentielle mais étant dans une période de concours, c’est toujours un peu différent. Ce qui m’a marqué c’est l’accélération du temps. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que l’on est rentré dans une séquence politique différente. »
Vous êtes issu de la promotion Molière de l’ENA en 2020. Que retenez-vous de vos années d’études et de vos expériences professionnelles qui en ont suivi ?
« Je suis désolé, je parle souvent des autres. Je pense que c’est une source de richesse. J’ai passé deux années agréables avec des élèves que j’estimais humainement, intellectuellement. Contrairement à ce que l’on peut souvent dire, je trouve qu’il y a un sens de l’intérêt général qui imprègne une grande partie des élèves. J’ai plutôt vu des gens que j’estimai par leurs engagements, par leurs talents, par leurs qualités intellectuelles, par leurs capacités d’empathies. Cela a été pour moi un vrai moment d’apprentissage de l’exercice de mission au service de l’État. J’avais fait des stages mais c’est un moment où j’étais placé, un peu plus, en situation de responsabilité. En ayant, à mon sens, qui est d’ailleurs une des plus grandes richesses du concours de l’ENA, la chance de côtoyer des grands serviteurs de l’État.
« Dans l’ensemble j’ai été impressionné par la qualité, par l’empathie, par le talent des personnes que j’ai pu rencontrer ; des professionnels autour desquels j’ai pu évoluer. Je peux vous en donner deux exemples, mais il y en a beaucoup en fait. Il y a énormément de gens, autour desquels j’ai été placé, qui m’ont marqué.
« Objectivement, tous les diplomates que j’ai pu côtoyer à Madrid étaient des gens d’une très grande qualité et valeur humaine. Mon responsable de stage direct était le Premier Conseiller. C’est le numéro deux de l’ambassade. C’est quelqu’un avec une très grande empathie. J’ai beaucoup d’amitié et de respect pour lui. C’est en observant des managers de cette qualité, que je pense j’ai pu, aussi, progresser. C’est vraiment quelqu’un autour duquel j’ai beaucoup appris. L’ambassadeur aussi était quelqu’un de brillant, d’une très grande gentillesse et d’une très grande capacité intellectuelle. Que ce soit le Premier Conseiller, l’ambassadeur, Yves Saint-Geours, les diplomates, j’ai beaucoup de respect.
« Je peux citer la préfète, lorsque j’étais à Poitiers, qui s’appelle Isabelle Dilhac. L’ensemble des membres du corps préfectoral ont été des gens de très grandes qualités aussi. Je pense notamment à la préfète qui avait ce sens de l’État ; cette tranquillité dans la prise de décision publique. Elle souhaitait toujours être le plus juste possible. Encore une fois, quelqu’un qui, à mon sens, trouvait le bon équilibre du manager. C’est-à-dire un équilibre entre autorité et bienveillance.
« Ce que j’ai vu chez tous ces gens-là, qui est l’une des plus grandes qualités lorsque l’on exerce des fonctions publiques, c’est une vraie valeur accordée à chacun. C’est un sens de la valeur de chaque personne, de chaque administré. Avoir bien conscience que lorsque l’on exerce des responsabilités publiques, on ne gouverne pas des statistiques. On gouverne des personnes, de chairs et d’os, avec leurs émotions, avec leurs sensibilités, avec leurs aspirations, avec leurs attentes. Je trouve que cette capacité d’empathie est, à mon sens, l’une des qualités les plus précieuse pour un responsable public. L’égal attention accordée à chacun. Je pense que c’est absolument essentiel. Cela prémunit d’un certain nombre de bêtises dans la prise de décision publique [Rires]. »
Comment avez-vous vécu, avec la pandémie, la campagne municipale de 2020 ?
« Dans un premier temps, je me suis présenté avec humilité puisqu’il faut le dire, je n’étais pas favori. J’avais cinq candidats de centre et de droite ; deux maires sortants face à moi. J’étais évidemment le candidat le plus jeune.
« Cela a été une aventure humaine absolument exceptionnelle parce que vous avez ce moment de la construction d’une équipe. Ces liens qui se tissent. Ces gens qui se découvre une vision commune, un projet commun. C’est absolument exceptionnel ce moment de campagne qu’est la constitution d’une équipe. Ce moment où collectivement l’on choisit de s’engager dans une aventure. C’était le premier temps.
« On a fait une campagne très rigoureuse, très structurée, où l’on a tenté de ne rien laisser au hasard. Petit à petit, avec un travail de terrain. Puisqu’en fait, ce que l’on a fait, c’est six mois de terrain. Six mois où, tous les soirs, on était en campagne en porte-à-porte, rencontrer des gens. C’est incroyablement enrichissant. Je crois que cela est nécessaire lorsque l’on aspire à être élu.
« Je garde de cette campagne un souvenir très intense et c’est une période d’une extrême intensité. Dans la charge de travail mais d’intensité humaine. Tous les jours vous découvrez des gens avec leurs attentes, avec leurs aspirations. Chaque jour, votre réflexion est renouvelée. D’ailleurs c’est toujours le cas quand vous êtes maire. Chaque jour vos réflexions, vos incertitudes, elles sont remises en cause parce que les problèmes du jour ne sont jamais ceux du lendemain. Les attentes des gens, même si vous avez des grandes tendances, elles se renouvellent. C’est pour cela que c’est aussi passionnant. Chaque jour est une découverte.
« Je l’ai vécu avec énormément de passion, cette campagne. Au bout d’un moment, vous avez un déclic. Vous êtes dans un long tunnel, où vous faites que travailler, du terrain, sans avoir aucune visibilité. Au bout d’un moment vous avez un déclic où vous commencez à vous dire : « et si ça marchait ?! J’ai le sentiment qu’il se passe quelque chose. » Le sentiment que l’on a peut-être réussi à cerner les attentes, à porter un projet, une équipe, des aspirations qui correspondent à ce que veulent les habitants. C’est un moment merveilleux.
« La vérité c’est qu’il se confirme qu’a posteriori parce que vous ne le savez jamais vraiment. Le matin de l’élection vous vous dites : « je n’en sais rien ! Peut-être que je vais faire 3% ?! Peut-être que tout ce que l’on a porté, pour une raison X ou Y, n’a pas plu ! » C’est ce qui m’a marqué. C’est qu’une campagne, c’est toujours une invitation à l’humilité. C’est un grand moment d’humilité. Il n’y a aucun concours, aucun cursus, aucune étiquette, qui vous protège du risque de la défaite.
« Les campagnes c’est cela. Vous traversez des moments d’euphories, des moments de doutes. C’est le cas pour toutes les campagnes. Cela l’a été d’autant plus en contexte pandémique. Ceci avec des interrogations sur la participation, sur la tenue des élections. Des interrogations sur votre profil. Vous vous dites : « est-ce qu’en période pandémique, les gens vont avoir l’audace de choisir le plus jeune maire de l’histoire de Montmorency ? » Ou est-ce qu’en période de crise, ils vont choisir la sécurité ? Est-ce qu’ils vont venir voter ? Pour qui ? Est-ce que l’on va même avoir l’occasion de voter ?
« Dans le contexte pandémique, le doute a été jusqu’au dernier jour. Évidemment. C’est pour cela que rétrospectivement, c’est passionnant. Au jour le jour, oui. Au quotidien, vous êtes dans le doute permanent. Qu’est-ce qui va se passer ? Est-ce que l’on va recommencer ? Vous savez : « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ! » Oui, il y a eu beaucoup d’obstacles pendant cette campagne. En même temps, c’est ce qui rend l’aventure aussi belle ! »
À 29 ans, vous devenez maire de Montmorency. Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ? Comment appréhendez-vous votre rôle de maire ?
« C’est indescriptible. Il n’y a pas de mot assez fort pour dire le plaisir, l’émotion que l’on peut ressentir au moment où vous comprenez que vous allez gagner. Vous voyez arriver les premiers résultats puis, à un moment, vous comprenez. Les résultats s’accumulent, et là, c’est… On a fait un score qui dépassait nos attentes. C’est d’autant plus beau, quand ce bonheur, il est partagé. Il est collectif.
« J’ai eu des moments de joie individuel. Quand vous apprenez que vous rentrez à l’ENA, c’est un moment de joie individuel. C’est un vrai bonheur aussi. Là, ce bonheur, vous le partager avec des soutiens, avec une équipe, avec des habitants. C’est exceptionnel ! Ce moment de bonheur collectif, d’espoir ; ça justifie tout le reste, tous les sacrifices.
« En même temps vous prenez rapidement conscience du poids des responsabilités. J’étais prêt, avec mon équipe on s’y était préparé. Je vois cela comme une incroyable opportunité. C’est un honneur, une chance, de pouvoir servir les montmorenciens.
« Les premiers mois, je crois je l’avais dit dans un article, ils ont été à deux cents à l’heure. J’y mets toute mon énergie, tout mon cœur, toute ma passion. J’y passe sept jours sur sept, parce que cela me passionne. Il y a tellement à faire. J’ai une équipe motivée, qui y passe tout son temps, qui y met toute son énergie. C’est avant tout beaucoup de passion.
« Vous savez, quand j’étais arrivé en Préfecture, la préfète m’a dit : « vous allez voir, le métier de préfet c’est simple. C’est beaucoup d’emmerdes et beaucoup de passion. » [Rires] Je pense, lorsque l’on est préfet, mais aussi quand on est maire, il y a un peu de cela. On gère les difficultés du quotidien. On a dû articuler la gestion de l’urgence avec le déploiement de projets de longs termes. C’est vrai que vous devez articuler ces deux temporalités, ce qui n’est pas simple. C’est un élément de complexité parce que vous avez envie de répondre à l’urgence, de répondre à la crise. On a dû prendre toute une batterie de mesures pour gérer la crise sanitaire.
« On a créé un centre de dépistage ; puis un centre de vaccination. Une fois que vous les avez créés, il faut s’assurer de la gestion et du fonctionnement au quotidien. On a distribué des masques dans les écoles. On vient de mettre en place un plan pour les jeunes en difficultés. On a mis en place une application de soutien aux commerçants. Tout cela, c’était du non prévu. C’était de la gestion de l’urgence.
« En même temps, vous devez articuler les projets de longs termes, les mettre en route. Aussi, apporter des satisfactions immédiates, des éléments de valorisation immédiat. C’est ce que l’on a fait. Nous avons travaillé sur des illuminations de Noël. On avait pris un engagement qui était de remettre de la vie dans la ville. On a travaillé sur un plan d’illumination de la ville, qui a été un vrai succès populaire. On a végétalisé des quartiers. On a embelli certaines zones. Vous avez en fait ces trois temporalités : l’urgence, le quotidien et le long terme. Articuler les trois, c’est passionnant, mais c’est exigeant et chronophage. »
Comment appréhendez-vous votre rôle de vice-président de la Communauté d’Agglomération Pleine Vallée – Forêt de Montmorency ?
« C’est tout à fait complémentaire. Ça permet aussi de se construire des contacts. Vous savez, je vous l’ai dit, que je me construisais grâce aux autres. C’est toujours une bonne manière de se construire que d’apprendre des autres ; de retirer d’eux, tout ceux qu’ils peuvent nous apporter.
« Là, c’est pareil. Vous vous construisez dans l’échange avec d’autres maires. Certains qui sont des grands maires, qui ont été élus, réélus ; qui ont une connaissance du sujet, qui vous invite à beaucoup d’humilité. En même temps, vous êtes dans la continuité. Vous portez des projets non pas pour votre commune mais pour votre territoire, de manière subsidiaire, par votre commune.
« Par exemple, je porte à titre personnel, un grand projet d’innovation et d’extension du parc de caméra de vidéo protection. C’est un projet à près de 10 millions d’Euros, pour tout le territoire, où vont être rénové, modernisé et étendu les caméras. C’est-à-dire que l’on va doubler le nombre de caméra sur le territoire. Cela correspond à une attente de nos citoyens qui souhaitent bénéficier d’une tranquillité, qui considèrent que les caméras puissent être un outil pour assurer cette sécurité. »
Comment vivez-vous cette période pandémique ?
« Vous savez, je n’ai pas le droit de me plaindre. Il y a tellement de gens qui ont été touché personnellement, professionnellement, dans leurs aspirations. Cela a été une véritable épreuve collective cette pandémie. Mon rôle, ce n’est pas de me plaindre. Ce n’est pas de dire c’est trop ceci, c’est trop cela. Mon rôle, je le vois en tant que maire, c’est d’agir pour essayer d’adoucir un peu la dureté de cette période, pour mes habitants. »
Quels rapports avez-vous avec les réseaux sociaux ?
« Je m’en sers. Je pense que c’est un outil important pour communiquer. Il y a beaucoup d’habitants qui me contactent sur les réseaux sociaux. Je suis très attaché à apporter une réponse à chacun d’entre eux. Je vous l’ai dit, au-delà de tout engagement politique, ce que je respecte par-dessus tout, dans l’engagement publique, c’est la valeur accordée à chacun. C’est le pilier absolu de mon engagement politique. Chaque habitant, chaque citoyen, mérite la même considération ; mérite la même valeur. Les réseaux sociaux permettent d’avoir ce contact direct. C’est un outil dont je me sers pour communiquer, pour échanger, pour répondre aux attentes du quotidien, qui méritent toutes d’être considéré.
« J’en fais toute fois une utilisation avec une relative parcimonie ; c’est-à-dire c’est un outil à utiliser mais je tente de garder une communication régulière sans qu’elle soit intempestive. J’écris en mon nom propre. Ce qui me prémunit d’ailleurs d’une utilisation intempestive car je n’aurai pas le temps.
« J’ai les applications sur mon téléphone. Il est vrai aussi que c’est un moyen pour moi, pour les citoyens de me contacter. Ce n’est pas simple puisque cela veut dire qu’au lieu d’avoir des filtres qui se font en mairie, parfois ça t’arrive directement. Je pense que cela fait parti du job. D’ailleurs je suis un peu embêté car je commence et fini ma journée, en lisant des journaux. De fait, c’est sur mon téléphone. J’essaye de m’en prémunir. Je ne suis pas très souvent sur les réseaux sociaux.
« Pour le coup, je vais vous dire, à quoi me sers mon portable ? À lire et répondre aux messages qui me sont envoyés. Vous êtes maire, vous avez toujours cinquante mille choses à gérer dans une journée. En fait, c’est plus un moyen de réception des informations, que de ballades sur les réseaux sociaux. J’en fais une utilisation très professionnelle. C’est un téléphone personnel qui s’est transformé en téléphone professionnel. »
***
Merci à MM. Jacques Batardière et Christophe Bruyère pour leurs aides à la réalisation de ce portrait.
Merci à Monsieur Maxime Thory pour sa collaboration et la participation à ce portrait.