-patriotisme : nm (pa-tri-o-ti-sm’)
1. Amour de la patrie.
Définition du Littré
-nationalisme : -> nationaliser
vt (na-sio-na-li-zé)
1. Néologisme. Rendre national ; faire adopter par une nation.
Définition du Littré
Cette année 2015 n’est pas encore achevée que la ville de Paris a été le théâtre macabre de fusillades qui l’ont touchée en plein cœur. Avec les évènements du 11 janvier, on pensait déjà avoir touché le fond. Dans la soirée du vendredi 13 novembre, l’impensable arrive. Sept points de la ville lumière sont pris pour cible. Des centaines de blessés graves et cent trente personnes y perdront leurs vies. Plus facile à dire qu’à faire, c’est dans ces moments-là où la vie se doit de reprendre, pour tous.
Permettez-moi de reprendre les mots prononcés par le député-maire du Havre, Edouard Philippe, devant la représentation nationale lors de la séance des questions au Gouvernement du 18 novembre :
« Il faut éviter de sombrer dans les invectives et les provocations qui sont peut-être la marque des démocraties vigoureuses, mais qui ne sont pas à la hauteur du moment, pas à la hauteur des morts et, au moins aussi grave, pas à la hauteur des vivants. »
La devise de la ville de Paris reprend, dans ce sens, toutes ses lettres de noblesse dans sa locution latine : “Fluctuat nec mergitur” ; “il est battu par les flots, mais ne sombre pas.”
C’est dans ce contexte meurtri, qu’à la demande du Président de la République faisant suite à trois jours de deuil national, qu’une cérémonie d’hommage national aux victimes du 13 novembre a eu lieu le vendredi 27 novembre. Les Français étaient ainsi appelés à pavoiser leur domicile du drapeau tricolore. L’hommage de la patrie à ces cent trente personnes disparues beaucoup trop tôt sous le coup du fanatisme et du terrorisme.
L’amour de la patrie reprend tout son sens. Dans cette immense Cour d’honneur de l’Hôtel des Invalides, la patrie retrouve la nation. C’est bien là qu’il faut veiller à ne pas tomber pour pouvoir garder au fond de chacun de nous cet amour du pays.
« Le patriotisme, c’est aimer les siens.
Le nationalisme, c’est détester les autres. » Romain Gary
Cette réflexion de Romain Gary me donne toujours à réfléchir quand il s’agit de poser les mots sur la notion du patriotisme. Dans cette année, qui va bien finir par se terminer un jour, la notion n’a jamais été aussi présente autour de nous. C’est dans ce moment-là où il faut veiller à ne pas sombrer dans la seconde définition du patriotisme que nous donne le Littré :
2. se prend quelque fois en mauvaise part. Patriotisme de clocher. Patriotisme provincial.
« M. Turgot appelle cela … du patriotisme d’antichambre. »
[Grimm, Correspond. t. I, p.27]
C’est là, à cet instant là, que le vendredi 27 novembre, aux alentours de midi, tout se fige dans ma tête. Après la minute de silence, une reprise de « Quand on a que l’amour » de Jacques Brel, suivie d’une magistrale reprise de « Perlimpinpin » de Barbara par Nathalie Dessay, le discours du Chef de l’Etat s’achève.
Le silence. Cette minute de silence. Touché en plein cœur. La Marseillaise retentit. Liberté, égalité, fraternité !
On connaît tous (normalement) le premier couplet que l’on chante (fredonne) lors des grands évènements ayant lieu pour la patrie. Mais ce qui fut grandiose à ce moment précis, en ce vendredi matin, en plein cœur de l’Hôtel des Invalides, c’est d’avoir entendu le sixième couplet :
« Amour sacré de la Patrie,
Conduis, soutiens nos bras vengeurs.
Liberté, liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs ! (Bis)
Sous nos drapeaux que la victoire
Accoure à tes mâles accents,
Que tes ennemis expirants
Voient ton triomphe et notre gloire ! »
Nous sommes tous le sang impur qui abreuve nos sillons pour défendre notre patrie. C’est sur méditation de la liberté chérie évoquée notre hymne national, que l’amour de la patrie prend tout son sens. Cette unité qui nous tient tous chaud au cœur afin de tourner au plus vite la page 2015 pour ouvrir celle de 2016 !
“ Va, pensiero, sull’ali dorate;
Va, ti posa sui clivi, sui colli,
Ove olezzano tepide e molli
L’aure dolci del suolo natal!
Del Giordano le rive saluta,
Di Sionne le torri atterrate…
Oh mia patria sì bella e perduta!
Oh membranza sì cara e fatal!
Arpa d’or dei fatidici vati,
Perché muta dal salice pendi?
Le memorie nel petto raccendi,
Ci favella del tempo che fu!
O simile di Solima ai fati
Traggi un suono di crudo lamento,
O t’ispiri il Signore un concento
Che ne infonda al patire virtù!”
Va pensiero – issu de l’opéra Nabucco de Giuseppe Verdi, le chant des Hébreux prisonniers à Babylone.
@romainbgb – 3/XII/2015