« La banlieue c’est pas rose, la banlieue c’est morose.[i] »
Une fois de plus l’hebdomadaire « Le 1 » me permet de rebondir sur l’actualité avec vous. En titrant son 143ème numéro sur les banlieues, mon esprit s’est souvenu des propos tenus par l’ancien Premier ministre, Manuel Valls. Nous étions le 20 janvier 2015 à l’Hôtel de Matignon.
Lors de ses vœux à la Presse, le député d’Evry avait estimé que « ces derniers jours avaient souligné beaucoup des maux qui rongent notre pays. »
C’est à ce moment là que l’on a retenu cette citation choc : « Il existe en France un apartheid territorial, social et ethnique. » Ceci prononcé seulement quelques semaines après les attentats terroristes de Paris et Montrouge.
Dans le cadre de nos entretiens avec mon co-auteur pour le livre Dans l’ombre des Présidents, nous avions pu échanger avec le Premier ministre Edith Cresson. C’est en voyant la couverture de l’hebdomadaire, en me rappelant la phrase choc de Manuel Valls, que l’entretien avec le Premier ministre m’est revenu en mémoire.
Prendre en référence l’apartheid, quelques jours après des attentats terroristes en France, n’est pas anodin. Un parcours souvent omis dans le CV de l’ancienne locataire de Matignon : Edith Cresson est titulaire d’un doctorat en démographie. Nous avions alors échangé sur les propos tenus par l’un de ses lointains successeurs à Matignon :
« Si les gens se sentent aussi désenchantés aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas de projet. Alors on est là. On parle. Il a dit que. Et pourquoi Manuel Valls a prononcé le mot “apartheid” au sujet des banlieues ?
Les mots, les phrases, tiennent lieu d’action. Ce que l’on fait et les résultats n’ont que peu d’effet. D’ailleurs on le voit bien actuellement en France, il n’y a aucun résultat. En matière de chômage, par exemple. On raisonne sur des principes et non pas sur des faits. On commente puis on commente les commentaires.
« Tous nos concurrents, ou amis, appelez ça comme vous voulez, ils raisonnent sur des faits, à commencer par les Allemands. Ça marche ou ça ne marche pas. Le but étant de lutter contre le chômage, d’avoir des parts de marché, d’avoir de l’influence à l’extérieur. La France est en train de perdre son influence à cause de cette mentalité. Alors on peut toujours dire que la France éternelle a un rayonnement qui date de la nuit des temps, que grâce à ça la Terre entière est en admiration devant nous. Ce n’est pas vrai ! La Terre entière a de plus en plus tendance à nous ignorer.[ii] »
Après l’interpellation de Théo L. à Aulnay-sous-Bois, et à cinquante huit jours du premier tour de la présidentielle 2017, cela laisse à réfléchir.
L’échec de la politique des Banlieues par les pouvoirs publics.
De Clichy-sous-Bois à Aulnay-sous-Bois ; d’Aubervilliers à Trappes. Autant d’exemples, autant d’échecs. On ne peut pas oublier les enfants de la République. La clef de l’élection présidentielle serait-elle là ?
La grandeur de la France. Tout cela n’est plus qu’un lointain souvenir. Les temps changent ; les choses changent.
« La banlieue c’est pas rose,
La banlieue c’est morose !
Alors prends toi en main,
C’est ton destin, c’est ton destin ! »
@romainbgb – 24/02/17
[i] Extrait de la chanson « C’est ton destin » issue de l’album Bouleversifiant ! ; Les Inconnus (1991)
[ii] Propos tenus le 9 juillet 2015, à Paris, dans le cadre d’un entretien pour le livre Dans l’ombre des Présidents.