M. Xavier de Moulins

Croire en ses rêves.

Chers Lecteurs,

Reprenons le chemin du portrait, pour cette fois-ci partir sur les contrées de l’écriture et de la lecture. Ne restons pas dans les étiquettes. Je n’ai jamais supporté les cases ; alors sortons !

Rêve. En quelque sorte, ce serait le maitre-mot de ce nouveau portrait. Les rêveries de l’enfance nous permettraient-elles de nous évader vers nos vies d’adultes ? La nouvelle personnalité interrogée nous laisse bien méditer là-dessus.

Routard. « Voyages, voyages. Plus loin, que la nuit et le jour. » Une expérience de vie pour l’interrogé, qui permettra ainsi de l’emmener au bout de ses rêves d’enfants. C’est dans cette perspective en tous les cas, que nous allons essayer de percer ses mystères.

Paris. N’en déplaise à notre première édile actuelle, les nuits parisiennes restent remplies de vies et d’électricité. C’est ce courant que notre interrogé a pu vivre pleinement pendant 4 années sur une des chaînes télévisées éponymes du Câble.

Présentateur télévisuel. C’est une nouvelle corde à son arc, que notre interrogé a su rajouter à ses rêves, depuis presque onze années maintenant sur la sixième chaîne.

L’amour paternel. L’auteur accomplit des rêveries enfantines voit le jour. C’est dans cette découverte-là, que j’ai souhaité élaborer une rencontre et un portrait, pour vous le présenter. C’est au travers de son nouveau roman, dans la quête d’une relation filiale distendue, entre un père et son fils, que l’aventure littéraire commence.

Je vous laisse découvrir le portrait de Monsieur Xavier de Moulins, auteur de Mon garçon, publié aux éditions Flammarion.

M. Xavier de Moulins – ©droits photos : Pascal Ito.

Compte-tenu des règles sanitaires que nous connaissons, la réalisation de ce portrait a été réalisé lors d’un appel téléphonique, le 9 février 2021.

Bonne lecture !

@romainbgb – 11/03/21 

 

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Biographie Express de Monsieur Xavier de Moulins :

*1971 : Naissance à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

*Maîtrise de Lettres à l’Université Paris IV – Sorbonne.

*DESS de télécommunications à l’Université Paris-Dauphine.

*1994-2004 : collabore au Guide du Routard.

*1999 : apparait à la télévision dans l’émission Nulle Part Ailleurs sur Canal Plus.

*2002-2005 : rejoint l’équipe du groupe PAF Productions.

*2005 : participe à l’émission Nous ne sommes pas des anges, sur Canal Plus.

*2006-2010 : anime l’émission Paris Dernière sur Paris Première.

*2010 : anime Mon beau miroir sur Paris Première.

*depuis 2010 : présentateur la semaine du 19 :45 de M6.

*2011 : publie « Un coup à prendre », aux éditions Au Diable Vauvert.

*22 avril/6 mai 2012 : co-anime les soirées électorales présidentielles sur M6.

*2012 : publie « Ce parfait ciel bleu », aux éditions Au Diable Vauvert.

*depuis septembre 2012 : présentateur du magazine 66 minutes sur M6.

*2014 : publie « Que ton règne vienne », aux éditions Jean-Claude Lattès.

*2016 : publie « Charles Draper », aux éditions Jean-Claude Lattès.

-son ouvrage « Un coup à prendre » est adapté au cinéma par Cyril Gelblat dans « Tous pour être heureux ».

*2017 : publie « Les hautes lumières », aux éditons Jean-Claude Lattès.

*2019 : publie « La vie sans toi », aux éditons Jean-Claude Lattès.

*2020 : publie « Le petit chat est mort », aux éditons Flammarion.

*2021 : publie « Mon garçon », aux éditions Flammarion.

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À quoi rêve le petit Xavier lorsqu’il est enfant ?

« Je ne faisais que rêver quand j’étais enfant. On me disait que je rêvais trop ; que j’avais des rêves impossibles. Ce qui m’a énormément motivé pour les réaliser. Je rêvais énormément. Je rêvais de tout. J’avais un rapport à l’imaginaire très développer. Je rêvais de me téléporter, très sincèrement ! [Rires] J’étais assez rêveur. Mes professeurs me disaient : « qu’est-ce que vous passez votre temps à rêver ?! » Je trouvais cela bien de rêver. Je trouve que l’on ne rêve pas suffisamment.

« Celui de devenir journaliste et d’écrire sont deux rêves que j’ai développés, qui sont devenus beaucoup plus concrets. Plus sérieusement, c’est vers cela que j’ai voulu tendre ; c’est vers cela que je suis allé. »

Quel souvenir gardez-vous de vos années étudiantes ?

« Assez bon. J’ai fait une prépa hypokhâgne-khâgne. C’était vraiment intéressant. Je pense que cela a été très formateur. La prépa littéraire m’a énormément apporté. J’ai rencontré des professeurs géniaux. J’étais tout à fait à ma place. J’étais très heureux, ce qui m’a donné à la fois un mélange d’insouciance et de rigueur. Ce qui a été une très bonne base de départ.

« J’ai eu de la chance de faire des études qui m’ont enrichi intellectuellement. En même temps, j’ai commencé à travailler pendant mes études en Presse ; donc à réaliser mon rêve. Un très bon souvenir de ma vie étudiante.

« À la Sorbonne, un peu moins. C’était un peu l’usine. J’y ai fait des rencontres intéressantes. J’y avais des bons amis. J’y ai développé des relations avec des gens marrants. Ce qui reste des belles années, vraiment.

« À Dauphine, c’était très sympathique humainement. Je travaillais en parallèle. Il y a quelque chose de beaucoup plus concret qui s’est joué là-bas. C’était très intéressant aussi. C’était le début d’Internet ; nous étions quelques-uns à s’intéresser à la question.

« C’était complètement différent. C’était très complémentaire. Je m’y suis fait de très bons copains. C’était une expérience sociale intéressante. C’était des études très complémentaires et très enrichissantes. J’ai vraiment aimé mes années étudiantes. Je vous l’ai dit, c’était bien de pouvoir commencer à travailler en même temps. Le journalisme, pour cela, ça allait dans le sens de ma liberté. J’ai été pigiste, pour plein de journaux en même temps. C’était une époque assez sympa.

« À l’époque, l’on pouvait se sociabiliser pendant les études. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui pour les étudiants, à qui je pense énormément. »

Quelle expérience tirez-vous de votre passage au Guide du Routard ?

« Une continuité vers la liberté. Je m’occuper de toute la technologie du site Internet que je programmais, que je développais, avec toute une équipe. Je faisais cela la nuit parce que le jour je faisais mon service militaire. Le Guide du Routard a été ma maison durant de nombreuses années. Il m’a permis d’aller voir le monde. J’avais une passion pour l’Asie. J’ai pu aller, grâce au Guide, dans différents pays asiatiques (Cambodge, Thaïlande, Vietnam). Je suis allé en Inde, aux États-Unis, au Pays de Galles. J’ai fait plein de voyages grâce au Routard. C’était fantastique aussi. Vous voyez un peu, j’avais la base Routard maison ; j’avais les piges à côté. Je finissais mes études. Il y avait Internet qui arrivait. Je développais le site. J’avais les mains dans le cambouis et en même temps j’avais la tête dans les étoiles !

« C’était la continuité de l’enfant rêveur mais de l’enfant rêveur qui met un pas dans le réel choisit et pas subit. Une certaine vision. C’est cela le luxe ! C’est la liberté ! C’était très formateur. J’ai pris ma dose de voyage ; ma dose de dépaysement. J’ai rencontré des gens géniaux. J’ai eu beaucoup de chance. C’est des gens très fidèles au Routard. Je suis toujours en contact avec Philippe Gloaguen, qui est un Monsieur étonnant. On est toujours resté en contact, des années après. Une belle expérience, vraiment ! »

Comment avez-vous vécu vos années d’animateur de Paris Dernière ?

« C’était une télévision libre. Dans la continuité, j’ai fait des rencontres, puisqu’on en parlait. Le principe c’était qu’on avait environ une dizaine de séquences à programmer dans l’émission. On rencontrait des célébrités, des anonymes, des quidams. Il y avait une grande place à l’improvisation. C’était un moment d’autant plus intéressant parce que je filmais, j’interviewais, je montais. J’étais présent dans tous les maillons de la chaine.

« C’est une émission que j’ai, aussi, eu la chance de faire à l’étranger. J’ai été tourner Paris Dernière en Chine, à Moscou, en Afrique du Sud, en Allemagne ; dans pleins d’endroits absolument improbables. C’est une expérience, là pour le coup, assez dingue. J’ai vécu pendant quatre ans avec le poult de Paris, la nuit. Les gens que j’interviewais le soir, la nuit, étaient beaucoup plus libres ; comme les artistes, même les politiques ! Il y avait autre chose qui se passait. Il y avait un courant qui passait. Il y avait de l’électricité dans la nuit, à l’époque. Il y avait du courant. J’ai vécu mille expériences en quatre ans. C’était formidable !

 « J’ai bien aimé sortir de Paris, aller la faire à l’étranger. J’ai calculé que j’ai dû faire, à peu près, plus de deux mille interviews. J’en ai croisé du monde. Il y a des moments qui m’ont plus ou moins marqués. Il y a des moments de grâces.

« Je pense à une interview que j’ai faite avec Benoît Poelvoorde. Je pense à la première interview télévisée en France que j’ai faite de Lady Gaga. Quand j’étais à Miami, une rencontre avec les Black Eyed Peas et David Guetta, dans une fête absolument incroyable. Je pense à une interview de Manuel Valls, à une époque où il était un jeune premier dont personne ne parlait, mais qui était déjà là et passionnant. Je pense à une expérience avec Marion Cotillard, dans la nuit, au Musée d’Orsay.

« On avait la possibilité de se faire ouvrir des endroits. C’était dingue ! C’est une télévision qui ne serait peut-être plus possible aujourd’hui ?! C’est une époque incroyable remplie de rencontre, de vitalité, d’électricité. On finissait toujours les tournages chez Castel, à l’aube. Il y avait une superbe équipe, avec des gens formidables. On a bien rigolé ; franchement.

« Après c’était dur aussi. On avait chaud ; on avait froid. Il fallait attendre. On avait une vielle voiture, qui tombait en panne dans la neige. J’en ai mille des anecdotes à raconter autour de cette émission. Il y a eu des moments de galères. Il y a eu des moments de tensions. C’était la magie de la nuit. Cela a été un moment très important. Il y avait la préparation en amont. Il y avait le tournage. Il y avait le montage de l’émission. Ensuite, le mixage. Il y avait pleins de choses. »

Comment vivez-vous votre aventure de présentateur télévisé du Journal TV chez M6 ?

« D’abord, j’ai beaucoup de chance ; j’insiste beaucoup là-dessus. Je le prends avec beaucoup de fierté, cette responsabilité d’être à la fois rédacteur en chef adjoint de mon journal, présentateur. J’incarne le travail de toute une équipe.

« Le journal à l’antenne c’est le résultat d’une journée entière de travail, pour une centaine de personnes. Ce qui n’est pas rien. Il y a une forme de responsabilité. C’est un poste très privilégié pour aussi voir le monde, exister. On est aux premières loges. On est censé s’intéresser, être curieux, être au courant de beaucoup de choses. Cela fait onze ans que je fais cela. Je n’ai pas vu le temps passer.

« C’est un cadre assez rigide, le journal télévisé. C’est comme une liturgie, dans lequel il se passe une infinité de choses. Parfois, avec des grands moments d’émotions. Parfois, avec des choses plus ou moins faciles et inacceptables. Quand je dis inacceptable, c’est-à-dire dur et éprouvant. Comme par exemple de vivre les attentats de 2015. D’être là dans ces moments qui sont cruciaux pour tout un pays.

« Ce qui donne une grande responsabilité qui vous demande d’être parfaitement concentré. Conscient aussi du lien que vous créez entre ce qu’il se passe dans le monde et les gens. Il y a un lien avec les gens qui regardent. C’est une histoire d’onze ans. Ce n’est pas rien. »

Comment est née votre envie d’écrire ?

« J’ai toujours écrit. J’étais un élève rêveur, plutôt turbulent. Un jour, je me suis mis à lire. J’ai découvert la lecture. Cela a toujours été là, en place. J’écrivais de tout lorsque j’étais plus jeune, des nouvelles, des pièces, des tas de choses. Je ne saurais pas l’expliquer. Cela s’est fait très naturellement, très jeune.

« En même temps, j’ai publié assez tard. J’ai publié mon premier roman à 39 ans. J’ai attendu de vivre aussi des expériences. L’écriture a toujours été là, de manière protéiforme. D’abord, au service de mon imagination. Puis, au service de la précision, avec le journalisme. J’ai toujours été dans l’écrit. J’ai toujours aimé cela. C’est une professeure qui m’a donné, vraiment, le goût des mots. Je me suis mis à prendre conscience de la richesse, de l’importance, de la lecture. C’est par la lecture que je suis venu à l’écriture. On ne peut pas écrire si on ne lit pas, à mon sens. Écrire, c’est d’abord lire. »

Quel sentiment avez-vous eu en ayant votre livre adapté au cinéma ?

« J’ai trouvé d’abord que c’était une expérience très étonnante et enrichissante. Vous écrivez une histoire, qui ensuite prend vie à l’écran. Incarnée par des acteurs, qui étaient en l’occurrence Audrey Lamy et Manu Payet. Tout ceci avec un réalisateur qui a entendu parler de mon livre à la radio et a lu le livre. Il a souhaité l’adapter. Je l’ai laissé entièrement libre de son regard.

« C’est à la fois une désappropriation et en même temps la magie de voir s’incarner des personnages de papiers. Il faut avoir de la chance de tomber sur un bon réalisateur, un bon scénariste et des bons acteurs. C’est ce qui s’est passé. J’étais très fier. J’étais très heureux de ce moment-là. C’était un moment assez sympa de pouvoir vivre cela. J’étais à la fois spectateur de la chose, tout en étant à l’origine du projet. C’est très étonnant. J’ai participé aux différentes étapes du film en y apportant un regard attentif et bienveillant. Je suis allé sur le tournage etc… J’ai vu les choses se mettre en place. J’ai laissé totalement libre, le réalisateur, de faire ce qu’il avait à faire, d’adapter mon histoire. C’était entendu. J’ai su, au moment où l’on s’est rencontré, qu’il allait réussir à faire quelque chose de bien. C’est une espèce d’intuition que j’ai eu. La suite m’a prouvé que j’avais eu raison.

« Vous sentez ou vous ne sentez pas les gens. J’ai su, en discutant avec le réalisateur, qu’il allait en faire quelque chose. Cela a pris du temps. Un film c’est du temps très long. Le roman c’est vous et votre ordinateur. Vous avez un interlocuteur, qui est l’éditeur. Après, cela va à peu près vite. Un film, c’est des dizaines et des dizaines d’interlocuteurs. J’ai beaucoup d’admiration pour la patience des gens du cinéma. Surtout pour qui, en ce moment, ce n’est pas simple. Ils partent sur un projet en passant des années de leurs vies à réaliser leurs rêves. »

Comment avez-vous eu envie de parler de ce lien entre un père et son fils ?

« Peut-être parce que d’abord j’ai eu envie de parler d’une histoire d’amour. J’ai eu envie de parler de l’adolescence. Puis, je n’ai que des filles. Je me suis dit, tiens, qu’est-ce que cela serait si j’avais un garçon. J’ai trouvé cela intéressant parce qu’en fait je donne naissance à pas mal de garçons, dans mes livres. J’ai remarqué. Dans la vie, plutôt des filles. [Rires]

« J’avais envie de me projeter dans ce lien. J’avais envie de parler du langage ; de travailler sur l’écriture du silence. D’interroger la situation de personnes qui ne se sont pas vus pendant deux ans, ou très mal. Moi qui suis très proche de mes enfants ; qui était très proche de mon père. J’aime bien travailler sur des situations qui sont inverses aux miennes. Un peu comme une décalcomanie, vous voyez ? Essayer de voir si je pouvais réussir cela. Essayer de pointer du doigt, des choses assez universelles sur le chagrin d’amour, l’amour, les relations. Ce que l’on met dans la relation à l’autre. L’autonomie. Ces choses-là.

« C’était intéressant d’un point de vue romanesque d’imaginer un père et son fils, dans une relation distendue, comme celle-là. Évoquer un temps où les expériences se croisent, celui du père et celui du fils, dans une voiture, à travers un rétroviseur.

« C’était une expérience assez confinée, pour le coup. Ce qui m’intéresse ce sont les liens familiaux dans mes livres. Essayer de comprendre qu’est-ce qui fait que l’on est ensemble, avec ces gens-là ? Et pas les autres ? Qu’est-ce que l’on fait de ce lien-là ? Qui peut être à la fois très beau et très dur, en fonction de l’histoire de chacun. J’ai creusé mon sillon autour de cette relation imaginaire. C’est vraiment un travail pur d’imagination sur ce livre. »

Couverture de « Mon garçon », de Xavier de Moulins – éditions Flammarion ©droits photo : Théo Gosselin.

Vous avez déclaré sur un plateau télé d’avoir vécu un épisode de noyade lors de l’un de vos voyages. Cette histoire vous a-t-elle inspiré pour le personnage de Vincent, qui réapprend à nager ?

« Il y a toujours des points de départ mais il est vrai que le rapport à l’eau, là pour le coup, cela m’est arrivé. J’ai failli me noyer du côté de Zanzibar, il y a de nombreuses années. Il est vrai que de cette expérience-là, j’en ai tiré un léger traumatisme aquatique.

« J’ai trouvé cela intéressant de le transposer là, dans la quête de rédemption du personnage. Réapprendre à nager. Il y a toujours un petit peu d’expérience. Partir de soi pour aller vers les autres. Vous voyez ce que je veux dire. En l’occurrence la noyade reste anecdotique, même si elle reste symboliquement très importante. Vous savez c’est un peu comme le rapport à la réalité et à la fiction. Inconsciemment, il y a des choses que vous mettez et ensuite vous les traiter différemment.

« Il peut y avoir des coups de projecteurs de choses qui nous sont arrivées pour pouvoir bien les transcrire, comme des accidents, par exemple. Mais ce n’est pas pour autant que l’on reste rivé sur soi. L’idée c’est de sortir de son nombril. Cela sert à cela, l’écriture, pour moi ; à sortir de soi. Si le point de départ c’est soi ; le point d’arrivée c’est tout de même le lecteur. »

Le lien paternel se tisse dans ce livre, à la suite d’une rupture amoureuse subit par Marcus. Non sans rappeler, celle subie par Vincent pendant son adolescence. « Les histoires d’A. » finissent mal ?

« Non, je n’y ai pas songé. J’aime beaucoup cette chanson. Mais je n’ai pas besoin des Rita Mitsouko pour me rendre compte que souvent les histoires d’amours se terminent mal. En tous les cas je n’ai pas pensé à cette chanson en écrivant le livre. »

« Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. » Romain Gary – La promesse de l’aube.

Au départ, le triptyque aurait pu être inversé. La douceur de l’ombre maternelle de Florence adoucit la froideur des rapports initiaux entre le Vincent et Marcus qui réapprennent à cohabiter. Une volonté d’affrontement des regards ?

« Je connais très bien cette citation. C’est assez juste. Dans chaque famille, le pilier femme-mère est fondateur. Après, quand cela s’effrite, cela reste tout de même un axe de référence essentiel. La femme et la mère sont, pour moi, effectivement, indissociables. Là, en l’occurrence, elle est dans le livre. Vous avez raison ; tout à fait. »

Ce qui recréer une connexion père-fils, à partir du moment où Vincent voit la photographie présente sur le portable de Marcus.

« Exactement. C’est la photographie. C’est à partir du moment où il se reconnecte avec les moments de la famille ensemble, qu’il arrive à reconnecter avec son rôle de père. Tout à fait. Et que le fils arrive à se reconnecter avec son père. Exactement. Ce n’est pas pour rien que ces histoires-là durent quand même un moment.

« C’est aussi cela les traces de l’amour vrai. Les liens que l’on a eu tous ensemble, qui à un moment, même si l’histoire n’existe plus, donne une justification au fait d’être toujours ensemble et à continuer de se voir, les uns les autres. Il ne faut pas renier son passé, jamais. Il ne faut jamais renier les gens que l’on a aimé, à mon sens. »

Comment avez-vous vécu l’écriture de ce roman, en tant que père ; puis en tant que fils ?

« Je l’ai surtout vécu en tant qu’écrivain, avec ses pleins, des doutes, ses moments de délires, ses moments de joies, ses désillusions. C’est comme une marche en montagne d’écrire un livre. Parfois il y a un sacré dénivelé à encaisser. Ensuite il y a une descente, qui peut faire mal aux genoux. Il y a des vertiges. Il y a des moments de satisfaction. Il y a des moments de joie. Il y a des moments de doute. Il y a des moments effrayants. C’est un peu comme dans tous mes livres. Écrire ce livre-là, cela a été un bel ascenseur émotionnel.

« C’est toujours une marche, vous voyez. C’est comme une randonnée. C’est une expédition d’écrire un livre, pour moi. Il y a, à la fois le père, le fils, le mari, l’homme, l’ami. Il y a tout dans un livre. Il y a tout de soi. Sauf que l’on est seul, avec son sac à dos ; que personne ne vous attend. Cela peut être aussi l’image de la mer. Quand vous partez en bateau. Vous quittez le bord et après avoir pris le large, vous revenez le long des côtes. C’est une traversée en solitaire, l’écriture. »

Quels rapports avez-vous avec les réseaux sociaux ?

« J’aime bien la phrase de Quentin Tarantino qui a répondu un jour à une personne qui lui a demandé comment il faisait pour subir tout ce que l’on disait de lui sur les réseaux sociaux : « Je ne suis pas sur les réseaux sociaux, donc je le vis très bien. » [Rires]

« Je pense que c’est un écho du monde, intéressant, mais ce n’est pas le monde. Réduire le monde aux réseaux sociaux, c’est cela le danger. J’essaye d’avoir un rapport assez lucide. Un rapport de service, par exemple quand je cherche quelque chose ou quand je m’intéresse à un sujet. Cela fait partie des choses que je regarde mais je ne me limite pas à cela.

« J’essaye de ne pas être trop connecté aux réseaux sociaux ; d’en avoir un usage, ce qui est de plus en plus difficile, positif. Vous savez qu’une fausse nouvelle se propage six fois plus rapidement qu’une information réelle et vérifiée. Cela peut être la poubelle du monde comme cela peut avoir ses vertus. Cela peut être une utopie et une dystopie. Aujourd’hui, je trouve qu’on leurs donnent trop d’importance ; que c’est dangereux. Surtout pour la nouvelle génération. Moi, ça va !

« J’y trouve des choses vraiment passionnantes et des éclairages pertinents. Mais il faut y aller, quand même. Après, moi j’ai plein de passions et des centres d’intérêts variés. Quand je suis sur ma communauté de centres d’intérêts, je me régale. Je ne rentrerai pas dans la polémique, dans l’agression, dans la violence. Je trouve que les réseaux sociaux sont mal régulés et qu’ils ne sont absolument pas représentatifs de ce que pensent les gens. On est quand même soixante-dix millions en France et seulement six millions de personnes qui gazouillent régulièrement et qui consomme par exemple Twitter. Il y a une sorte de gouvernance, que je trouve parfois très embarrassante, sur les réseaux sociaux.

« Ce n’est pas la vraie vie. C’est un miroir très vite déformant mais après on y trouve des choses très vite passionnantes. Il faut savoir quoi chercher et comment le chercher. S’épargner les vides ordures. »

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Merci à M. Xavier de Moulins pour son écoute et sa participation à ce portrait.

Publié par RomainBGB

Franco-sicilien né en Helvetie. Co-auteur de l'ouvrage "Dans l'ombre des Présidents" paru en mars 2016 aux éditions Fayard.

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