En marche!

«L’exactitude est la politesse des Rois et le devoir de tous les gens de bien»

Louis XVIII (1755-1824)

À force de vouloir marcher, il convient d’y aller. Le rendez-vous est annoncé pour dix heures trente ce matin, dans une salle de « maintenance automobile » d’un établissement CFA de Bobigny. Le cadre dénote avec toutes les autres annonces officielles de candidatures présidentielles. Une centaine de journalistes est rassemblée pour faire porter et promouvoir en direct le message de l’ancien secrétaire général adjoint du Château : Emmanuel Macron.

On a beau ne pas avoir cinquante ans et/ou ne pas avoir de Rolex à son poignet : l’heure c’est l’heure ! À croire que la pendule joue des tours à nos amis du parti socialiste, tout comme Mitterrand ou Rocard à leur époque et François Hollande aujourd’hui, Emmanuel Macron se fait désirer. Ou tout du moins, cette nonchalance semble en réalité montrer une entrée désirée et remarquée ! Il faut attendre une trentaine de minutes pour que l’ancien ministre franchisse la porte de la salle et commence son discours après quelques photographies pour la Presse.

En choisissant la Seine-Saint-Denis et le centre CFA automobile de Bobigny, l’ancien ministre du gouvernement de Manuel Valls entend bien marquer sa rupture. Premier petit soucis : seul les journalistes sont autorisés dans la salle. Les apprentis relégués au second plan. Le peuple de France attendra.

« Pour le mener la responsabilité du Président de la République est immense. J’en suis pleinement conscient. […] J’y suis prêt. C’est pourquoi je suis candidat à la Présidence de la République. » – Emmanuel Macron, Allocution du 16 novembre 2016 – Bobigny

Une dizaine de minutes est nécessaire à l’ancien ministre pour énoncer son discours et arriver à annoncer la nouvelle attendue depuis des semaines : sa candidature présidentielle ! C’est là toute la difficulté qui est sienne, lui qui a fait partie pendant plus de quatre ans de la machine du pouvoir et du système. C’est ce qui complique, en un certain sens, sa tâche présidentielle. En matière de travail, l’adage veut que l’on ne critique jamais son ancien patron. Emmanuel Macron doit se le rappeler sans cesse. Comment arriver à ses fins, sans pour autant critiquer de manière frontale le Président de la République et son Premier ministre ? Lui qui a été deux ans secrétaire générale adjoint de l’un et pendant deux ans ensuite ministre de l’Economie de l’autre !

Pour autant le mal est fait. Le système est critiqué. Il a beau se protéger et rappeler qu’il ne critique ni condamne personne ; ça bouillonne ! Un vrai pur produit du système politique, Emmanuel Macron veut casser tous les codes en marchant vers l’Elysée. Son autoportrait dans son discours le prouve : un nouvel Emmanuel en route vers le Château.

Se protéger. Mettre tout le monde d’accord. Créer le consensus en appelant « toutes les femmes et les hommes de bonnes volontés » à le rejoindre. Reste à savoir comment les élus perçoivent cette annonce de candidature. Eux qui sont en première ligne avec les réalités du terrain et forts de leurs parrainages pour les candidats à la mandature suprême.

Last but not least ! Quid du résultat de la primaire ouverte de la droite et du centre, le parti socialiste devra lui aussi prendre une décision quant à son choix présidentiel. Le Président sortant était, par tradition, le candidat naturel à sa réélection. Première inédite sous la Ve République : une primaire serait possible à gauche, même si François Hollande se porte candidat à sa propre succession ! La bérézina a encore de beaux jours devant elle !

D’autres murmurent, en terme de renouveau, de pouvoir avoir un beau duel lors du second tour de la présidentielle avec Bruno Le Maire à droite et Emmanuel Macron à gauche. Enfin, si seulement ce dernier a été un jour à gauche.

À quatre jours du premier tour de la primaire ouverte de la droite et du centre, l’annonce de candidature d’Emmanuel semble faire mouche. Effet de communication politique ? Tout reste encore à écrire ! Rendez-vous le 27 novembre prochain pour savoir qui, parmi les sept candidats, sortira vainqueur à droite ! C’est à ce moment-là que les choses sérieuses vont réellement commencer pour François Hollande, Manuel Valls, Emmanuel Macron, le parti socialiste et leurs alliés. Y’aura-t-il une primaire à gauche ? … Qui vivra, verra !

« Je marche seul, dans les rues qui se donnent et la nuit me pardonne, je marche seul, En oubliant les heures,  je marche seul sans témoin, sans personne, Que mes pas qui résonnent, je marche seul acteur et voyeur.»

[Extrait de la chanson «Je marche seul» de Jean-Jacques Goldman, sortie en juin 1985]

@romainbgb – 16/11/2016

 

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