M. Florentin Cognie

Une énergie normande.

Chers Lecteurs,

Un certain format inédit que je vous propose en mettant à l’honneur deux portraits consécutifs de personnalités aux parcours qui se croisent en restant au sein de l’Hémicycle national tout en gardant un pied en Normandie.

Mathématiques et Droit. C’est sur les bancs de ces Facultés que notre interrogé étudiera et obtiendra ses diplômes en fréquentant en parallèle, les amphis de SciencesPo Paris.

Transition écologique. Comme quoi, parfois, un simple mail suffit. Notre interrogé vivra son premier stage au sein du Cabinet de M. Lecornu, alors secrétaire d’État auprès de M. Hulot, en charge des questions énergétiques.

École d’Économie de Paris. Dans la continuité de ses études, notre personnalité fréquentera les bancs de cette École afin de pouvoir affiner son analyse économique.

Conseil d’Analyse Économique. Afin de poursuivre son regard des choses comme chargé d’études, c’est autour de M. Martin que notre interrogé fera ses premières notes et ses analyses économiques.

Fécamp. L’expérience de la campagne électorale s’offre alors à notre interrogé, qui naturellement pose ses bagages dans la Ville qui l’a vu naître et grandir. Là encore, il s’engagera à 200% et sera élu en devenant le 5ème Adjoint au maire et conseiller communautaire.

Jean-Baptiste Lemoyne. Dans la continuité de son parcours professionnel et personnel, notre personnalité continuera son expérience ministérielle en devenant chargé de mission auprès du secrétaire d’État. Ce qui lui permettra d’évoluer au sein du Cabinet et de connaitre différentes étapes dans son parcours, comme notamment celui de chef adjoint de Cabinet.

Assemblée nationale. Nouvelle corde à son arc professionnel en rejoignant celle qui a su lui donner sa chance au niveau locale : Mme Poussier-Winsback, députée de la 9ème circonscription de Seine-Maritime. Notre personnalité y occupe le poste de collaborateur parlementaire.

Je vous laisse découvrir le portrait de M. Florentin Cognie, 3ème Adjoint au maire de Fécamp ; conseiller communautaire délégué à l’Agglo Fécamp Caux Littoral.

M. Florentin Cognie – ©droits réservés

Ce portrait a été réalisé lors d’un entretien en visioconférence le lundi 28 août 2023.

 

Bonne lecture ! Bonne rentrée à tous !

@romainbgb – 04/09/23

 

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Biographie Express de M. Florentin Cognie :

 

*1996 : naissance à Fécamp (Seine-Maritime).

*2014 : titulaire du Baccalauréat série Scientifique mention Très Bien à Fécamp.

*2014-2017 : – Licence de Mathématiques et Informatique à Paris I Panthéon-Sorbonne.

– Collège Universitaire de Sciences Po Paris – Économie, Droit, Sciences Politiques à

*2016-2017 : année Erasmus à l’University of Warwick (Royaume-Uni), dans le cadre du cursus universitaire SciencesPo Paris.

– Validation d’Acquis à l’Expérience L2 de Droit à l’Université de Rouen Normandie.

*avr-oct.2018 : stagiaire au sein du Cabinet de M. Lecornu, auprès du chef de cabinet, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, M. Hulot.

*2017-2019 : Master en Économie, spécialité Politiques Publiques et Développement à l’École d’Économie de Paris (Master cohabilité par l’ENS Ulm et l’EHESS).

*2018-2019 : chargé de conférence de méthode en Économie Master 2 à Sciences Po Paris.

*2019-2020 : chargé d’études au Conseil d’Analyse Économique, auprès de Philippe Martin.

*juin 2020-juin 2022 : 5ème Adjoint au Maire de Fécamp (Seine-Maritime).

-conseiller communautaire au sein de l’Agglo Fécamp Caux Littoral.

*oct.2020-sept.2021 : conseiller chargé des relations avec les territoires et des affaires réservées auprès de M. Lemoyne, secrétaire d’État chargé du tourisme, des Français de l’étranger et de la francophonie.

*sept.2021-déc.2012 : chef adjoint de Cabinet, conseiller chargé des relations avec les territoires de M. Lemoyne, secrétaire d’État chargé du tourisme, des Français de l’étranger et de la francophonie.

*déc.2021-juin 2022 : conseiller chargé des relations avec les territoires de M. Lemoyne, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du tourisme, des Français de l’étranger et de la francophonie, et auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des petites et moyennes entreprises.

Juin 2022 : Directeur de campagne pour les législatives sur la 9e circonscription de la Seine-Maritime.

*sept.-déc.2022 : Cycle de perfectionnement des collaborateurs parlementaires [INSP].

*depuis juin 2022 : -collaborateur parlementaire de Mme Poussier-Winsback, députée de la 9ème circonscription de Seine-Maritime, Vice-présidente du Groupe Horizons.

-3ème Adjoint au Maire de Fécamp (Seine-Maritime).

-conseiller communautaire délégué en charge de la transition écologique au sein de l’Agglo Fécamp Caux Littoral.

 

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À quoi rêvait le petit Florentin lorsqu’il était enfant ?

« Je voulais être champion sportif. Ce que je ne suis pas devenu. J’ai toujours été passionné par le sport.

« Je suis tombé dans un sport, en particulier, qui s’appelle l’escrime lorsque j’avais 5 ans. Je suis toujours inscrit dans le même club d’escrime des Loges, qui est un petit club rural mais avec une grande histoire du fleuret Dame et du fleuret Homme. Je pratique ce sport depuis mes 5 ans, notamment en compétition. C’est surtout un sport de duel qui permet plein de choses dans la vie de manière générale. Tous les sports de duel permettent d’apprendre beaucoup sur soi, à maîtriser son corps, ses émotions etc… Je ne peux que le recommander à qui le souhaites. C’est une passion. Cela permet aussi de relâcher la pression du quotidien. »

« La particularité dans mon club c’est que tous les milieux sociaux s’y croisent. Le prix de la Licence y est peu élevé. On prête la tenue parce que les gens ne peuvent pas se le permettre par les temps qui court, et ceux depuis des années, de participer à ce sport qui peut être cher dans les Villes. On est face aux différences également parce que l’on est face à des pratiques aussi avec des personnes avec des handicaps. Ils peuvent ainsi apprendre par le duel à maîtriser les émotions, le corps etc… Cela a beaucoup de vertus.

« Je continue toujours la pratique de ce sport. J’ai participé aux Championnats de France M3 par équipe cette année. Je suis classé au niveau national. Je ne suis pas très bien classé car je n’ai pas fait beaucoup de compétions. Je m’applique à toujours participer à des championnats classants. Je suis classé 2ème régionale au Fleuret Homme Sénior cette année. »

M. Florentin Cognie aux championnats de France de fleuret par équipe – ©droits réservés

Comment est née votre rencontre avec la politique ?

« Je pense que c’est venu assez petit.

« Mon arrière-grand-père maternel était maire d’une petite Commune dans les Hautes-Alpes et conseiller général dans le Champsaur. Il a réussi à faire passer des politiques publiques dans ce territoire rural montagnard. Une époque où les politiques publiques étaient très structurelles afin de faire arriver les routes, l’eau et l’électricité dans ses vallées. Il s’est battu toute sa vie pour faire venir le train dans le Champsaur. Il y a toujours une gare, qui est un édifice familial, mais le train n’y est jamais arrivé.

« Cela vient donc peut-être de là. Mais aussi de grands-parents qui étaient également conseiller municipaux dans leurs communes respectives. Je pense tout de même que cette figure de l’arrière-grand-père qui peut-être m’a donné envie. Qui plus est qui s’appelait Florentin. Après, je savais que j’ai toujours aimé échanger avec les gens, améliorer et faire changer le quotidien des gens. Je pense que c’est quelque chose d’assez fort. J’ai été bercé à cela.

« Les Guignols de l’Info chez mes grands-parents paternels, c’est quelque chose qui marque. Ils étaient fans de cela. Je me rends compte que j’ai été baigné dans cette culture-là. Sachant que mes parents ne sont absolument pas dans les milieux politiques. Je suis le premier à faire cela de manière quotidienne.

« Je ne saurais dire mais je pense que c’est une succession d’évènements où j’ai été pris dedans et j’ai adoré. Sur le plan technique d’abord dans les ministères puis maintenant à l’Assemblée, où j’ai appris un métier absolument passionnant, avec la possibilité de faire changer les choses.

« Puis, la compétition politique c’est quelque chose que j’apprécie beaucoup. J’y retrouve quelque chose qui revient au duel à l’escrime. C’est-à-dire que vous pouvez vous en prendre souvent qu’à vous si vous ne réussissez pas une campagne électorale. Il faut toujours rester digne dans le combat, sinon de toutes les façons vous serez sanctionné parce que si vous jouez hors des règles de jeux, vous avez carton !

« Il y a des personnalités de droite et de gauche qui m’ont marqué. Les grands discours politiques m’ont toujours fait vibrer. Notamment celui de : « Ne vous dites pas que la politique ce n’est pas pour vous ! » Ce n’est pas parce que vous venez de tel milieu, que vous avez tel parcours, telle expérience, que vous ne pouvez pas faire de politique. La politique c’est pour tout le monde ! C’est un discours qui me touche très fortement, notamment à Fécamp. »

Que retenez-vous de vos années d’étudiant en Mathématiques et en Droit ?

« C’était des années extraordinaires. J’ai grandi dans un petit village près de Fécamp. Je voulais voir ce que c’était la grande Ville. Je suis allé étudier directement à Paris. J’ai eu la chance de pouvoir entrer à SciencesPo et en même temps je faisais une Licence de Mathématiques. J’étais intéressé par la transmission, sous toutes ces formes.

« En entrant à SciencesPo, j’avais dit que je voulais être professeur de Mathématiques. Ce qui, quelque part, est un petit peu bizarre. Lorsque l’on entre dans des études côtés, l’on pense tout de suite Concours, Haut Fonctionnaire etc… Pour ma part, l’intérêt c’était de pouvoir transmettre et le plus rapidement possible.

« Ce que j’en retiens c’est d’abord, comme beaucoup d’étudiants ruraux qui arrivent dans le Grand Bain des Amphis parisiens, c’est le sentiment de ne pas être légitime. Celui-ci, pour ma part, c’est très vite dissipé en faisant, je pense, progressivement mes preuves et en travaillant d’arrache-pied pour être crédible dans mon travail et dans mes fonctions. »

Quelle expérience retenez-vous de votre parcours à SciencesPo Paris ?

« J’en retiens une expérience contrastée où j’ai appris dans plein de domaines. Cela m’a ouvert sur des disciplines que je ne connaissais pas et m’a permis de m’ouvrir vers l’extérieur pour beaucoup de choses, comme la culture que je n’avais pas. Je le dois beaucoup à certains de mes professeurs là-bas. Certains qui m’ont pris sous leurs ailes, notamment en Allemand, parce que je n’étais pas totalement à niveau. »

Comment s’est passé votre expérience étudiante à l’École d’Économie de Paris ?

« Je pars en 3ème année à l’étranger, à Warwick. Je fais de l’Économie, des Mathématiques, à haute dose j’ai envie de dire. À SciencesPo, cela reste généraliste. Ce qui m’a permis d’entrer à l’École d’Économie de Paris dans un Master de Recherche de l’ENS Ulm et l’EHESS, en Économie.

« J’étais passionné par l’Économie du développement c’est-à-dire qu’est-ce qui fait que certains endroits sont appauvris et restent englués dans la pauvreté et avec des problèmes de développement. Cela s’applique au territoire national mais cela s’applique aussi à l’Étranger.

« J’ai eu la chance d’avoir de grands professeurs. J’ai eu des cours avec des personnes qui sont devenu Prix Nobel, comme Esther Duflo. D’autres professeurs aussi d’un très haut niveau qui donnaient des cours très précis pour devenir ensuite chercheur en Économie.

« J’en retiens une très grande exigence française en matière d’Économie. Si je n’allais pas là-bas, j’allais au Master de Recherche de Polytechnique et de l’ENSEAE. La seule différence était que je souhaitais rester à Paris pour me permettre de pouvoir faire les allers-retours plus rapidement pour rentrer chez moi à Fécamp. J’avais ce dilemme qui s’est soldé par un choix géographique.

« J’avais débuté mon travail de mémoire avec Thomas Piketty, connu pour son travail sur les inégalités et les clivages politiques. Je ne suis pas allé au bout.

« J’ai terminé mon mémoire sous la présidence de Jean-François Laslier, spécialiste des questions de votes. J’avais toujours cette question de politique et de vote.

« J’ai étudié les évolutions historiques des méthodes de votes aux États-Unis. Il y a plusieurs manières de voter. Je montre que ces méthodes de votes différentes correspondent à des moments dans la société comme par exemple au moment du Mouvement pour les Droits Civiques, où les droits se resserrent et l’on n’a moins de méthodes de votes qui demandent cette soif d’égalité. Voilà ce que j’avais fait auprès de ce grand professeur qu’est Jean-François Laslier. Il faut aller voir ses travaux. C’est très intéressant. Il a été couronné il y a 2 ans de la médaille d’argent du CNRS pour toute son œuvre.

« Entre les deux, j’étais déjà piqué par les questions politiques et le fait d’avoir une action concrète sur les choses. C’est comme cela que j’ai trouvé une adresse mail d’un certain Sébastien Lecornu. »

Comment avez-vous vécu votre stage au Cabinet de M. Lecornu ?

« Je n’ai absolument aucun contact politique à cette époque-là, ou quasiment pas. Je n’ai pas d’engagement concret réel. Je ne voulais pas faire de stage de recherche. Je comprends très bien en quoi cela consiste. Je le ferai en M2 mais entre les 2 je veux voir ce que c’est qu’un ministère et en tous les cas être auprès d’un politique qui m’intéresse et travailler pour quelqu’un que vous trouvez bon et assez exceptionnel, c’est tout de même quelque chose qui vous motive.

« En l’occurrence j’ai envoyé un mail à Sébastien Lecornu. Son chef de Cabinet m’a répondu et m’a donné une opportunité de me présenter pour un entretien d’embauche de stage. C’est comme cela que j’ai obtenu mon stage chez Sébastien Lecornu qui à l’époque auprès de Nicolas Hulot où il gérait tout un tas de sujet énergétique, qui étaient des questions d’intérêt national comme l’enfouissement des déchets radioactifs, des centrales électriques au charbon, qui sont des sujets extrêmement brulants et intéressants. Cela remonte déjà. On a l’impression que c’est une autre période, une autre histoire de vie.

« C’est mon premier pied dans la politique réelle et dans ce que j’appellerai l’exercice de la politique de détail. Il y a parler de la politique et il y a faire de la politique. Retail Politics comme disent les Anglo-Saxons, c’est-à-dire le détail individuel que l’on voit auprès des chefs de Cabinets, les conseillers aux affaires réservés, qui en fait est l’essence même de l’activité politique. C’est de répondre à tout le monde, le sens du détail, et pas que la science politique que l’on apprend dans les Universités. Voilà un peu le corpus.

« Ce qui était absolument extraordinaire, au-delà de cela, c’est que le jour de mon anniversaire, le 28 août, c’était la démission de Nicolas Hulot le matin même. C’était incroyable. Était mêlé à des messages d’anniversaire, des messages pour savoir ce qu’il se passe. Évidemment, lorsque vous êtes stagiaire d’un secrétaire d’État, vous n’êtes pas au cœur du sujet mais vous êtes quand même au déjeuner le midi avec les conseillers qui de facto ne le sont plus.

« C’était une période intéressante de voir cela notamment lorsque le pouvoir s’arrête et le téléphone ne sonne plus vraiment. Les périodes de démission et/ou de remaniement que j’ai pu vivre à certains moments sont très particulières, où tout s’arrête. C’est assez dingue à vivre.

« Il y a un auteur qui l’explique assez bien. C’est Quentin Lafay dans La place forte. Le narrateur est au Ministère de l’Économie. Sans doute, Quentin Lafay l’a-t-il lui-même vécu. Il l’explique très bien : le moment du remaniement. Le moment où tout s’arrête. Ce moment où il reste un sentiment de vide, du papier qui a été maché par les broyeuses et ainsi de suite. C’est très bien écrit et décrit par Quentin Lafay. »

Quel regard portez-vous sur la campagne municipale à Fécamp en 2020 ?

« Étant né à Fécamp et y ayant commencé mes premières expériences en politique, j’ai commencé par être habité par l’intérêt de m’engager pour ma Ville. Je voyais des choses que j’avais envie de faire. Je participais à des réunions publiques où je prenais la parole. J’avais des idées que je pensais bonnes pour ma Ville. Je me suis présenté auprès d’une Adjointe que j’avais rencontré. Je pense que j’ai été repéré à ce moment-là dans le dispositif. Je me suis engagé pendant la campagne en souhaitant faire une campagne à fond la caisse. Je ne pensais absolument pas devenir conseiller municipal, ni même Adjoint. Par contre ce qui a eu lieu, c’est qu’en m’engageant à 200% dans cette campagne j’ai fait beaucoup de réseaux sociaux, de suivi électoral et de terrain. On ne gagne pas une campagne municipale, dans une Ville comme celle-là avec des enjeux forts, sans faire du terrain.

« Avec 18’5000 habitants vous êtes obligé d’aller frapper à toutes les portes. Chez nous, il n’y a que le terrain qui prime. Il faut aller voir les gens. Il faut être présent la semaine, le weekend. Il faut faire du porte-à-porte. En ce moment, on est habité par les questions de démocratie participative, délibérative etc… La première des choses à faire, que l’on oublie parfois, c’est le porte-à-porte. C’est la base de tout. On se prend des murs. On se prend des portes qui claquent. On se prend aussi des rencontres magnifiques avec des habitants qui portent des idées qui ont été reprises ensuite dans le programme et que l’on a ensuite portées.

« La première porte que l’on ouvre c’était pour la réhabilitation du Parc de la Rivière. Ceux à quoi l’on s’était engagé et que l’on a mis en œuvre ensuite. Pas tout de suite. Il faut aussi expliquer qu’il faut du temps. Il y a un laps de temps mais cela a été une réussite. Lorsque la première porte que vous toquez c’est pour une demande pour le Parc de la Rivière où il y a un habitat social avec des loyers modérés. On a refait la zone avec une aire de jeux, un espace vert, un terrain de boules, le tout végétalisé en bordure d’une vélo-route. C’est top ! Vous savez qu’ainsi l’action que vous avez a peut-être un sens. C’est tout le paradoxe en règle générale.

« J’ai fait un passage au Conseil d’Analyse Économique auprès de Philippe Martin, maintenant directeur de l’École d’Affaire Publique de SciencesPo. Vous y faites des notes. C’est lu par des gens à haut niveaux mais aussi par des gens qui préparent des Concours. L’impact réel de votre note, c’est assez difficile de le mesurer concrètement. Pareil, lorsque vous faites un papier d’Économie.

« Il y a un équilibre à trouver entre la construction de la politique publique et l’idée de la politique publique ou de l’explication de ce que l’on appelle l’explication de l’évaluation des politiques publiques et le résultat concret qui fait du bien au moral lorsque vous arrivez à faire avancer les choses.

« En ce qui concerne ma délégation comme 5ème Adjoint, j’étais assez étonné de cette proposition-là. Je ne m’y attendais pas. Au début, c’était les questions de transitions écologiques, transitions énergétiques. C’était un sujet où j’ai été sensibilisé après mon passage au Ministère de la Transition écologique, avec un intérêt personnel suite à la démission de Nicolas Hulot et les jeunes qui s’engagent très fort pour le Climat. C’était cette période-là. Certains s’engageaient dans des Marches pour le Climat. Je me suis engagé pour ma Commune, en essayant de sensibiliser sur ses questions-là avec les moyens et les finances que nous avons. Voilà effectivement pourquoi je me suis engagé.

« C’est effectivement une campagne qui était particulière du fait de la COVID. Pour une première campagne où je gérais les réseaux sociaux et le suivi électoral c’était assez étonnant. Une grande place aux réseaux sociaux mais l’on savait qu’ils n’étaient pas spécialement vus ou utilisés. Quel impact cela pouvait avoir un visuel sur la campagne ? On a diffusé pas mal d’évènement en direct. On a essayé d’innover sur les questions de communication pour pouvoir toucher un maximum de personne. »

M. Florentin Cognie et Mme Marie-Agnès Poussier-Winsback – ©Aziliz LEBOUCHER

Comment s’est passé votre expérience municipale de 5ème Adjoint et de conseiller communautaire ?

« Il faut dire que l’aventure évolue avec mon mandat actuel de 3ème Adjoint et de conseiller communautaire délégué. C’est une expérience absolument formidable. Être élu dans la Ville où vous êtes né et vous avez grandi, c’est une chance inouïe parce que vous vous engagez pour des gens, par rapport à une histoire personnelle, par rapport à des personnes que vous avez croisées et que vous connaissez toujours. C’est quelque chose d’extrêmement fort. Il y a quelque chose qui se crée. Il faut arriver à continuer de créer le lien avec les habitants c’est hyper fort. Surtout lorsque vous une personne qui est née ici.

« Après le sujet, qui est aussi la chance du portrait que vous proposez, c’est la capacité que l’on a à raconter l’histoire, à prendre les décisions, mais surtout la capacité à conceptualiser ce que l’on a envie de faire pour arriver jusqu’à la politique publique précise.

« Souvent, lorsque l’on est interrogé, on nous demande juste la présentation en dix secondes de la politique publique mise en place mais pas le cadre général. C’est un peu cela l’enjeu que l’on a. C’est expliquer et raconter l’histoire de ce que l’on veut faire. Pourquoi on l’a fait. On s’y était engagé en 2020, par exemple. Souvent c’est cela. Souvent c’est d’ailleurs coupé dans l’interview. Pour ensuite arriver à la politique publique que l’on porte.

« Expliquer aussi, et je pense que c’est très important, que chaque politique publique a ses limites. Expliquer que parfois aussi l’on doute. Rajouter un peu de sensible dans les politiques publiques, dans la politique en générale, c’est quelque chose qui, à mon sens, est capitale. Ma manière à moi de faire de la politique c’est d’expliquer le plus possible. Rajouter du sensible pour créer un lien avec les habitants.

« En ce qui concerne mon rôle de conseiller communautaire, c’est moins de responsabilités puisque je ne suis pas Vice-président ou dans l’organigramme communautaire. Mais, c’est extrêmement intéressant de comprendre les rouages communautaires. C’est extrêmement important de porter des idées au sein de la Communauté de Communes.

« Pour une raison qui est simple : Fécamp et son Territoire, c’est un des premiers parcs éoliens offshores de France. 72 éoliennes. Une manne financière, ce qui implique d’avoir une stratégie sur le sujet. On a mis en place un plan climat-énergie-territoire. On est en train de décliner des actions à la Ville et à lAgglomération sur ces sujets.

« L’évolution avec la loi NOTRe, et avec d’autres dispositifs, font que beaucoup de compétences vont vers les Conseils Communautaires. Cela reste tout de même un échelon qui est assez mal connu de la part de l’ensemble des habitants et où la consultation et la concertation sont assez faible. Un des enjeux était pour moi de m’engager dans cette strate-là. Mais aussi de la faire connaître aussi, ce qui est très important, pour pouvoir porter des idées nouvelles. Lorsque l’on regarde les compétences, c’est une strate extrêmement importante et méconnue.

« Il y a d’autres strates qui sont très méconnues et là je reprends un peu ma casquette de conseiller territoire mais regardez les niveaux intermédiaires du Département par exemple. On peut citer les CRTE. Honnêtement, personne ne connait les regroupements pour faire des CRTE. Pourtant c’est un enjeu de stratégie territorial et d’investissement qui est extrêmement important pour l’avenir des territoires. »

M. Florentin Cognie – ©Ville de Fécamp

Vous avez évolué au sein du Cabinet de M. Lemoyne comme conseiller chargé des relations avec les territoires. Comment s’est produit cette expérience ?

« Ce qui s’est passé c’est que j’étais au Conseil d’Analyse Économique. J’y faisais des notes qui correspondaient à mes études d’Économie, pour ensuite faire un doctorat par exemple.

« Pour contextualiser, à la sortie de l’École d’Économie de Paris, à ma grande surprise, j’ai eu une excellente note à mon mémoire fait avec M. Laslier, qui s’est retrouvé dans les meilleurs mémoire PSE, sans le savoir. Je l’ai découvert qu’après parce que mon filleul m’a fait savoir qu’il l’avait lu grâce à cela. J’aurai pu faire une thèse. Rien n’est impossible encore. Si l’on m’avait dit que je pouvais le faire, je l’aurais faite.

« En sortant de là, j’avais 3 offres, dont 2 qui se regroupaient. C’était de faire assistant de recherche, chargé d’études. Un à l’INSEAD, auprès d’Alexandra Roulet, qui est devenue conseillère macro-économie du président de la République. J’avais ce poste, extrêmement intéressant, auprès de Philippe Martin au CAE, pour faire des notes auprès de plein de chercheurs en Économie, qui font plein de notes et qui ensuite les relaient. J’avais cette 3ème offre, dont encore aujourd’hui je me demande ce qui se serait passé… Celle de devenir assistant de recherche en Afrique pour faire de l’Économie de développement et étudier les questions de gouvernance pour 2 chercheurs au Congo. Une autre ambiance mais c’est la suite logique de mon Master Politique Publique et Développement. J’ai toujours été intéressé par les questions africaines. J’avais cette offre-là mais je n’y suis pas allé. J’ai choisi le confort en restant au CAE. Parfois, je me demande encore que serait-il passé si j’avais choisi le Congo ?! Le CAE m’a permis de revenir vers chez moi pour faire des politiques locales avec l’envie concrète d’aider et d’accompagner. Je m’engage dans la vie municipale à travers la campagne électorale.

« Dans le même temps je prends connaissance par une ancienne connaissance de SciencesPo d’une offre de poste de chargé de mission auprès du chef de Cabinet et du directeur adjoint de M. Lemoyne. Ce qui s’est passé c’est que j’ai travaillé très fort et j’ai fait mes preuves pendant la campagne municipale. Il y a eu la campagne sénatoriale de Jean-Baptiste Lemoyne. Il y a eu une sorte de souffle et en faisant mes preuves, petit à petit, et j’ai eu à peine 23 ou 24 ans lorsque j’ai eu ma nomination comme conseiller territoire et affaires réservées.

« J’ai découvert ce que c’était le lien avec les collectivités territoriales, avec les associations d’élus, tout un tas de sujets en lien avec la coopération décentralisée et les liens diplomatiques parce que l’on était au Ministère des Affaires étrangères. Même si je ne suis pas allé au Congo, j’ai retrouvé un lien avec l’International, les questions africaines et d’autres pays où j’ai eu la chance de pouvoir y faire des voyages diplomatiques. La boucle est bouclée. Lorsque vous avez une passion et un intérêt souvent on a la chance de revenir dessus. J’ai eu ainsi la chance d’aller à Djibouti, en Guinée et au Tchad. C’est une expérience magnifique dans ce cadre de conseiller pour justement gérer les questions diplomatiques et de politiques intérieures avec le ministre. Ces dernières que l’on gère avec le lien avec les Préfectures. Les politiques publiques que l’on mène.

« Ce qui était particulièrement fou c’est qu’en fait lorsque je suis arrivé au Ministère, M. Lemoyne était notamment en charge des questions des Français de l’Étranger. C’était en plein confinement COVID, et donc, fermeture des frontières. Ce qui signifie rapatriement. Ce qui signifie au niveau du Cabinet de la gestion de cas très problématiques pour faire revenir des Français qui étaient parfois bloqués. Ce qui était une partie des questions liées aux affaires réservés. Ensuite, on a eu les questions de vaccins.

« Plein de choses se sont accumulées. Il y a eu le cas de l’Afghanistan. Il y a eu l’Ukraine. Cela a été des années de gestion de crises à proprement parler. J’ai énormément appris sur la gestion des crises, sur la gestion des risques et sur la question du détail de la politique publique. C’était un moment extraordinaire, à très haut niveau. Lorsque vous avez 24 ans et que vous vous retrouvez à dialoguer avec des Ambassadeurs ou des représentants de Gouvernements d’autres pays, cela est assez fou. C’est parfois assez vertigineux. Il faut garder la tête haute mais surtout la tête froide. »

MM. Florentin Cognie et Jean-Baptiste Lemoyne – ©droits réservés Marion Blois

Quel regard portez-vous sur votre expérience en tant que chef adjoint du Cabinet de M. Lemoyne ?

« C’était des expériences qui étaient différentes. C’était la reprise d’un portefeuille.

« La chefferie de Cabinet c’est quelque chose que j’affectionne particulièrement. Ce que je continue aujourd’hui auprès de Marie-Agnès Poussier-Winsback. C’est d’organiser le temps, l’agenda de la personnalité, de la personne, pour que tout se passe bien sans que la personne ne se rende compte que cela se passe bien. Le problème de la chefferie c’est que lorsque tout se passe bien, souvent vous n’êtes pas remercié. En revanche, lorsque cela se passe mal, vous êtes le premier responsable.

« C’est toute la difficulté de la chefferie, qui est un rôle que j’ai découvert et que j’affectionne particulièrement. Je pense que c’est l’amour du détail dans cette partie de la Retail Politics qui en fait amène à la chefferie de manière générale.

« C’était exceptionnel et j’ai pu travailler avec des grands professionnels expérimentés autour Jean-Baptiste Lemoyne et des différents conseillers qui étaient autour de son Cabinet avec la cheffe de Cabinet, Nathalie Fortis, le directeur de Cabinet, les élus locaux… Toutes ces personnalités avec une expérience politique forte et qui m’ont énormément appris en format accéléré. C’était quelque part une sorte de graduate program, on ne va pas se mentir, pour apprendre la politique et continuer ce que j’avais commencé de voir chez Sébastien Lecornu. On a fait des grands déplacements avec le président de la République, avec le Premier ministre.

« J’ai eu à gérer 2 évènements dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. Un à Pau notamment et un autre à Dijon, sur les thématiques du ministre. C’est-à-dire une conférence interministérielle de haut niveau où vous avez des ministres et des Ambassadeurs qui viennent. C’était particulièrement intéressant, de faire en sorte que tout fonctionne. J’ai organisé également avec la directrice adjointe de Cabinet un sommet avec des chefs d’entreprises qui s’appelait Destination France. C’est des moments à la fois de tensions mais extraordinaires, pour que tout fonctionne. »

Quel regard portez-vous sur la campagne législative de 2022 et votre rôle de directeur de campagne de Mme Poussier-Winsback ?

« Déjà, c’était particulier parce que c’était la première fois que j’étais directeur de campagne. Je sors du Ministère. Jean-Baptiste Lemoyne n’est pas reconduit dans ses fonctions, comme chacun sait. Je rentre chez moi. Je pouvais continuer dans les Ministères. Il y avait cette opportunité-là. Ma passion pour le politique, pour le duel, je ne saurais dire, fait qu’il y a cet enjeu-là qui se dessine. La maire de Fécamp, qui m’a donné ma chance, qui ensuite se déclare candidate et qui me propose de devenir son directeur de campagne. Ce que j’accepte par fidélité parce que je pense que la fidélité c’est tout de même le b.a.-ba en politique.

« C’est une grosse campagne. On a boîté énormément de documents. On savait que cela allait être une campagne extrêmement difficile. C’était une élue identifiée et connue sur le territoire de la circonscription mais avec un retour de terrain où l’on ne sentait pas trop les choses. La marque de fabrique, que j’ai pu apprendre auprès de mes maîtres, comme pendant la sénatoriale de Jean-Baptiste Lemoyne, pendant la présidentielle ou auprès de Sébastien Lecornu ou de Marie-Agnès Poussier-Winsback, c’est que ce n’est jamais gagné d’avance ! À partir du moment où vous pensez que c’est gagné, vous êtes potentiellement mort politiquement.

« On n’a pas du tout vu la campagne sous cet angle. On a labouré le terrain dans toutes les Villes de la circonscription, tous les Bourgs, avec plus d’une dizaine de réunions publiques. On est repassé dans des Communes pour refaire des réunions publiques dont une avec Édouard Philippe et entre 200 et 300 personnes, ce qui est assez rare pour être mentionné. En n’oubliant aucun des chefs-lieux de cantons, aucun territoire.

« Ensuite, on a fait notre marque de fabrique, c’est-à-dire énormément de porte-à-porte. De mémoire, on a mis dans les boites aux lettres plus de 120’000 documents. Ce qui pour une campagne législative est important. On avait des choses à dire aux habitants. On avait des engagements à prendre. On a mis le paquet sur le terrain, le porte-à-porte et le boîtage.

« C’est une campagne difficile parce que l’on fait 50-50 avec le RN. Jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière minute, on n’était pas sûr de gagner. Marie-Agnès Poussier-Winsback n’y croyait pas forcément même si elle restait dans cette politique d’être l’outsider, même si elle reste la candidate la plus identifiée.

« C’est peut-être d’ailleurs quelque chose qui m’a fait basculer dans la politique à Fécamp. Lorsque vous êtes dans la salle de l’Union. On a gagné la campagne municipale de 2020 à très peu de chose. Les 2 derniers bureaux se retournent et l’on gagne. Il y a un peu ce sentiment océanique lorsque vous gagnez une élection à rien. Cela peut aller dans un sens comme dans l’autre. Cette sensation d’adrénaline que je retrouvais à l’escrime dans des duels et dans certains combats en compétition au niveau régional ou national. Sentiment que j’ai retrouvé sur la législative, où vous n’êtes absolument pas sûr de la fin et vous le sentez dans tout votre corps. C’est absolument extraordinaire. Je pense que c’est cela d’être piqué, d’avoir le virus ! Vous sentez cela dans votre chair et c’est pour cela que l’on le fait, quelque part. pour l’instant cela gagne. On sait qu’un jour ce ne sera pas toujours le cas. On se sent investit d’une mission auprès des habitants. »

Comment percevez-vous votre poste de collaborateur parlementaire ?

« Écoutez, c’est une expérience incroyable d’être le collaborateur d’une élue pour lequel vous travaillez, sur le territoire que vous aimez, dans votre Ville. La permanence parlementaire principale est à Fécamp. Vous jouez à domicile. C’est une chance. Il y a un supplément d’âme que vous ajoutez puisque vous êtes chez vous et que vous vous engagez pour les habitants de votre circonscription et de votre Territoire. Je pense que c’est important.

« Il y a un autre point qui est important c’est que ma députée est Vice-présidente du Groupe Horizons à l’Assemblée nationale. À titre personnel Je suis délégué municipal du comité local Horizons de Fécamp. Je me retrouve, en termes de politique, je me retrouve dans cette proposition politique-là. Le fait que Marie-Agnès Poussier-Winsback soit reconnue par ses pairs pour la Vice-présidence du groupe donne un rôle institutionnel et politique assez intéressant dans le travail du quotidien. »

Quelle approche avez-vous vis-à-vis de votre mandat de 3ème Adjoint au Maire de Fécamp et conseiller communautaire délégué au sein de l’Agglo Fécamp Caux Littoral ?

« J’ai commencé sur les questions de transitions et de développement durable. J’avais encore des fourmis dans les jambes et du jus. Quelque part, ces questions-là irriguaient d’autres sujets.

« Je pense aux questions du cadre de vie, les questions de tranquillité publique, les questions de communications. Ainsi, face à la hauteur de la gravité et des enjeux que l’on avait, on proposait d’avoir d’autres délégations pour faire le lien entre les choses. On a proposé des choses nouvelles notamment un plan pour limiter la vitesse dans la Ville. Progressivement on va aller sur les questions de pollution sonore, lumineuse etc… C’est une des choses que l’on porte dans notre Collectivité, de transformation des espaces publiques de la Ville, avec des parcs, de la végétalisation etc…

« Ensuite, sur les questions du numérique, que personne ne soit laissé pour compte. On avance sur ces questions-là avec un nouveau site Internet, par exemple.

« Sur les questions de transitions énergétiques, être élu en charge de cela sur un Territoire où vous avez un parc éolien offshore, donc des enjeux en terme financier et en termes de transformation de la Ville. C’est quelque chose de fantastique. La Ville est en ébullition. Elle se transforme. C’est la première année depuis une décennie que l’on ne perd pas d’habitant. Ceci du fait de l’attractivité renouvelée de la Ville. On sent que notre Ville se transforme et l’on se doit d’être à la hauteur pour accompagner les habitants dans cette transformation de la Ville, pour que tout le monde puisse s’y sentir bien. Je veux dire aussi de limiter les fractures entre les quartiers, entre les habitants, entre les milieux sociaux, entre les groupes, entre les idées… C’est notre rôle d’apaiser. »

M. Florentin Cognie en interview – © M. Tom Hermay

Vous vous imaginez où dans 10 ans ? La politique, un métier ?

« Bonne question ! C’est difficile à dire.

« Lorsque j’étais petit je voulais être champion d’escrime, ce qui n’est pas arrivé, c’est pourquoi je me suis engagé dans la transmission de ces choses-là. Dans 10 ans, j’aurai 37 ans. Je n’ai aucune idée de ce que je ferais. Parfois, l’on dit que l’engagement pour sa Ville, c’est l’engagement d’une vie. Je ne sais pas. On verra. Peut-être. Je l’espère.

« Je pense que c’est bien d’avoir un engagement pour sa Ville tant que vous êtes capable d’y apporter des choses nouvelles. C’est-à-dire qu’il y a un moment où dans l’exercice de l’action publique, dans l’exercice des fonctions comme ministérielles, à l’Assemblée, ou municipale, on s’habitue aux choses. On vous explique que cela n’est pas possible. Vous pensez que cela n’est pas possible. Ce qui amène à un moment où vous vous réprimez. Vous arrêtez de porter des idées nouvelles. Toute idée nouvelle crée des désagréments. Toute idée nouvelle crée des crispations et souvent des gens qui ne sont pas d’accord, même si vous faites de la concertation.

« Le jour où je n’aurai plus cette envie-là, pour avancer, proposer des idées nouvelles pour faire avancer ma Ville, je pense que je passerai la main. Je pense que c’est quelque chose d’assez sain et que parfois on l’oublie.

« Sur le plan professionnel, je n’ai aucune idée où je serai mais ce qui est sûr c’est de continuer d’apporter des choses dans le domaine public. Dans le privé, peut-être, qui est un domaine que je ne connais pas, qui est à découvrir et dans des domaines différents.

« L’expérience ministérielle était quelque chose d’infiniment intéressante. L’Économie m’a formé aux cathédrales intellectuelles et à la pensée globale, la macroéconomie et la microéconomie. L’Assemblée m’a fait comprendre ce que c’était qu’une loi. Il y a encore plein de choses à découvrir.

« Peut-être revenir à de l’Économie avec un autre regard. Je ne sais pas encore. Honnêtement, tout est ouvert. C’est une grande chance ! Je vous ai fait une réponse de Normand, là, je crois ! [Rires] »

Quel rapport avez-vous avec les réseaux sociaux ?

« Merci pour la question.

« Je pense que lorsque vous êtes élu très jeune et que vous arrivez dans des fonctions très jeune, qu’elles soient ministérielles, qu’elles soient municipales, d’abord il faut apprendre à ne pas prendre la grosse tête. Ce qui je pense est le cas. Être égal avec tout le monde, répondre à tout le monde et ainsi de suite. Mais c’est surtout apprendre à être critiqué sans que les gens vous connaisse. Cela, pour moi, c’est quelque chose auquel je n’étais pas préparé. J’ai toujours aimé plaire à tout le monde et ainsi de suite. En fait, lorsque vous prenez ces fonctions-là, vous ne pouvez pas plaire à tout le monde. C’est la base du sujet.

« Typiquement, je me souviens, il y avait eu un article qui était paru sur une collègue et moi, dans le cadre de la campagne municipale de 2020. On nous citait et l’on faisait un lien vers mon compte personnel LinkedIn. Tout ceci en montrant mon parcours et tout le reste. Ce qui a contribué à me construire une notoriété dans les cercles d’oppositions à Fécamp. Je me souviens d’avoir été à la Boulangerie durant la campagne. En fait, les personnes parlaient sur moi, à la sortie de la Boulangerie. On aurait dit que j’avais travaillé main dans la main avec le président de la République et les Grands de ce Monde. Alors que vous avez vu ce n’est absolument pas le cas. J’étais une pièce dans les rouages des Ministères.

« C’est très bizarre de voir des gens parler sur vous, sans vous connaître, alors que vous êtes là, à côté. C’est assez extraordinaire. Honnêtement. Il faut l’apprendre et l’appréhender quand sur les réseaux sociaux on parle de vous. Lorsque quelque chose est mal compris. Lorsqu’un bout de phrase est mal repris. Cela est quelque chose qu’il faut apprendre à appréhender. C’est pour cela qu’il faut que l’on explique le mieux possible à la fois sur les réseaux sociaux, à la fois dès qu’on le peut pour arriver à faire cet exercice explicatif.

« De l’autre, c’est de ne pas céder je dirais à la politique de la photo, du vocal en règle générale pour continuer d’expliquer les politiques publiques et de ne pas faire que de la politique publique Instagram. C’est très bien de le faire sur TikTok, Instagram, ou par message. Je le fais. Expliquer pourquoi l’on fait les choses.

« Typiquement, à Fécamp, on a rénové un endroit auquel je tenais et où j’ai passé énormément de temps, le Petit Parc, que beaucoup de Fécampois connaissent. L’objectif c’était de faire un poumon vert, après la rénovation d’un grand parc, qu’est le Parc Botanica, au cœur du Quartier du Ramponneau. On y a fait un grand parc. Maintenant, on fait un petit parc en Centre-Ville. On explique les choses. Ce qui est toute la difficulté.

« Il faut arriver à avoir un bon usage des réseaux sociaux, prendre du recul sur les choses, sinon cela peut vous ronger, et prendre du temps pour soi et ses proches. C’est-à-dire construire quelque chose de privé et de ne pas s’enfermer dans l’image des réseaux sociaux. C’est, je pense, extrêmement important. C’est ce que je me souhaite pour cette 27ème année d’anniversaire qui commence aujourd’hui. »

 

***

Merci à M. Cognie pour sa bienveillance et sa participation à ce portrait.

Publié par RomainBGB

Franco-sicilien né en Helvetie. Co-auteur de l'ouvrage "Dans l'ombre des Présidents" paru en mars 2016 aux éditions Fayard.

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