La plume américaine.
Chers Lecteurs,
Une fois de plus reprenons le chemin des portraits pour découvrir un nouveau parcours. Je vous emmène à la découverte d’une personnalité qui a su diversifier son parcours à l’aide de sa plume.
Bordeaux. Après des études au sein d’une école de Commerce bordelaise, notre nouvel interrogé prendra la plume au sein du club de football des Girondins de Bordeaux pour débuter sa première expérience dans le monde du travail. Nous verrons par la suite que cette ville reste importante dans la suite de son parcours.
Hubert Védrine. C’est auprès de l’ancien secrétaire général de l’Élysée que notre interrogé découvrira le monde politique lors d’un stage au sein de son Cabinet de conseil.
Conseillers médias et réseaux sociaux. C’est à travers ce prisme que notre interrogé découvrira le monde politique de l’intérieur en intégrant l’équipe de Madame Bareigts au Secrétariat d’État chargé de l’Égalité réelle en 2016. Ce qui sera poursuivi lors de la nomination de cette dernière à l’Outre-mer pour la fin du mandat présidentiel de François Hollande.
Robert Kennedy. Cette fois-ci la plume prendra la forme de celle de l’écrivain. En effet, la parution de la biographie de l’illustre personnage fera entrer notre personnalité au statut des écrivains. Une consécration avec le prix de la Biographie de la Ville d’Hossegor.
Nouvelle-Aquitaine. Comme je vous le mentionnais précédemment, le retour aux sources bordelaises ne se fera pas attendre. La plume reprend sa forme. Après avoir goûté à différentes étapes, le voilà devenu la plume du président de la région depuis 2017. De quoi vivre une nouvelle aventure littéraire.
Je vous laisse découvrir l’échange que j’ai pu avoir avec Monsieur Guillaume Gonin, conseiller technique Discours, Égalité et luttes contre les discriminations, politiques mémorielles auprès du président de la région Nouvelle-Aquitaine.
Compte-tenu des règles sanitaires que nous connaissons, la réalisation de ce portrait a été réalisé par des échanges de courriels avec Monsieur Gonin.
Bonne lecture !
@romainbgb – 26/04/21
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Biographie Express de M. Guillaume GONIN :
*1987 : naissance à Bâle (Suisse).
*2002-2005 : Baccalauréat Scientifique mention AB au Lycée Blaise Pascal à Orsay.
*2005-2007 : classes préparatoires aux grandes écoles de commerce au Lycée Descartes à Anthony.
*2007-2012 : Master 2, Macroéconomie et affaires internationales ; KEDGE Business School à Bordeaux.
*sept.2009-juil.2010 : chef de projet adjoint au FC Girondins de Bordeaux.
*2011 : échange universitaire en relations et affaires internationales au Tecnològico de Monterrey (Mexique).
*sept.2011-mars 2012 : chargé de mission projets et financements européens chez Welcomeurope.
*2012-2013 : Master 2 mention Bien, Défense, sécurité et gestion de crise à l’IRIS SUP.
*déc.2012-mars2013 : assistant de rédaction à l’IRIS.
*mars 2013-juin2013 : coordinateur chez Hubert Védrine Conseil.
*sept.2013-déc.2013 : chargé de mission à la Direction de la Coopération de sécurité et de défense au ministère des Affaires étrangères.
*janv.2014-oct.2014 : rédacteur d’une chronique chez Wattmag.
*nov.2014-juin2015 : rédacteur et analyste chez Nouvelle Donne.
*juin2016-sept.2016 : conseiller médias et réseaux sociaux auprès du secrétariat d’État chargé de l’Égalité réelle.
*sept.2016-mai2017 : conseiller technique Presse et réseaux sociaux au ministère des Outre-mer.
*fév.2017 : publication de son ouvrage, Robert Kennedy, aux Éditions Fayard.
*depuis nov.2017 : conseiller technique Discours, Égalité et luttes contre les discriminations, politiques mémorielles auprès du président de la région Nouvelle-Aquitaine.
*mai 2018 : rédacteur de l’avant-propos inédit de Treize jours de Robert Kennedy publié en français aux éditions Pluriel.
*depuis sept.2018 : chargé d’enseignement à Sciences Po Bordeaux.
*depuis juil.2020 : chroniqueur à Ernest Mag.
*sept.2020 : collabore sous la direction de Jean Petaux à l’ouvrage Alain Rousset, le décentralisateur de la République publié aux éditions Le Bord de l’eau.
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A quoi rêve le petit Guillaume quand il est enfant ?
« J’ai toujours énormément rêvé, parfois au détriment de la réalité. Enfant aux États-Unis, l’essentiel de mes rêves tournaient autour du football américain et des dinosaures. Tant que j’y vivais, je m’imaginais devenir quaterback des Buffalo Bills – mais mes problèmes de dos ont rapidement anéanti ces espoirs. En revanche, en ce qui concerne les dinosaures, ce rêve m’a poursuivi au point d’en faire mon projet professionnel tout au long de ma scolarité, jusqu’au lycée. Paléontologue, quel beau métier ! Hélas, en première, ma professeure de Sciences et Vie de la Terre m’a détourné de cette voie, m’expliquant que je ne disposais guère des atouts d’un grand scientifique, entre autres.
« Plus généralement, aux États-Unis comme en France, mon imaginaire était peuplé par Star Wars, les dessins animés et livres du Seigneur des Anneaux (longtemps avant Peter Jackson !), « Batman : the Animated Series », Indiana Jones, James Bond, les jeux Zelda … J’étais un petit Américain très classique des années 1990. Le seul rêve qui me semble cohérent avec ce que je suis devenu est celui de journaliste. Même avant d’avoir le goût de l’écriture, ce rôle me plaisait bien. C’est toujours le cas, et je me suis souvent débrouillé pour mener des projets journalistiques en parallèle de mes activités, comme en ce moment avec le magazine littéraire Ernest, ou encore avec le Huffington Post. »
Que retenez-vous de vos années étudiantes ?
« Que j’ai mis un certain temps à murir et travailler pour moi, et non pour mes parents ou mes professeurs. J’ai fait une voie scientifique au lycée, seulement pour découvrir que je n’étais pas calibré pour les sciences. J’ai intégré une école de commerce, avant de me rendre compte que le monde de l’entreprise n’était absolument pas fait pour moi – ou plutôt l’inverse. J’ai donc beaucoup fonctionné par élimination.
« En revanche, les deux années de classes préparatoires m’ont ouvert sur le monde, je me suis découvert des curiosités nouvelles, pour la géopolitique, l’histoire, les relations internationales, la politique. Notamment grâce à un professeur génial, Cédric Grimoult. Ce n’est qu’après l’école de commerce, où j’ai fait plus de musique qu’autre chose, que j’ai eu le sentiment de pleinement m’investir dans mes études, en master à l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques. J’ai caressé le rêve d’écrire une thèse sur les États-Unis, mais il s’est lui aussi fracassé sur le mur des réalités, qu’elles soient académiques ou professionnelles. »
Quelle souvenir gardez-vous de votre expérience sein des Girondins de Bordeaux ?
« Magnifique ! Une expérience fondatrice, dans tous les sens du terme. J’y ai tout appris, ou presque. D’abord, que rien ne m’enthousiasmait tant qu’un métier lié à une authentique passion. Ensuite, j’ai découvert qu’écrire, y compris pour du football, me venait très naturellement. Enfin, j’ai pu mesurer à quel point je m’épanouissais en équipe, entourés de collègues bienveillants, drôles, intelligents, fins. Sentir leur confiance m’a libéré. Aujourd’hui encore, je suis d’ailleurs très attaché à ma « famille girondine ».
« Et puis, les Girondins de Bordeaux étaient champions de France, nous battions la Juventus et le Bayern en Champions League … Au stade Chaban-Delmas, en écrivant les articles les soirs de matches, en faisant la bise à Marius Trésor, je vivais un rêve éveillé ! Après cette saison incroyable, quitter le château du Haillan (le centre administratif et d’entraînement du club) a constitué un arrachement, un crève-cœur. Mais, avec le recul, je suis heureux d’avoir suivi une autre voie. »
Que retenez-vous de votre passage au cabinet de conseil de M. Védrine ?
« Je suis arrivé sur la pointe des pieds dans son cabinet de conseil. En classes préparatoires, j’avais découvert Hubert Védrine à travers son petit livre, « Continuer l’Histoire », alors conseillé par un ami. A l’époque, ministre des Affaires étrangères me semblait être la plus belle et noble mission de la République. Et, au panthéon des locataires du Quai d’Orsay, Hubert Védrine occupait une place particulière à mes yeux. A l’IRIS, lorsque l’opportunité s’est présentée d’effectuer un stage à ses côtés, j’ai donc sauté sur l’occasion. Il s’agissait de mon premier contact avec la politique, de près ou de loin : tombé du nid, je n’avais aucun code. Heureusement, son équipe m’a prodigué de nombreux et précieux conseils, tout particulièrement sa cheffe de cabinet, et mon application à les suivre a porté ses fruits.
« Ainsi, j’ai pu nouer avec Hubert Védrine une relation de confiance, qui a dépassé le cadre de cette simple expérience. Il a été un soutien indispensable dans la plupart de mes projets, notamment éditoriaux, ainsi que dans la suite de mon parcours. Je me sens privilégié de pouvoir bénéficier de son regard. Et puis, en tant que rocardien, me confronter au gardien du temple mitterrandien est toujours savoureux. »
Comment avez-vous vécu votre expérience au Cabinet de Mme Bareigts ? Comment s’est produite la rencontre ?
« La rencontre avec Ericka Bareigts et son équipe constitue un moment charnière de ma vie, et pas seulement professionnelle. Après quelques expériences courtes, à Nouvelle Donne et à l’Assemblée nationale, j’avais entrepris la rédaction de ma biographie de Robert Kennedy, y consacrant tout mon temps et mon énergie. Alors que mon manuscrit prenait forme, mon amie Nathalie, rencontrée aux côtés de Pierre Larrouturou, m’a proposé d’intégrer le cabinet de celle qui était alors Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité réelle, et dont elle était la directrice de cabinet. Nous étions une petite équipe très dynamique et soudée autour de notre ministre, dont la personnalité encourageait les complémentarités.
« Je ne connaissais pas Ericka Bareigts auparavant, et j’ai pris énormément de plaisir à la découvrir : vive et drôle, bûcheuse et tenace, fine négociatrice, prévenante à l’égard de ses collaborateurs mais exigeante, en rien impressionnée par les ors de la République et ses protagonistes – tout mon contraire ! –, les qualités d’Ericka l’ont rapidement propulsée au ministère des Outre-mer, un portefeuille conforme à sa mesure – et j’ai eu la chance de faire partie de cette aventure. Être son conseiller demeure l’une de mes plus grandes fiertés. »
Comment avez-vous vécu la fin du mandat présidentiel de M. Hollande, en étant en poste au cabinet de la ministre des Outre-mer ?
« Ce fut une année à la fois incroyablement enrichissante et éreintante : Ericka Bareigts a porté deux projets de loi, sillonné tous les territoires ultramarins – je l’ai accompagnée à Mayotte et La Réunion –, tout en s’impliquant dans la primaire de la gauche et gérant la crise qui grondait en Guyane dans les toutes dernières semaines du quinquennat. Vaste programme !
« La fin du mandat présidentiel de François Hollande était donc intense rue Oudinot, siège du ministère des Outre-mer. J’ai atteint mes limites physiques au cours de ces épreuves. Mais aussi assujettissante qu’elle fut, cette expérience fut aussi épanouissante – j’y ai noué des amitiés qui me sont précieuses. Seulement dans les derniers jours du quinquennat avons-nous enfin relâché la pression, et vécu l’élection d’Emmanuel Macron, puis l’étrange passation de pouvoirs en tant que sortants. Nous passions subitement d’acteurs à spectateurs. »
Une expérience d’auteur commence pour vous en 2017 avec la parution de votre ouvrage, Robert Kennedy. Comment est né le projet ? Les années d’enfance passées aux États-Unis vous ont elles aidées pour la rédaction de l’ouvrage ?
« Ce livre est la rencontre de deux passions profondément ancrées en moi : l’écriture, dont je ressentais l’appel en quelque sorte, et les États-Unis, qui ne m’ont jamais quitté depuis mon retour en Europe. Lors du cinquantenaire de l’assassinat de JFK à Dallas, en 2013, énormément de livres et de documentaires m’ont permis de plonger dans les Kennedy, véritable famille royale américaine. Mon professeur à l’IRIS, Thomas Snégaroff, publiait alors un joli livre sur le président assassiné : « Kennedy, une vie en clair-obscur ». Puis, au fil de nos échanges, alors que je m’interrogeais sur l’absence de livre en français sur Robert Kennedy, l’idée de m’y atteler s’est imposée – et Thomas m’a encouragé.
« J’étais fasciné par le personnage. J’ai commencé par lire tous les livres en anglais sur sa famille et lui. Cela m’a pris près de deux ans. Puis, je me suis rendu aux États-Unis pour y rencontrer des témoins de sa vie : son ancien conseiller Peter Edelman, son ami et militant des droits civiques John Lewis, ou encore sa fille, Kerry Kennedy. J’ai découvert Washington D.C., aussi. Enfin, je me suis consacré corps et âme à l’écriture durant une année, me rendant chaque jour à la Bibliothèque Nationale de France, avec le soutien amical de mon éditrice, Sophie, chez Fayard. Quel bonheur ! A sa publication, j’ai eu la chance de lire quelques articles positifs dans la presse, ainsi que de remporter le prix du salon du livre d’Hossegor. Je n’aurais pu rêver mieux. »
Vous êtes depuis novembre 2017 le conseiller technique et la plume du président de la région Nouvelle-Aquitaine. Comment s’est produite la rencontre avec M. Rousset ? Comment vivez-vous cette expérience ?
« Cela faisait des années que je rêvais de revenir à Bordeaux. Après mon expérience de conseiller ministériel et de longues vacances, je me suis adressé à son directeur de cabinet. Par chance, il était à la recherche d’une plume. Nous ne nous connaissions pas, mais la rencontre s’est effectuée très naturellement. Après deux discours « test », j’ai ensuite rencontré Alain Rousset qui m’a accordé sa confiance.
« Aux Outre-mer, j’avais déjà rédigé quelques discours pour Ericka Bareigts, en bonne intelligence avec ses plumes successives, Rémi et Thibaut, sans jamais occuper la fonction pour autant. Or, auprès d’Alain Rousset, j’ai vite découvert qu’être plume me plaisait énormément. Être payé pour écrire, quoi de mieux ? Le rêve, encore ! Bien sûr, c’est exigeant et parfois frustrant. Mais je m’y sens à ma place.
« Une nouvelle fois, j’y ai noué des amitiés uniques, de celles qui naissent de l’épreuve partagée. Et puis, comme un signe du destin, j’y ai retrouvé certains visages connus : la sénatrice Laurence Harribey, dont je gardais en mémoire les cours sur la construction européennes en école de commerce ; Martine Pinville, conseillère régionale, qui en tant secrétaire d’État chargée du Commerce et de l’Artisanat descendait parfois les marches de l’Élysée avec Ericka, après le conseil des ministres, tandis que j’attendais dans la cour en compagnie des journalistes ; et Matthias Fekl, enfin, lui aussi conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, qui en tant que ministre de l’Intérieur s’était trouvé en première ligne de la crise en Guyane, avec Ericka. Le genre de hasards que j’affectionne, et qui renforce mon impression sérendipidaire d’être au bon endroit, au bon moment. »
Quels sont vos projets éditoriaux actuels et futurs ?
« Il me tarde de réécrire un ou plusieurs livres. Toujours sur les États-Unis, toujours autour des années 1960 … Même si d’autres idées et envies me tiraillent.
« Mais, en attendant d’avoir le temps de m’y plonger à nouveau, je mène d’autres projets. Au sein du magazine littéraire Ernest, j’ai ainsi créé la chronique « Dans la bibliothèque des politiques », grâce à laquelle je vais à la rencontre des femmes et des hommes qui lisent et écrivent en politique. C’est passionnant, j’adore réaliser leur portrait à travers la lecture, les auteurs.
« Aussi, j’aime l’entreprise journalistique consistant à chercher son sujet, identifier les bons interlocuteurs, se présenter à eux et (tenter de) les convaincre de la pertinence de votre projet. J’ai fonctionné de la même manière pour mon livre. Et je fonctionne également ainsi pour la chronique américaine que je viens d’inaugurer en partenariat avec le Huffington Post et la Fondation Jean Jaurès.
« On en revient donc aux États-Unis et aux rêves d’enfant. Tout compte fait, ils n’ont cessé de guider mes pas. J’imagine que c’est le cas de tout le monde, du mois inconsciemment. Reste qu’ils ne cessent de me nourrir – et peut-être sont-ce eux qui me poussent à écrire. »
Quels rapports entretenez-vous avec les réseaux sociaux ?
« Comme tout drogué vis-à-vis de l’objet de sa dépendance, j’éprouve des sentiments très contrastés avec les réseaux sociaux. A certains égards, je suis arrivé à un tel niveau de saturation que je me pose sincèrement la question de me débarrasser de mon téléphone.
« Dans le même temps, je consulte Twitter plusieurs heures par jour, entre autres, tombant dans le piège de l’information. Vieux réflexe de conseiller médias et réseaux sociaux, mais pas que … Dans les transports, ou en marchant, j’ai toujours un livre à la main pour me détourner de la facilité du téléphone. Aussi, je privilégie toujours le papier pour les journaux et les livres.
« J’adorerais être cette personne « qui n’a pas de téléphone », qu’il faudrait contacter sur une adresse mail Wanadoo rarement consultée ou, mieux encore, par lettre. Bref, j’aimerais vivre dans les années 1960 ou 1970 !
« Mais, dans le même temps, je suis un être très social, et j’ai besoin d’entretenir le contact par texto et autres groupes WhatsApp si chronophages. Tout est donc question d’équilibre, de dosage. Et, à l’évidence, je ne l’ai pas encore trouvé. »
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Merci à Monsieur Gonin pour son écoute et sa bienveillance.