Histoire Essonnienne.
Chers Lecteurs,
Last but not Least. La trêve des confiseurs 2021 prend forme avec la parution de ce 30ème entretien-portrait. La fin de l’année civile approche mais comme promis je maintiens le lien avec vous. J’espère que cela vous permettra de vous tenir en haleine d’ici janvier 2022 pour continuer d’écrire ensemble la suite de #LaLettreR.
Nous allons une dernière fois prendre le chemin d’un hémicycle régional afin de conclure, le temps d’un instant, la galerie des entretiens-portraits.
Assas. C’est au sein de cette Fac parisienne que notre interrogé fera son cursus universitaire en apprenant le Droit.
Montereau Fault-Yonne. L’expérience de la chose publique se fera dans cette ville sous l’égide de son premier édile : M. Jégo.
Mennecy. L’ancrage local prendra sa place en 2011 avec son élection comme maire de la Ville, après avoir en avoir été l’adjoint aux Finances depuis 2008. Il sera réélu au 1er Tour, à chaque fois, depuis.
Essonne. Le jeune crocodile se fera une place au sein des vieux caïmans du département francilien en s’inscrivant dans l’Intercommunautalité de son territoire.
Régionales 2015. La victoire de Valérie Pécresse et la reconquête de la Région Île-de-France par la droite permettront à notre interrogé de faire son entrée au sein de l’hémicycle francilien.
Vice-présidence. Le départ de la vie politique de Mme Jouanno permet à notre interrogé de faire son entrée au sein de l’exécutif régional en devenant en novembre 2017, Vice-président de la Région Île-de-France chargé de l’Écologie, du Développement durable et de l’Aménagement. La réélection de 2021 permet à notre nouvelle personnalité de se voir confier le portefeuille du Logement, l’Aménagement durable des Territoires et du SDRIF.
Je vous laisse découvrir le portrait de Monsieur Jean-Philippe Dugoin-Clément, Vice-président de la Région Ile-de-France.
Dans le cadre pandémique que nous connaissons, la réalisation de ce portrait a été réalisé, dans les conditions sanitaires requises, au sein de l’Hôtel de la Région Île-de-France, le 14 décembre 2021.
Bonne lecture !
@romainbgb – 20/12/21
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Biographie Express de M. Jean-Philippe Dugoin-Clément :
*1975 : naissance à Ris-Orangis (Essonne).
-titulaire d’une Maîtrise de Droit à Paris II – Assas.
*2001-2004 : directeur de Cabinet du maire de Montereau Fault-Yonne (Seine-et-Marne).
*2004-2016 : directeur général des Services de la mairie de Montereau Fault-Yonne (Seine-et-Marne).
*2008 : élu Adjoint au Maire délégué aux finances et à l’Administration générale de la Ville de Mennecy (Essonne).
*2010 : devient Vice-président de la Communauté des Communes du Val d’Essonne en charge du développement économique et du commerce de proximité.
*2011 : élu maire de Mennecy (Essonne).
*2014 : réélu maire de Mennecy (Essonne) au 1er tour.
-nommé Secrétaire Général Adjoint de l’Association des Maires d’Ile-de-France.
*déc.2015 : élu conseiller régional d’Ile-de-France.
*2017 : devient Vice-président de la Région Ile-de-France chargé de l’Écologie, du Développement durable et de l’Aménagement.
*mars 2020 : réélu maire de Mennecy (Essonne) au 1er Tour.
*nov.2020 : élu 1er Vice-président de l’Association des Maires d’Ile-de-France en charge de la décentralisation.
*juil.2021 : réélu Vice-président de la Région Ile-de-France en charge du Logement, l’Aménagement durable des Territoires et le SDRIF.
-nommé Vice-président de l’Institut Paris Région.
*sept.2021 : élu président de l’EPF Ile-de-France.
*oct.2021 : devient président de Grand Paris Aménagement.
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À quoi rêve le petit Jean-Philippe lorsqu’il est enfant ?
« À l’Égypte Antique. Cela me faisait rêver. Le Panthéon égyptien et les Pharaons. L’Histoire est la seule matière qui me passionnais lorsque j’étais élève. Les autres m’ennuyaient assez profondément.
« Il y a eu le Français et la Philosophie, une fois arrivé au Lycée. Je précise bien à partir de la Seconde car à ce moment-là, en Français, vous n’êtes plus sur de l’orthographe et de la grammaire. Vous êtes sur de l’analyse de textes et de la dissertation. Cela m’intéressait. Jusqu’à la 3ème, c’était absolument infernal. J’étais un pur littéraire. Le scientifique, c’était une catastrophe !
« Ensuite, c’est un parcours de vie. C’est venu petit-à-petit. Lorsque j’étais petit, je n’avais pas forcément cette envie-là. Non, je ne me rêvais pas en président de la République avec des photos de Giscard, Mitterrand ou Chirac au-dessus de mon lit. J’avais d’autres posters, mais pas ceux-là. [Rires] »
Comment avez-vous vécu vos années étudiantes à Assas ?
« Bizarrement. Un peu en touriste, je dois dire. Comme un provincial qui se retrouve à Paris dans une grosse Fac parisienne. C’est quelque chose qui ne m’a pas fondamentalement intéressé. J’ai commencé vraiment à me mettre au travail au niveau de la Licence et de la Maitrise. Le DEUG ne m’a pas intéressé. J’ai continué parce que j’ai validé mes années. Je n’aurai pas eu ma 1ère année, j’aurai arrêté. Il se trouve que je l’ai eu. Je me suis dit que cela devait aller. J’ai continué.
« Je sortais d’un petit Lycée de grande banlieue. J’arrive dans le Grand Amphi d’Assas où il y a 1’800 places pour 2’000 étudiants. C’était avant que ce soit à Vaugirard, à l’époque. Vous avez des étudiants assis partout, par terre, dans les travées. C’est un autre monde. Vous avez l’impression de vivre autre chose. C’est l’époque où vous aviez le GUD qui balançait des minitels par-dessus les fenêtres. On a vécu 2 ou 3 années avec des cars de CRS devant Assas. C’était une époque particulière.
« J’ai le souvenir des oraux qui se passaient dans les étages, dans des salles où c’étaient des espèces de sous-marins, avec les nuages de la fumée des cigarettes. Ce qui est quelque chose d’inimaginable aujourd’hui. C’est une autre époque. Si vous parlez de cela à des jeunes d’aujourd’hui, qui ont 15 ou 20 ans… Quand vous étiez en journée d’examen, vous étiez dans les étages, avec dans toutes les salles, avec les Chargés de TD qui faisaient passer les oraux de 8 heures du matin à 8 heures du soir. Les étudiants assis par terre en train de fumer cigarette sur cigarette. Aujourd’hui, s’il on raconte cela, on vous dit que vous êtes un dangereux malade. »
Vous avez été le directeur de Cabinet de M. Jégo à la mairie de Montereau Fault-Yonne. Comment s’est produit la rencontre ? Que retenez-vous de cette expérience ?
« C’est une expérience de vie marquante parce que Montereau est une ville marquante.
« C’est une ville dure. C’est une ville qui a des problématiques urbaines fortes, qui l’étaient encore plus à l’époque. En 2001, c’était plus de 70% de logements sociaux. Vous vous retrouvez dans une Commune qui à l’époque faisait 17’000 habitants mais qui se retrouve avec des problématiques liées plus à des Communes de 25/30’000 habitants.
« Un maire qui devient député au mois de juin 2002, puis au fil des années va gravir des échelons, du porte-parolat de son parti politique jusqu’à devenir secrétaire d’État, patron de parti politique avec Jean-Louis Borloo. C’est un véritable apprentissage de la vie publique.
« La rencontre s’est faite un peu par hasard. À l’époque je travaillais pour une entreprise de conseil qui faisait des conseils pour les Collectivités. On avait une mission sur Montereau sur une période de 3 mois qui a correspondu à après les municipales de 2001. Yves Jégo a changé son directeur de Cabinet et son directeur général des Services. Donc plus de dir’Cab ; plus de DG. C’était une mission d’intérim qui débute sur 2 ou 3 contrats. Comme le poste de directeur de Cabinet était vacant, il me l’a proposé. Cela s’est fait comme cela. C’est vraiment arrivé par hasard. J’ai fait plus de 15 ans là-bas. 12 comme directeur général des Services. 3 ans, comme directeur de Cabinet.
« C’est là où j’ai appris la politique de la Ville. Ce n’est pas forcément le background que j’avais avant. »
En 2008, vous êtes élu adjoint au maire de Mennecy ? Comment s’est passé la campagne ?
« C’était une campagne municipale très dure. Mennecy est une ville qui sociologiquement vote plutôt à droite. Il y avait 4 listes de droite, dont celle du maire sortant, de la première adjointe qui avait fait une liste, plus 2 autres listes avec celles de la gauche. Une élection que l’on gagne au 2ème Tour en triangulaire avec 2 listes de droite qui se retirent et 1 qui se maintient. On gagne là-dessus. »
En 2010, vous devenez Vice-président de la Communauté des Communes du Val d’Essonne. Comment avez-vous vécu ce moment ?
« Cela peut être à la fois beaucoup de chose et pas grand-chose en fonction de ce que l’on met dedans.
« Cela a été une élection un peu particulière et un peu difficile parce qu’à l’époque l’on avait un schéma conflictuel très dur entre la Ville et l’Intercommunautalité. On n’avait pas de Vice-président sur l’Intercommunautalité. Cela a été un bras de fer entre la Ville-centre, qui était en minorité sur son Intercommunautalité, et l’exécutif de l’Intercommunautalité qui a duré 2 ans pour arriver à trouver un accord politique où je rentre comme Vice-président. Un aboutissement de 2 ans de tiraillement de conflit dur sur quelques points au niveau de l’Intercommunautalité.
« Cela a été aussi, d’une manière générale, le début d’une désescalade entre une Ville-Centre et son Intercommunautalité. »
En 2011, vous êtes élu maire de Mennecy. Comment avez-vous vécu ce moment ?
« Cela fait partie de moment important parce que vous enfilez une écharpe de maire.
« Lorsque cela fait quelques années que vous avez un parcours dans la sphère publique ou parapublique, c’est une forme à la fois de consécration mais aussi de défi. Vous pouvez savoir techniquement ou intellectuellement comment les choses fonctionnent. La réalité c’est que vous vous retrouviez à devoir les porter, à devoir les vivre. Vous vous retrouvez, lorsque vous êtes maire, chose que l’on mesure assez peu, à encaisser un niveau de pression qui est assez profondément différend. La réalité c’est que maire c’est 7/7 et H 24.
« Quand vous êtes adjoint au maire où que vous soyez, quel que soit la taille de la commune, vous êtes connu par les gens qui sont dans votre sphère de délégation.
« Quand vous êtes maire, tout le monde vous connait. Y compris des personnes que vous ne connaissez absolument pas. Vous vous retrouvez à être saisi en permanence. Vous ne pouvez pas aller faire vos courses sans que l’on vous interpelle où que l’on vous questionne. Vous vous retrouvez avec des personnes qui commencent à vous vouvoyez et se mettent à vous appeler : « Monsieur le maire ». C’est toujours assez drôle. Cela surprend toujours un peu. On finit par s’y habituer. Vous voyez des personnes qui viennent sonner chez vous ou mettre un courrier dans votre boite aux lettres. C’est la réalité lorsque vous habitez sur une Commune de moins de 30’000 habitants. Mennecy c’est 15’000 habitants.
« Pour moi ce mandat, c’est comme pour un médecin ou un curé qui habite dans la commune où il exerce. Il n’y a pas de déconnexion entre le mandat et la vie. Cela, personne ne vous l’apprend. C’est une gestion de pression permanente. Vous ne coupez jamais. Ou vous coupez lorsque vous quittez la commune. Si vous posez 3 jours dans la commune en fait vous ne coupez pas parce que quand vous vous promenez, vous êtes interpellé. Vous faites vos notes à vos services en vous promenant, en constatant les diverses dégradations dans la ville. Maintenant, vous avez cela sur le téléphone ; ça part directement en message ou en courriel.
« C’est un mandat fort sympathique mais qui est sous pression permanente. »
Vous avez été réélu maire de Mennecy en 2014 et en 2020 au 1er tour à chaque fois. Comment appréhendez-vous votre rôle de maire ?
« Pour moi, c’est de l’hyper proximité. Être maire c’est essayer, le maximum possible que l’on peut, d’être disponible. C’est essayer d’être à l’écoute. C’est essayer d’être présent. C’est essayer d’être là lorsque les personnes ont besoin de vous. C’est vraiment ce volet d’ultra proximité, qui est pour moi la base du job. Le jour où vous ne l’avez plus ; vous n’êtes plus maire. Vous êtes un fonctionnaire. Vous êtes DG de collectivité. Vous êtes directeur de Cabinet. Vous n’êtes plus maire.
« Être maire c’est parfois prendre des choix qui ne sont pas le choix de la rationalité de gestion pure parce qu’il y a une considération humaine sur une personne X ou Y derrière. À côté de cela, au-delà de l’hyper proximité, être maire c’est qu’est-ce que vous voulez pour votre commune ? Qu’est-ce que vous voulez porter pour votre commune ? Comment vous voulez le porter ? Qu’est-ce que vous considérez être bon ou pas pour l’avenir et le développement de votre commune ? »
Comment avez-vous vécu votre élection de conseiller régional d’Ile-de-France ?
« C’est le problème des scrutins de listes où vous êtes sur une liste et vous n’êtes pas tête-de-liste. J’étais heureux parce que l’on gagne l’élection.
« La réalité c’est qu’au soir du 1er Tour, on pensait plutôt être amener à gagner. J’étais convaincu qu’on la gagnerait. Sur un scrutin de liste, le premier stade de l’élection c’est quelle est votre place sur la liste ? Il y a 3 tiers ; le 1er, élu en cas de défaite. Le 2ème, élu en cas de victoire. Le dernier, qui ne sera pas élu, quoi qu’il se passe.
« J’ai réussi à être dans le 1er tiers. Mon combat a été d’être dans le 1er tiers. Chose que je n’avais pas en 2010. J’avais été sur la liste de Valérie Pécresse mais avais été gentiment flingué par les vieux caïmans de l’Essonne sur la thématique des vieux crocos qui ne veut pas de jeunes crocos émergés et donc qui les bouffent avant qu’ils ne grandissent. Mon positionnement sur la liste a donc été mon combat premier. C’est presque ce combat-là, que j’ai gagné personnellement. Celui d’être dans le 1er tiers et de ne pas me faire tuer sur cette course d’obstacles.
« Une élection régionale c’est comme une élection municipale lorsque vous n’êtes pas tête-de-liste ou une élection européenne. Après cela a été un combat politique de reprendre la Région. Je me suis retrouvé à être élu conseiller régional en décembre 2015. C’est toujours un plaisir. C’est dans une logique de progression dans une vie et une carrière.
« Après, cela a été aussi une énorme déception parce que je me suis retrouvé conseiller régional de base et à me dire : « à quoi je sers ? » C’est aussi la réalité. C’est des séances comme celle-là qui sont des mauvaises pièces de théâtre avec des acteurs pas très bon et très peu de spectateurs. Vous vous retrouvez quand vous avez été maire, quand vous avez été DG de collectivité, à vous poser des questions.
« J’ai pris véritablement du plaisir à ce mandat régional quand je suis devenu Vice-président à la succession de Chantal Jouanno. Là, vous êtes en situation de faire. »
Vous avez été ensuite nommé en 2017, vice-président chargé de l’Écologie, du Développement durable et de l’Aménagement. Quelle expérience gardez-vous de ce mandat ?
« Novembre 2017, je prends la Vice-présidence. C’est le moment où je commence à prendre du plaisir sur le mandat régional. Les 2 ans précédent, je n’ai pas vraiment fait grand-chose de concret pour la Région.
« J’ai vraiment pris du plaisir à partir de ce moment-là parce que vous vous retrouver à avoir des leviers, à porter des politiques publiques, à pouvoir vous bagarrer. Ce que j’ai mesuré là, c’est le poids d’une administration centrale et les pesanteurs que vous avez. Je crois profondément que « small is beautiful ». Plus une collectivité ou une administration est importante, le moins elle est adaptable. Le plus elle est lourde, le plus elle a le poids sur les élus. Quand vous êtes sur une commune, en caricaturant, c’est un hors-bord. Vous pouvez faire un 180°. Vous pouvez profondément en l’espace d’un mandat ré impulser des politiques publiques assez facilement, quand vous savez comment cela fonctionne.
« Sur une Région, et je pense c’est encore pire sur l’État, ce sont des paquebots. Pour bouger la direction de quelques degrés, s’il faut arriver à peser sur le gouvernail, à peser sur l’administration, sur un certain nombre de pesanteurs de manière beaucoup plus forte. Cela reste un mandat exceptionnel parce qu’aujourd’hui les Régions sont pour moi des collectivités d’échéants structurants. Cela fait partie des collectivités dans une paupérisation globale des pouvoirs publics qui gardent des moyens d’actions forts. »
En novembre 2020, vous êtes élu 1er Vice-président de l’Association des Maires d’Ile-de-France en charge de la décentralisation. Comment percevez-vous ce mandat ?
« Je le vis bien. J’étais déjà dans le Bureau au sein de l’Association des maires d’Île-de-France. Ce n’est pas quelque chose que je découvre. On a porté pendant presque 8 mois un travail pour obtenir un manifeste des maires franciliens sur la décentralisation. On va être amené à le rendre public en janvier. De ce point de vue-là, cela a été une période utile.
« Ce n’est pas une découverte. C’est essayer de partager des expériences, de mettre en lien, d’accompagner, d’aider. »
Comment appréhendez-vous votre mandat de Vice-président de la Région Ile-de-France en charge du Logement, l’Aménagement durable des Territoires et le SDRIF au sein de l’hémicycle francilien ?
« C’est un mandat au moins aussi génial que le précédent. [Rires]
« C’est des outils différents. C’est des politiques publiques différentes. En l’espace de 3 ans, on a porté énormément de politiques cadres sur l’environnement. On peut parler du plan régional sur les déchets, la stratégie pour l’économie circulaire, de l’ensemble de la stratégie énergie-climat, de la stratégie biodiversité. On a mis en place plein de politiques cadres. C’est l’aménagement francilien.
« Lorsque l’on parle logement, c’est la vie des Franciliens. Lorsque l’on parle de l’aménagement, c’est comment est-ce que l’on veut développer la Région ? Le SDRIF, c’est quel cadre va-t-on donner réglementairement à cette Région ?
« C’est aussi un des aspects, en termes de périmètre d’intervention, très large et assez fascinant d’une Région. Encore plus d’une Région-Monde comme l’Île-de-France. Donc plutôt bien ! »
Comment appréhendez-vous la campagne présidentielle qui s’annonce ?
« Je pense qu’elle sera dure et dégueulasse, comme le sont de toutes les façons toutes les campagnes. La politique a toujours été sur les périodes de campagnes électorales, des périodes assez dégueulasses qui permettent aux pires instincts, aux pires bassesses, aux pires saloperies de sortir.
« L’effet Internet avec la dématérialisation, les Trolls, les communications en plus. C’est un facteur démultipliant du volet nauséabond avec des polémiques, des saloperies. Avec la dernière en date où l’on nous explique que l’épouse du Chef de l’État serait un transsexuel qui s’appellerait Jean-Michel !
« L’Internet est un facteur démultipliant. L’anonymat est relatif parce que sur des choses graves, cela se retrouve. Le souci c’est que ce sont des procédures qui sont tellement longues qu’elles sont dures à mettre en œuvre. Pour 80% des personnes, elles ont un pseudo ZaZa77. Et bien ZaZa77, au lieu de s’appeler Isabelle Dupont, elle va aller sortir des horreurs sur tout le monde. Chose qu’elle n’oserait jamais dire en disant je laisse mon nom. Je pense que les campagnes propres, cela n’existe pas. Le monde propre, avec Internet, cela n’existe pas. Je pense que l’on sera sur une campagne dure, de ce point de vue-là.
« C’est une campagne qui va être courte, pour le coup. Ce n’est pas un mal. On va être sur trois mois de campagne présidentielle. On a l’opportunité, pour ma famille politique, de pouvoir revenir aux affaires. Ce qui n’a pas été le cas depuis 10 ans. Ce qui commence à faire quelques années déjà. La dernière victoire nationale de la droite et du centre c’était l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007. Cela remonte à 15 ans. C’est presque une génération. 15 ans en arrière, j’avais moins de cheveux blancs.
« Si je vous fais un pari, je pense que nous aurons la première présidente de la République. Je suis convaincu que si Valérie Pécresse accède au 2ème Tour, elle gagnera. Si elle est au 2ème Tour, contre l’extrême-droite elle gagnera. Contre Emmanuel Macron, elle gagnera. Le problème, notre équation politique sur la droite et le centre, c’est que notre candidate soit au 2ème Tour. Si elle est au 2ème Tour, elle gagnera. Quel que soit les configurations. C’est un pari ! Il faut faire des paris dans la vie ! »
Comment vivez-vous cette période pandémique ?
« À titre personnel, pas trop mal. En termes de vision du Monde, vision du pays et d’état global du pays, mal. Il y a quelques points positifs dedans.
« Cela a permis de sortir des accélérations de sociétés sur quelques points qui étaient important. Lorsque l’on parle de télétravail, de mobilité, de rééquilibrages territoriaux. Cela a permis individuellement d’avoir un certain nombre de choses assez géniales, qui sortent. Cela a permis, notamment sur la première période de confinement, d’avoir des gens qui ouvrent, qui s’ouvrent vers les autres, qui donnent etc…
« Après je pense que l’on a durablement attaqué psychologiquement beaucoup de personnes. On n’a jamais eu autant de personnes conspirationnistes, qui vivent dans une espèce de monde irréel.
« On a toute une partie de la population, dont les jeunes notamment, qui est en souffrance. Ils n’ont pas encore récupéré certains volets, ce qui a été assez brutale. Ceci dans une société ultra libérale, ultra ouverte, de confinement, de fermeture…
« On est dans une société où la notion de sa propre fin, la notion de mort, n’existait plus. Une société où l’on a remis les gens devant le fait que l’on vit avec la possibilité d’avoir de manière beaucoup plus palpable la notion de fin. C’est cela qui rend la chose inacceptable. Le fait que l’on ne contrôle pas tout. La part de risque, la part de fatalité, existe.
« Je trouve que d’une manière générale il y a un énervement, une insupportabilité, une excitation des gens beaucoup plus forte. Ceci tient aussi un peu des évolutions de sociétés que l’on a. Je trouve que c’est tout de même beaucoup plus fort depuis 18 mois. Je pense que l’on est sur un pays qui est assez durablement à cran, vraiment.
« Quand je dis que l’on arrive à sortir de cela, cela signifie que l’on arrive à vivre normalement. Je veux dire que si dans 10 ans, on en est au 10ème variant avec 2 doses de vaccination par an… Pendant 10 ans, on va expliquer que l’on ferme tel type d’activité, tel type de commerce…
« Ce que je trouve assez fou c’est que l’on n’a pas forcément commencé à adapter notre système pour pouvoir vivre avec une pandémie si elle devait être très longue. Lorsqu’elle a démarré, on nous avait dit qu’au bout de 6 mois cela serait passé. Au bout de 8/10 mois, lorsque c’est poser la question des masques, savoir s’il on devait en racheter ou pas ? S’ils serviront ou pas ? Cela fait maintenant 21 mois que l’on a vécu le 1er confinement en France. On voit que l’on n’en n’est toujours pas sorti. On approcherait du pic de la 5ème vague, sans savoir s’il y en aura une 6ème dans la foulée, ou pas ?! … »
Quels rapports avez-vous avec les réseaux sociaux ?
« C’est un outil. C’est un outil et cela ne doit être qu’un outil. C’est un outil qui doit être pondéré. Je dis cela parce que cela permet de véhiculer de l’information ou de la communication et cela vous permet d’en récupérer beaucoup. Vous pouvez véhiculer de l’information totalement objective ou totalement subjective.
« Ensuite, c’est la question de ce que vous récupérez. Comment vous l’analysez vous-même ? Comment vous faites le tri entre ce qui est du Fake, qui prolifère sur les réseaux sociaux, et qui d’une certaine manière pourrissent les réseaux sociaux en termes d’informations. Entre ce qui est le Fake et ce qui est le raccourci, c’est tout de même difficile à manier. C’est un outil qui est impossible à ne pas manier aujourd’hui.
« Après, quand je dis que cela ne doit rester qu’un outil, en tous les cas lorsque vous êtes en situation de devoir faire des choix. Je pense que ce qui est vrai pour un élu, est vrai pour un chef d’entreprise qui axe ses développements d’entreprise.
« Vous avez intérêt à faire un peu de sas, parce que sinon vous devenez fou. Le schéma de mise sous pression H24. Lorsque je vois Emmanuel Macron, c’est matin, midi et soir. Ce sont des dizaines de milliers d’injures, d’insultes, de haine … Lui, comme n’importe qui, comme les personnes qui gèrent son compte. Le plus vous montez, le plus vous arrivez, d’une manière générale, soit à ne pas tenir compte de ce volet-là, soit à couper et à vous créer un droit à la désinformation.
« La première chose est d’éviter de devenir fou de la chose. La deuxième chose c’est que c’est un prisme intégralement déformant par rapport à ce que pense les gens. Ce qui est quelque chose qui pour moi est totalement de nature à fausser un jugement politique. Pourquoi ? Parce que vous avez 30 personnes sur un site de n’importe quelle commune, qui vont être sur actives, qui vont vous faire croire que c’est le sujet qui intéresse les gens. Les vraies gens n’en n’ont strictement rien à cirer. C’est le Zinc Café du Commerce version 2.0 #JeLeVoisDansLeMondeEntier, tout le monde en parle. Ceci à penser que cela représente comme un sondage d’opinion. Ce qui est intégralement faux.
« Vous vous rendez compte que vous avez une déconnexion totale. Si vous ne vivez que par les réseaux sociaux, il y a des choses que vous faites ou que vous ne faites pas. C’est en réalité une toute petite minorité de personnes, qui ont une capacité de poids, d’influence ou de pression assez fort sur la décision publique.
« Au même titre que si vous êtes décideur. Vous prenez votre décision. Vous faites le tour de 5 Zincs de Cafés entre 18 et 20 heures, où vous croisez 20 personnes et vous prenez votre choix en fonction de ce que vous disent les 20 personnes. Sauf que cela personne ne le fait. Pas un décideur ne le fait. Ou sinon il termine : pas bien, alcoolique et cirrhosé. Par contre la consultation des réseaux sociaux à haute dose, tout le monde le fait. Jusqu’où vous arrivez à le pondérer comme quelque chose qui est mineur, massif ? Comment vous le dosez ?
« Je gère tous mes comptes moi-même. »
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Merci à Mmes Chenitz et Soares pour leurs écoutes et la préparation de cet entretien.
Merci à M. Dugoin-Clément pour sa participation à ce portrait.