Mme Marijosé Alie

La voix de la Martinique – Un portrait intime autour de « l’expression la plus aboutie de la démocratie ».

Chers lecteurs,

J’ai comme l’impression que mes rencontres et mes portraits vous inspirent de plus en plus. Je continue sur ma lancée au travers de nouveau partage avec vous. Comme vous avez pu le remarquer depuis quelques rencontres, j’élargis mon panel pour vous offrir une plus grande diversité thématique. Je me lance dans cette nouvelle série pour mon blogue.

Il y a des rencontres qui sont dues au fruit du hasard de la vie. Celle que je tiens à partager avec vous en fait parti. Au cours d’un dîner j’ai eu la chance de rencontrer une grande journaliste, chanteuse, écrivaine à l’accent chantant de la Martinique. J’ai ainsi tenté ma chance et avec beaucoup de simplicité, Marijosé Alie a accepté ma proposition d’interview pour que je retrace son parcours de vie avec vous. Journaliste de formation, chanteuse, écrivaine. Une vraie touche-à-tout venue de la Caraïbe.

Le parfait exemple pour continuer ma série de portrait. Voici l’issue de la rencontre à son domicile parisien le mercredi 12 juin 2019. Un vrai moment sincère de partage et de confidences intimes.

Bonne lecture !

@romainbgb – 17/06/19

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Marijosé ALIE au tambour à l’Olympia – © crédit photo : Droits Réservés

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Bio express :

-1951 : naissance à Paris. Enfance en Martinique ; Commence le piano à 6 ans.

-Passionnée par la lecture et l’écriture qu’elle considère, dès l’âge de 16 ans, comme « l’expression la plus aboutie de la démocratie. »

-études de Lettres, sociologie et journalisme.

-1974 : *sort diplômée de l’Ecole supérieur de Journalisme de Paris.

*Intègre l’Office de Radiodiffusion et Télévision Française (ORTF).

-1977-1980 : ses convictions politiques et son indépendance d’esprit lui valent un transfert en Bourgogne.

-1983 : chante avec le groupe Malavoi la chanson « Karésé Mwen ».

-1987 : version solo de la chanson « Karésé Mwen ».

-1989 : sortie de l’album « Gaoulé ».

-1992 : 1 ère femme rédactrice en chef à RFO Martinique.

-1999 : 1ère femme directrice régionale en Martinique.

-2000 : sortie de l’album « Zambouya ».

-2009 : publie « Elle & elle : entre chienne et louve », HC Edition ; avec des peintures de sa fille, Frédérique Alie.

-décembre 2009 : co-présente le magazine du Téléthon avec Laurence Piquet.

-2011-2014 : anime l’émission « A nous deux » tout les samedis sur France Ô.

-2012 : 1 ère femme directrice des programmes chargée de la diversité pour toutes les chaînes du groupe France Télévision

-2016 : publication du 1er roman, « Le convoi » ; HC Edition.

-janv. 2020 : publication du 2nd roman, « Une semaine et un jour » ; HC Edition.

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Une naissance à Paris, puis avec tes parents, vous êtes partie en Martinique ?

« Moi toute seule. Quand Je suis née mes parents étaient encore étudiants. En architecture pour mon père, au Conservatoire de musique pour ma mère. Ils ont vite réalisé qu’avec un bébé c’était difficile. Ils m’ont mis sur un bateau, pour un voyage de quinze jours. Ce n’est pas comme maintenant où l’ont peut faire l’aller-retour simplement en 48 heures. Ils m’ont remise à ma grand-mère maternelle. J’ai été élevée par mes grands-parents en Martinique. Ils étaient assez âgés puisqu’ils ont eu ma mère par accident, assez tard, à 43 ans. Je suis vraiment une enfant du hasard.

« Ma grand-mère a échappée à l’éruption de 1902. Elle avait des problèmes de poumons. Lorsque la cendre a commencé à pleuvoir un peu partout, avant l’éruption, on l’a envoyé comme on disait « en changement d’air » au Diamant. Du jour au lendemain, le 2 mai, elle s’est retrouvée orpheline, sans amie, sans personne. Sa vie d’adulte a commencée comme cela.

« C’est important ça fait partie de ma construction. Mon grand-père était le premier magistrat noir de France. On est vraiment la famille des premiers. [Rires] Des premiers de quelque chose. Il est en poste en Afrique et ma grand-mère s’est retrouvée à 43 ans, face à un médecin de la coopération qui lui dit : « Madame, vous avez un fibrome on va vous opérer. » Mon grand-père, peu rassuré, a décidé de faire ça à Paris. C’est là qu’on lui dit : « Votre femme est enceinte ! ». Deux fois j’ai échappé à ma non existence totale ! J’ai une notion de ce qu’est le miracle de la vie! C’est vrai qu’on n’y pense pas, au hasard, le hasard qui fait que l’on soit là. Mon hasard a été architecturé et marqué par deux évènements extrêmement cruciaux. Du coup ma mère qui est fille unique ne serait pas née et je ne serai pas là ! »

Tes parents se sont rencontrés à la Martinique ?

« Après avoir voyagé entre l’Afrique, en Guyane où il a été procureur… Une fois que mon grand-père a atterrie avec sa retraite en Martinique, mes parents se sont rencontrés. Les deux familles habitaient le même quartier. Eux apparaissaient comme des gens qu’il fallait observer. Ils avaient beaucoup voyagé. Qui est cette fille qui met des socquettes, toujours habillé comme si elle sortait du Couvent des Ursulines ? [Rires]

« Tout le monde en Martinique était beaucoup plus décontracté, avec une certaine liberté vestimentaire… Elle avait beaucoup grandi entre l’Afrique et la Guyane. Il y avait quelque chose de très naïf chez ma mère et de très intellectuel chez mon père. Je ne sais pas comment ces deux univers se sont rencontrés ?! Ils forment ma personnalité. Je suis faite de tout ça ! Plus le temps passe, plus j’en suis consciente. On ne le sait pas quand on est jeune. Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours eu cette révolte en moi. Cette espèce d’hystérie de la liberté qui est un peu mon graal.

« J’ai eu très tôt conscience de l’endroit où je me trouvais, dans la Caraïbe, où se développait une période de l’Histoire des l’humanité… Je suis une soixante-huitarde, j’avais 17 ans en 68 ! J’ai eu très tôt la certitude que la démocratie, est une chose fragile, qu’il faut entretenir, nourrir et préserver. C’est une des plus belles inventions de l’Homme. Le journalisme et l’éducation en sont des outils primordiaux. J’en ai été convaincue très tôt. » 

A 16 ans tu considérais déjà « la lecture et l’écriture comme l’expression la plus aboutie de la démocratie. »

« Tout à fait. Ça m’a pris très vite comme j’avais un physique ingrat pour l’époque, grande, maigre… Je n’avais pas du tout les formes à la Bardot ; j’étais beaucoup plus féminine de dos que de face [Rires]. Je lisais beaucoup en fait. Pendant que les filles s’occupaient de leurs histoires de maquillages et de talons haut ; je fouillais dans la bibliothèque familiale. J’avais des lectures très éclectiques.

« A 12 ans j’avais lu Le deuxième sexe de Beauvoir, qui a été un livre majeur pour moi. Je lisais Maurois, Boris Vian, Césaire… Je lisais ce que je trouvais dans la bibliothèque de mes parents, en cachette bien sûr, c’était des livres interdits pour mon âge ! La mythologie grecque ! J’adorai la mythologie grecque. Je trouvais ça tellement plus amusant que la Bible. [Rires]

« Ce qui est drôle c’est que Césaire m’a révélé plus tard sa passion pour la mythologie grecque. Je me suis sentie moins seule. C’est quelque chose qu’il ne fallait pas trop dire. Moi, noire, j’étais intéressée par la mythologie grecque comme si je lisais une BD. Césaire me dit qu’il était complètement passionné ; il m’a montré tous ses livres sur la mythologie grecque. Bref, Ce fatras littéraire, dans le désordre et sans guide, a formé le chaos qu’il y a dans ma tête [Rires] ; et m’a construit ça c’est sûr ! » 

Et la musique dans tout ça ?

« J’avais une appétence pour la musique, ma mère m’ayant assise au piano à l’âge de 5 ans, elle même avait fait le Conservatoire et enseignait. A l’époque on n’avait pas la possibilité d’écouter de la musique comme on n’en a maintenant. Je n’en écoutais quasiment jamais, pour la bonne raison que la radio nous servait du Hallyday, Vartan, ça m’ennuyait profondément. Je reprenais quelque chose, comme des morceaux de Françoise Hardy avec ma guitare, je trouvais ça amusant. Parfois de la musique cubaine passait à la radio. On n’avait pas du tout de musique autre. Chez moi il y avait beaucoup de musique classique. Le gramophone familial était totalement occupé par les 78 tours, puis plus tard les 33 tours, de pianistes, d’interprètes prestigieux, d’Opéra.

« Sur le parvis de l’Eglise où je passais mes week-ends très souvent il y avait des réunions de tambouillers et donc on y jouait du tambours. Mon éducation musicale s’est ainsi développée entre la musique classique et le tambour que j’entendais et qui me transportait carrément. Autant le classique m’apaisait, autant le tambour m’énergisais et me donnais le sentiment que je rentrais au plus profond de moi. Le moindre battement de tambour me précipitait hors de chez moi, et mettait mon corps hors de lui-même. C’était tellement bon! C’est toujours le cas [Rires]. Sauf qu’aujourd’hui j’en joue. Un peu .Je tape sur le tambour. » 

Ce qui amène, dans ton cursus, à consolider ton désir d’écriture puisque tu vas faire du journalisme, en sortant diplômée en 1974.

« Je pars bien avant cela, en 1968. J’ai vécu les émeutes de ‘68 mais en octobre. Le diplôme en effet ’74, je suis diplômée journaliste. C’était une époque fabuleuse, des cours de sociologie à la Sorbonne. J’ai suivi tout un cursus pour lequel je n’étais même pas inscrite. Je faisais des conférences et des cours à la Sorbonne sur la poésie d’Aimé Césaire. On avait souvent les hémicycles pour nous. On se mettait debout et puis celui qui arrivait à arracher le pupitre, se lançait. J’étais d’une timidité maladive, il fallait que ça sorte. Je parlais de Césaire à des gens qui ne savait même pas qu’il existait. C’est clair ! Parler de la négritude, du « nègre debout »… J’aimais ça !

« ‘68 m’a beaucoup aidé à dominer des aspects de ma timidité qui confinait à la maladie psychiatrique. Quand il y avait trois personnes dans une pièce, j’y entrais à reculons et je fermais ma gueule. Ce qui n’a plus du tout été le cas après. Toujours la même panique quand il y a du monde mais j’y vais ! Je pense que c’est cela qui me l’a donné ! Ce désir de dire, ce besoin de dire, qui est plus fort que tout !

« Je fais du journalisme dans l’esprit de ce que je t’ai dit. A savoir que pour moi, c’était l’un des outils le plus abouti, qui permet à chacun de se positionner. C’est pour cela que je crois au journalisme à l’ancienne. J’ai beaucoup de mal avec le nouveau journalisme qui s’apparente d’avantage à de la communication. Tout ceci bien organisé, bien aseptisé, ou simplement cosmétique. J’ai beaucoup de mal avec ça.

« Je crois vraiment qu’il faut se faire violence. Enlever le « je ». Je crois que ça devient une seconde nature. Dire les faits, mais pas que. Dire les faits mais les abonder avec l’histoire des faits. Cela veut dire que pour moi un journaliste qui n’a pas un minimum de culture, n’est pas un journaliste. C’est un miroir de l’instant T. Mais l’instant T doit toujours se nourrir de ce qui a précédé, de tout ce qui a amené à ce moment. »

En 1977, tu intègres l’ORTF (Office de Radiodiffusion et Télévision Française).

« Bien avant, mais ils étaient très malin à l’époque. J’ai intégré l’ORTF tout de suite, en 1974, mais sans contrat ! J’étais pigiste mais ça n’a jamais été intégré dans mon évolution de carrière. Je pense qu’il ne payait pas la Sécu à l’époque ! [Rires] En tout cas je ne suis pas déclaré à la Sécurité Sociale comme travaillant là-bas. De 1974 à 1977, je n’existe pas. J’aurai pu effectivement partir au combat, en même temps, non. L’époque fonctionnait comme ça. Ce n’est pas très juste.

« En 1977, j’ai été intégrée après examen. A l’époque l’on passait un examen pour entrer à l’ORTF pour savoir l’étendu des connaissances parce qu’il y avait beaucoup de candidats. Je pense que l’on ne voulait pas les marginaliser. Il y avait un examen qui concernait tout le monde, y compris ceux qui avait un diplôme. J’ai passé l’examen que j’ai réussi. Ma grande gueule a fait que immédiatement on m’a envoyée en France hexagonale, je l’ai accepté.  C’est marrant parce que finalement pour l’Hexagone le bagne ça été la Guyane. Pour les grandes gueules du journalisme à l’époque, le bagne c’était la France profonde. Il faudrait que les français le sachent !

« On m’a donné une bonne raison, on m’a dit il n’y a pas de place pour être intégré pour le moment sur place. Je n’avais pas mis les pieds dans l’avion, qu’il y avait déjà deux intégrations qui se faisaient en Martinique… C’était juste moi dont on ne voulait pas sur place. J’avais bousculé l’ordre républicain, en tout cas la façon dont on entendait gérer la Martinique, à la trique et au fouet, comme c’était à l’époque. »

On parlait d’Aimé Césaire tout à l’heure. J’ai cru comprendre qu’une rencontre a eu lieu dans les couloirs de l’Assemblée nationale pour un documentaire sur lui ? Ton appétence pour l’écriture et la lecture a due être confirmé à ce moment-là j’imagine ?

« Je crois que mon premier rendez vous avec Aimé Césaire a quelque part déclenché en moi le désir de partager mes écrits.

« Car j’ai toujours écrit depuis la maternelle, dès que j’ai compris l’articulation des consonnes et des voyelles. J’ai rédigé des petits textes, sortes de poèmes enfantins, pour mon ours en peluche, pour le grand catalpa du jardin, pour mes parents… Des textes que je gardais pour moi, c’était un peu ma vie secrète de petite fille … Et ça a continué à l’adolescence, et dans ma vie femme…

« Quand je suis revenue en Martinique, après la Bourgogne, mon projet prioritaire était de réaliser un documentaire sur Aimé Césaire, l’homme politique, mais aussi le poète… Il faut savoir que cet homme avait été interdit d’antenne, de façon implicite, pendant les 30 années de pouvoir de la droite en France… Dangereux voilà comment il était considéré, développant des idées de rébellion d’autonomie, voire d’indépendance, critiquant la départementalisation, qu’il avait lui même initiée, car il estimait qu’elle était à 2 vitesses et ne mettait pas en musique l’égalité entre les français de l’hexagone et ceux des outremers… Bref l’homme à abattre, mais qui semblait indélogeable de la mairie de Fort-de-France.

« Déjà j’ai eu beaucoup de mal à arracher l’autorisation de tournage à ma hiérarchie. La gauche venait de rentrer à l’Elysée et les politiques locaux voulaient qu’on s’occupe d’abord de faire les portraits des vieux socialistes qui voyaient le vent tourner en leur faveur… Même pour eux, Césaire était trop sulfureux. Suite aux traitements que lui avaient infligé les médias pendant 30 ans, l’homme était d’une grande méfiance et détestait les caméras… Alors j’ai menti ! J’ai affirmé qu’il était d’accord alors qu’il m’avait dit « On verra, passez donc à l’Assemblée nationale quand je suis là-bas je suis plus disponible ! »

« Donc me voilà dans l’avion avec mon équipe, que des gens extrêmement motivés, sans que je sache vraiment si finalement il allait dire oui. Dès mon arrivée à la bibliothèque de l’Assemblée j’ai senti qu’il n’avait qu’une envie, se sortir de ce guêpier. Alors je me suis lancée…

« En gros, je lui ai dit que je comprenais ses réticences, que la difficulté de l’exercice était que je connaissais beaucoup de lui à travers ses écrits mais que lui ne savait rien de moi. Que je comprenais que la confiance ne soit pas au rendez vous, puis j’ai ajouté en sortant mon cahier de poèmes, « Voilà, je suis journaliste. Je vais vous poser toutes les questions que je dois vous poser. Si vous voulez me connaître, lisez ceci ». Je lui ai tendu toutes mes petites merdouilles d’enfance, d’adolescence et plus… « Vous savez je n’avais jamais permis que quiconque lise ces petits textes tellement intimes. » J’ai conclu en lui disant : « Si la personne que vous rencontrez dans ces écrits vous semble honnête on fait le documentaire, si vous ne le sentez pas, on ne le fait pas ! »

Je me préparai à partir et attendre qu’il me rappelle. Je me souviens des regards de mes camarades de tournage. Il m’a stoppé, a commencé à lire tout de suite. J’ai été à la torture, me demandant comment j’avais eu le culot de faire lire mes écrits à cet immense poète… Au bout d’un moment, qui m’a paru une éternité, il a refermé le cahier, nous a regardé et a juste dit : « On commence quand ? » En se tournant vers moi il a ajouté : « Il faudra publier un jour » … Je l’ai fait, 30 ans après !!!! »

1977-1980 : La Bourgogne.

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Marijosé ALIE – Présentatrice du journal télévisé en Bourgogne – © crédit photo : Droits Réservés

« J’ai adoré ! J’avais demandé Paris. En fait j’avais refusé une invitation à diner avec mon supérieur hiérarchique. Pour le coup, à l’époque, j’étais super canon [Rires]. J’étais avec mes deux ainées, qui avaient deux et trois ans, ce n’est pas évident de partir comme ça à l’aventure. J’avais des difficultés avec mon mari de l’époque, donc c’était moins compliqué ! Quand je suis arrivé et que j’ai refusé des avances les appels du pied, qui n’étaient pas pour mes pieds, je me suis retrouvé en Bourgogne. Apparemment c’était le nec plus ultra du bagne ! [Rires] J’ai adoré ! Pour moi c’était totalement exotique, la France profonde.

« Je connaissais Paris pour y avoir fait mes études, mais la France profonde je ne connaissais absolument pas. Comme moi je viens effectivement d’un endroit où j’ai vu tellement de gens arriver ayant l’air de tout savoir, de tout connaître… J’ai fait avec beaucoup d’humilité. J’ai appris la région pendant six mois. J’ai foncé dans les livres, sur toutes les thématiques, le Morvan, l’histoire, puis j’aime bien l’histoire en général.

« Je suis partie à la conquête de cette grande et magnifique région avec des reportages qui n’étaient pas du tout ce que proposaient les autres. Par exemple la foire aux animaux de Dijon, un marronnier qui n’avait aucun intérêt pour les journalistes locaux. Pour moi ça avait quelque chose d’extra ordinaire. J’arrivais à y mettre l’enthousiasme de quelqu’un qui ne connaît pas, qui découvre, qui va chercher les petits trucs qui font que ça raconte la vie de la région. J’y ai passé trois ans et je me suis fais plein d’amis.

« Surement des ennemis aussi en fait j’ai passé ma dernière année à présenter le journal régional. Ils ont dû trouver que j’étais bonne. J’étais pas trop mauvaise, ça c’est sûr. Un matin la ville de Dijon s’est réveillée les murs recouverts de « Alie rentre chez toi! » … C’était assez violent ! Réunion de crise à la rédaction ; le directeur régional qui était descendu de son bureau et qui m’avait dit : « Ne vous inquiétez pas, je vous fait raccompagner chez vous. » Il avait plus peur que moi.

« J’avais quand même des courriers de gens qui étaient très content de mon travail, des discussions sur certains sujets : parce qu’à l’époque on écrivait encore des lettres. Je les gardais ! Ce n’était pas l’Ordre nouveau de mes années soixanthuitardes, c’était déjà le Front national qui commençait à faire son apparition. Ça ce traduisait sur le terrain par des petites choses concrètes, comme celle là. Ce n’est pas parce qu’en une nuit des nazillons inondent les murs de Dijon, que l’on va se retrouver le petit doigt sur la couture du pantalon et que je me ferais raccompagner chez moi parce qu’on a peur que je sois menacée, ou que j’arrêterais de présenter le journal. C’était non ! On va faire l’info ! Et on a fait de l’info. Je n’ai jamais été emmerdé plus que ça en fait. C’est tellement énorme ! [Rires] je crois que malgré tout J’ai surtout un bon souvenir de cette période. » 

« Karésé Mwen »

Marijosé ALIE – Karésé Mwen

« Ce que l’on sait pas c’est que ce fameux titre, date de la Bourgogne en fait. Un des premiers hivers que je passais là-bas avec mes filles. Non pas que je ne connaissais pas l’hiver, j’avais étudié à Paris. Mais cet hiver là était particulièrement rude. Je présentais tôt le journal radio du matin à Dijon. Ma voiture était garée dehors, tout les matins ; -16 degrés à trois heures du matin. Tout les matins, je grattais le givre sur le pare-brise ; je laissais mes gamines seules. Hiver 1980. Oui c’est ça.

« Je partais faire la radio dans une salle confinée, qui puait encore l’odeur de cigarette de la veille ; une atrocité totale. C’était une période assez dure, surtout qu’il y avait une grande méfiance de la part de mes camarades de travail. Comme cela se faisait que je vienne de la Martinique ? Je devais être une infiltrée de la direction pour espionner les syndicats… Un moment de grande solitude, mes confrères se méfiaient de moi. Ils ne comprenaient pas comment j’avais atterri là. J’étais loin de tout.

« Je suis rentré un jour chez moi, j’avais toujours ma guitare avec moi. Je ne pouvais pas transporter de piano, c’était trop lourd. J’ai écris Karésé Mwen. Les paroles, quand on ne les comprend pas, ça dit juste que l’on a tous besoin de caresse. C’était un peu mon cas [Rires] ! J’ai écris ça pour mes filles. On a besoin de tendresse, on a besoin de caresse. Le monde a besoin de ça. Ce n’est pas possible que l’on choisisse de vivre dans un monde aussi dur, aussi implacable, aussi violent. Ce monde où j’étais en proie à la fois à la méfiance, au racisme, à la solitude, au problème de blés, à tout en fait ! La musique est un bon exutoire pour ça, j’ai fais cette chanson là.

« Quand je suis rentrée en Martinique, j’ai emmené cette chanson là avec moi, et d’autres. Parce que je composais et écrivais beaucoup. Tout cela sans jamais avoir l’idée que ça puisse donner quelque chose. C’est une chanson que je chantais quand j’étais avec des musiciens, le groupe Malavoi, des potes. Un jour ils sont venus me voir pour m’annoncer qu’ils étaient en train de faire un album. Il manque un titre. Paul Rosine me dit que « ma chanson est vraiment belle, est-ce que l’on peut la prendre ? » Je leur ai dit : « Prenez là, il n’y a aucun problème, Ralph chantera ça ! » Ralph me dit qu’il ne peut pas chanter ça, il va se retrouver avec toutes les filles qui vont lui tomber dessus et lui courir après ! Il rigolait ! En fait il voulait que je la chante. « Je ne suis pas chanteuse les gars ! » J’ai fini par le faire.

« La musique faisait partie de ma vie. J’aime bien aller au bout de ce que je fais. C’était ma chanson, je l’avais écrite. Je savais que quand j’allais la chanter, ça serait la mienne. Quelqu’un d’autre la chanterait à sa manière. Pour moi c’était un titre qui allait disparaître dans les vingt-deux titres que contenait l’album. Il y avait quand même La Filo ou d’autres titres qui ont fait leur réputation ; qui sont devenus aujourd’hui des standards de la musique martiniquaise.

« Je dois aussi mon succès à deux journalistes de Libé, qui ont vu l’émergence des musiques d’ailleurs, comme le Raï, en créant leur propre label. Philippe Conrad et Rémy Kolpa Kopoul, Radio Nova, qui depuis est décédé. Ce sont eux qui m’ont rapproché de la maison de disque Barclay, qui cherchait des titres, des gens qui sortaient un peu de leur univers habituel. Pendant deux ans, Barclay m’a couru après parce que je ne voulais pas, évidemment. Je ne veux jamais [Rires]. Ce sont mes copains musiciens, les Malavoi notamment, qui m’ont dit « Marijo ça fait des années que nous on se bat pour avoir une signature dans une grande maison de disque, toi tu peux l’avoir et tu dis non ?! … C’est notre musique que tu emmènes ; c’est notre langue ! » Donc j’ai dit, oui ! Voilà comment Karésé Mwen est devenu un tube ! »

1992 : première femme rédactrice en Chef.

« En général, franchement, on fait appel à moi quand tout va mal. On se dit qu’elle nous emmerde. Elle va aller emmerder ses petits camarades. J’extrapole un peu mais ça n’allait pas trop bien à la rédaction. C’était en train de s’enliser, la concurrence arrivait. Il fallait présenter un autre mode de fonctionnement. Ce qui fut fait : on m’a nommé rédactrice en chef chez RFO Martinique. A l’époque, c’était radio et télévision. Sauf que j’ai eu une MONSTRUEUSE histoire avec Monsieur Balladur… [Rires] »

Comme on se retrouve ! 😉

« Comme on se retrouve ! Son directeur de Cabinet à l’époque était Nicolas Bazire. Un moment terrible. Il a cru qu’il allait me parler en claquant des doigts pour m’appeler. Je lui en voulais d’autant plus qu’il a grandit en Martinique, son père avait été directeur régional de la RTF. C’est incroyable.

« Balladur arrive en Martinique, il est Premier ministre. Il est en train de faire un enfant dans le dos à Chirac. Sauf que la Martinique, elle est de gauche ou chiraquienne. On est pendant la campagne présidentielle de 1995. Il arrive à l’aéroport de Fort-de-France et que se passe-t-il ?! Tout le long de la route, jusqu’à la Préfecture, il se retrouve avec des panneaux appelant à voter Jacques Chirac. La Martinique est à gauche, avec des mecs comme Césaire, culture de gauche etc… et puis Chirac ! Il n’y a pas de place pour lui. Voter Chirac tout le long du parcours, il y a de quoi arriver énervé !

« A la Préfecture, Bazire m’alpague, en me claquant du doigt : « On voudrait vos questions ! » Il y avait une interview qui était prévue avec les trois chaînes de TV et c’était moi, en tant que responsable de l’antenne émettrice, qui la coordonnait pour diffuser l’interview du Premier ministre. Vingt minutes d’interview. C’est là que les choses se sont gâtées. J’ai dit : « Ecoutez moi bien ! Là, c’est fini le temps où l’on était pendu à l’arbre et on se grattait les côtes pour faire rire les touristes qui sont en bas. Les macaques de l’Outre-mer c’est terminé, c’est pas nous ! Vous ne ferez pas ici ce que vous ne feriez pas à France 2 ou France 3 à Paris. » J’avais tout le monde avec moi, bien évidemment. Bazire s’est mis à hurler : « Vous ne me parlez pas sur ce ton ! » Je me suis élevé au dessus de lui en lui disant : « Vous êtes ici chez nous. Vous êtes le bienvenue, mais avec correction et respect ! » Le Préfet arrive en courant, il avait trois poils sur la tête. Les trois poils était dressé sur la tête, en disant : « On n’a jamais entendu ça sous les ors de cette Préfecture ! »…

« J’ai dit qu’on allait la faire cette interview. Il n’aura pas les questions mais il aura les thèmes, c’est normal. On avait prévu une question sur le fait de savoir quels allaient être ses alliés politiques sur place. Une question d’une banalité sans nom. Surtout que s’il n’avait pas la réponse, je l’avais pour lui ! Il y avait un centre, qui était bien présent, qui ne demandait que ça que de voter pour lui ! « Vous ne poserez pas de question concernant la campagne ! » « Excusez-moi mais c’est peut-être le Premier ministre, lui-même, qui a enclenché le processus en venant ici » Il y avait en plus des journalistes de la Presse nationale qui étaient là, qui n’attendaient que ça ! Je lui dit que j’ai aucun ordre à recevoir … C’est reparti dans les aigues…

« Je ne suis pas toute seule donc je vois avec les deux autres rédacteurs en chef et leur dit « il n’y a pas d’interview si on pose la question, qu’est-ce qu’on fait ? » Les deux autres c’étaient Jean-Jacques Seymour et François Fèvre. On se dit faisons l’interview mais au moment où on arrive la question politique, on arrête l’interview. Elle s’arrête là. C’est-à-dire qu’au lieu de faire vingt minutes, ce qui n’est jamais assez, normalement tu essayes d’en grappiller plus, on en fera neuf. Mais que personne ne le sache. Banco ! Ce qui fut dit, fut fait ; c’est-à-dire qu’au bout de neuf minutes, j’ai dit : « Les questions n’étant pas souhaitées, je rends l’antenne ! » en face la soupe à la grimace.

« Après il y a un pince fesse à la Préfecture. Tout les gens qui ne m’aimaient pas m’expliquaient que je n’allais pas en sortir vivante. Le directeur de l’information de RFO était là et le PDG, qui lui est un ancien préfet, qui s’appelait Belorgeyg. Je voyais ce Monsieur que j’aimais bien, mais tellement mal à l’aise. Je lui ai dit : « Vous savez quoi, je ne peux pas gérer une rédaction sous haute surveillance parce que c’est ce qui va se passer maintenant et donc c’est ma rédaction que je mets en danger. Chaque fois que l’on dira quelque chose on sera soupçonné d’être des anti ; si ce Monsieur gagne la présidentielle, on va être vraiment emmerdé ! Vous-vous débarrasser de moi pour que la rédaction continue ! » Soit on fait les choses salement, ce qui n’est pas dans mon caractère. Soit on fait ça proprement. C’est là que j’ai demandé un bureau, un téléphone, un fax, une caméra, un ami journaliste reporter d’image et une année de documentaire dans la Caraïbe, parce qu’on ne l’avait jamais fait ! Il m’a tout donné ! [Rires] Voilà comment j’ai eu mon statut de grand reporter. Je ne leur ai jamais demandé. Je l’ai eu après. » 

Grand reporter dans la Caraïbe

« C’était aussi pour moi une chose extrêmement importante, que de raconter l’environnement géographique, culturel et naturel. Les gens qui nous ressemblaient le plus au monde étaient des gens de la Caraïbe. On avait la même histoire, c’est-à-dire la colonisation, qu’elle soit britannique, espagnol ou française. Commerce triangulaire ; esclavage ; abolition. De tout ça émergeait des populations qui avaient évoluées dans des sphères de coopération économique différente.

« Je n’étais plus rédacteur en chef mais responsable d’une série de documentaire sur un an. On était deux. On a réussi à rendre un documentaire tout les mois. La partie la plus chouette de ma carrière ça été ça. C’est ce que j’ai préféré dans mon parcours de journaliste. Ça m’a permis de me rendre compte à quel point nous n’étions pas seul, du moins avec cette histoire compliquée.

« Tu vas à la Jamaïque. Tu vas à Cuba. Tu as la même histoire. Les révolutions ne sont pas les mêmes. Les parcours d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes. Tout ces pays là sont indépendants. On porte le même poids et on a quasiment le même langage. Là, tu te sens moins seule ; tu te sens moins à part. il y a une ouverture absolument nécessaire sur la Caraïbe. On prend les musiques, on les partage. C’est chez nous que sont nées toutes les musiques qui font le tour du monde. Je parle du reggae. Je parle du zouk. Je parle de la salsa. La musique c’est une communication sans frein. Sans filtre plutôt ; de ton âme à l’autre. Sans vouloir faire de raccourcis ou de lieu commun.

« Il n’empêche que si l’on parle comme cela à l’âme du monde, c’est peut-être parce que nous portons le monde en nous. Quand tu vois les métissages qu’il y a eu dans cette partie du monde, je me dis mais c’est ça notre force. Nous sommes une sorte de laboratoire de ce que sera le monde de demain. Les clivages ethniques sont des prisons. » 

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Marijosé ALIE – © crédit photo : Droits Réservé

2009 : publication de son premier livre Elle & elle : entre chienne et louve, illustré avec des peintures de sa fille Frédérique.

« Cela fait parti des choses, depuis que Césaire m’en avait parlé, je me suis rendu compte que j’écrivais tout le temps et que j’avais plein de textes sur pleins de cahiers, partout, ces fameux poèmes. La mort de Césaire est quelque chose qui m’a profondément secouée. Je me suis mise à réfléchir. En écrivant sur son départ, je me suis dit que je pouvais compiler tout ce que j’avais écris sans relire vraiment. Un regard sur le monde étalé depuis des années, à 20 ans, à 30 ans etc… Ce qui était vraiment intéressant c’est que ma fille, Frédérique, peint et on c’est rendu compte qu’il y avait des similitudes d’interrogation dans sa peinture et dans mon écriture. Mettons ça ensemble. Faisons un petit fascicule que les gens emportent partout avec eux. J’ai trouvé un éditeur qui a tenu le pari avec nous. »

En 2016, persévérance dans l’écriture avec Le convoi.

« Mon rêve c’était d’écrire des romans. Je vois les histoires avec des images, peut-être une déformation à cause de mon métier de la télévision. C’est ce que j’appelle une écriture sensuelle parce que tout passe par les sens. Dans ce que j’écris il y a les odeurs. Il y a le toucher. Il y a ce qu’on entend. Il y a la musique des mots. La musique du créole est toujours présente dans mon écriture française en fait. C’est un peu ça. J’ai toujours eu envie d’écrire« J’ai toujours pensée que c’était le nec plus ultra de mes désirs et de mon parcours : arriver au bout de cette expérience formidable que tu vis en tête-à-tête avec des personnages que tu crées. Tu finis par te demander si ce ne sont pas eux qui te créent pendant le temps que tu écris.

« C’est ce qui correspond le plus à mon caractère. Finalement je suis une grande gueule mais je reste timide. La scène c’est un arrachement. chaque fois que je monte sur scène, je suis malade, tellement j’ai le trac. Quand je rentre en studio pour enregistrer, c’est un travail que j’aime plus ou moins. J’aime la création. Le moment que je préfère c’est quand je crée, quand je compose, quand j’écris. Le roman c’est quelque chose de fabuleux. J’adore ce moment-là. Après quand on commence à libérer les chevaux et faire lire ce que l’on a écrit, ça devient plus difficile. Je serais comme une montgolfière, je m’envolerais vers la stratosphère si n’avais pas pu faire ça. 

« J’ai un deuxième roman qui est chez l’éditeur qui va sortir en janvier 2020. Il s’intitulera Une semaine et un jour. »

La musique, tu continues ?

« La musique continue parce qu’une fois que l’on a mis le pied dedans, on peut pas arrêter. Je compose tout le temps. On a créé avec Frédérique et Sohée, mon ainée et ma dernière, le groupe Elle & elles. On compose toutes les trois. On écrit toutes les trois les textes. On a des univers musicaux très différents. C’est un challenge. Si tu as l’occasion écoutes le disque tu verras pourquoi c’est particulier. C’est merveilleux. J’ai l’impression que je connais mieux mes filles. Je respire comme elles pour chanter, c’est incroyable ; ce n’est pas la même chose ! Je les redécouvre. Après chacune suit son parcours. On va sortir mon disque. Elles vont sortir chacune leur disque à elles. »

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Marijosé ALIE auprès de ses filles :  Frédérique ALIE-MONTHIEUX et Sohée ALIE-MONTHIEUX – © crédit photo : Droits Réservés.

Quel est ton rapport aux réseaux sociaux ? Quel est ton regard, en tant qu’ancienne journaliste ?

« Je trouve comme tout le monde qu’il y a un côté positif et un côté négatif, c’est comme tout. La médaille a son revers. L’Homme se retrouve toujours au pied du mur de ses propres choix. On est toujours obligé de faire des choix. Tu peux faire la bombe H ou des centrales électriques. C’est un merveilleux moyen de communication. Je suis ravie de pouvoir converser mais ça m’arrive rarement parce que je n’ais pas le réflexe. Pouvoir converser avec des amis qui sont en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Calédonie… J’ai des amis un peu partout et l’Outre-mer est vaste !

« J’adore l’idée d’une conversation qui nous permets de nous sentir moins étriqué dans nos quotidiens. Savoir comment mon pote, Joseph Caihe, qui est kanak à Lifou, comment il perçoit ce qui se passe dans l’hexagone aujourd’hui, ça m’intéresse. C’est possible ! Avant c’était moins immédiat.

« En même temps, il y a toujours le bien le mal. Le yin, le yang. Dieu, le diable. Le diable c’est que l’on peut aussi répandre des fake-news. On peut inonder les gens les plus crédules. C’est-à-dire ceux qui n’ont pas la possibilité ou l’envie, -parce que le temps, parce que pressés par l’urgence de la vie,- de prendre du recul par rapport à une information. On les abreuve de fake-news. Et la On peut aller vraiment vers des choses dangereuses, vers une montée de l’extrême-droite par exemple. Et l’extrême-droite ça sera toujours non ! Je les ai vécu, c’était peu de chose. Mais je les ai vécu à l’époque en Bourgogne. Je les ai vu à l’œuvre et j’ai la mémoire de l’Histoire ; il faut qu’on ait cette mémoire car rien n’est pérenne.

« Toutes les conquêtes que l’on a faites qui ont été verrouillées par le législatif. Le mariage pour tous, l’IVG, la reconnaissance de l’esclavage comme plus grand crime contre l’humanité… Tout peut être défait ! Regardez l’ambiance en ce moment !

«Alors ça nous oblige, nous, êtres humains, citoyens, à une vigilance permanente pour que l’on ne se laisse pas déborder par nos propres totems. C’est-à-dire que l’on ne soit pas en train d’ériger des trucs contre lesquels on va être obligé de s’agenouiller en faisant des salamalecs. Là ça m’embêterait vraiment que l’on ait fait tout ça pour en arriver à une société encore plus rétrograde qu’elle ne l’était au siècle des Lumières. »

***

*Un grand merci à SAR la Princesse Anne de Bourbon des Deux Siciles et Maitre Alex Ursulet, sans qui cette rencontre n’aurait jamais vue le jour.

*Un grand merci à Marijosé Alie pour son écoute, sa générosité et sa liberté qu’elle su m’offrir pendant toute la durée de cette rencontre.

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