M. Paul Midy

Instant X.

Chers Lecteurs,

Dans la continuité de mes entretiens, je profite une nouvelle fois de donner la parole à la jeunesse et à la politique. En effet, je souhaite partager avec vous le portrait peu commun d’un député de la nouvelle législature.

X. C’est sur les bancs de l’École Polytechnique, que notre interrogé effectuera ses études et qui l’amèneront à effectuer son Service Militaire au peloton de Gendarmerie de Haute-Montagne de Jausiers.

Colombia. C’est au sein de cette Université américaine que notre personnalité effectuera la dernière année conclusive de son passage à Polytechnique.

McKinsey. Dans la formation de son parcours professionnel, c’est au sein de ce Cabinet que notre interrogé fera ses premières armes pendant 7 ans.

Économie de l’Entreprise. C’est à travers l’expression de cette matière que notre interrogé retournera sur les bancs de l’X, mais cette fois-ci de l’autre côté du miroir en étant professeur. Une nouvelle étape dans son parcours professionnel.

Jumia. C’est au sein de cette Stratup que notre personnalité exercera la continuité de son travail en élaborant les projets à travers l’Afrique et l’Asie. Le continent Africain deviendra très vite la priorité et le début de lien très fort vont s’y créer.

Frichti. Le chemin professionnel de notre interrogé va le conduire au sein de cette entreprise où il en deviendra le premier Directeur Général.

En Marche ! Les vieux démons de la politique refont alors surface. Il est temps pour notre personnalité de s’engager pleinement en politique. C’est ainsi qu’il intégrera le nouvel organigramme du parti présidentiel et en deviendra le Directeur Général.

#Circo9105. Dans la continuité de son parcours, notre interrogé prend le chemin des urnes en se portant candidat aux élections législatives de juin dernier pour la 5ème circonscription de l’Essonne. Sa victoire à 19 voix près, lui permet d’entrer dans l’Hémicycle national en participant à la XVIème Législature.

 

Je vous laisse découvrir le portrait de Monsieur Paul Midy, député de la 5ème circonscription de l’Essonne.

M. Paul Midy, député de la 5ème circonscription de l’Essonne – ©droits réservés

Ce portrait a été réalisé lors d’un entretien dans un café parisien le 3 novembre 2022.

Bonne lecture !

@romainbgb – 07/11/22

 

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Biographie Express de M. Paul Midy :

 

*1983 : naissance à Fontainebleau (Seine-et-Marne).

*2000 : titulaire du Baccalauréat série Scientifique mention Très Bien.

*2000-2003 : Classes préparatoires scientifiques au Lycée Henri IV (Paris).

*2003-2007 : Master à l’École Polytechnique en Économétrie et Économies Quantitatives.

*2006-2007 : Master à l’Université de Colombia (États-Unis).

*oct.2007-sept.2014 : associé-partenaire chez McKinsey & Company.

*sept.2011-juin2014 : professeur en Économie de l’Entreprise à l’École Polytechnique.

*sept.2014-août.2017 : CEO chez Jumia Travel.

*mai.2017-avril.2018 : CEO chez Jumia One.

*mai.2017-avril.2018 : CEO chez Jumia Group. (1ère licorne africaine)

*avr. – oct. 2018 : Directeur Général de Frichti.

*depuis janv.2019 : co-fondateur de Paris Digitale.

*mars2019–juil.2022 : Directeur Général d’En Marche !

*depuis juin 2022 : député de la 5ème circonscription de l’Essonne.

-membre de la Commission des affaires économiques.

*oct. 2022 : nommé membre du Conseil National du Numérique.

 

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À quoi rêvait le petit Paul lorsqu’il était enfant ?

« Je rêvais à plusieurs choses. J’ai commencé par vouloir être vendeur de bonbons parce que j’avais envie de tous les manger. C’était une de mes grandes passions. Cela l’est toujours.

« J’ai voulu être avocat. Ceci jusqu’à ce que l’on me montre tous les Dalloz. Qu’il fallait apprendre tout cela par cœur. J’ai une très mauvaise mémoire. J’ai dit : « Non ! Cela n’arrivera pas ! »

« Ensuite, j’ai voulu être maire et puis diriger des entreprises. Dans les années un petit peu plus sérieuses, c’était cela. Je n’avais pas une lubie. Même s’il est vrai que la passion pour la politique est arrivée assez tôt. »

Comment est née votre rencontre avec la politique ?

« Je me souviens de mon premier meeting politique, pendant une campagne de Jacques Chirac. Je suis issu d’une famille qui ne fait pas du tout de politique. Je ne sais même pas comment on s’est retrouvé là-bas. C’était la campagne de présidentielle de 1995 avec le slogan : « Mangez des pommes ! ». J’avais 12 ans. Je me souviens qu’il y avait des cageots de pommes dans ce meeting. Il y a eu un mouvement de foules. Ma mère s’est faite bousculer et s’est retrouvé dans les cageots de pommes. « Elle est tombé dans les pommes. » Ce qui nous a fait une blague familiale pendant très longtemps. C’est le premier souvenir politique que j’ai.

« On parlait très peu, voire pas du tout politique dans ma famille. C’est quelque chose de toujours assez mal vue. Je me suis mis personnellement à la politique avec Nicolas Sarkozy dans la campagne présidentielle de 2007. J’étais emballé par ce moment. On disait à l’époque soit qu’il faisait l’ouverture, soit qu’il cassait les codes. C’était un peu les prémices du « en même temps » d’Emmanuel Macron. J’ai été pris dans cette tornade-là après. »

Quel souvenir gardez-vous de vos années étudiantes en Classes Préparatoires ?

« J’en garde beaucoup de travail, de quelque chose de très dur. Mais c’est un moment où j’ai créé des amitiés pour la vie. Mes meilleurs amis viennent de ce moment-là.

« Un moment très dur. J’étais parti de chez moi pour aller m’installer dans un petit studio de 7m2 ½. C’était le premier moment d’émancipation. Je ne faisais que travailler. J’avais toujours été un bon élève, un peu toujours le 1er de la classe. Arrivé en Prépa, je n’étais plus du tout le 1er de la classe. Cela est sûr.

« Je me souviens du professeur de ma 1ère colle d’Anglais. Ce professeur réfléchissait à la note qu’il me mettrait. Il a mis quelques minutes. Il a fini par me mettre 0,5/20. [Rires]

« Je me souviens avoir pensé que mettre autant de temps pour mettre une note aussi basse… [Rires] C’est très gentil mais il ne fallait pas s’embêter si longtemps. J’étais très mauvais en Anglais. Je me suis bien rattrapé depuis. J’ai beaucoup travaillé en Anglais. »

Que retenez-vous de vos années d’étudiant à l’École Polytechnique ?

« J’en retiens pas mal de choses.

« J’ai eu une chance folle d’avoir été dans une École de la République, gratuite, dans laquelle je touchais même une indemnité en tant que militaire. Je me souviens d’une forme de responsabilité de se dire que je bénéficie d’un système qui est d’excellence. Celui-ci coûte une fortune. Cela signifie qu’il faut que je rende quelque chose à la France derrière.

« Je me souviens, cela m’avait frappé. On nous avait dit, je ne sais pas si cela est vrai, que former un ingénieur en France, c’est 1 million d’Euros. Je m’étais dit qu’il en faudrait du temps avant que j’aille redonner 1 million d’Euros de valeurs à la France. Il faudra que je me lève tôt le matin.

« Puis, c’était l’époque de mes premiers projets entrepreneuriaux. J’étais le président de Point Gamma, qui s’occupait de la soirée des étudiants de Polytechnique. C’est un projet entrepreneurial. C’est une équipe de 30 personnes. C’est 1’000 personnes qui pendant la soirée tiennent des bars, qui font des shows etc… C’était mon premier projet entrepreneurial concret et opérationnel. On avait fait venir 10’000 personnes. J’avais derrière créé une entreprise sur le Plateau de Saclay, qui s’appelait Goondi, qui était une entreprise de services informatiques.

« Pour finir le Service Militaire. J’avais fait le mien dans la Gendarmerie Nationale. J’étais dans les Alpes-du-Sud, au peloton de Gendarmerie de Haute-Montagne de Jausiers. Cela a été une École de la vie parce que dans la Gendarmerie on voit tout. On voit tout ce qui se passe, le pire comme le meilleur. »

Comment avez-vous vécu votre année d’études à Colombia ?

« C’est la dernière année d’études à Polytechnique. C’est une année d’application. J’ai fait cela à l’Université de Colombia, à New-York. C’était la découverte de la Ville. C’était les États-Unis. C’était une façon de sortir de l’œuf, aussi. Sortir de la coquille.

« C’était la première fois que je quittais vraiment la France et que je m’éloignais du système éducatif français, des Prépas et des Grandes Écoles, qui est un milieu assez trop fermé. C’était une façon pour moi de m’ouvrir sur le monde. Je l’ai vécu très bien. J’en ai beaucoup profité. J’ai vraiment fait beaucoup la fête à ce moment-là. J’y ai rencontré beaucoup de gens, tous très différents. Une première étape pour m’ouvrir au monde et à la différence avant celle qui viendra plus tard quand je travaillerai en Afrique et en Asie. »

Comment s’est passé votre passage chez McKinsey & Compagny ?

« J’en suis très fier. C’est une très belle institution. C’est une entreprise dans laquelle on apprend beaucoup. Ce qui n’a rien à voir avec les caricatures qu’il y a pu avoir. J’ai rencontré des gens formidables là-bas. J’ai appris beaucoup dans ce Cabinet en France.

« L’histoire de la polémique McKinsey, c’est un sujet qui ne me concerne pas. Je le dis. Je ne me cache pas. J’ai mis ma biographie partout, tout est disponible. Je n’ai pas l’intention de cacher quoi que ce soit. Ce sont 7 années qui ont été passionnantes.

« Je me suis tout de même coltiner des affiches soit sur les réseaux sociaux ou pendant ma campagne par mes adversaires, sur le fait que j’ai été chez McKinsey. Je n’ai jamais mis le sujet en avant parce que je n’ai jamais cherché la discussion dessus. Cela fait 9 ans que je n’y suis plus. »

Que retenez-vous de votre expérience comme professeur à l’École Polytechnique ?

« C’était génial ! J’étais 3 ans professeur d’Économie de l’Entreprise.

« C’est passionnant parce que c’était la première fois que j’étais de l’autre côté du miroir. J’ai été élève pendant tellement d’années. C’est un sentiment bizarre. Cela m’a beaucoup fait réfléchir parce que l’on se rend compte de pleins de choses lorsque l’on est professeur dont on ne se rend pas compte quand on est élève. Par exemple lorsque les élèves parlent ou chuchote pendant le cours. J’étais un grand bavard. J’ai passé mon temps à parler en cours, à rigoler. Comme j’étais bonne élève, je pouvais peut-être me permettre de parfois ne pas trop suivre. Je ne comprenais pas que cela pouvait embêter les professeurs. En fait, il aura fallu cette expérience pour me rendre compte que des gens qui parlent, c’est très perturbant. J’ai pensé à tous les professeurs que j’ai dû ennuyer là-dessus.

« Ensuite, c’était la première fois que l’on faisait cela à l’X, c’était des cours qui étaient basés sur des cas, comme à Harvard ou à Stanford. Ce n’est pas les cours où l’on est avec la craie et l’on écrit plein de formules mathématiques au tableau mais c’est vraiment basé sur un dialogue, une discussion avec les élèves, où plus les élèves parlent, plus le cours est intéressant. C’est vraiment un renversement de la façon de faire de la pédagogie. Les élèves ont adoré. Ils sortaient de là, ils avaient appris beaucoup de choses. Mon rôle était plutôt de les guider dans leurs réflexions que de leurs expliquer pleins de théorèmes au tableau.

« J’ai moi-même beaucoup appris parce qu’en fait l’activité dans laquelle t’apprends le plus c’est lorsque tu dois faire apprendre aux autres. Tu prépares les cours. C’est la façon la plus efficace d’apprendre soi-même quelque chose et de connaître bien un sujet. Cela m’a permis de réfléchir à plein de cas d’entreprises. »

Quelle expérience retenez-vous de votre passage chez Jumia ?

« J’ai adoré. J’ai appris quel était le rôle de Directeur Général. C’est-à-dire un rôle de management des équipes, 360°. On a une équation complète à résoudre. On a de la croissance à faire, de la rentabilité à faire, développer une équipe, fixer des salaires, développer des activités.

« J’aime bien cette équation-là, un peu complète, où il n’y a pas de choses faciles. C’est-à-dire, si tu ne payes pas bien. Tu n’as pas les bons talents. Si tu payes trop, tu n’as plus d’argent pour développer ta boîte.  J’aime bien ces équations-là.

« J’ai donc fait cela en Afrique et en Asie. J’avais des équipes dans une vingtaine de pays. L’Asie a été très vite mis de côté car j’avoue être très sensible aux décalages horaires lorsque je prenais l’avion pour aller au Bengladesh ou au Pakistan. J’arrivais dans un état gazeux. C’était dur. On s’est recentré sur l’Afrique.

« Je suis tombé amoureux de l’Afrique. J’ai adoré. C’est difficile de généraliser sur l’Afrique puisque l’Afrique c’est 50 pays. C’est un continent avec plus d’1 milliard de personnes. C’est difficile de parler de l’Afrique comme un tout. Si je simplifie un peu, il y a beaucoup de pays d’Afrique, y compris l’Afrique Sub-Saharienne, où les gens ont des conditions de vies qui sont beaucoup plus simple qu’en Europe. Pourtant, on y sent une énergie positive beaucoup plus forte. Pourquoi ? Parce que la croyance que demain va être meilleur qu’aujourd’hui, que le futur des enfants va être meilleur, est très forte en Afrique. Il y a une croissance très forte. Il y a du progrès. J’ai trouvé cela très intéressant de voir que c’était moins le point où l’on en était que la trajectoire de progrès qui générait de l’optimisme et du bonheur. Ce que l’on a du mal à voir parfois en Europe et en particulier en France.

« C’était une superbe expérience. C’était la 1ère licorne africaine. C’est une entreprise qui a été mise en Bourse depuis. J’ai dirigé plein de Startup mais là c’était vraiment l’expérience de partir de quasiment rien, à la base, et de faire de Jumia, une licorne. J’ai vu toutes les étapes de développement accélérée d’une Startup du numérique à cette occasion. »

Comment avez-vous vécu l’expérience chez Frichti ?

« Avec Jumia, je m’étais un peu éloigné de la France. J’avais cette envie à un moment de revenir en France et l’on m’a proposé de diriger Frichti.

« Je me suis éclaté. Cela n’a pas duré très longtemps. C’était une superbe équipe avec un super projet. On a lancé l’Épicerie, qui maintenant fait une part majeure du revenu de Frichti. J’avais lancé un plan de croissance qui avait permis de faire 50% de croissance en quelques mois. J’ai vraiment aimé y travailler.

« J’étais le premier DG. J’y suis resté que 7 mois. C’est court. C’est là où j’en ai appris le plus. J’en ai tiré le maximum que je pouvais. Au bout d’un moment, je me suis rendu compte que je ne prenais pas de plaisir dans ce contexte-là. J’ai démissionné. »

Que retenez-vous de votre expérience chez Paris Digitale ?

« C’est avec 200 CO de Startup, on a fait un Think Tank et un Do Tank où l’on était essentiellement focalisé sur l’inclusion dans le monde du numérique. On y a des vrais sujets à la fois de parité, homme-femme, et d’intégration de toutes les diversités. Vous regardez les CO du Next 40, l’équivalent du CAC 40 des Startup françaises, je crois qu’il n’y a que 3 femmes CO. Il y a donc un énorme enjeu sur ces sujets-là dans le monde du numérique. On travaillait sur ces sujets.

« On faisait par exemple ce que l’on appelait des speed mentoring. C’était comme du speed dating mais pour faire du mentoring. On mettait face-à-face un jeune de la diversité qui avait envie de travailler dans le numérique, dans le digital, et un CO d’une Startup du digital. Ils avaient une ½ heure pour parler ensemble, sans agenda. Pas une phase de recrutement, vous voyez. Poser des questions qu’ils n’auraient jamais osé poser. Ils en ressortaient tous avec des étoiles dans les yeux. C’était génial !

« Je l’ai mis en sommeil parce que c’est un Think Tank qui est apolitique. C’était l’accord avec les 200 CO. Maintenant que je suis député, c’est compliqué. Je ne sais pas exactement ce que cela va devenir. »

Comment avez-vous vécu votre rôle de Directeur Général d’En Marche ! ?

« L’expérience là-dessus commence lorsque je vois un article dans Le FigaroStanislas Guerini annonce sa candidature à la direction d’En Marche ! Je le connaissais un peu. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. Mes vieux démons de la politique sont ressortis à ce moment-là. Quand tu arrêtes de travailler et que tu te demandes ce que tu vas faire de ta vie. Je ne m’étais jamais arrêté de travailler. C’était la 1ère fois.

« J’ai poussé fort pour aller voir Stanislas Guerini, pour faire des choses ensemble. Le job que je sais faire, c’est Directeur Général. S’il prend la tête d’En Marche !, il aura besoin d’un Directeur Général. Celui qu’il a recruté venait de l’Élysée : Antoine Pellion. Je n’avais pas fait la campagne de 2017. Je ne connaissais personne dans l’écosystème macroniste. J’ai été pris en Directeur Général adjoint. J’ai pris la tête lorsqu’Antoine Pellion est parti à Matignon.

« C’était passionnant parce que cela m’a permis à la fois de faire un métier que je connaissais, de direction générale, mais dans le contexte politique qui est une passion, et de servir le projet d’Emmanuel Macron.

« J’étais en Afrique pendant la campagne présidentielle de 2017. Lorsque je suis rentré en France je me suis dit que j’avais manqué quelque chose. C’est génial ce qu’Emmanuel Macron fait et j’ai envie de contribuer à son projet. J’ai envie d’aider à ma mesure. Je sais faire le travail d’un Directeur Général donc devenir le Directeur Général de son parti, c’était génial pour moi !

« Après, c’est un boulot qui est très ingrat parce que l’on a beaucoup d’attentes, d’ambitions de tous les acteurs politiques, de tous les adhérents, et des moyens qui sont assez réduits et contraint par les financements de la vie politique. C’est l’équation que je connaissais dans le monde des Startup. Tu veux aller sur la Lune mais tu as 3 bouts de ficelle. Il faut faire la magie. Comment tu fais la magie ? »

Quel regard porte-vous sur la campagne présidentielle de 2022 ?

« J’étais responsable des Affaires générales de la présidentielle. J’étais très content que le président me confie cette responsabilité. C’était tout ce qui est budget, finance, dons, RH.

« Cela a été un travail énorme et excitant, avec évidemment une campagne très intense à la fin. Il a fallu que l’on fasse campagne longtemps sans le président parce qu’il n’était pas candidat. Il fallait qu’il soit président « jusqu’au dernier ¼ d’heure » comme il a dit. C’est donc vers la fin où il a été extrêmement présent sur la campagne. C’est beaucoup de boulot.

« Une grande fierté. Surtout que cela fonctionne. C’était inédit qu’un président, hors cohabitation, arrive à être réélu. C’est Emmanuel Macron qui a fait 95% du travail. Il faut quand même être clair. Si j’ai contribué ne serait-ce qu’à 5%, c’est déjà une fierté.

« Ce qui a été difficile à gérer c’est qu’en interne on a longtemps fait une campagne sans candidat, d’une certaine façon. Animer une campagne quand un candidat n’est pas encore candidat. Cela demande beaucoup d’énergie parce que c’est le candidat qui créé la campagne. C’est sa présence qui fait la campagne. Cela nous a demandé beaucoup d’énergie pour faire cela. Tout le monde comprenait. On avait très envie. Lorsqu’il est arrivé au 1er jour, au siège de campagne, en tant que candidat déclaré. C’était une grande émotion. »

M. Paul Midy, député de la 5ème circonscription de l’Essonne – ©droits réservés

Vous avez été élu député de la 5ème circonscription de l’Essonne en juin. Comment avez-vous vécu ce moment ?

« Beaucoup de stress parce que moi, j’ai été élu à 19 voix d’écart. Les médias, sur base de 80% des résultats, m’avait donné gagnant. Mais moi, je savais que ce n’était pas encore gagné. J’ai voulu, avec toute l’équipe, que l’on attende que la Préfecture publie les résultats finaux et définitifs pour se réjouir. Cela a été beaucoup de stress pour savoir si ça allait marcher.

« Beaucoup d’émotions avec l’équipe parce que l’on a fait une énorme campagne de terrain. J’ai fait énormément de porte-à-porte. J’étais sur le terrain tout le temps.

« J’ai eu la chance d’être entouré par une équipe petite mais ultra-motivée. J’ai créé à cette occasion des liens très forts. On était tous au siège de campagne le dimanche soir. Ils avaient tous envie de se réjouir. Ils étaient tous très stresser. On a tous été très content lorsque l’on a vu les résultats définitifs. J’avais les journalistes qui attendaient devant la permanence en attendant de savoir si j’avais gagné ou pas. Honnêtement, c’était difficile. Tout bien, qui finit bien.

« J’ai bien aimé, moi, cette victoire à l’arrachée, à 19 voix parce que c’était donc une victoire collective. À la fois parce que dans mon équipe, ils m’ont tous dit : « Ah, mais les derniers jours j’ai convaincu 5 personnes. 10 personnes. C’est aussi grâce à moi que tu as été élu ! » À la fois du côté des électeurs, j’ai reçu beaucoup de mails derrière me disant : « Je fais partie des 19 électeurs qui vous ont permis d’être élu donc à ce titre j’ai besoin de votre aide. » J’aime bien cela. J’aime bien les aventures collectives. Tout le monde s’est approprié cette victoire. Tout le monde l’a fait sienne. Cela m’a beaucoup plus. »

M. Paul Midy, député de la 5ème circonscription de l’Essonne – ©droits réservés

Quel regard portez-vous sur votre expérience et votre rôle de député ?

« Ce que j’ai toujours dit, depuis le début de la campagne, c’est que pour moi le rôle de député était double. Le 1er, c’est un rôle législatif national. Évidemment. le 2ème, c’est le rôle de député de terrain. J’ai toujours utilisé ce mot-là, qui est un peu familier, qui est pour « démerder » les projets. J’ai toujours dit que je n’ai pas de baguette magique mais que j’étais là pour « démerder » les sujets, mettre de l’huile dans les rouages, mettre la lumière sur les idées, les projets, les problèmes de mes concitoyens. C’est vraiment ce double rôle. J’essaye de le tenir comme cela.

« Dans le 1er rôle, le législatif au niveau national. Mais aussi dans mon rôle de député de terrain parce que j’ai une circonscription très axée sur l’éducation, la recherche, les Stratup et l’innovation. Je me focalise sur les sujets du numérique avec 2 objectifs sous-jacents.

« Le 1er, qui est le développement de la French Tech, le développement de Startup avec l’objectif fixé par le président de la République des 100 licornes à 2030. Derrière donc de la création d’emploi et la transition écologique. Parce que l’on ne fera pas ni le plein-emploi, ni la transition écologique, sans la French Tech.

« Le 2ème objectif, c’est la régulation des mondes numériques. On développe ces mondes numériques mais il faut les réguler. Par exemple, les réseaux sociaux où l’on y accepte des choses que l’on n’accepterait pas dans le monde physique et dans la rue. On met un sujet a minima de sécurité, mais aussi de démocratie, dans les réseaux sociaux. »

M. Paul Midy, député de la 5ème circonscription de l’Essonne – ©droits réservés

Quel rapport avez-vous avec les réseaux sociaux ?

« Je suis un enfant des réseaux sociaux. Je suis quasiment sûr d’être le doyen des députés sur Facebook. Pourquoi ? Parce que je me suis inscrit dessus en 2006, lorsque j’étais à Colombia. Ce n’était ouvert qu’à quelques universités américaines. Sauf erreur je suis le 1er dans ce cas-là. Ce qui fait de moi, le 1er des députés sur Facebook.

« Je suis un enfant des réseaux sociaux. Je les utilise beaucoup. Ils ont plein d’aspects positifs mais il faut faire attention à ce que cela ne se transforme pas en monstre.

« C’est un nouveau continent. Il s’y passe des choses qui sont purement et simplement inacceptables d’appel à la haine en ligne, d’harcèlement, de racisme, de fake news. Tout ceci avec des impacts très direct dans la vie physique : soit des gens qui vont faire des dépressions, qui vont se suicider, qui vont se battre. Parce que cela mène au conflit. Mais aussi des sujets pour notre démocratie et l’influence que cela peut avoir sur les scrutins ou sur une crise sanitaire. Il faut se battre contre une masse de fake news, parfois venant d’ingérences étrangères.

« Il faut absolument réguler beaucoup mieux les réseaux sociaux. Il y a une première étape qui est fait avec le Digital Service Act (DSA), qui est un règlement européen qui a été voté dans le cadre de la présidence française de l’Union Européenne, l’année dernière. Il va être effectif en France à partir de janvier 2023. Il doit nous aider à réguler ces réseaux sociaux. Ce n’est qu’une 1ère étape. Il faut que l’on se pose la question de savoir qui fait office de Force de Police dans les réseaux sociaux ? Je ne suis pas sûr que l’on puisse se satisfaire de salariés qui font de la modération. Que ce soit les salariés de structures privés qui fassent un rôle de Police ? Je n’ai pas la réponse. Je pose la question.

« Je pose aussi la question de l’anonymat. Je pense qu’il y a un problème avec le fait que beaucoup de personnes sur les réseaux sociaux se croient anonymes, pour ceux qui essayent de l’être. Ce qui génère une forme d’impunité qui les conduit à des attitudes qu’ils n’auraient pas dans la vie physique. Qu’ils n’auraient pas donc dans une vie civilisée. Il faut rendre les réseaux sociaux civilisés. »

***

Merci à M. Midy pour sa participation à ce portrait.

Merci à M. Lafont pour son aide précieuse à la réalisation de ce portrait.

Publié par RomainBGB

Franco-sicilien né en Helvetie. Co-auteur de l'ouvrage "Dans l'ombre des Présidents" paru en mars 2016 aux éditions Fayard.

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