M. Frédéric Lefebvre

De Jacques Chaban-Delmas à Emmanuel Macron.

Chers Lecteurs,

Maintenant que nous sommes dans une phase de deconfinement de notre cher territoire national, permettez-moi de partager avec vous un nouveau portrait.

La politique reprend son petit bonhomme de chemin, avec une figure altoséquanaise qui a connu les hautes marches du pouvoir.

Jeune collaborateur parlementaire, il fait ses premiers pas à l’Assemblée nationale au Perchoir de Jacques Chaban-Delmas. Au service par la suite de plusieurs figures de la droite française avant de devenir député, à son tour, des Hauts-de-Seine et, par la suite, des Français établis en Amérique du Nord. Celui qui a été secrétaire d’État sous le Gouvernement Fillon lors de la présidence de Nicolas Sarkozy, aujourd’hui a pris de la disctance.

En 2017, il co-fonde le parti Agir, tout en annonçant son soutien au candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron. Depuis septembre 2019, son engagement est confirmé auprés du néo-président, en prenant sa carte chez En Marche !

Il publie avec l’entrepreneur Bernard Chaussegros « Covid-19. Et après ? 10 commandements pour un Nouveau Contrat humaniste et durable » chez Robert Laffont. L’occasion de revenir avec lui sur quelques dates clefs de sa vie afin d’y dessiner un portrait. Laissez-moi vous présenter le fruit de mon échange avec Monsieur Frédéric Lefebvre.

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Monsieur Frédéric Lefebvre – ©Droits Réservé

Compte-tenu des raisons sanitaires que nous connaissons, l’entretien a été réalisé par courrier électronique avec Monsieur Frédéric Lefebvre.

Bonne lecture à vous !

@romainbgb – 20/05/20

 

 

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Bio Express de Monsieur Frédéric Lefebvre :

*1963 : Naissance à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

*Diplômé de la faculté de droit de l’Université Paris-Assas.

*1987 : conseiller du Président de l’Assemblée nationale, Jacques Chaban-Delmas.

*1988-1993 : assistant parlementaire de Patrick Ollier et Michèle Alliot-Marie.

*1989-2007 : adjoint au maire de Garches (Hauts-de-Seine).

*1993-1995 : assistant parlementaire puis chef adjoint de Cabinet du ministre du Budget, porte-parole du Gouvernement, Nicolas Sarkozy.

*1995-2002 : – assistant parlementaire à mi-temps de Nicolas Sarkozy, député de la 6ème circonscription des Hauts-de-Seine

– activité de lobbying et communication.

*2002-2004 : conseiller en charge des relations avec le Parlement du ministre de l’Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales, Nicolas Sarkozy.

*2004-2005 : conseiller en charge des élus, du ministre d’État, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Nicolas Sarkozy.

*2004-2015 : conseiller régional d’Île-de-France.

*2007-2009 : député de la 10ème circonscription des Hauts-de-Seine.

*mars2008-déc.2010 : porte-parole du parti présidentielle (UMP).

*2009 : prête serment et embrasse la profession d’avocat.

*nov.2010-mai 2012 : Secrétaire d’État en charge du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions Libérales et de la Consommation.

*2011 : publie « Le mieux est l’ami du bien » aux éditions du Cherche-midi.

*2012 : publie « le travail aujourd’hui » aux éditions du Cherche-midi.

*2013-2017 : député des français établis en Amérique du Nord.

*2014 : publie « Vous êtes prioritaires » aux éditions UPblisher,

*2015 : publie « Vu du ciel » aux éditions de Passy.

*juin 2017 : quitte le parti les Républicains en annonçant son soutien à Emmanuel Macron pour qui il vote dès le premier tour.

*nov.2017 : fonde avec 16 parlementaires un nouveau Parti de droite, Agir ; Vice-président du parti (jusqu’en décembre 2019).

*2018 : publie « Chaos, Histoires secrètes de la guerre des droites » aux éditions Michel Lafon.

*sept.2019 : adhésion au parti En Marche !

*2020 : publie avec l’entrepreneur Bernard Chaussegros « Covid-19. Et après ? 10 commandements pour un Nouveau Contrat humaniste et durable » chez Robert Laffont.

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A quoi rêvait le petit Frédéric lorsqu’il était enfant ? L’envie d’entrer en politique était déjà-là ?

« Tout dépend son âge. A 7 où 8 ans il rêvait plutôt d’être le lieutenant Blueberry ou Michel Vaillant. Mais c’est vrai que très jeune je me suis passionné pour la vie de mon pays. La mort du président Pompidou m’a profondément marqué. J’ai pleuré. J’avais 11 ans.

« Au collège puis au lycée je débattais avec mes profs. Je me souviens de mon prof d’Eco, Monsieur Abeleira qui défendait un point de vue à partir du journal le Monde et moi qui le contredisait sur le même sujet à partir d’un papier du Quotidien de Paris…

« Nous en avions fait une habitude. »

Comment un jeune étudiant en droit devient le collaborateur de Jacques Chaban-Delmas, président de l’Assemblée nationale ? Comment s’est fait votre rencontre ?

« Je m’étais engagé pour Jacques Chirac en 1981. Je n’avais pas 18 ans. En militant j’ai rencontré Patrick Ollier qui était député suppléant de Jacques Baumel. Je suis rapidement devenu le responsable des jeunes RPR de Garches. Quelques années plus tard, le président du conseil général des Hauts-de-Seine, Paul Grazzianni à l’époque, proposait à l’étudiant en droit que j’étais, de le recruter pour écrire ses discours. Quelques milliers de francs par mois. Patrick Ollier quand il l’a appris, m’a dit : « Viens à l’Hotel de Lassay, le président Chaban-Delmas veut que j’étoffe l’équipe politique. Ce sera quand même plus formateur pour toi. »

« Très vite je me suis retrouvé là-bas, à ses côtés, il était le conseiller politique du président de l’Assemblée Nationale. Petite main du cabinet je portais les messages en pleine nuit aux élus communistes. J’ai travaillé aussi avec Jean Pierre Grand où Pierre Charron qui sont aujourd’hui sénateurs.

« C’est Chaban qui m’a enseigné que pour bouger les choses il faut savoir additionner les différences.

« J’en ai fait ma règle de conduite, depuis lors. »

Que retenez-vous de votre collaboration à l’Assemblée nationale avec Patrick Ollier et Michèle Alliot-Marie ?

« C’était une période passionnante.

« Je rédigeais beaucoup. Des propositions de loi. Des amendements. Un projet d’alternance. Nous préparions notamment les législatives de 1993 et les projets à défendre en cas de cohabitation. Celle-ci donna naissance au gouvernement d’Édouard Balladur. »

Vous avez été adjoint au maire de Garches pendant vingt ans. Une expérience bénéfique pour la suite de votre carrière politique ?

« Une expérience humaine enrichissante. Le travail de terrain. J’ai noué des liens indestructibles avec des habitants, des élus, des agents municipaux. Aujourd’hui je prends encore plaisir à partager un BBQ de merguez avec Kader le gardien du stade de l’époque qui est maintenant à la retraite. Et je suis resté très ami avec Philippe Roger un de mes plus proches collaborateurs. 

« J’ai la chance de continuer de vivre dans la ville où j’ai vécu l’essentiel de mon enfance.

« Et j’ai aimé travailler avec les élus de toutes sensibilités. Cela m’a suivi jusqu’à aujourd’hui. Et souvent je me demande pourquoi les élus quand ils deviennent parlementaire prennent plaisir à jouer à la guerre alors qu’ils unissaient leurs voix pour refaire la cour de l’école!

Que retenez-vous de votre passage au ministère de l’Intérieur, comme conseiller en charge des relations avec le Parlement du ministre de l’Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales, Nicolas Sarkozy ?

« J’ai profondément aimé ce ministère. Les policiers sont des hommes et des femmes d’une rare efficacité et dont l’engagement pour leur pays peut rarement être pris en défaut. Ils se dévouent avant tout pour notre sécurité. Un bien précieux pour chacun de nous.

« J’ai beaucoup travaillé avec les syndicats. En confiance. Et j’ai préparé plusieurs lois avec les services. Que j’ai portées au nom du ministre dans les discussions préparatoires au débat parlementaire. C’est à cette période que je me suis forgé une idée précise de la politique pénale qu’il faudrait mener en France. La prison doit être réservée aux gens violents. Violence physique, violence économique, violence sociale. Mais pas à tous ces gens qui sont emprisonnés pour attendre d’être jugés…

« Ou ces étrangers qui ont commis un crime en France et devraient plutôt être reconduits dans le pays d’où ils viennent pour y être jugés. »

Si vous devez garder un moment de votre collaboration avec Nicolas Sarkozy, ce serait lequel ? Comment s’est produit votre rencontre ?

« Je l’ai invité à prendre la parole à Garches. J’avais 20 ans et lui 29. Il était tout jeune maire de Neuilly.

« Un bon souvenir : je suis avec mes enfants et ma femme au pied de l’escalier qui mène à la scène. Il va être proclamé président de l’UMP en novembre 2004. Je verse une larme. Je savais ce jour-là que notre ascension vers l’Élysée commençait vraiment.

« Un mauvais souvenir : le jour où il embrassa mon épouse comme du bon pain en refusant de me serrer la main, en Normandie, pour l’anniversaire des 70 ans du débarquement. » 

En 2004, vous poursuivez votre expérience d’élu local en devenant conseiller régional d’Île-de-France. Que bilan tirez-vous de ce mandat ?

« D’abord le sentiment de plonger dans le grand bain, après 15 ans de mandat municipal. Mais très vite la frustration de voir que l’hémicycle était une cour de récréation, qui se donnait des faux airs d’Assemblée Nationale. »

En 2007 vous faites votre retour à l’Assemblée nationale en devenant député de la 10ème circonscription des Hauts-de-Seine. Que ressentez-vous à ce moment-là ? Quel souvenir en gardez-vous ?

« Un vrai bonheur. Et beaucoup d’émotion quand j’arrive à la buvette où les huissiers débouchent le champagne en me précisant qu’ils me l’offrent personnellement. « Le petit est élu! » Je les connaissais tous depuis l’âge de 25 ans à mes débuts au cabinet de Chaban. »

Vous devenez en 2008 porte-parole, avec Dominique Paillé, du parti présidentiel. Certains médias de l’époque ne vous rendaient pas la tâche facile…

« C’est le jeu. Comme tout ce que je fais je m’emploie à le faire à fond.

« Nicolas était attaqué de toutes parts et je ripostais.

« Sans doute en y mettant trop de cœur… »

En 2009, vous faites le choix de prêter serment en devenant avocat. Une envie de prendre un nouveau départ ?

« Avant de rejoindre le cabinet de Chaban, étudiant à Assas je me destinais à être journaliste ou avocat. Je rêvais de dénoncer les injustices.

« Quand j’ai rencontré un obstacle dans ma vie publique, en quittant brutalement le parlement, après la démission d’André Santini dont j’étais le suppléant, j’ai décidé de prêter serment. »

En novembre 2010 vous êtes nommé Secrétaire d’État en charge du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions Libérales et de la Consommation du Gouvernement de François Fillon. Quel souvenir en gardez-vous ?

« C’est la période la plus intense et la plus heureuse de ma vie politique. J’ai pu agir pour les Français sans me soucier qu’ils appartiennent à la droite ou à la gauche. Un texte qui fit date sur la consommation. La simplification de la vie des entreprises. Le panier des essentiels. La fête de la gastronomie. Autant d’actions concrètes pour les gens. Et j’acceptais les amendements qu’ils viennent de ma famille politique, du PS ou du PC. Peu importait du moment qu’ils étaient bon pour les Français. »

Quel souvenir gardez-vous de votre travail avec François Fillon ?

« Je n’ai jamais été proche de François Fillon. Ni avant d’être son ministre, ni pendant, ni après.

« Il m’a d’ailleurs empêché de terminer la discussion de mon projet de loi sur la consommation en me refusant l’urgence sur le texte. Benoit Hamon a heureusement achevé de le faire adopter. Le premier ministre de l’époque m’a également empêché de mettre en place le travail le dimanche à Paris. Mais c’est ainsi.

« Et c’est donc sans aucun regret et même avec enthousiasme que j’ai voté pour Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle de 2017. Nous partagions depuis longtemps cette idée que la droite et la gauche devaient travailler ensemble. »

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre participation au mandat du Président Sarkozy et sur son bilan ?

« J’ai décrit dans Chaos, publié il y a deux ans chez Michel Lafon, les hauts et les bas de ma relation avec Nicolas Sarkozy. Il s’est perdu sur la route buissonnière ( ndlr: référence à son conseiller Patrick Buisson). Nos multiples ruptures se sont terminées par un profond silence. Nous n’avons plus échangé un mot depuis 6 ans. Et je dois reconnaitre que ce silence, loin de me peser, m’apaise. »

Une nouvelle expérience s’offre à vous avec la création des mandats de députés représentant les français de l’étranger. En 2013, vous êtes élu député des français d’Amérique du Nord. Un nouveau défi ?

« Mon père fut médecin a New York. J’ai une large partie de ma famille qui vit aux États-Unis. Mes neveux et nièces. Un cousin descendant direct de Théodore Roosevelt. J’y ai vécu enfant. C’était un retour aux sources et une formidable aventure auprès de tous ces Français qui sont nos ambassadeurs. Plus ils vivent loin de la France, plus ils l’aiment.

« J’étais profondément heureux de sillonner ce territoire immense, les États-Unis et le Canada, à la rencontre de cette France, qui porte nos valeurs, nos savoir-faire et de travailler avec eux, pour eux. »

En 2017, vous marquez une rupture avec votre famille politique en affichant votre soutien au candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron. Pourquoi ce changement de cap ?

« Cela s’est fait naturellement. En conscience. Lorsqu’il était ministre de François Hollande j’ai été le seul député de droite à voter article par article la loi Macron.

« Nous avons alors pris plaisir à travailler ensemble.

« Je partage avec lui cette idée de bon sens, que la droite et la gauche doivent s’additionner quand c’est l’intérêt du pays. J’avais moi-même agit ainsi quelques années plutôt.

« J’aime son engagement européen sincère. Et sa soif de transformer le pays. 

« Quant à mon parti il sombrait dans la caricature. J’ai simplement été honnête avec moi-même et avec les gens qui me faisaient confiance. »

En 2017, vous collaborez à la création du nouveau parti Agir, en devenant le vice-président du mouvement. Un besoin de rupture avec Les Républicains sur l’échiquier politique français, avec un soutien au néo-président de la République, Emmanuel Macron. Une nouvelle conception politique de l’échiquier politique français doit passer par là ?

« J’ai co-fondé ce parti dont j’ai été le vice-président jusqu’en décembre 2019. J’ai alors décidé d’en rester simplement cofondateur comme je suis par ailleurs simple adhérent d’En Marche. Je voulais qu’une droite, autre que ce qu’est devenue LR, une simple copie du FN, émerge. C’est fait.

« J’ai ensuite plaidé, très seul au départ, pour qu’Agir fasse liste commune aux élections européennes pour empêcher le raz de marée nationaliste qui s’annonçait. Ce fut fait.

« Aujourd’hui, j’ai décidé de mettre mon énergie ailleurs que dans la vie des partis politiques, même si je continue d’Agir! »

Le président Jacques Chirac nous a quitté en septembre dernier. Auriez-vous un souvenir avec lui à nous partager ?

« C’est grâce à lui que j’ai rencontré mon épouse lorsque nous distribuions des tracts RPR en 1981. Et jamais je n’oublierai le mot manuscrit, qu’il adressa au jeune de 17 ans que j’étais à l’époque. Une carte recto verso m’encourageant à m’engager.

« Comme tant de Français j’ai eu le sentiment qu’une page de ma vie s’envolait avec lui. »

En mars dernier, une figure altoséquanaise, Monsieur Patrick Devedjian, nous a quitté. Auriez-vous un souvenir avec lui à nous partager ?

« Patrick Devedjian était une fine lame en acier trempé.

« L’une de mes première campagnes fut à ses côtés à Antony pour les municipales gagnantes de 1983. J’avais 20 ans.

« Je l’ai retrouvé au Conseil Général puis j’ai été porte-parole de l’UMP à ses côtés.

« Nous échangions régulièrement sur les idées et partagions une vraie déception sur le tournant pris par notre famille politique d’origine, comme sur l’inanité de l’amitié en politique. Un mirage qui disparaît au moindre grain de sable… »

Comment avez-vous organisé votre confinement ?

« En famille. J’ai beaucoup réfléchis comme tant d’entre nous. Et j’ai pris la plume pour tracer les contours d’un Nouveau Contrat humaniste et durable. J’ai fait de ce moment suspendu mon Mont Athos… Faire de ce Chaos un Kairos. »

Covid-19
Frédéric Lefebvre – Bernard Chaussegros « Covid-19. Et après ? 10 commandements pour un Nouveau Contrat humaniste et durable » chez Robert Laffont (mai 2020).

Vous publiez un ouvrage avec l’entrepreneur Bernard Chaussegros « Covid-19. Et après ? 10 commandements pour un Nouveau Contrat humaniste et durable » chez Robert Laffont. Des mesures indispensables à adopter pendant ce deconfinement suite à la pandémie que nous subissons ?

« Avec Bernard, nous avons essayé de dessiner des perspectives pour le jour d’après. Il m’a apporté son regard d’entrepreneur, m’a challengé sur mes idées, le revenu Universel, le logement d’abord, des idées souvent qualifiées d’iconoclastes. Notre ouvrage est truffé d’exemples tirés de la vie des acteurs économiques, des associations, de l’expérience humaine. » 

Premier commandement de l’ouvrage : planifier, coordonner, agir. Une solution de réponse au plan de deconfinement du Gouvernement ?

« Plutôt une réponse à la technostructure envahissante, un spoil system à la Française, qui permette de s’inscrire dans un temps long. Renouer avec le commissariat au Plan, se projeter dans l’avenir, qui doit être durable.

« Une forme de révolution de la gouvernance Française des 30 dernières années. »

Humaniser la société avec l’État. Les valeurs centristes et humanistes pour conduire la suite des opérations ?

« Sur le revenu universel que nous développons largement dans le livre, nous allons bien au-delà des marqueurs classiques de la vie politique. Il ne s’agit pas de centrisme mais vous avez prononcé le mot d’un véritable humanisme. Le Revenu Universel n’est pas l’antidote à une crise comme le prétend Benoit Hamon mais l’expression la plus aboutie d’une nouvelle philosophie de vie sur terre. Avec un toit assuré pour chaque famille et la reconnaissance sociale de l’activité à bienfait collectif, que nous proposons, le RU fonde le système de prévention des inégalités fondamentales qui doit remplacer notre système curatif à bout de souffle. »

 Mieux vaut prévenir que guérir ?

« Prévenir plutôt que guérir vaut pour redonner du sens au mot égalité!

« Le mot prévention a pris tout son sens pendant cette crise sanitaire, où les pouvoirs publics se sont démenés avec en bout de chaîne les soignants, pour répondre à la violence de ce virus.

« Tous les gouvernements successifs, et j’insiste sur ce point dans le livre, l’administration dans sa continuité républicaine, n’ont pas donné suffisamment de valeur au mot prévention. On a vu dans cette crise que les gens se nourrissant de façon déséquilibrée et développant des maladies cardiovasculaires, étaient plus fragiles que les autres. Nous devons collectivement en tirer la leçon. »

Une nutrition plus saine pour un avenir meilleur ?

« Notre santé passe par nos intestins. Notre deuxième cerveau. Il suffit de renouer avec le bon sens, de consommer le soir des bouillons et des soupes, aussi faciles à préparer que de réchauffer au micro-ondes un plat industriel. De trouver le sucre dans les fruits plutôt que dans les bonbons. D’éviter la surconsommation de produits laitiers et de graisses. Ces nouvelles habitudes devront conduire à des rééquilibrages de nos politiques en matière d’élevage et de culture céréalière. Il nous faudra revoir les conditions d’élevage des animaux, la façon de les nourrir pour nous assurer une alimentation saine. En effet, favoriser la surconsommation des produits de l’industrie agroalimentaire est un contresens sur le plan sanitaire.

« La recherche de la qualité et des circuits courts doit devenir la règle pour le bien de l’homme comme de la terre.

 « Dans le même ordre d’idées, la lutte contre le gaspillage alimentaire est une priorité. Comme l’accès à la culture et la pratique du sport.

« Nourritures terrestres, physiques et intellectuelles, tel est le triptyque gagnant d’une politique de prévention sanitaire qui mise sur le mieux-être pour tous et adapte sa production, sa distribution et l’accès à cette nourriture vitale sur tout le territoire.

« La recherche d’un équilibre collectif passe par cette nouvelle échelle de valeurs. Enrichir l’individu grâce à des nourritures variées et récompenser les « producteurs d’utilité collective » : voici l’un des axes structurants du Nouveau Contrat humaniste et durable que nous proposons dans le livre. » 

«Dixième commandement. Dans l’union, tu as surmonté l’épreuve sanitaire malgré les ferments de désunion du système politicomédiatique, dans l’union tu resteras pour gagner la bataille économique et sociale qui s’ouvre !… » L’union nationale avant tout ?

« Elle est vitale. Cessons de nous déchirer par habitude, par jeu parfois, voire par plaisir. « Tous pour un, un pour tous » doit devenir notre devise collective.

« Quand je vois ces procès qui s’annoncent, ces commissions d’enquêtes, ces mises en cause et cette soif d’en découdre, je me demande si deux mois de confinement ont suffi à certains pour se remettre un peu en question, et s’il ne faudrait pas les mettre à l’isolement un peu plus longtemps…

« Je plaisante à peine. 

« Le gouvernement a dans cette sortie de crise, une responsabilité toute particulière. Il doit être porteur de cet esprit de concorde. Il devra proposer à toutes les forces politiques qu’il a d’ailleurs réunies tout au long de la crise sanitaire, de constituer avec les représentants des professionnels de santé, un « Conseil de sortie de crise sanitaire », chargé de tirer les conséquences des dysfonctionnements et d’engager les transformations nécessaires, au travers d’un plan pluriannuel partagé, étalé sur les 50 prochaines années.

« Alors plutôt que de perdre de l’énergie à s’entredéchirer nous nous mobiliserons pour bâtir ensemble. »

Quel est votre rapport avec les réseaux sociaux ?

« C’est pour moi un lieu d’échange permanent. Sur Twitter par exemple, je passe plus de temps à débattre et à répondre aux messages qui me sont adressés qu’à asséner des vérités.

« Nos institutions doivent d’ailleurs insuffler cet esprit de débat avec les citoyens. Le livre fait des propositions en ce sens. Avec par exemple un « conseil des cent », renouvelable tous les ans, qui doit être consulté par l’exécutif.

« Insuffler un soupçon de démocratie Athénienne dans notre système démocratique nous ferait le plus grand bien. »

 

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Un grand merci à vous Monsieur Lefebvre pour votre disponibilité et réactivité à l’élaboration de votre portrait.

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