M. Jean-Pierre Grand

Méritocratie et valeurs républicaines.

Chers lecteurs,

Je tenais à vous partager une nouvelle valeur dans l’esprit des entretiens-portraits que je partage avec vous depuis quelques années maintenant : celle de la méritocratie. Pour cela, je reprends le chemin des hémicycles nationaux dans l’un des salons que compte la Haute Assemblée. Je vous laisse découvrir le parcours républicain d’une nouvelle personnalité qui devrait venir compléter cette valeur.

La méritocratie est au cœur de notre interrogé. Sans diplôme, notre interrogé sera pendant plus de 20 ans collaborateur parlementaire d’un grand serviteur de l’État : M. Jacques Chaban-Delmas. Notre interrogé prendra dans la continuité de son parcours républicain le chemin des mandats locaux en devenant le conseiller municipal de La Cavalerie.

Le parcours électif prendra alors toute sa forme afin de faire évoluer notre personnalité au sein des divers échelons que peut connaitre la vie d’élu local. Les portes de la mairie de Castelnau – Le – Lez s’ouvriront à lui et en feront de lui le maire pendant plus de 30 ans.

C’est dans cette continuité de parcours que notre interrogé rejoindra ensuite les bancs départementaux de l’Hérault et régionaux au sein du Conseil Régional du Languedoc-Roussillon. Et ainsi, notre interrogé sera également présent sur les bancs de l’Agglomération de Montpellier, puis de sa Métropole, pendant près de 40 ans.

L’expérience nationale s’ouvrira pour notre interrogé lorsqu’en 2002 il sera élu successivement pour 2 mandats à la députation de la 3ème circonscription de l’Hérault en rejoignant l’Hémicycle du Palais Bourbon.

Pour compléter ce parcours, les bancs du Sénat seront alors rejoints lors des élections sénatoriales de 2014. C’est dans son rôle de sénateur de l’Hérault que notre interrogé a accepté de se prêter au jeu de l’entretien avec nous.

 

Je vous laisse découvrir le portrait de Monsieur Jean-Pierre Grand, sénateur de l’Hérault.

M. Jean-Pierre Grand, sénateur de l’Hérault – ©droits réservés

La réalisation de cet entretien-portrait a été réalisé par un échange de courriers électroniques avec M. Grand.

Bonne lecture !

@romainbgb – 18/07/22

 

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Biographie Express de M. Jean-Pierre Grand :

*1950 : naissance à Montpellier (Hérault).

*1969 : adhésion à l’UDR.

*1978 – 2000 : collaborateur parlementaire de M. Chaban – Delmas.

*mars1977 – mars1983 : conseiller municipal de La Cavalerie (Aveyron).

*mars1983 – sept.2017 : maire de Castelnau – Le – Lez (Hérault).

*mars1989 – sept.2002 : conseiller général de l’Hérault.

*mars1992 – mars1998 : conseiller régional du Languedoc – Roussillon.

*mars1983 – 2020 : élu à la Communauté d’Agglomération puis à la Métropole de Montpellier (Hérault).

*juin2002 – juin2012 : député de la 3ème circonscription de l’Hérault.

*déc.2007 : mis en congés de l’UMP par M. Devedjian.

*21 juillet 2008 : vote « CONTRE » la réforme constitutionnelle lors du Congrès de Versailles.

*depuis sept. 2011 : président par intérim de République solidaire.

*depuis oct.2014 : sénateur de l’Hérault ; membre du Groupe Les Républicains.

*oct.2019 : ne renouvelle pas sa cotisation Les Républicains.

*oct.2021 : apporte son soutien à la candidature de M. Macron pour la présidentielle.

*juil.2022 : adhère au groupe des Indépendants du Sénat.

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À quoi rêvait le petit Jean-Pierre lorsqu’il était enfant ?

« Je ne rêvais pas, je vivais une vie agréable comme les jeunes de mon âge, mais en plus très tôt la fascination qu’exerçait sur moi le Général de Gaulle me fit rejoindre les mouvements de jeunesse qui le soutenaient : le MLR, puis l’UJP. »

En décembre 2021, au micro de France Bleu Hérault, vous reveniez sur votre parcours d’autodidacte, sans diplôme. Comment avez-vous vécu cette auto-formation ?

« Oui c’est vrai, le jour du Bac j’avais collé des affiches toute la nuit et ne me suis pas réveillé…

« Ne pas sortir d’une grande école est un handicap. Il faut donc mettre les bouchées double et bâtir sa légitimité.

« Non pas sur les diplômes mais sur sa personnalité et sa légitimité d’élu. Puis on apprend tous les jours. »

Vous avez été le collaborateur parlementaire de M. Chaban-Delmas. Quelle expérience en gardez-vous ?

« Chaban m’a tout appris. Être son collaborateur, à son contact, à ses côtés, forge un comportement, apprend à aimer la France, renforce des convictions humaines et sociales, éclaire sur l’art de faire de la politique « autrement » à Paris comme sur le terrain.

« Chaban.  Ce fût pour moi une très grande école politique, une chance et l’obligation de ne jamais le décevoir. »

Vous avez été élu au conseil municipal de La Cavalerie. Que retenez-vous de ce mandat ?

« L’élection au conseil municipal de la Cavalerie fût probablement la plus difficile à gagner.

« Une fois élu, au second tour avec seulement 13 voix d’avance, j’ai appris la vie locale, la gestion au quotidien d’une commune rurale et découvert l’irremplaçable nécessité du contact humain avec la population. »

De 1983 à 2017, vous avez été maire de Castelnau – Le – Lez. Que retenez-vous de cette expérience de mandat local ?

« Quand on a été plus de 34 ans maire d’une commune urbaine que l’on a façonnée, équipée, pour répondre aux besoins qui s’expriment dans une ville en croissance permanente, on laisse une trace.

« Grace à la confiance renouvelée de mes concitoyens, j’ai eu toute latitude pour mettre en œuvre une vision de la société et du cadre de vie pour les Castelnauviens.

« J’ai fait du Gaullisme et du Chabanisme, en appliquant les principes d’une société toujours plus juste, plus humaine dans une ville qui privilégie le progrès social, la modernité, la qualité de ses équipements et services publics pour répondre aux besoins de toutes les générations.

« Voilà mon bonheur, avoir eu les moyens politiques de mettre en œuvre pour ma ville mes convictions politique et de gestion. »

Vous avez été conseiller général de 1989 à 2002. Comment avez-vous perçu ce rôle et cette expérience d’élu local ?

« La fonction de Conseiller général, aujourd’hui Conseiller départemental, est complémentaire et de la gestion municipale. Le Canton urbain qui était le mien, concentrait des besoins communs dans les domaines de la mobilité, du social, de l’éducation et bien d’autres. »

De 1992 à 1998, vous avez été élu au Conseil Régional du Languedoc – Roussillon. Que retenez-vous de cette expérience ?

« D’avoir gagné mon élection en présentant une liste dissidente à droite car je redoutais une alliance du Président sortant avec le FN.

« Une fois élu, comme j’étais rentré par la grande porte mon mandat fût facilité, je devins même président du groupe majoritaire composé de membres de la liste contre laquelle je m’étais opposé. »

De 1983 à 2020, vous avez été élu à la Communauté d’Agglomération de Montpellier. Quel impact ce mandat local a-t-il eu sur votre rôle d’élu local ?

« Le mandat de conseiller dans l’intercommunalité qui comprend sa commune est incontournable compte tenu des compétences exercées par l’interco.

« Avec Georges Frêche, je me suis toujours bien entendu et nous avons porté des projets majeurs pour la ville de Castelnau. Le plus emblématique restera la construction de la ligne 2 de Tramway desservant de part en part ma commune.

« Georges Frêche était de gauche et moi classé à droite, mais il n’y a pas un Tram de gauche ou de droite, on en construit un ou on n’en construit pas. Voilà le seul comportement qui s’impose quand on respecte les citoyens usagers des services publics. »

Comment avez-vous vécu votre mandat de député de la 3ème circonscription de l’Hérault, de 2002 à 2012 ?

« Cette circonscription je la connaissais comme ma poche depuis longtemps, comme élu depuis 1983 et suppléant du député René Couveinhes. C’était pour moi un mandat de proximité que j’ai exercé comme si c’était ma commune. Mes relations avec le plus grand nombre de maires était un atout majeur.

« Pour la petite histoire, à l’AN dans l’hémicycle ma place était la n° 75, celle qu’occupa Chaban. »

Vous êtes l’un des sept parlementaires à avoir voté contre la réforme constitutionnelle lors du Congrès de Versailles en 2008. Comment avez-vous vécu cela ?

« Comme un devoir envers l’esprit de nos Institutions. Quand je vois aujourd’hui mes collègues parlementaires LR reprocher au président de la République d’utiliser l’article 50-1 de la Constitution, alors qu’ils l’ont voté en 2008, je trouve cela savoureux. »

Vous êtes élu en octobre 2014, sénateur de l’Hérault. Qu’avez-vous ressenti à ce moment-là ?

« De l’émotion et un peu de fierté quand j’ai pris connaissance que j’avais obtenu la plus grande confiance de mes collègues maires et des grands électeurs. »

 

Comment vivez-vous votre expérience de sénateur de l’Hérault ?

« Comme quand j’étais député. »

Comment avez-vous vécu l’élection présidentielle de 2017 ?

« Aux primaires de LR, j’ai soutenu Alain Juppé, ce qui n’étonnera personne. Quand ce fût François Fillon de désigné, je l’ai dans un premier temps soutenu, mais sa situation personnelle devenue intenable et les soutiens de l’aile la plus conservatrice de l’électorat, comme La Manif Pour Tous, particulièrement présente au Trocadéro, m’incita à voter dès le premier tour pour Emmanuel Macron. La suite on la connait. »

MM. Emmanuel Macron et Jean-Pierre Grand – ©droits réservés

Quel bilan pour la démocratie tirez-vous de cette élection présidentielle de 2022 ?

« Que la pandémie et la guerre en Ukraine, dont le président devait faire face, n’ont pas été suffisamment prises en compte par nos concitoyens. Les députés de la majorité et les troupes de LREM ont fait une campagne « d’enfants de cœur », jamais du niveau qu’exigeait les circonstances et les réponses apportées par le président et ses deux gouvernements.

« L’opposition l’a ressenti et a mis les bouchées doubles, bien servie par les médias globalement hostiles. »

Quel rapport avez-vous avec les réseaux sociaux ?

« Les réseaux sociaux sont une formidable évolution technique de la transmission de l’information à tous les Terriens. Tout y circule, le bon comme le mauvais, le vrai comme le faux. Le convenable comme l’inacceptable. J’utile les réseaux comme Twitter, mais je reste dans ma ligne. »

***

Merci à M. le sénateur pour sa bienveillance et sa participation.

Merci à Mme Vigneau pour son aide à la réalisation de ce portrait.

Publié par RomainBGB

Franco-sicilien né en Helvetie. Co-auteur de l'ouvrage "Dans l'ombre des Présidents" paru en mars 2016 aux éditions Fayard.

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