M. Augustin de Romanet

De Bercy à ADP : portrait dans l’ombre.

Chers lecteurs,

Reprenons le parcours des hommes de l’ombre avec le parcours d’une nouvelle personnalité que je souhaite vous faire découvrir aujourd’hui.

Sciences-Po. Première étape dans son cursus, notre interrogé arrive à la rue Saint-Guillaume afin de débuter son parcours de formation.

Promo Diderot. Dans la continuité de l’IEP de Paris, notre interrogé poursuivra son cursus sur les bancs de l’ENA afin de compléter sa formation. Trois années se sont écoulées et voilà que notre jeune diplômé termine déjà sa scolarité. Ce qui lui permet de rejoindre le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie en intégrant la direction du budget.

Conseiller municipal. L’ancrage politique local se fera sous la forme de ce mandat-là, pendant près de vingt ans dans l’Orne. On comprendra à travers ce portrait les choix de notre interrogé qui l’ont conduit à ne pas poursuivre dans ce domaine-là.

Cabinets ministériels. Cet homme de l’ombre fera le choix de parcourir le début de sa carrière au sein du ministère de l’Économie. Fidèle à cette maison, il finira par en être le plus proche collaborateur des ministres.

Matignon. Le parcours de notre interrogé verra une belle promotion en étant nommé directeur adjoint du Cabinet du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin.

Dans l’ombre des présidents. Petit clin d’œil à notre ouvrage, avec l’arrivée de notre interrogé au Château, en devenant le secrétaire général adjoint de la présidence de la République au cours du second mandat de Monsieur Jacques Chirac.

Caisse des Dépôts. C’est dans la suite de ses activités que notre interrogé rejoint le Quai Voltaire. L’occasion pour lui de découvrir une « sorte de France en miniature ».

Groupe ADP. C’est par un décret en conseil des ministres en 2012 que notre personnalité est nommée à la présidence du groupe Aéroports de Paris par François Hollande. Faisant de lui, l’un des rares hauts-fonctionnaires à avoir été nommé par 3 présidents.

 

Je vous laisse partir à la découverte de Monsieur Augustin de Romanet, président-directeur général du groupe Aéroports de Paris.

M. Augustin de Romanet, président-directeur général d’Aéroports de Paris – ©Stéphane de Bourgies – Groupe ADP

 

En ce contexte pandémique, la réalisation de ce portrait a été faite, dans les conditions sanitaires requises, au sein des bureaux d’Aéroports de Paris, le 20 mai 2021.

Bonne lecture !

@romainbgb – 02/06/21

 

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Biographie Express de M. Augustin de Romanet de Beaune :

*1961 : Naissance à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

*1979-1982 : diplômé en Droit Public à l’Institut d’Études Politique de Paris.

*1984-1986 : École Nationale d’Administration – Promotion Diderot.

*1986 : intègre le ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie comme adjoint au chef du bureau de la politique salariale puis au chef du bureau de la synthèse budgétaire, à la direction du budget.

*1986-1990 : maître de conférences à l’Institut d’Études Politique de Paris.

*1989-2008 : conseiller municipal de Bellême (Orne).

*1990-1992 : nommé attaché financier à la représentation permanente de la France auprès des Communautés européennes, représentant la France au Comité budgétaire.

*1992-1995 : maître de conférences à l’ENA.

*1993-1995 : chef du bureau de la synthèse et de la politique budgétaire à la direction du Budget.

*mai 1995-août 1995 : conseiller technique du ministre de l’Économie et des Finances, M. Madelin.

*août 1995 : chargé de mission auprès du ministre de l’Économie et des Finances, M. Arthuis.

*sept.1995 – nov.1995 : conseiller technique puis directeur de cabinet du secrétaire d’État au Budget, M. d’Aubert.

*nov.1995 – avril 1997 : intègre le Cabinet du ministre délégué du Budget, Porte-Parole du Gouvernement, M. Lamassoure, comme Conseiller chargé des affaires budgétaires.

*avril 1997-1998 : réintègre la direction du Budget, comme sous-directeur chargé de mission auprès du directeur du Budget.

*1998-1999 : devient sous-directeur chargé du secteur transports, routes, industrie et recherche à la direction du Budget.

*1999-2000 : directeur de l’entreprise d’investissement Oddo & Compagnie.

*2000-2002 : associé-gérant de Oddo Pinatton Corporate.

*mai 2002 – mars 2004 : directeur du cabinet d’Alain Lambert, ministre délégué au Budget et à la Réforme budgétaire et directeur adjoint du cabinet de M. Mer, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.

* 2 avril 2004 – 1er oct. 2005 : directeur de cabinet du ministre de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale, M.  Borloo.

*1er oct. 2004 – 29 mai 2005 : directeur adjoint du cabinet du Premier ministre, M. Raffarin.

*11 juin 2005 – 13 oct. 2006 : secrétaire général adjoint de la présidence de la République.

*oct. 2006 – mars 2007 : directeur adjoint Finances et stratégie groupe de Crédit agricole S.A.

*mars 2007 – mars 2012 : Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations.

*28 novembre 2012 : par un décret en conseil des ministres devient président-directeur général d’Aéroports de Paris.

*juin 2014 : entre au Conseil d’Administration du Centre des Professions Financières et au Conseil d’Administration de la RATP en qualité d’Administrateur.

*24 juillet 2014 : reconduit par décret en conseil des ministres à la présidence-direction-générale d’Aéroports de Paris.

*29 mai 2019 : reconduit par décret en conseil des ministres à la présidence-direction-générale d’Aéroports de Paris.

 

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À quoi rêve le petit Augustin lorsqu’il est enfant ?

« J’ai toujours été intéressé par l’Histoire. J’aimais aussi beaucoup les explorations et les récits militaires.

« J’ai très vite compris qu’en temps de paix, le métier de militaire était particulièrement frustrant. J’appartiens à une génération qui a eu la chance de connaître la plus longue période de paix depuis Louis XV. Entre 1712, avec la Bataille de Denain, et 1792, la Bataille de Valmy, il y a eu 80 ans de paix. Or nous sommes aujourd’hui, depuis 1945, en paix depuis 76 ans. Je me suis intéressé à la politique. »

Quel souvenir gardez-vous de vos années à l’IEP de Paris ?

« Excellent. J’avais fait mes études secondaires en Province, où le niveau des enseignements n’avait rien à voir. J’avais débuté mes études dans la ville du Mans et ensuite à Tours.

« J’ai eu le privilège d’avoir à l’IEP de Paris les enseignants les plus chevronnés dès la première année. Qu’il s’agisse de professeurs des universités, de chercheurs et/ou de praticiens : les plus expérimentés étaient en effet affectés aux enseignements de ce que l’on appelait « l’année préparatoire ». »

Que retenez-vous de vos années sur les bancs de l’ENA ?

« Je garde d’assez bons souvenirs sur les bancs de l’ENA dans la mesure où, là aussi, j’étais très jeune. J’y suis rentré, sans année de préparation, en 1982, deux mois après le diplôme de Sciences-Po et trois ans après mon Baccalauréat.

« Je n’avais pas encore eu le temps d’être blasé ni le sentiment de suivre une énième fois une formation que j’aurai suivie dans une autre grande école. Je sais que ce n’est pas la coutume. Beaucoup de personnes disent qu’ils n’ont rien appris à l’ENA. Je ne dirais pas cela pour moi.

« Je pense que l’ENA, tel que cela a été conçu, ce qui est encore le cas aujourd’hui, est un sas important pour devenir haut fonctionnaire. Mais l’on peut vivre, plus ou moins bien, ce qui est une période d’enseignement un peu originale et de « machine à classer ». En ce qui me concerne, je l’ai plutôt bien vécu. »

Quelle expérience gardez-vous de votre rôle de conseiller technique du ministre de l’Économie et des Finances, M. Madelin ?

« Effectivement, ma première expérience de cabinet a été comme conseiller technique au cabinet de François d’Aubert, et d’Alain Madelin, ayant été brièvement directeur de cabinet de François d’Aubert après le départ d’Alain Madelin du gouvernement.

« L’expérience auprès d’Alain Madelin est celle, d’une part, de la rencontre d’une personnalité d’une très grande énergie, chaleureuse et imaginative. D’autre part, un certain gâchis de la précipitation avec laquelle son départ s’est produit, au bout d’une centaine de jours de gouvernement, à l’issue d’une intervention radiophonique jugée inadéquate par le Premier ministre [ndlr : M. Alain Juppé]. »

Comment s’est passé votre expérience à la direction du Budget comme sous-directeur chargé de mission auprès du directeur du Budget puis comme sous-directeur chargé du secteur transports, routes, industrie et recherche ?

« La période de sous-directeur fut assez brève, deux ans, mais intense. D’abord, la première année comme sous-directeur chargé de mission auprès du directeur du budget était absolument passionnante. J’ai fait d’une part, une mission de comparaison internationale sur les projections budgétaires pluriannuelles et d’autre part une mission sur les contrôles financiers en région. J’y ai fait des choses nouvelles. C’était intellectuellement très enrichissant.

« Ensuite, j’ai exercé la fonction de sous-directeur chargé de plusieurs budgets importants (Transports, Énergie, Recherche, Espace) Là aussi j’en ai un bon souvenir. »

Comment avez-vous vécu votre double casquette de directeur du cabinet du ministre délégué au Budget et à la Réforme budgétaire, M. Lambert et directeur adjoint du cabinet du ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, M. Mer ?

« Une période marquée par la gestion complexe d’une double loyauté. J’avais une entente parfaite avec M. Lambert. J’avais beaucoup de respect et d’estime pour M. Mer. Évidemment, une partie de mon métier consistait à arrondir les angles, entre deux personnalités très fortes, qui n’avaient pas nécessairement trouvé les meilleurs voies et moyens pour s’entendre de façon fluide.

« Heureusement j’avais une très bonne entente avec le directeur de cabinet de Francis Mer, qui s’appelait Xavier Musca. Cela nous a permis en fait de créer les conditions pour que la cohabitation soit assez correcte. »

Que retenez-vous de votre passage au sein de l’entreprise d’investissement Oddo Pinatton Corporate ?

« J’ai beaucoup appris sur les entrepreneurs, l’énergie, l’enthousiasme et la ténacité des équipes ainsi que sur les marchés financiers. J’ai notamment eu la chance d’être dans cette entreprise pendant 3 ans, quelques mois avant la constitution de la bulle Internet, durant la constitution de la bulle Internet et après l’explosion de la bulle Internet. J’y suis arrivé le 1er juillet 1999. Je date du 15 octobre 1999, le début de l’explosion des valeurs technologiques, le début de la bulle Internet.  Cette bulle a duré toute l’année 2000. Elle a commencé à donner des signes d’éclatement au milieu de l’année 2001.

« On voit, à l’intérieur d’une telle entreprise au cœur des marchés financiers, comment les esprits évoluent dans une bulle. C’est spécialement riche d’enseignements. Cela m’aura beaucoup aidé pour la suite de ma vie professionnelle. »

Comment s’est passé votre expérience de directeur de cabinet du ministre de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale, M. Borloo ?

« Enrichissante, à raison de la personnalité de M. Borloo d’une part, et dans la mesure où ce dernier avait une confiance totale du président de la République, M. Chirac, qui lui avait délégué beaucoup de moyens.

« J’ai mis en œuvre avec Jean-Louis Borloo un mode de management extrêmement déléguant. Jean-Louis Borloo avait 5 ministres et secrétaires d’État. J’avais organisé un système où Jean-Louis Borloo déléguait l’intégralité de ses pouvoirs. Ce qui lui a permis de se concentrer sur la construction, l’architecture et la stratégie du plan de cohésion sociale qui, à mon sens, a été un élément déterminant dans la possibilité pour la droite de gagner les présidentielles en 2007.

« Normalement, les présidentielles sont alternativement gagnées par la droite, puis par la gauche, puis par la droite etc… On avait un peu un rythme d’essuie-glace sur ce vote. Cet essuie-glace n’est pas survenu en 2007. J’en attribue en partie la paternité au fait que Jean-Louis Borloo a été capable, durant le quinquennat de Jacques Chirac, de montrer en actes que la gauche n’avait pas le monopole du cœur. »

Vous avez été ensuite directeur adjoint du cabinet du Premier ministre, M. Raffarin. Comment s’est passé l’expérience ?

« Cela s’est très bien passé. C’est M. Raffarin qui m’a appelé directement à la suite du départ de Jean-François Cirelli de son cabinet.

« C’est peut-être mon expérience professionnelle la plus gratifiante sur le plan humain. À raison, d’une part, de la personnalité incroyablement facile et chaleureuse de Jean-Pierre Raffarin et d’autre part de la très bonne équipe que nous avions à l’époque à Matignon. »

Vous devenez ensuite le secrétaire général adjoint de la présidence de la République. Comment s’est produit la rencontre avec le Président Chirac ? Quel souvenir en gardez-vous ?

« Le secrétaire général de l’époque m’a sollicité. À l’époque, au départ de M. Raffarin de Matignon, j’étais provisoirement à Matignon, parce que Dominique de Villepin aurait souhaité que je reste au même poste de directeur adjoint à ses côtés. Je lui ai dit que je ne le souhaitais pas, pour des raisons personnelles et familiales, de charge de travail et de disponibilité. J’avais déjà 4 ans de cabinet derrière moi.

« Le secrétaire général de l’Élysée de l’époque, Frédéric Salat-Baroux, a su trouver les arguments pour me convaincre. La rencontre avec le président de la République s’est faite à ce moment-là.

« J’en garde le souvenir d’une période intellectuellement enrichissante dans la mesure où voir l’administration française, le pays, le monde, de ce poste d’observation à l’Élysée, c’est irremplaçable. Ce, d’autant plus, que vous accédez à une dimension qui n’est pas bien connue mais qui est caractérisée par les très fortes contraintes de l’emploi du temps du président, très absorbé par les questions diplomatiques. Ce qui fait que la place qui lui reste pour s’occuper des questions domestiques est beaucoup moins grande que ce que l’on peut imaginer, ce qui oblige ses collaborateurs à beaucoup de discernement dans les sujets à lui soumettre. »

Comment avez-vous vécu l’expérience de directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations ?

« C’est difficile de résumer cela en quelques minutes. La Caisse des Dépôts et Consignations est une sorte de France en miniature. Elle est présente dans tous les territoires. Ceci dans des missions d’intérêt général qui touchent à la fois au tourisme, au logement, au développement durable, au soutien aux PME, à l’éducation, pour parler ders plus importantes.

« Cela a été une période intense puisque j’ai fait un nouveau plan stratégique pour la Caisse des Dépôts. J’ai assuré la création du fond stratégique d’investissement. J’ai dû gérer la crise des subprimes.

« Pour reprendre une illustration de lien entre mes différents métiers, c’est grâce à l’expérience de la bulle internet acquise chez Oddo que j’ai pu anticiper celle des dettes souveraines des pays du sud de l’Europe en 2009, ce qui m’a conduit à vendre, début 2009 toute la dette grecque détenue par la Caisse des Dépôts qui pouvait être cédée, soit 2 milliards d’euros. Ceci a permis d’éviter 1 milliard 400 millions d’euros de dépréciation d’actifs sur cette dette en septembre 2009.

« Beaucoup de gestionnaires d’actifs se félicitaient en effet début 2009 d’avoir de la dette grecque, dont le taux d’intérêt était élevé, de l’ordre de 5 %. Pour ma part, j’avais le sentiment que cet engouement était suspect et qu’il y avait un risque de dégradation subite de la situation en Grèce. J’ai ainsi décidé de vendre le maximum de ce qui était « disponible à la vente » de la dette grecque qu’il y avait à la Caisse des Dépôts, sans rien dire à personne. Six mois après, le gouvernement me l’aurait interdit pour éviter d’aggraver la crise de la dette grecque qui devenait prégnante. »

M. Augustin de Romanet, président-directeur général d’Aéroports de Paris –  ©Didier Goupy – Groupe ADP

Depuis 2012, vous êtes le président-directeur général du Groupe ADP. Comment êtes-vous arrivé ici ? Comment vivez-vous cette expérience ?

« A la fin de mon mandat à la Caisse des Dépôts, il était envisagé que je sois président d’une compagnie d’assurance, la CNP. Pour diverses raisons, cela ne s’est pas fait.

« Là, c’est François Hollande qui m’a demandé si j’étais intéressé par ADP. Il savait que je souhaitais rester dans le secteur public et ne pas partir dans le secteur privé tout de suite.

« Si je devais résumer ces neuf dernières années au sein du Groupe ADP en deux mots, c’est ceux de « fierté retrouvée ».

« Ce qui m’a frappé, lorsque je suis arrivé dans cette entreprise, était que les personnes étaient souvent trop complexées. Complexées vis-à-vis du fait qu’elles travaillaient pour une entreprise qui n’était pas totalement une entreprise privée ; qu’elle n’était pas une entreprise aussi prestigieuse qu’Air France parce qu’elle exerçait un métier de « rampant », comme on le dit pour les personnes de l’armée de l’air exerçant à terre.

« Le premier mot que j’ai souhaité dire aux équipes d’ADP a été qu’il ne fallait pas qu’elles soient complexées, l’entreprise avait déjà une capitalisation financière remarquable de 5 milliards d’Euros. En comparaison Air France était capitalisé à 3 milliards d’Euros. D’autre part, elles faisaient un métier magnifique, l’un des plus beaux métiers qui soit, c’est le service. Or le service, ce n’est pas la servitude. En redonnant de la fierté à l’entreprise, en la remettant dans les classements internationaux de qualité de service, en lui donnant un siège social au cœur d’une plateforme aéroportuaire, à la hauteur de sa dimension.

« J’ai beaucoup travaillé sur la notion de promesse de marque, de rehaussement du niveau d’exigence en général. Ce qui, me semble-t-il, eu des effets bénéfiques sur les produits que nous délivrons. C’est-à-dire la qualité de service. J’espère aussi que les collaborateurs du groupe ont pu trouver dans cette entreprise un lieu d’épanouissement qui les rend meilleurs. »

Comment vivez-vous, professionnellement, ce contexte pandémique ?

« Cette pandémie a conduit l’entreprise à relever plusieurs défis.

« Le premier défi, majeur, c’est celui de la sécurité sanitaire de nos aéroports. Comment nettoyer, purifier l’air, assurer le respect des gestes barrières pour éviter que les aéroports ne soient des clusters ? On a eu des efforts extraordinaires faits par les équipes.

« Le deuxième défi a été celui de ne pas oublier le client. En période de crise l’on n’oublie toujours le client, plus ou moins.

« Le troisième défi a été d’assurer la visibilité financière de l’entreprise et de sécuriser la trésorerie.

« Le quatrième défi a été de faire des économies qui permettent à l’entreprise de rester indépendante et d’assurer la maitrise de son destin. »

Vous avez été conseiller municipal de Bellême entre 1989 et 2008. Vous n’avez pas eu l’envie de rentrer « pleinement » en politique ?

« Si. Sans doute, lorsque j’avais 15 ans je me voyais bien membre du Parlement.

« Il se trouve que j’ai eu la chance, dès mon arrivée dans ma vie professionnelle, de fréquenter le Parlement du côté des bancs des commissaires du Gouvernement. J’ai calculé que j’ai dû faire près de 30 lois de Finances initiales et rectificatives au titre de mes différentes fonctions dans le domaine dit « de la synthèse budgétaire », c’est-à-dire celui de la confection de la loi de finances et du suivi de sa discussion au Parlement. J’ai accumulé cette expérience au cours de 7 années dans mes différentes fonctions au bureau de synthèse de la direction du Budget (c’est le bureau qui fait les lois de Finances) d’abord, comme adjoint au chef du bureau et ensuite comme chef de ce bureau, puis comme conseiller technique, chargé de la politique budgétaire, puis comme directeur de cabinet de deux ministres du budget.

« J’allais très souvent à l’Assemblée, comme au Sénat, comme commissaire du Gouvernement. Un jour, vers l’âge de 33 ans je vais chez le coiffeur au Sénat, pendant une suspension de séance d’un projet de loi de finances, et le coiffeur me dit, qui m’avait souvent croisé dans les couloirs : « Ah Monsieur ! Vous êtes un jeune sénateur ! ».

« J’ai ainsi vécu une vie très proche du Parlement. Je connaissais de nombreux parlementaires et ai par exemple « accueilli » en 2002 comme jeunes députés Éric Woerth, Xavier Bertrand, Gilles Carrez…

« À partir du moment où j’avais pris un pli de beaucoup travailler et néanmoins de vouloir garder quelques heures pour que mes enfants ne m’appellent pas Monsieur… De facto, il fallait que je fasse des choix. Le choix de ne pas faire de la politique sous la forme de la candidature à un mandat national a été celui de préserver un minimum de ce qui pouvait ressembler à une vie de famille. »

Quel rapport avez-vous avec les réseaux sociaux ?

« Utilitaire. C’est-à-dire que je n’utilise les réseaux sociaux que dans la mesure où d’une part ils pourraient être utiles professionnellement pour moi ou, d’autre part, utiles intellectuellement. C’est la raison pour laquelle je fuis les réseaux sociaux qui peuvent entretenir le narcissisme ou qui peuvent nécessiter des interactions trop personnelles avec de multiples personnes.

« Il est difficile être sur Facebook parce que vous êtes sollicité fréquemment.

« J’utilise Instagram de façon modérée, pour rester en contact la marche du monde de personnes proches sur le plan personnel.

« Le réseau social que j’utilise est Twitter, parce que cela me permet de sentir le pouls de nos clients. D’autre part c’est un réseau social dans lequel vous avez beaucoup de contributions qui vous reroutent vers des articles de fond, vers des controverses qui ont un intérêt intellectuel. Je trouve que même si, en apparence, il y a peu de caractères pour s’exprimer, en réalité on y fait pas mal de trouvailles utiles.

« Twitter a été déterminant pour la qualité de service. À partir du moment où tous les collaborateurs du Groupe ADP savent que n’importe quel Français un peu averti peut m’interpeller sur Twitter sur le thème de : « j’arrive du vol FX488-2 de Fortaleza. Je suis dans une salle où la livraison des bagages n’est pas éclairée. Les bagages ne sont pas arrivés depuis 3 heures. », cela met un peu une pression sur les équipes. Elles le savent.

« Je crois que dans une entreprise de services, les responsables, dont je suis, doivent méditer la morale de la fable de La Fontaine « Le fermier, le chien et le renard », morale qui recommande de toujours s’intéresser aux détails :

« Couche toi le dernier et vois fermer ta porte.

Que si quelque affaire t’importe,

Ne la fais point par procureur » »

 

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Merci à Monsieur Augustin de Romanet pour sa bienveillance et sa participation.

Merci à Mesdames Élise Hermant, Linda Ferré et Lola Bourget pour leurs aides précieuses à la préparation et la réalisation de ce portrait.

Publié par RomainBGB

Franco-sicilien né en Helvetie. Co-auteur de l'ouvrage "Dans l'ombre des Présidents" paru en mars 2016 aux éditions Fayard.

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